Silence
J’ai entendu, sans le vouloir (tant il est difficile de trouver aujourd’hui un magasin qui ne soit pas sonorisé), une version calamiteuse de «Sound of silence», de Simon and Garfunkel. Dans cet arrangement se voulant moderne, une rythmique à la sauce du jour (genre trip hop, pour une ambiance lounge bar, surtout rien ne doit dépasser) a été plaquée sur l’original, créant de fait une mixture indigeste et totalement hors de propos. Tout ce qui faisait le charme d’une chanson habitée par la grâce – la subtilité des arrangements, la purée de la mélodie, la perfection des harmonies vocales – est ici broyé par une batterie mécanique et sans saveur. Là où l’on goûtait d’imperceptibles moments de silence (et pour cause…), là où tout semblait comme suspendu en l’air, il faut maintenant combler le vide à tout prix, parce que le bruit de fond semble le seul qui soit compatible avec les exigences d’une bande FM sans imagination.
Il est grand temps de se réapproprier le silence et de partir à la découverte de ce monde mystérieux qu’on appelle l’entre notes.