Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Entendu - Page 26

  • Métaphore

    Le débat économique qui oppose chaque vendredi matin sur France Inter les journaliste Dominique Seux (tendance néo-libérale) et Bernard Maris (plutôt keynesien, dont je vous recommande la lecture des « Antimanuels d'économie ») sont toujours des moments intéressants et intelligemment animés. Bien entendu, les points de vue des deux protagonistes semblent à jamais irréconciliables, mais on guette à chaque fois la petite phrase qui fait mouche. A ce jeu, Bernard Maris est de très loin le plus doué, en témoigne sa métaphore au sujet de la réunion du G20 à Londres, temple du libéralisme le plus échevelé jusqu'à une époque très récente, le G20 donc, ce grand raout de nos dirigeants mondiaux, supposé être le point de départ d'une remise en ordre de la finance mondiale, notamment parce qu'il doit s'attaquer au cancer des paradis fiscaux. « Une réunion du G20 qui se tient à Londres, c'est un peu comme une réunion d'alcooliques anonymes dans un bar à vins ».

  • Salut

    bashung.jpgLorsque j'avais acheté Bleu Pétrole au début de l'année dernière, je savais comme beaucoup d'autres qu'il serait le dernier disque d'Alain Bashung. A cette époque, on parlait déjà d'un concert au mois d'octobre dans le cadre du Nancy Jazz Pulsations, en se demandant s'il pourrait avoir lieu. Bashung est venu pourtant, très affaibli déjà, rassemblant ses dernières forces pour ce public qu'il aimait tant. Créateur d'un univers totalement singulier, mélange flottant chargé d'un onirisme énigmatique, inventeur d'une écriture qu'il fallait apprendre à décrypter, cet artiste vient de faire le grand saut vers cet inconnu où, je n'en doute pas un seul instant, sa voix chaude adoucira la peine de ceux qui l'attendaient là-haut depuis quelque temps. Quant à ceux, comme nous, qui restent, ils reviendront vers lui comme on se tourne vers un ami de longue date.

  • John Remembered

    john mclaughlin,mahavishnu orchestra,shakti

    Je me suis plongé voici quelque temps, c'était au cours de l'automne dernier, dans la discographie très fournie d’un grand monsieur : John McLaughlin, dont la carte de visite, qui s'apparenterait plutôt à un who's who de la musique jouée depuis plus de quarante ans de par le monde, parle d’elle-même. Connu d’abord pour sa participation à l’aventure de Miles Davis - en particulier sur ces albums majeurs que sont In a Silent Way et Bitches Bew - à la fin des années 60, mais aussi à celle du Lifetime du batteur Tony Williams, ce guitariste virtuose a mis sur pieds une formation aujourd’hui presque mythique (en fait, ce qualificatif est idiot, je m'en rends compte, je veux dire par là que ce groupe, en particulier sa première mouture, celles des années 1970 à 1973, continue de me fasciner et que le quintette que McLaughlin avait formé avec Jan Hammer aux claviers, Jerry Goodman au violon, Rick Laird à la basse et Billy Cobham à la batterie semble toujours autant illuminé par la grâce), le Mahavishnu Orchestra, dont l’irradiation maximale (et la nôtre surtout) s’est produite entre les années 1971 et 1976, avant que son fondateur choisisse de s'éloigner d'un gourou un peu envahissant pour se tourner vers d'autres horizons, tout aussi propices à la méditation. Sa grande période créative suivante fut celle de l’ouverture vers la musique indienne : la naissance de Shakti au cours de la seconde moitié des années 70 en est un témoignage vibrant et unique, revivifié bien plus tard sous le nom de Remember Shakti. Une expérience unique que je vous invite très vivement à découvrir. Apprenez à plonger dans ces heures de musique qui semblent jouées en un continuum féerique, dans un étirement rythmique et hypnotique qui en dit long sur les trésors de vie intérieure qui l'habitent, pour mieux nous les offrir, aux antipodes de nos habitudes occidentales qui, elles, semblent courir après un temps frappé au sceau de l'urgence. Avec Shakti, la musique s'installe, elle s'expose en circonvolutions magiques et la confrontation de John McLaughlin avec ses pairs indiens est la source de vrais moments de grâce, où l'âme semble guider les doigts des musiciens. Il faudrait aussi parler de ce guitar trio parfois houleux mais extrêmement lumineux – une virtuosité à six mains qui fut l'objet de pas mal de critiques pas vraiment justifiées et qui nous laissa un disque splendide : Friday Night In San Francisco – avec Al Di Meola et Paco De Lucia, sans oublier l’hommage à John Coltrane que John McLaughlin rendit en 1973 en compagnie d'un Carlos Santana (Love Devotion Surrender) qui venait de publier ce qui reste peut-être son meilleur disque, Caravanserai, puis beaucoup plus tard en 1995 avec After the Rain, ni la belle collection d’albums en compagnie des plus grands (Trilok Gurtu, Elvin Jones, Dennis Chambers, Joey De Francesco, ...). Âgé aujourd’hui de 67 ans, John McLaughlin le Capricorne (voilà ce qui nous relie, en fait, lui et moi) est toujours sur la brèche : en témoigne 4th Dimension, sa formation actuelle où officie Hadrien Féraud, un jeune bassiste français qui fêtera cette année ses 25 ans et Floating Point, le dernier disque du groupe. Homme d’une élégance toute britannique, John McLaughlin m’a en outre fait un jour un très beau cadeau. Remontons un peu le cours du temps et arrêtons le calendrier des souvenirs au lundi 6 juillet 1992… Nous sommes dans les Vosges, plus précisément en la jolie petite ville de Vittel qui organisait en ces temps reculés, chaque été, un festival de guitare (aujourd’hui disparu, faute d’argent, de public et de soutien des collectivités locales... ce qui, à l'heure de la récession mondiale que nous connaissons, paraît nous renvoyer à une époque proche de l'Antiquité, il n'est que de voir les municipalités qui se pressent aujourd'hui pour fermer les robinets à toute dépense risquant de se voir apposer le label culturel, débarrassons-nous vite de tous ces saltimbanques si nous ne voulons pas creuser la dette, creuser la dette, creuser la dette... mais au fait, l'abime ne se trouverait-il pas au tréfonds du cerveau de certains de nos élus ?) où se côtoyaient quelques têtes d’affiches internationales et d’autres, moins en tête et plus locales. On y a vu Carlos Santana, Larry Corryel, Mike Stern… et beaucoup d’autres au rang desquels John McLaughlin et son trio de l’époque (Trilok Gurtu aux percussions, Dominique Di Piazza à la basse). En cette fin d’après-midi, j'arpentais les deux ou trois rues qui forment le centre de la ville (allez vous y promener un jour et promettez-moi de vous livrer à un exercice très instructif : comptez le nombre de salons de coiffure... Vous verrez, vous serez étonnés) et c’est en m'approchant du Palais des Congrès, lieu du Festival, que j’aperçus une silhouette qui m’était très familière : Mister John McLaughlin himself, tout juste sorti de l’exercice obligé de la balance des instruments. Ni une ni deux, je pris mon courage à deux mains – parce que je suis un faux extraverti et un vrai timide – et entrepris de l’aborder pour lui dire, en toute simplicité, combien sa musique avait été importante pour moi. Je me mis à lui parler avec une fièvre enfantine de ce Mahavishnu Orchestra en compagnie duquel j’avais passé beaucoup d’heures de musique. Ah, ce beau groupe sur lequel John McLaughlin régnait, tout habillé de blanc et qui jouait un drôle de rock mâtiné de jazz, urgent, virtuose, cérébral, voire mystique. On lui reprochait de jouer trop vite, de manquer d'âme, de vouloir gagner chaque année la course des 24 Heures du Manche (en particulier dans un magazine spécialisé aujourd'hui dirigé par le comique de service d'une émission de télé-crochet où défilent des créatures très souvent pathétiques, preuve que la roue tourne impitoyablement pour tout le monde, y compris pour ceux qui tentaient de nous faire croire à l'époque qu'ils étaient des êtres révoltés et combatifs). Balivernes, balivernes, on ne critique pas le Mahavishnu par ici : ce groupe brûlait sur scène comme sur disque, on retenait son souffle en écoutant sa musique. Tiens, j’ai même un souvenir très précis : le samedi 6 octobre 1973 (allez savoir pourquoi j’ai retenu cette date, peut-être parce que le même jour, un héros du sport français, le jeune automobiliste François Cevert, venait de se tuer pendant les essais d’un grand prix de Formule 1 de Watkins Glen à l’âge de 29 ans), la télévision (qui comptait trois chaînes exclusivement de service public – certes un peu contrôlé façon Voix de la France – à cette époque, ne l’oublions pas en notre ère de prolifération hertzienne, en voie de mise au pas toutefois) diffusait comme chaque semaine, pendant l’après-midi, un concert de rock dans le cadre d’une émission dont j’ai oublié le nom (Pop 2, peut-être. Oui, c'est ça : même que le présentateur commençait toujours par : « Salut, c'est Pop 2 ! » et vous savez quoi ? Eh bien ce type, c'est l'oncle d'un chanteur qui, lui aussi est membre du jury de cette émission dont je parle un peu plus haut. Notre monde médiatique est bien plus que petit, il est rétréci. Qu'on me rende mes idoles et qu'on expulse ces imposteurs ! Besson, au boulot !). Ce jour-là, j’ai fait connaissance avec le Mahavishnu Orchestra : autour de John McLaughlin, armé d'une somptueuse guitare à double manche et tout de blanc vêtu, officiaient des musiciens dont je ne tardai pas à apprendre qu’ils étaient de grands messieurs de la musique et qui avaient pour nom, je le rappelle au risque de me répéter parce que tel est mon plaisir, Jan Hammer, Billy Cobham, Rick Laird et Jerry Goodman : jazz électrique, musique complexe, d’une intensité stupéfiante. Je découvrais un nouvel univers, moi qui venait de gravir la paisible montagne du Grateful Dead (grâce au concours très particulier de mon gentil Arbre à Disques) et qui m’initiais depuis quelques mois à ce mouvement qu’on appelle le rock progressif (Pink Floyd, Yes, King Crimson, Genesis) ou la musique dite de l’École de Canterbury (Soft Machine, Matching Mole, Caravan, Hatfield & The North, ...). Une heure de concert à tomber de joie, suivie d’une virée en ville, à grands pas comme d'habitude, pour dénicher l’album chez mon disquaire favori. Patatras ! Rien dans les bacs ! Birds of Fire ? Connais pas mon bon monsieur… Impatience et rage, il me le fallait, en plus, pour une fois, j'avais mis de côté assez de sous pour me payer un disque (eh oui, les jeunes : je parle d'un temps où l'on achetait les disques, étonnant, non ?)… ce qui fut fait quelques jours plus tard (le 19, restons précis, je ne me rappelle plus l'heure exacte, vous m'en voyez désolé), à mon grand soulagement… Il est vrai qu’à cette époque, dans une petite ville de la Meuse, si jolie soit-elle et traversée par le fleuve, il fallait beaucoup plus qu’un clic (légal bien sûr) pour se procurer certains trésors… On attendait, parce qu’on ne pouvait pas faire autrement, on questionnait son commerçant, on lui montrait un article paru dans Best ou Rock’n’Folk, parfois notre vendeuse favorite notait la référence sur son cahier et nous promettait d’en parler au représentant lors de sa prochaine visite. Aujourd’hui… clic, clic et clic… et deux jours plus tard, l’objet est glissé dans votre boîte aux lettres (enfin, ça dépend du facteur tout de même : y a les méthodiques qui passent le carton sans dégât, d'autres qui massacrent un peu l'emballage en prenant un air dégagé, d'autres enfin qui renoncent et vous laissent un petit mot vous expliquant qu'ils reviendront demain, toujours en votre absence puisqu'à la même heure. Charge à vous d'aller, le lendemain, récupérer votre bien au bureau de Poste le plus proche. Conclusion : le disque est resté plus longtemps dans les entrepôts de La Poste qu'il n'a mis de temps à voyager, nous vivons une époque moderne). Tant qu’il y aura des objets, bien sûr…

    Nostalgique, moi ? Tu parles… Bon, j’en étais où… Ah oui, ma rencontre avec John McLaughlin, ces petites choses que j’avais envie de lui dire, ma seule façon de le remercier, de lui expliquer combien sa musique avait pu m’aider et continuait d’être présente dans mon quotidien. « Je voulais vous dire que Mahavishnu, c’est un groupe que j’ai écouté pendant tout le reste de mon adolescence, j’ai même révisé mon baccalauréat en écoutant Visions of the Emerald Beyond en 1975, ce disque avec Jean-Luc Ponty au violon qui engage des duels somptueux avec vous avant que les chœurs ne chantent « Let me fulfill life ! ». Je voulais vous dire merci, tout simplement, pour tout ce que vous avez fait ». Tout sourire, d’une simplicité désarmante et dans un français impeccable (on n'est pas marié à une pianiste hexagonale pour rien), John McLaughlin eut alors cette réplique que je n’ai pas oublié : « Mais vous avez toujours l’air d’un adolescent ! ». Venant de lui, svelte et d'allure juvénile, j’ai cru deviner qu’il s’agissait d’une gentillesse, j’avais 34 ans à l’époque (c'est bizarre de me dire ça, encore un peu et j'aurais eu l'âge d'être mon propre fils... C'est idiot ce que je dis ? Oui ? Tant pis), alors j’ai savouré mon plaisir et quelques heures plus tard, pendant le concert de son trio, je n’ai pas pu éviter de repenser à ces quelques mots, avec beaucoup d'émotion. Une légende vivante m’avait adressé la parole sans être entouré de dix gardes du corps, il n’avait même pas paru incommodé par mon intrusion…

    Dès le lendemain, gagné par la même urgence qu’en ce soir du 6 octobre 1973 où je m’étais mis en quête de Birds of Fire, je filai chez mon disquaire pour me procurer Qué Alegria, deuxième disque que le trio venait d’enregistrer. Sans imaginer forcément que de longues années plus tard, je l’aurais toujours en mains, avec le même plaisir et que je penserais à ces instants comme s’ils s’étaient déroulés quelques jours plus tôt.

    Le temps ne compte pas, de toutes façons, et les souvenirs sont souvent nos meilleurs amis.

  • Sémantique

    Il faut parfois se méfier des mots qu'on emploie. Hier soir, j'écoutais à la radio un flash d'informations et j'entendais un journaliste évoquer une, je le cite, «expédition punitive» pour qualifier les actes d'une violence inouïe commis dans un établissement scolaire de la région parisienne par quelques individus tout aussi lâches qu'encagoulés (ce qui revient souvent au même, d'ailleurs...) entrés par effraction. Ah bon ? Il s'agissait donc d'une expédition punitive ? Mais alors, s'il y avait punition, dois-je comprendre qu'il y avait faute quelque part ? Les victimes auraient-elles reçu les coups (dont certains au moyen de marteaux, si je ne me trompe pas) qu'elles méritaient ? Je devine dans cette erreur comme un début de fascination sombre et inavouée, qui ne dit pas son nom - un emballement post-poétique - pour ces actes criminels, dont l'idéologie est directement importée de celle des gangs américains. Ces invasions barbares sont des crimes, commis par des assassins en puissance, qui méritent les sanctions les plus sévères. Manque de chance, on a inventé la cagoule (dont l'histoire est sombre, elle aussi...).

  • Enchanté

    hugh_coltman.2.jpg

    Pagney-derrière-Barine, vous connaissez ? Non ? Il ne saurait être question de vous en vouloir parce que ce tout petit village, niché au pied des vignobles du Toulois, est quasiment introuvable. Même votre GPS devra s'y reprendre à plusieurs reprises pour vous en indiquer le chemin. Et pourtant... voici quarante ans que cet improbable endroit abrite un temple du blues et du rock vers lequel converge un public de passionnés, fumeur et buveur de bière bien souvent : Chez Paulette ! Là, je vous sens frétiller parce que, peut-être, ce nom vous dit quelque chose. Non, toujours pas ? Pas grave, mais vous auriez tort de méconnaître une salle (dont on devine qu'elle fut une grange il y a bien longtemps) qui est capable de programmer un type comme Hugh Coltman, dont j'avais évoqué le dernier disque, Stories From The Safe House, ici-même. Son rock teinté de blues, de folk et de jazz, sur lequel cet anglais francophile et francophone pose une voix dont le registre file souvent vers d'insoupçonnables hauteurs, s'accommode parfaitement de l'âme des lieux, malheureusement un peu vides hier soir. Quelques dizaines de spectateurs seulement avaient répondu présents à l'appel et l'on sut immédiatement que les absents avaient tort. Passant en revue son disque et l'entrecoupant de quelques reprises, dont "In the Summertime" de Mungo Jerry et un ravageur "Jealous Guy" où étaient convoquées les mânes d'Otis Redding, Hugh Coltman n'a pas déçu, tant s'en faut. Mieux encore : il a su nous offrir un véritable petit moment de grâce quand, alors que le second set allait commencer, notre homme décida de s'installer au beau milieu du public pour interpréter une émouvante version acoustique de l'une de ses compositions, "Sixteen". Cette chanson évoque les idéaux en noir et blanc de l'adolescence, avant que ceux-ci ne se fracassent sur la réalité plus grise de la vie d'adulte. Par chance, j'ai pu capter ces belles minutes pendant que Madame Maître Chronique officiait au Lumix. Ce sera mon petit cadeau du jour, j'espère qu'il vous plaira. Et merci à toi, Hugh, pour la chaleur de ta musique. Elle fait beaucoup de bien.
    podcast
    Hugh Coltman : "Sixteen", une version acoustique live captée Chez Paulette, le samedi 7 mars 2009

  • Durable

    La crise économique aurait-elle des effets bénéfiques ? Certainement pas pour tous ceux qu'elle jette dans le fossé des restructurations et des licenciements et qui viennent s'ajouter à l'interminable cohorte des chômeurs sacrifiés sur l'autel des dividendes. Ceux-là souffrent assez pour manquer du temps nécessaire à une réflexion sur les effets secondaires du tsunami financier. Néanmoins, il est curieux de constater à quel point les discussions ou débats qu'on peut entendre un peu partout ont pour thème une certaine manière de repenser nos pratiques de consommateurs. Parce que les produits de première nécessité sont souvent devenus hors de prix, on réfléchit à une alimentation plus raisonnée, voire plus saine, qui nous éloigne des nourritures industrielles trop grasses, trop sucrées, trop salées et par conséquent néfastes au plan sanitaire. La cuisine familiale redevient pour certains la source de substantielles économies mais aussi d'un mode de vie plus communicatif et écologiquement plus sage. Ailleurs, on évoque l'idée du co-camionnage, pour diminuer le coût du transport des marchandises mais aussi dans le but de limiter la pollution et la consommation de carburant. On entend aussi que bon nombre de nos compatriotes attendent le développement de nouvelles technologies, plus propres, pour changer leur automobile (dont la crise se révèle plus profonde qu'on ne veut bien nous le dire et semble devoir être dissociée des récents événements). L'économie durable pointe le bout de son nez dans les comportements de chacun d'entre nous. Lors d'un autre débat, dont le thème était celui du changement radical du modèle économique planétaire, j'ai aussi retenu ce propos d'un participant qui suggérait de réapprendre les «plaisirs durables», ceux de l'immatériel comme peut l'être la culture par exemple. Le chemin sera très long, mais il n'est pas désagréable de noter ces nouvelles prises de conscience.

  • Révélation

    Je suis un raté ! Ce n'est pas moi qui le dis, mais un grand penseur sarkolâtre né sous le signe de la girouette et qui s'est fait connaître depuis une trentaine d'années en fourguant à des tarifs prohibitifs des slogans dont la vacuité n'a d'égale que l'inutilité. Cet as de la communication - oui, je sais que ce terme, confisqué par les marchands, est souvent devenu redondant des deux utilisés juste avant - qui doit vendre son nouveau bouquin poubelle en se répandant dans les médias, vient en effet de déclarer qu'on a raté sa vie si, à 50 ans, on ne possède pas une Rolex. Nom d'un chien !!! Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Promis, dès demain, je vire depuis mon Codevi sur mon compte courant de quoi me procurer ce sésame de la réussite et je pourrai enfin me regarder en face. Et même qu'en plus, je saurai l'heure... Il était temps que je sois prévenu !

  • Roboratif

    trippin.jpgTroisième disque en trois ans pour le pianiste Eric Legnini. Ce musicien belge exceptionnel, qu'on a connu aux côtés de Claude Nougaro, Stefano Di Battista ou de Stéphane Belmondo, est à l'image exacte des vieux amis d'enfance : toujours présent quand il le faut. Trippin', enregistré en trio avec Mathias Alamane à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie, est le successeur attendu de Miss Soul et Big Boogaloo, dans leur exacte continuité, tel qu'on avait envie de l'écouter. Une petite merveille d'équilibre qui déborde d'énergie, où la mélodie et le groove sont rois. Avec pour innovation le recours sur quelques titres au Fender Rhodes. En attendant la suite (il faudra parler de sa participation à Omry, le très beau disque aux intonations "pop" du saxophoniste Pierrick Pédron), régalons-nous d'un court extrait, "Rock The Days" avant d'en dévorer tout le reste.

  • Anniversaire

    Plus d'une demi-heure de musique inédite - une composition appelée "Félicité Thosz" - comme introduction à un concert face à une salle pleine durant trois soirées qui fait la part belle au chant et aux cymbales, voilà le beau cadeau que nous a offert Magma à l'occasion de ses concerts anniversaire au Casino de Paris. Le groupe fête en effet ses 40 ans et Christian Vander, dont le jeu de batterie n'a jamais été aussi juste tant chacun de ses gestes est d'une précision envoûtante, n'a pas fini de nous étonner. Son chant est tout aussi habité que son drumming et retrouve toute la magie de sa dualité grave-aigu qui reste une énigme pour beaucoup. A ses côtés, Stella est particulièrement sollicitée par le répertoire actuel et illumine la scène du début à la fin de sa voix de soprano. Une fin en forme de ballade (cf. photo) où le chant de Christian Vander s'élève vers des sphères coltraniennes, ses mains allant jusqu'à mimer un invisible saxophone soprano. Merci donc pour cette offrande et heureux anniversaire.

  • Velours

    coltrane_hartman.jpgIl était question hier de tendresse, je vais en ce jour vous proposer du velours. Celui de la collaboration éphémère de Johnny Hartman (un chanteur sommairement classé dans la catégorie des "crooners") et du quartet de John Coltrane, qu'on ne présentera même pas tant le saxophoniste apparaît jour après jour comme l'un des grands musiciens du vingtième siècle et tant cette formation marqua l'histoire du jazz entre 1961 et la fin de l'année 1965. Disque indémodable, musique pacifiée célébrant la beauté dans ce qu'elle a de plus intemporel. D'autres que moi évoqueraient l'idée d'un album pour l'île déserte (mais je n'ai pas vraiment la tentation d'une île) tant on l'imagine aisément trôner au centre d'une discothèque idéale. Enregistré les 3 et 6 mars 1963, John Coltrane & Johnny Hartman est un petit chef d'oeuvre. Je vous laisse en leur (très bonne) compagnie pour écouter leur version de "Lush Life".

    John Coltrane : saxophone ténor, Johnny Hartman : chant, McCoy Tyner : piano, Jimmy Garrison : contrebasse, Elvin Jones : batterie.

    On peut se procurer ce disque ICI par exemple.

  • Céleste

    evening_star.jpgEn ces jours troublés et angoissants, pourquoi ne pas prendre le temps de s’arrêter quelques minutes. Et s’émerveiller d’une collaboration qui remonte au début des années 70, lorsque Robert Fripp, âme du grand King Crimson, alliait son génie à celui d’un drôle de sorcier en provenance de Roxy Music, Brian Eno. Dans No Pussyfooting, le premier mêlait ses frippertronics aux effets multiples créés par le second. Deux ans plus tard, en 1975, Evening Star brillait de tous ses feux. Le titre éponyme est une petite merveille que je vous laisse découvrir.

  • Instruments

    instruments.jpg
    Quelques minutes avant la belle tempête qui va souffler, plus de trois heures durant, sur le Jazz Club Lionel Hampton niché dans l’Hôtel Méridien à Paris, les instruments du Big Band de l’Air prennent un peu de repos et accumulent toute l’énergie dont les musiciens auront le plus grand besoin. Duke Ellington a dû sourire d’aise, tout là haut, en écoutant l’hommage vibrant et festif qui allait lui être rendu par quinze artistes de grand talent, sous la direction de Stan Laferrière.

  • Electronique

    J’ai commandé récemment aux Etats-Unis le dernier disque de Richard Pinhas, The Keio Line. En attendant de le recevoir, je repense à ce jour de l’automne 1974 où j’avais entendu dans l’émission de Pierre Lattès sur France Inter un drôle de disque. Ce mélange d’électricité et d’électronique avait tout de suite attiré mon attention et j’appris aussitôt qu’un groupe nommé Heldon avait publié sur un tout petit label (Disjuncta) un album appelé Electronic Guerilla. Commençait alors pour moi une belle histoire, celle d’une formation pas comme les autres menée d’une guitare électronique assez «frippienne» par Richard Pinhas, grand connaisseur de Gilles Deleuze et agitateur d’ondes sonores comme il en est peu finalement. Heldon a publié huit albums, Pinhas multipliant de son côté d'autres expériences tout aussi passionnantes et originales. Anecdote amusante : voici un peu plus de dix ans, un jeune nancéien me contactait parce qu’il avait appris par un ami commun que j’étais un passionné de Magma. Comme lui. Il avait à peine plus de 20 ans et connaissait également Art Zoyd et Heldon sur le bout de ses jeunes doigts et nous avons passé pas mal de temps à discuter de toutes ces musiques. Le temps a passé, lui aussi, et ce «gamin», Jérôme Schmidt, évolue aujourd’hui sur scène aux côtés de Richard Pinhas. Etonnant, non ?

  • Mélodie

    petrucciani.jpgFrancis Dreyfus a eu la bonne idée de publier tout récemment un coffret rassemblant l’intégrale des enregistrements que Michel Petrucciani avait publiés sur son label (dix CD auxquels il faut ajouter deux DVD dont l’un propose Lettre à Michel, le très beau documentaire réalisé en 1983 par Franck Cassenti). Une très courte période en réalité, à peine plus de cinq ans, durant laquelle le pianiste avait multiplié les rencontres et offert la démonstration de son hyper-mélodicité. Ses partenaires étaient tous prestigieux : son père / professeur Tony, Eddy Louiss, Stéphane Grappelli, Dave Holland, Tony Williams, Kenny Garrett… arrêtons-là cette liste enchantée. Cet immense petit bonhomme qui nous a quittés voici dix ans à l’âge de 36 ans et n’en finit pas de nous manquer. Dans cette caverne d’Ali Baba musicale que représente le coffret, il est difficile d’opérer un choix. J’ai opté pour le sublime «Petite Louise», un magnifique duo enregistré avec Stefano Di Battista en 1997, sur l’album Both Worlds. Limpide et lumineux.

  • Public

    J’entendais hier matin à la radio un court reportage sur la gigantesque panne d’électricité dont la ville de Perpignan a été la victime après la violente tempête qui a sévi sur le sud de la France. Le journaliste évoquait toutes les forces en présence qui ne ménageaient pas leurs efforts pour rétablir une situation proche de la normale dans les meilleurs délais : parmi les plus actifs, l’ONF (Office National des Forêts), la SNCF, ErDF (qui est la branche distribution d’Electricité de France), France Télécom… Tiens tiens ! Le «service public», terme banni de tous les manuels des parfaits petits libéraux qui mutualisent les pertes mais jamais les profits, aurait-il encore un peu de sens pour certains en cette période troublée par la folie spéculative ? Mais où sont donc les Iliad et autres Poweo, grands pourfendeurs de ces scandaleux monopoles ? Pas au cœur de la tempête, semble-t-il, et plus soucieux du niveau de leurs marges que du confort de leurs clients (appelés autrefois des usagers)…

  • Sentimental

    love_songs_reflexions.jpgJ’aurai l’occasion de revenir plus longuement sur le nouveau disque d’Henri Texier, Love Songs Reflexions, paru la semaine dernière chez Label Bleu. J’ai sur le feu en effet une chronique de cet album habité qu’on pourra lire prochainement sur le site de Citizen Jazz, agrémentée d’une interview que le contrebassiste m’a fait l’amitié de m’accorder. Ses propos viendront se croiser avec ma propre perception du disque et j'espère que le résultat sera à la hauteur de cette heure de musique... En attendant cette publication, voici pour vous donner envie d’en écouter beaucoup plus un court extrait de  «In A Sentimental Mood» dont il était question ici-même voici trois jours seulement.

    Sébastien Texier : saxophone alto, Manu Codjia : guitare, Christophe Marguet : batterie, Henri Texier : contrebasse

  • Magistral

    linea_del_sur.jpgJe crois que jamais je ne dirai assez de bien de Renaud Garcia-Fons. Ce musicien, admirable et discret, trace depuis un bon paquet d’années un sillon très singulier où se conjuguent de multiples accents méditerranéens et orientaux. Contrebassiste virtuose qui n’hésite pas s’il le faut à électrifier son instrument, aussi redoutable à l’archet qu’en pizzicato, ce catalan d’origine, élève du grand François Rabbath, propose La Linea Del Sur, un nouvel opus qui s’inscrit dans la plus parfaite continuité hispanisante de ses précédents disques (le dernier, en un trio solaire, étant Arcoluz) et constitue la démonstration la plus humblement lumineuse qu’on pouvait espérer de sa part. Entouré de Kiko Ruiz (guitare), David Venitucci (accordéon), Pascal Rollando (percussions) et de la chanteuse de flamenco Esperanza Fernandez le temps de trois titres, Renaud Garcia-Fons nous enchante, une fois de plus. Voilà un excellent remède anti grisaille, à recommander à tous ceux dont les idées ont tendance à prendre les couleurs du temps.

    En écoute, un extrait de la composition «La Linea Del Sur»

    Disponible prochainement sur Enja Records, on pourra se procurer ce disque directement sur le site Internet du label.

  • Ah, Mingus !

    mingus_cowboy.jpg30 ans après sa mort, 50 ans après la parution d’un disque que beaucoup considèrent comme le meilleur passeport pour franchir les frontières de son œuvre, Charles Mingus continue de nous livrer ce qui est l’essence même de toute création artistique : l’âme. Regards croisés par une bonne dizaine d’amis distants autour de la musique du contrebassiste…

    Voilà qui m’apprendra à creuser trop profondément certains sillons et à me laisser goulûment engloutir dans les univers infinis d’un quarteron de musiciens, devenus des compagnons de vie à force d’abuser de leur fréquentation. Dis donc, Coltrane, qu’as-tu fait ? Ton parcours de comète, fulgurant et mystique, a tellement consommé de mon énergie que j’en ai fini par oublier, parfois, que tu n’étais pas seul au monde sur la belle planète du jazz ! Aujourd’hui encore, il ne s’écoule pas une semaine sans que je ne m’en réfère à ta musique lorsque la nécessité de charger mes batteries musicales se fait sentir. Un exclusivisme qui, très certainement, marque une profonde injustice envers tes pairs, au point que je dois me rendre compte aujourd’hui que certains d’entre eux, parmi les plus grands, me sont presque des inconnus. Mais la vie avance toutefois et leurs causes ne sont pas perdues, je leur dois bien ça. Un jour certainement…

    Prenez Mingus par exemple, Charles de son prénom. Que sais-je vraiment de lui en dehors de ce que n’importe quel profane est censé connaître ? L’essentiel peut-être : Mingus, musicien génial et hors de toutes les normes, compositeur et arrangeur d’exception, sa formation classique, cette église méthodiste où il chante le blues et où l’on se livre «aux incantations et aux lamentations qui répondent au preacher». Je sais aussi sa force physique, ses confrontations parfois violentes avec d’autres musiciens qui lui ont valu, par exemple, d’être exclu de l’orchestre de Duke Ellington après une altercation avec Juan Tizol, le compositeur de «Caravan». Ses compagnons de route aussi, dont le génial Eric Dolphy, autant de musiciens qui vont s’accomplir à ses côtés, et surtout à ses côtés d’ailleurs, lui l’artificier dont la contrebasse disait la fureur et l’invention. Un homme en colère, cet «homme noir aux Etats-Unis», qui racontera sa vie dans une autobiographie aux accents tragiques appelée «Moins qu’un chien», et dont le titre parle de lui-même. Mingus a écrit les grandes pages de son histoire entre les années 1956 et 1962 avant de s’éclipser durant de longues années puis d’effectuer un retour sur scène en 1971. Avant de disparaître en janvier 1979, le 5 exactement, il y a trente ans donc, frappé par un mal qui l’avait cloué sur un fauteuil pour l’épuiser jusqu’à sa mort.

    J’aimerais citer ici in extenso le paragraphe de conclusion que Francis Marmande écrit à son sujet dans le Dictionnaire du Jazz : «Emotif et recensant en lui-même les émotions de son peuple, Mingus a entrepris de faire ouvertement parler, crier, la musique, comme on fait parler la poudre. Avec une énergie très physique qui concentrait ses qualités de compositeur, d’arrangeur ou d’agitateur. Avec une générosité et une intégrité qui ont contraint toutes les communautés (celle des musiciens lui étant acquise) noires, blanches, officielles et marginales, à le reconnaître et le saluer. In extremis peut-être, mais tout de même». Rien à ajouter.

    Si tout de même parce que bien sûr, je connaissais quelques thèmes majeurs de cet homme «en colère tous les jours» : «Better Get In In Your Soul», «Goodbye Pork Pie Hat» ou «Fables Of Faubus». De ces dernières, j’avais eu connaissance à la fin des années 80, lorsque Claude Nougaro, avec l’accord de Sue, l’épouse de Mingus, en avait proposé une adaptation appelée «Harlem» sur son album Nougayork. Des secondes, je connaissais depuis longtemps (toujours ?) la mélodie, sans forcément l’identifier, avant que Michel Portal ne la reprenne à son compte sur l’album Minneapolis. Un survol finalement, l’idée que j’avais affaire à un acteur essentiel de la scène musicale du XXe siècle, mais qu’il serait bien temps de voir ça un peu plus tard. Bizarrement, je n’avais jamais pris le temps d’écouter un disque de lui, du début jusqu’à la fin… Allez comprendre que ce n’est pas sans une certaine appréhension que j’ai accepté de me joindre à ma cohorte de blogueurs lorsqu’il s’est agi, en toute liberté, d’écrire un texte consacré à monsieur Mingus. J’ai retourné des dizaines de fois la question dans ma tête et finalement choisi de jouer cartes sur tables. Puisque sa musique ne m’était que mal connue, pourquoi le cacher et faire comme s’il en allait autrement ? Non, autant se présenter tel qu’on est et dire sa démarche : d’abord consulter quelques archives, mon dictionnaire du jazz en particulier, un peu jauni déjà et lire les pages magnifiquement écrites par Francis Marmande. Puis choisir un disque parmi les enregistrements à ma disposition et, finalement, n’avoir aucune hésitation quant à la galette à sélectionner en m’apercevant que les thèmes que je connaissais le mieux avaient tous été enregistrés en 1959 pour le disque Mingus Ah Um. Et là, l’évidence, comme dirait Monk ! Celle de se mettre un chef d’œuvre entre les oreilles, un disque inoxydable dont chaque pièce semble à la fois un classique mais aussi d’une terrible actualité. Dans ce disque quinquagénaire, ça bouillonne, ça gronde, ça chante, il y a là l’essence de la vie, l’esprit d’un homme et d’un peuple qui marche vers un monde qui pourrait être meilleur si… mais qui ne l’est pas, néanmoins. Cette force vitale emporte tout sur son passage tant le propos, qui s’appuie pourtant sur des arrangements complexes et novateurs, est d’une limpidité fougueuse.

    Et voilà que je culpabilise maintenant : comment avoir réussi à zigzaguer à ce point jusqu’à parvenir à éviter une rencontre plus précoce avec Charles Mingus ? Un exploit assurément, et la certitude d’une erreur qui sera réparée.

    En écoute : "Better Get It In Your Soul", extrait de Mingus Ah Um





    Contrebasse : Charles Mingus
    Saxophone : Booker Ervin et John Handy
    Trombone : Willie Dennis et Jimmy Knepper
    Piano : Horace Parlan
    Batterie : Dannie Richmond

  • Âme

    Mingus Ah UmJe dois bien avouer que je n’en mène pas large… Membre régulier depuis un an d’un collectif de blogueurs ayant pour ambition de publier une fois par trimestre un texte sur un thème commun choisi de manière participative, j’ai laissé le temps passer et me retrouve dans l’obligation de pondre d’ici à ce soir un texte sur le grand Charles Mingus. Que finalement, je connais plutôt mal, même si je n’ignore rien de ce qu’un jazzophile basique est supposé savoir. N’empêche… Je dois trouver un angle d’attaque pour résoudre cette drôle d’équation. En attendant, j’écoute une galette publiée par le contrebassiste voici maintenant cinquante ans, Mingus Ah Um. Un disque essentiel, dont tellement de thèmes sont aujourd’hui autant d’hymnes sans âge ! Je vous laisse écouter les premières minutes de «Better Get It In Your Soul», qui suinte le blues et le negro spiritual. L’âme en musique…

  • Echelle

    J'ai entendu l’autre matin, dans un demi-sommeil comme d’habitude, un animateur radio proférer une énormité. J’en viens à me demander s’il ne s’agit pas d’une manifestation supplémentaire d’un complot contre moi, tant la sensation est pénible d’avoir à penser pendant qu’on dort encore… Un de ses collègues, chargé de nous faire part des prévisions météorologiques, évoquait le grand froid qui règne en ce moment sur la France et particulièrement une région où la température sous abri était de - 9°C et même de - 17°C, si l’on tenait compte du vent de nord-est qui accentue la sensation de froid. A ce moment-là, le micromane matutinal a commenté : «Donc il fera presque deux fois plus froid que ce que l’on peut lire sur le thermomètre». Oh la, doucement, cheval ! Mal joué Callaghan… Car même si cette erreur est très répandue dans la petite sphère médiatique, ce qui ne saurait constituer une excuse valable, rappelons que la mesure des températures est un système particulier dont la gradation ne commence pas à 0°C ! Il y a un zéro absolu (jamais atteint et de l'ordre de - 270°C si ma mémoire ne me trahit pas, les spécialistes pourront confirmer) mais en aucun cas, on a le droit d’affirmer que - 17°C, c'est presque deux fois plus froid que - 9°C : c'est juste 8°C de moins. En se représentant graphiquement l'échelle des températures, on comprend aussitôt que cette remarque n'a aucun sens et que, comme dirait Pierre Dac : «Ceux qui parlent pour ne rien dire feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir». D'ailleurs, je me tais moi-même... jusqu'à demain !