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Entendu - Page 6

  • Il y a 40 ans...

    zao-shekina-1975.jpgDrôle d’idée, tout de même, de regarder derrière soi. C’est vrai qu’à trop scruter le rétroviseur, on voit parfaitement le dessin formé par les rides, on peut compter les pattes d’oie... Mais allez savoir pourquoi, je me suis amusé hier à compulser mes archives, histoire de me rappeler les disques que je m’étais procurés au mois de janvier 1976. Drôle d’idée, oui, et drôle d’époque. Il y a quarante ans, j’avais 18 ans, je m’ennuyais ferme en première année de licence de Sciences économiques, une filière d’études supérieures vers laquelle je m’étais dirigé... sans vraiment la choisir. C’était une sorte d’échouage par élimination des cursus (très nombreux) dont je n’avais pas envie et de ceux que mon entourage me déconseillait parmi mes quelques rares envies. On est bête à cet âge-là. L’enseignement universitaire est pourtant l’exact opposé de celui qu’appelle mon propre mode de fonctionnement. Étant tout sauf un intellectuel, j’ai besoin de pratiquer d’abord avant de labourer le champ théorique (et croyez bien que je ne suis pas un grand fermier, comme dirait l’ami Richard Gilly). Je fais partie de ceux qu’on nomme les inductifs, ces gens formés de bric et de broc qui déduisent les concepts à partir du réel, faute de mieux... Or, à l’Université dans les années 70 (je ne me prononcerai pas sur son état actuel, même si je continue de m’interroger sur le bien-fondé du pernicieux Traité de Lisbonne qui impose la norme de 50% d’une classe d’âge au niveau licence comme une absolue nécessité), c’était tout l’inverse : on vous déversait des kilomètres d’enseignements à ingurgiter en un temps record (et qu’on oubliait aussi vite qu’on les avait appris) et puis, parfois, sous la forme d’exercices ou de travaux dirigés en groupes resteints, les laborieux de mon acabit devaient s’efforcer de donner à ces cours-purges un peu de cette matérialité dont leurs contenus étaient dépourvus. Ces choses-là n’étaient pas conçues pour moi et si je n’avais pas par la suite, le temps d’un partiel de statistiques, mis à genoux un amphithéâtre de 600 personnes en étant le seul à réussir (avec la note de 29 sur 30) en un temps record (une heure trente) un examen désastre pour les autres (tous avaient obtenu en trois heures une note largement inférieure à la moyenne), je pourrais parler d’échec sur toute la ligne. J’ai même compromis ma place de major (preuve qu’on peut s’insinuer malgré soi à la tête d’un classement) en année de licence après avoir claqué une porte au nez d’un expert comptable, non sans l’avoir traité de connard... Il faut dire aussi que cet abruti venait arrondir ses fins de mois en distillant sa morgue et ses bilans sur les pauvres larves étudiantes que nous ne manquions pas d’être... Mais on ne réécrit pas l’histoire et à cette époque – je reviens maintenant à l’essentiel – la musique occupait déjà dans ma vie une place, certes démesurée, mais ô combien essentielle.

    En janvier 1976, j’étais dans une sorte d’entre-deux discographique. La décennie écoulée m’avait permis de découvrir, non sans l’entremise de mon frère aîné qui aura joué un rôle de passeur irremplaçable, un nombre impressionnant de musiques dont, sans lui, je n’aurais peut-être jamais soupçonné l’existence, allez savoir... J’étais l’enfant d’une famille où la musique n’occupait qu’une place périphérique : mes plus jeunes années avait résonné des airs de quelques chanteurs comme Georges Brassens, Jacques Brel, Nana Mouskouri ou les Compagnons de la Chanson. Une compagnie honorable, parfois troublée par la présence bien plus dispensable d’une poignée de chanteurs ou chanteuses de variété, dont le kitsch et l’imposture m’ont sauté aux oreilles peu de temps près. A mon tableau de chasse d’il y a 40 ans, on trouvait donc – je vous fournis une liste loin d’être exhaustive mais présentée dans un ordre chronologique que vous pourrez interpréter comme le témoignage d’une évolution progressive vers des formes musicales plus complexes – des noms tels que : Beatles, Bee Gees, Rolling Stones, Creedence Clearwater Revival, The Grateful Dead, Chicago, Neil Young, Eric Clapton, Gérard Manset, Hot Tuna, Emerson Lake & Palmer, King Crimson, Yes, Genesis, Santana, Mahavishnu Orchestra, Caravan, Soft Machine, Robert Wyatt, Hatfield & The North, Heldon, Magma... Vous avez noté qu’on ne trouve pas la moindre trace de jazz au sens classique du terme dans cette liste. J’y suis venu un peu plus tard, probablement par l’intermédiaire de groupes transgenres comme Mahavishnu, avec à sa tête l’immense John McLaughlin venu de la planète du Miles Davis électrique, ou Magma dont le leader Christian Vander ne cessait d’évoquer l’importance d’un certain John Coltrane. Il me faudra attendre quelques années encore...

    En janvier 1976 donc, – comme tout cela est étonnant – je note m’être procuré plusieurs disques dont les deux plus présents dans ma mémoire sont : Magma Live/Hhaï et Shekina de Zao. Il est assez troublant de noter en effet que ces deux formations viennent de refaire surface dans mon actualité la plus récente, comme si j’étais moi-même constamment mû par une série de cycles me ramenant à ces fondamentaux évoqués un peu plus haut.

    Magma Live/Magma Hhaï : probablement le témoignage parfait de la puissance dégagée sur scène par ce groupe atypique. Ce disque est à l’origine un double trente-trois tours, enregistré au mois de juin 1975 à la taverne de l’Olympia par une formation au sein de laquelle on peut noter, outre Christian Vander à la batterie bien sûr, la présence au violon d’un gamin de 19 ans nommé Didier Lockwood. Deux ans auparavant, Magma avait publié ce qui est, aujourd’hui encore, son plus bel enregistrement studio, Köhntarkösz, qui occupe la première moitié de Live/Hhaï (son titre est devenu « Köhntark », pour d’obscures raisons de droit, semble-t-il). Quant au « Mekanïk Zaïn » qui en occupait à l’origine toute la face 4 et voit le trio Lockwood-Paganotti-Vander incendier le final de l’album, c’est un moment inoubliable. Certains vont me contredire, mais je m’en fiche : jamais la force magnétique du jeu de Christian Vander n’a été aussi bien captée et restituée. Et je m’amuse en constatant que cet enregistrement est remonté à la surface de mes écoutes il y a quelques jours avec la publication d’un monumental coffret de 12 CD, Köhnzert Zünd, dont je rendrai prochainement compte dans Citizen Jazz. Le grand bal de cette boîte rouge et noire s’ouvre, comme de bien entendu, par Live/Hhaï qui non seulement n’a pas pris une seule ride mais domine de la tête et des épaules les 36 années de live passées en revue dans ce bel objet paru sur Seventh Records et distribué par Jazz Village.

    Shekina par le groupe Zao, avec François Cahen (claviers), Yochk’o Seffer (saxophones), Gérard Prévost (basse) et... Jean-My Truong à la batterie. Cahen et Seffer avait quitté quelques années plus tôt la planète Kobaïa (donc, Magma) pour former ce groupe dont la musique mêlait les influences de Béla Bartók, des musiques traditionnelles hongroises et d’un jazz-rock très raffiné. C’était là le troisième album de Zao qui s’était adjoint pour l’occasion les services d’un quatuor à cordes (le quatuor Margand). Jean-My Truong, cordes, il y a 40 ans... Et voici qu’hier, le batteur m’appelle, après m’avoir fait parvenir le master de son prochain disque (à paraître au mois de septembre), pour me demander de lui écrire un texte de présentation. En commençant à réfléchir à ce travail, après avoir écouté deux fois le disque, relu la documentation dont je dispose et parlé avec lui, je me rends compte à quel point l’ADN de la musique qu’il compose et interprète en 2016 est le jumeau de celui des années 70. C’est la même lumière, portée ici par son groupe (les fidèles Sylvain Gontard à la trompette, Leandro Aconcha aux claviers et Pascal Sarton à la basse), que viennent intensifier la voix aux accents McFerriniens du géant Nicolas Calvet (connu aussi pour être tubiste) et quelques invités prestigieux comme Dominique Di Piazza à la basse ou Neyveli Radhakrishna au violon. Je note que ces deux derniers ont déjà eu l’occasion de travailler avec John McLaughlin, musicien évoqué un peu plus haut et dont Jean-My Truong et moi-même sommes des inconditionnels de très longue date. J’ai glissé le mot « cordes » pour souligner aussi une certaine permanence dans les amours musicales du batteur : sur Secret World (puisque tel est le nom de ce disque à venir), on pourra souligner la présence d’un quatuor à cordes qui vient, en quelque sorte, boucler la boucle et me ramène à ce beau Shekina acheté voici quatre décennies.

    Alors, dans ces conditions, ma décision est prise puisqu’une nouvelle année commence et que le temps des bonnes résolutions est venu : considérez que, malgré l’écoulement inexorable du sablier de ma vie, j’ai 18 ans pour toujours. Un point c’est tout...

  • Grand format

    Bruno Tocanne & Over The Hills © Jacky Joannès

    Cette année, je vous épargnerai mon palmarès des disques de l’année. Qu’il soit 10, 25 ou 100, mon top rechigne désormais à s’exhiber, jugeant l’exercice un peu vain et surtout injuste. Je n’ai pas la prétention d’avoir « tout » écouté cette année, ni même d’avoir le droit de classer des albums aux couleurs souvent très différentes (et incomparables, à tous les sens du terme). Je me suis adonné à une telle pratique au cours des années passées, mais j’ai préféré tourner la page. Durant les douze mois qui viennent de s’écouler, j’ai découvert (avec plus ou moins d’assiduité) environ 180 nouveaux disques (ou coffrets). C’est beaucoup quand on songe qu’on ne peut se contenter d’une seule écoute, et qu’il est important de se laisser gagner et imprégner par la musique, donc d’écouter et écouter encore. Après tout, l’année ne comportait que 365 jours (et je mettrai à profit le petit supplément qui nous sera accordé en 2016, croyez-moi)… Mais c’est peu au regard du nombre impressionnant de productions qui ont pu voir le jour. Je ne suis qu’une oreille partielle et partiale. Une goutte d’eau dans l’océan.

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  • Ah, ce Poulsen !

    hasse poulsen, das kapital, the langston project, open fistJe crois que je pourrais me damner pour un chorus de guitare tel que celui dont Hasse Poulsen nous gratifie d’emblée sur « Webstern », la composition signée Edward Perraud qui ouvre avec majesté le nouveau disque du trio Das Kapital, paru sur Label Bleu. Car son intervention décisive – véritable saillie électrique – est rien moins que magistrale et me renvoie aux grandes heures d’un Neil Young chevauchant son Cheval Fou. En peu de notes, d’une intensité foudroyante, le Danois semble expulser hors de lui une force hors du commun et dévoile l’une des nombreuses facettes de son talent, qui est immense. Amusante conjonction (mais il ne saurait y avoir ici le moindre hasard), Poulsen était la semaine dernière au tableau d’honneur de Citizen Jazz : deux chroniques d’albums, un reportage photo, un portrait, un entretien. Normal, car nous sommes là en compagnie d’un personnage pas comme les autres, que j’ai eu la chance de découvrir il y a bien longtemps déjà, quand il évoluait dans la formation Napoli’s Walls de Louis Sclavis, aux côtés de deux autres musiciens atypiques, le cornettiste Médéric Collignon et le violoncelliste Vincent Courtois. C’était en... 2003, je crois. Un grand disque (tous les disques de Louis Sclavis sont de grands disques), un moment de scène comme je les aime, dans le cadre intime du Caveau des Trinitaires de Metz.

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  • Testament à l’anglaise

    john taylor, 2081, kenny wheeler, stephane kerecki, camjazzC’est étrange tout de même… John Taylor nous a brutalement quittés pendant l’été, s’éclipsant alors qu’il était tout entier en musique, devant son piano. Le 17 juillet dernier en effet, alors qu’il se produisait avec le quartet Nouvelle Vague du contrebassiste Stéphane Kérecki au festival Saveurs Jazz de Segré, un malaise cardiaque l’a terrassé. Il est mort quelques heures plus tard. Ce musicien anglais avait 72 ans. On ressent à distance le choc, le sentiment brutal d’un vide que nul n’aurait pu imaginer quelques instants plus tôt. Et si cette disparition a quelque chose de tragiquement beau (qui ne rêverait pas de partir en plein accomplissement de sa passion, sans avoir le temps d’être gagné par l’idée même de la mort ?), on peut deviner l’état de sidération dans lequel ont dû être plongés celles et ceux qui le côtoyaient en ces moments de joie soudain baignés de larmes.

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  • Petit exercice en Darche arrière

    alban darche, crooked house, hyprcub, On dit que le temps ne fait rien à l’affaire… C’est vrai probablement, mais il m’est difficile de ne pas culpabiliser à la seule idée d’avoir omis de souligner les qualités intrinsèques d’un disque paru au mois d’avril dernier. Non qu’il n’ait jamais été question d’Alban Darche du côté de mes Musiques buissonnières : il m’est au contraire déjà arrivé de souligner à plusieurs reprises les qualités du saxophoniste compositeur arrangeur, géniteur fécond d’une singulière lignée de Cubes, en particulier quand l’Orphicube a publié sa Perception Instantanée ou bien encore au moment de Noël, il y a deux ans presque jour pour jour, à l’occasion d’une Xmas boX tout aussi colorée et réjouissante, tombée de façon très opportune dans mon Hotte Club. Il n’empêche que dans la foulée d’une Horloge ayant tourné ses aiguilles au mois de février, mettant ainsi à l’heure les pendules d’un jazz de chambre soyeux et qui voyait un saxophone se laisser aller aux caresses d’une sixte de cordes (celles d’un quatuor augmenté d’une guitare et d’une contrebasse), un autre petit événement musical nous était conté, histoire de témoigner d’un fructueux voyage outre-Atlantique à la fin du printemps 2014. Voilà que notre homme, pensant peut-être qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des E, dévoilait les contours d’un HYPRCUB pour se présenter en architecte d’une maison qu’il prétendait biscornue. Estampillée Yolk Records comme il se doit, cette Crooked House était en réalité une construction bien plus costaude qu’elle ne voulait le prétendre. Je me suis empressé d’en proposer un extrait dans l’émission Jazz Time à laquelle je collabore une fois par mois : c’était le 22 mai, pour être précis. Et puis le temps a passé, mon horloge n’étant peut-être pas réglée sur le fuseau horaire Darchien, et probablement victime des soubresauts multiples occasionnés par une abondance discographique qui sera pour ce qui me concerne la marque de cette année finissante.

    Mais les mois de décembre servent aussi à regarder un peu derrière soi et prendre le temps d’établir un rapide bilan. L’absence de Crooked House était injustifiable, un point c'est tout. Cerné par une rythmique maison (et quelle paire !) échafaudée par Sébastien Boisseau à la contrebasse et Christophe Lavergne à la batterie, Alban Darche décidait de faire appel à deux hommes distants l’un de l’autre d’un océan : le saxophoniste américain ténor Jon Irabagon (pour mémoire, récent co-responsable avec Sylvain Rifflet d’un  Perpetual Motion en hommage à Moondog qu'on ne saurait que trop recommander) et le claviériste belge Jozef Dumoulin (allez donc tendre l’oreille à son Fender Rhodes Solo pour comprendre à quel point ce musicien-là est facteur de climats). Et pour faire bonne mesure, le même Rifflet était convié à la fête de la construction de ce grand pont, pour y faire entendre sa clarinette ou son saxophone ténor le temps de trois morceaux. C’est là une équipe qui laisse croire au meilleur à la seule lecture de la pochette, avant même d’avoir glissé le disque dans la platine. Alban Darche n’est pas seulement architecte, il est aussi un maître de maison avisé.

    Autant dire que le plaisir est là. Ce disque semble déborder d’une multitude d’histoires aux intonations volontiers nostalgiques, celles que sait si bien conter Alban Darche. Je pense avoir déjà eu l’occasion de le dire, mais ce jazz est – on me pardonnera un néologisme paresseux – cinégénique. Comme si son story-board, à l’écriture inventive, aux textures élégantes, ouvrait en grand la porte d’improvisations multiples, propres à esquisser par leurs propres couleurs un mouvement d’ensemble tout en variations de nuances. Le disque – qu’on veut toucher comme on le ferait d’un beau tissu – a d’un bout à l’autre les atours d’une conversation de haute tenue (parce que, pour chantante que soit sa musique, celle-ci n’en est pas moins le fruit d’un travail exigeant dont les détails se révèlent au fil des écoutes) et je me refuse à isoler plus qu’un autre l’un de ses acteurs. Certes le travail d’un Jozef Dumoulin est en lui-même un voyage entre éclats et brumes électriques, certes les élans d’un Jon Irabagon ont des allures de traversée, certes Alban Darche lui-même est ici un écrivain tout autant qu'un compositeur… Il faut savoir prendre tout son temps pour épuiser les richesses de cette production raffinée. On peut de plus aborder Crooked House sous des angles multiples : en s’abandonnant à ses mélodies, sans éprouver le besoin d’en savoir plus, afin de dérouler tranquillement un film imaginaire projetant des images (que je vois toujours en noir et blanc, allez comprendre pourquoi...) et dont on sera volontiers l’un des protagonistes ; en observateur curieux des interactions entre les musiciens et de leurs dialogues nourris ; en scrutateur méticuleux des combinaisons sonores et des contrepoints (je reviens sur ce que je viens de dire… le Fender Rhodes, tout de même, quel bonheur ! Que les autres musiciens ne prennent pas mal cette distinction, surtout...). Et si Crooked House commence par une étonnante « Albanolgy » qui pourrait nous laisser croire durant quelques mesures que le saxophoniste a plongé au cœur des années be bop chères à Charlie Parker, la suite va faire la démonstration d’une écriture très ouverte sur notre monde, un scénario qui nous donne à le ressentir dans tous ses émois. Il y a de la joie, de la tristesse et avant toute chose beaucoup de souffle ; rien n’est jamais simple, mais c’est bien la fusion des énergies qui pourra nous aider à aller de l’avant. C’est peut-être ainsi qu’il faut comprendre le titre de l’album : biscornue peut-être en raison des matériaux multiples qui la forment, cette maison symbolise-t-elle, ainsi que s’interroge Alban Darche lui-même, une musique à plusieurs dimensions ? Ou la vie, tout simplement ? Oui, à n’en pas douter…

    Huit mois après sa publication, Crooked House a conservé toute sa fraîcheur et sa faculté de retenir notre attention au fil d’une élaboration aux rebondissements nombreux. Il est de ces disques qu’on ré-écoute. Décembre a bien fait de venir… Et vive la Darche arrière, donc !

  • Sur le chemin de Vincent Payen

    Find_My_Way.jpgVoilà un peu plus de deux ans maintenant que le trompettiste Vincent Payen a enregistré, avec son groupe Leeway & Friends, On The Road To Lee Morgan, une déclaration d’admiration à un jazzman mort à l’âge de 33 ans dans des conditions plutôt tragiques (sa femme l’ayant tué d’un coup de pistolet après une dispute) et qui, quand on y songe, est à considérer par-delà sa contribution au mouvement hard bop comme l’un des pères putatifs du funk.

    Vincent Payen publie aujourd’hui son deuxième disque, Find My Way. Après la route, le chemin donc, tout cela semble cohérent… Vous connaissez certainement ce musicien si par ailleurs vous vous intéressez à Electro Deluxe, une formation qui ne cesse de porter avec beaucoup d’aplomb (et de public) la voix d’une soul music décomplexée, en particulier depuis que le très charismatique James Copley en est le chanteur. Le trompettiste est en effet l’un des sept membres réguliers de ce groupe en fusion.

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  • Petite conversation entre amis

    jonathan orland, small talk, jazzIl est des disques qui, à première vue (ou écoute), n’ont l’air de rien... Pas du genre à jouer les gros bras, à vous dégainer des chorus à décorner les bœufs ou à faire la démonstration d’une virtuosité clinique un brin réfrigérante. Ni même à explorer des territoires encore vierges pour vous perdre avec eux dans leurs mystères créatifs. Des disques qui se présentent en toute simplicité, pour ne pas dire avec discrétion, nés du plaisir d’un partage de l’instant. Small Talk, publié par saxophoniste alto Jonathan Orland sur le label Absilone, est de ceux-là. Son titre lui-même ressemble à une déclaration de modestie, puisqu’on peut le traduire par conversation sans importance, causette... dont le sens n’exclut pas l’idée des banalités du quotidien. Avec une telle entrée en matière, le risque d’une « éviction par la transparence » n’est pas mince. Mais ce serait une erreur de laisser ainsi passer à la trappe le deuxième album de ce mathématicien trentenaire, auparavant passé par les fourches caudines du CNSM de Paris puis du Berklee College of Music de Boston, qui s’accomplit autant comme leader que comme sideman dans des registres variés où peut pointer l’influence des musiques folkloriques de l’Europe de l’Est. Une erreur, oui, au point qu’on se demande si le choix de Small Talk ne traduit pas la volonté d’alléger par une position distanciée un propos imprégné en réalité de gravité.

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  • Une machine, un peu d’espoir ?

    francesco bearzatti, woody guthrie, this machine kills fascists, camjazzLe saxophoniste clarinettiste transalpin Francesco Bearzatti est homme de conviction. Sa récente production discographique atteste d’une volonté de défendre des causes majeures à travers des hommages rendus à différentes personnalités marquantes, connues pour leurs engagements profonds, souvent en politique et bien au-delà de la seule sphère artistique. Qu’on en juge par ces quelques exemples : Suite for Tina Modotti (photographe et militante révolutionnaire) en 2008 ; Suite X for Malcolm (2010) dédié au pourfendeur de la ségrégation raciale ; Monk’n’Roll (2013) pour célébrer un musicien qui avait par son génie joué à un grand chamboule-tout du rythme et de la mélodie. Dans ces conditions, on n’est pas vraiment surpris de le voir (et l’écouter, surtout) s’emparer de l’univers de Woody Guthrie, à la fois chanteur, auteur, compositeur de la musique folk américaine, celui qu’on peut légitimement considérer comme le père naturel du protest song dont les héritiers les plus emblématiques ont pour nom Bob Dylan ou Joan Baez.

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  • Là-haut, tout là-haut, sur les collines...

    over the hills, escalator over the hill, bruno toccane, bernard santacruzN’y allons pas par quatre chemins : avec la publication d’Over The Hills, Bruno Tocanne, Bernard Santacruz et leurs sept camarades ont frappé un grand coup. Le plaisir est d’autant plus grand qu’on attendait ce disque depuis un petit bout de temps, au risque d’une pointe de déception à force d’espérer le meilleur, et ce même si l’impatience de quelques-uns parmi nous avait pu être adoucie par des prestations scéniques reflétant fidèlement l’objet musical qui voit le jour cette semaine sur le label iMuzzic. En ce qui me concerne, ce fut à deux reprises : une première fois au CIM de Bar-le-Duc le 6 mars dernier, puis au Parc Floral le 4 juillet, dans le cadre d’un Paris Jazz Festival assommé par la canicule. J’ai d’ailleurs rendu compte de la soirée barisienne dans une chronique pour Citizen Jazz, qu’on peut lire ICI.

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  • Emotion Pictures

    bigpicture_krakauer.jpgEt soudain un disque opéra une spectaculaire remontée, puis parvint au sommet d’une pile suffisamment haute pour que la question de son équilibre fût posée depuis quelque temps déjà. Il somnolait là, attendant des jours meilleurs. En réalité, c’est le pire qui est advenu, baignant Paris dans le sang, suscitant effroi et sidération et nous plongeant dans un état d’hébétude dont le seul compagnon possible fut pour un temps le silence, en mémoire de ceux qui venaient de nous quitter, fauchés par la barbarie explosant à nos portes. Nous, Français et Européens, prenions en pleine figure cette violence inouïe qui ensanglante le monde depuis des décennies et dont nous aimions à imaginer, par insouciance ou ignorance, qu’elle ne viendrait jamais se répandre sur nous. Silence d’abord, mais très vite, le besoin de reprendre le cours des choses de la vie. Revenir dans le monde réel, s’immerger dans la foule, parler, partager, et si possible un peu mieux qu’avant. C’est en ces instants de redressement, ceux où il faut bien relever la tête et faire face, que s’est imposée comme une évidence la belle musique de David Krakauer et son nouvel album, The Big Picture. Le bon disque, au bon moment. Comme un précieux antidote.

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  • Avec le cœur

    henri roger, jean-baptiste boussougou, Dire qu’Henri Roger est prolifique relève de l’euphémisme. Sa discographie s’enrichit à une vitesse étonnante et les références du label Facing You / IMR se multiplient comme d’autres, en des temps plus reculés, multipliaient les petits pains. Comptez une dizaine d’albums en un peu plus de trois ans et vous prendrez la mesure de la créativité d’un multi instrumentiste (pianiste et guitariste au premier chef) qui paraît ressentir la nécessité de fixer ses belles rencontres musicales. Si vous êtes un lecteur, même occasionnel, de mes Musiques Buissonnières, vous n’ignorez pas que j’accorde la plus grande attention à son travail. Je vous ferai grâce d’une biographie qu’il vous sera toujours possible de découvrir en faisant un petit tour sur son site internet et résumerai le personnage en le qualifiant d’activiste des musiques improvisées.

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  • Bone à tout faire

    fidel fourneyron,trombone,umlaut records,jazzSi la vie avait fait de moi un musicien – fort heureusement pour la musique, il en a été tout autrement – je n’aurais probablement pas été tromboniste. Bien sûr, du temps de mon adolescence, j’admirais comme quelques autres tombés dans la marmite du rock le souffle puissant d’un James Pankow s’illustrant au sein du groupe Chicago ; mais le trombone, c’était selon moi et avant tout un travailleur de fond, celui qui faisait le sale boulot, le grand machin ingrat niché au cœur d’une section de cuivres et auquel on accordait de temps à autre, mais pas trop longtemps, une exposition sur le devant de la scène, toutes joues gonflées et bras frénétique scotché à une coulisse agitée par d’incessants allers-retours de longueurs variables. Depuis, j’ai un peu changé d’avis, je dois bien le reconnaître. Ceux qui ont la faiblesse de me lire savent qu’il m’est arrivé de surligner ici (ou du côté de chez Citizen Jazz) les qualités de quelques activistes du trombone. Au cours des vingt dernières années en effet, j'ai croisé des personnalités très singulières, ayant cet instrument pas comme les autres pour langage commun, mais s’exprimant dans des registres souvent différents. Ma liste ne pouvant être exhaustive, je citerai Glenn Ferris, Gueorgui Kornazov, Sébastien Llado, Daniel Zimmermann, Samuel Blaser ou Loïc Bachevillier. Et dans l’histoire du jazz (jusqu’à nos jours), il est des noms qui méritent une citation au tableau d’honneur : Bob Brookmeyer, Curtis Fuller, Maynard Ferguson, Grachan Moncur III, Robin Eubanks… Voilà pour un petit cadrage à ma façon… C’est partial, partiel, mais c’est ainsi.

    Depuis quelque temps, il en est un qui semble s’accomplir dans le rôle de l’agitateur de molécules tromboniques : un certain Fidel Fourneyron. Celui-là, c’est un cas à part, un musicien tout autant amoureux des musiques improvisées que du swing, dont les incartades ne se comptent plus. Collaborateur de quelques collectifs tels que Coax, Umlaut, Vibrants Défricheurs ou Tricollectif, membre de l’actuel ONJ sous la direction d’Olivier Benoit (écoutez-le donc ferrailler avec son boss sur « L’effacement des traces » au début d’Europa Berlin et vous m’en direz des nouvelles), initiateur d’un trio Un Poco Loco facétieux détourneur de standards, Fourneyron a, comme on peut s’en rendre compte, de la ressource (qu’il met également au service du Tower Bridge de Marc Ducret ou du White Desert Orchestra d’Eve Risser) et ne se prive pas de nous en faire profiter.

    Et là où le monsieur est culotté, c’est qu’il ose aujourd’hui se livrer à l’exercice inattendu du plaisir solitaire dans un disque publié sur Umlaut Records et dont la pochette au graphisme naïf n’est pas sans évoquer l’univers d’un Robert Wyatt. En trente minutes d’une High Fidelity impudique, Fourneyron fait une démonstration virtuose sans appel : il nous prouve que le trombone, bien plus qu’un instrument de musique, est un être vivant, un organisme en état d’ébullition. Pour un peu, on entendrait sa digestion. Avec lui, le trombone traverse tous les états que chacun d’entre nous peut connaître un jour : il bougonne, souffle, vibre, râle, chante, gémit, rit aux éclats, taquine, vocifère, s’inquiète, s'extasie, musarde, se met à courir. Parfois il a le blues ou connaît un dédoublement de personnalité. Bref, il vit. Il ne cache rien, pas plus que Fidel Fourneyron qui avance vers nous dans toute la nudité d’un instrument qui ne lui laisse pas d’autre choix que de se présenter tel qu’il est, sans fard et sans le moindre artifice. Aucun recours à la technologie pour parvenir à ses fins, les seuls effets utilisés étant ceux de son imagination et d’une probable quête intérieure. L’exercice de style qu’on pouvait redouter cède très vite la place à une exposition désarmante de vérité. Certes, High Fidelity n’est pas un album à vocation digestive ; il est peu probable qu’il vous accompagne pendant vos courses au supermarché du coin ; vous avez peu de chances de le découvrir par l’entremise d’une quelconque playlist radiophonique. On peut même dire de lui qu’il n’est pas politiquement correct. D’une certaine façon, il est à prendre comme une saine provocation, une incitation à ne pas se laisser emporter dans le confort ouaté de la routine. Un disque à prendre ou à laisser. La deuxième option n’est pas la mienne, je déclare sans plus attendre ma fidélité à monsieur Fourneyron…

  • La stratégie de l'arbre à disques

    europe_72.jpgJe vais reculer les aiguilles de la grande horloge et vous parler d'un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Nous sommes le mercredi 13 décembre 1972. Je suis en possession d'un précieux billet dont la valeur - cent francs ! - est considérable pour qui la rapportera au montant de mes émoluments mensuels de l’époque, en d'autres termes mon argent de poche, soit cinq francs. Me voici prêt à engager une dépense déraisonnable qui hante mes rêves depuis plusieurs semaines déjà. Mais je vais un peu trop vite... Revenons d'abord à un autre jour, un jeudi celui-là, le 27 janvier de cette même année 1972. J’en profite pour rappeler aux plus jeunes qu'en ces temps préhistoriques, on n'allait pas au collège le jeudi après-midi ; c’est l’année suivante seulement que fut instaurée la pause hebdomadaire du mercredi pour les scolaires.

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  • eMotian

    jean-marc padovani, paul motian, Une source sûre m’a fait comprendre que le regretté Paul Motian n’était pas un grand fan des jeux de mots sur son nom. J’espère qu’il me pardonnera, là où il repose, le titre de cette note qui m’est inspirée par un disque en hommage à sa musique, rendu avec une délicatesse toute... motianesque par le saxophoniste Jean-Marc Padovani, qui vient de publier chez Naïve un Motian in Motion au nom tout aussi coupable de clin d’œil. Un disque motivé, aussi, par le fait que la disparition du batteur s’est produite selon lui « dans une relative indifférence », alors que de nombreux musiciens le considéraient (et le considèrent toujours) comme un musicien incontournable et une source dont ils revendiquent l’héritage et l’inspiration.

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  • Ite missa est !

    quatuor machaut, tricollectif, quentin bardieau, Si l’on peut, non sans raison, mettre en doute l’utilité du tri sélectif dans nos vies urbaines si pressées et fortement dosées en particules fines, on ne saurait en revanche émettre la moindre réserve quant au bien fondé du Tricollectif dont l’activité s’avère de mois en mois toujours plus stimulante. On peut lancer à la volée quelques noms enfantés par cet aréopage d'origine orléanaise et se réjouir de tout ce qu’ils portent en eux de singulier, puis constater leur capacité à faire passer pour une route balisée ce qui est en réalité un chemin de traverse (donc potentiellement escarpé), ce dernier étant dûment éclairé par l’imagination débordante des pisteurs et leur sens aigu de la narration, lui-même relevé d’une pointe de poésie aux accents parfois surréalistes. Walabix, Marcel & Solange, La Scala, Trio à Lunettes, Petite Moutarde, Milesdavisquintet!, Grand Orchestre du Tricot... Certains de ces phénomènes étranges ne vous sont pas inconnus puisqu’il en a déjà été question ici et, reconnaissez-le, ils ont fière allure. Je vous saurais par conséquent gré de bien vouloir ajouter à ce tableau de chasse assez inhabituel le Quatuor Machaut, le bien nommé car, à l’instar de ses cousins tricoteurs, il aime assez à chahuter nos neurones avides de sensations nouvelles et d’émotions épicées. Mais dans un registre très particulier cette fois, qui ne prête pas exactement à la franche rigolade : car s’il s’agit toujours d’explorer, c’est plutôt vers soi qu’il faudra se retourner pour en apprécier toute la profondeur métaphysique.

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  • François Jeanneau & Uli Lenz : Art of the Duo, Les Danses de Vulcain

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    Il faut remercier le Goethe-Institut d’avoir su provoquer la rencontre entre le Berlinois Uli Lenz et le Français François Jeanneau. Car c’est à l’instigation de l’organisation allemande que le pianiste a contacté le saxophoniste et qu’après un échange de courriels et de partitions, tous deux se sont retrouvés embarqués – c’est le cas de le dire puisqu’ils se sont rencontrés pour la première fois à l’aéroport de Francfort juste avant leur départ pour le Pakistan – dans une aventure qui les a d’abord conduits à Karachi puis dans une tournée riche en musique. Celle-ci aura donné vie à une association des plus créatives, non seulement de par la complicité des deux musiciens qui s’est avérée immédiate, mais aussi par la réalisation d’un premier disque publié en 2008, Art Of The Duo : Walking in the Wind - Live at a-Trane, Berlin.

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  • Comme une rivière sans fin…

    olivier boge, expanded spacesL’histoire remonte à la fin de l’année dernière. Je crois même me rappeler – vous me pardonnerez ce détail un peu trivial – que je patientais dans la rue, devant ma boulangerie. Quand mon téléphone a sonné, interrompant ainsi l’écoute d’un disque – mais cette fois, je suis bien incapable d’en dire plus à son sujet – alors sur le point de faire l’objet d’une chronique, je n’ai pas identifié illico la personne qui m’appelait. Trop de bruit dehors, certainement. Avant de comprendre qu’Olivier Bogé, musicien dont j’apprécie le travail depuis un bout de temps (j’ai les preuves écrites : ici et ), était à l’autre bout de la ligne et souhaitait que j’écrive un texte destiné à son prochain disque, dont il venait de terminer l’enregistrement.

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  • Nancy Jazz Pulsations 2015

    NJP, c'est fini ! Près de deux semaines très chargées en concerts, beaucoup de monde, des moments forts, d'autres moins... Telle est la vie d'un festival. J'ai pu non pas couvrir intégralement l'édition 2015 pour Citizen Jazz mais consacrer à cette manifestation automnale neuf soirées bien remplies dont j'ai essayé de rendre compte à ma façon. Pas question de tout voir (pour mémoire, il y a eu au total 181 concerts) ni d'être partout à la fois. Mes pérégrinations se sont limitées à trois salles : le Chapiteau de la Pépinière, la Salle Poirel et le Théâtre de la Manufacture.

    En suivant CE LIEN, vous pourrez lire ou relire mes élucubrations publiées au fil des jours...

  • Les rêveries du voyageur Rousseau

    yves rousseau, wanderer septet, franz schubertIl est des disques qui n’appartiennent qu’à eux-mêmes. Ce sont des inclassables, fruits d’un travail d’une sincérité sans faille et d’une telle évidence dans leur réalisation qu’on ne ressent pas le besoin de les affilier à une quelconque école ou de les ranger dans une boîte prédéfinie, certes commode mais qui, de toutes façons, sera trop exiguë pour eux. On doit les prendre tels qu’ils sont, sans restriction, et avec tout le respect qui leur est dû. Wanderer Septet, né de l’imagination fertile du contrebassiste Yves Rousseau, dont le récent Akasha en quartet était déjà de toute beauté, est de ceux-là, assurément. Et je vois qu’en mélomanes avertis, vous n’avez pas manqué de vous souvenir qu’il y a bientôt trois siècles (en octobre 1816 plus précisément), un certain Franz Schubert composait un lied appelé Der Wanderer (Le Voyageur).  Ne cherchez plus, vous y êtes !

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  • Faites vos jeux, nom de Dieu !

    godatthecasino.jpgIl est des moments où le doute s’installe... C’est même assez fréquent, pour ne rien vous cacher. Est-ce que je vais trouver les bons mots pour transcrire au mieux ce qui me passe par la tête à l’écoute d’un disque que j’aime ? Comment vais-je parvenir à dépasser le stade de l’incitation à grand renfort de compliments trop chargés en adjectifs et autres adverbes ?

    Bref, ne vaut-il mieux pas se contenter d’un « Allez-y, foncez, c’est vachement bien ! » ?

    Ce serait probablement faire acte de paresse devant le travail fourni par des musiciens. Et donc injuste. Par conséquent, je me dois de vous en dire un peu plus (mais pas trop) au sujet de God At The Casino, une nouvelle petite implosion musicale dont les trois artificiers ont pour nom Manuel Hermia (saxophone), Valentin Ceccaldi (violoncelle et ci-devant frère du Théo évoqué dans une précédente note) et Sylvain Darrifourcq (plus-que-batteur déjà croisé par ici, en l’occurrence quand il a été question de Spezial Snack du quartet d’Emile Parisien dont le monsieur est membre et de l’irrévérencieux  Shapin’ With Miledavisquintet qu’il faut mettre à son actif).

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