Jeune
Le petit monde de la télévision s'émeut au prétexte qu'un candidat de la Nouvelle Star a osé allumer une cigarette pour interpréter une chanson de Serge Gainsbourg et qu'un célèbre couturier y a été d'une présence très soulignée, à grands renforts de gros plans et de citations. Voilà un joli double exercice d'hypocrisie quand on sait que le plus grand mal qui puisse être fait à une génération naissante - beaucoup plus que cette cigarette symbolique qui aura bien peu d'effet sur les comportements juvéniles - est celui par lequel on brandit le conformisme le plus absolu comme étendard et qu'en matière de publicité, on atteint avec cette émission un niveau de saturation qui rendrait hermétique à toute réclame n'importe quel étudiant issu d'une école de commerce. Tout ceci sent tellement le renfermé que c'est avec le plus grand bonheur - il s'agit là d'une vraie respiration, en effet - qu'on se précipitera sur le dernier opus d'un vieux loup solitaire du rock, monsieur Neil Young ! A plus de 63 ans, le loner canadien semble ne pas devoir dévier un seul instant du chemin très singulier qu'il trace depuis plus de quarante ans maintenant. Sûr qu'avec son chant parfois approximatif, il n'aurait pas franchi la barrière d'un jury composé de bien étranges « experts » comme on peut en contempler du côté de chez nous... Fork In The Road, c'est du Neil Young pur jus, une musique carrée, électrique la plupart du temps, un son râpeux, des mélodies comme lui seul sait en inventer (j'emploie ce mot à dessein parce que je tiens Neil Young pour un inventeur), qui nous ramènent au meilleur de toute sa discographie. Et même si l'on ne peut qu'être d'accord avec lui pour dire que chanter une chanson ne changera pas le monde (« Just Singing A Song Won't Change The World »), on lui sait gré de débouler à intervalles rapprochés (Chrome Dreams, son précédent double album, remonte à dix-huit mois environ) avec cette musique qui lui appartient et qui fait l'effet, à chaque fois, d'une cure de jouvence. On n'oubliera pas, pour finir, de rappeler qu'avec ce disque, Neil Young s'engage résolument vers la voie de l'écologie. Une bifurcation essentielle pour l'avenir, voilà aussi le sens à donner à ce Fork In The Road.
Salué par la critique comme un des événements musicaux de l'année 2009 - y compris par mes soins à l'occasion d'une chronique pour le magazine 
Le XXIe siècle sied très bien à 


Je dois bien avouer que je n'ai pas suivi de très près l'actualité de la scène rock britannique depuis une vingtaine d'années... J'avais d'autres musiques à fouetter et ce que j'entendais de loin ne me donnait pas l'envie d'en savoir plus. On a toujours tort, cependant, de se couper complètement de cette sphère créative qui, en d'autres temps, était la source de bien des bonheurs et continue de bouillonner. Il faut juste prendre le temps de la débusquer derrière tout le fatras des idoles éphémères et insipides qui font le quotidien de ce qu'on appelle la "Brit Pop". Ignorant en cette matière donc, ce n'est pas sans un vrai plaisir que j'ai découvert un groupe de Manchester, dont l'existence remonte à une bonne dizaine d'années et propose son quatrième album. Mené par un certain Guy Harvey, dont la voix rocailleuse n'est pas sans rappeler parfois celle de Peter Gabriel,
Bien déjoué en effet, monsieur
Histoire n° 1 : On ne peut pas vivre seulement bercé par la mélopée des mauvaises nouvelles telles que les récitants quotidiens nous les psalmodient matin midi et soir. Ce serait trop terrible. Car voilà enfin une vraie bonne nouvelle (pour moi au moins) sous la forme d'une réponse positive donnée à l'une de mes vieilles requêtes. Depuis quelques années en effet, je rassemble des textes sur le thème de ma drôle de santé et son assistance cardiaque électronique, je plonge dans le maquis de mes souvenirs thrombosés, je dédramatise mes défaillances physiques. Et voilà qu'un éditeur accepte mon manuscrit. Sympa, non ?
Voilà un disque qui fait un bien fou ! Pendant que nos vieilles gloires rabâchent à n'en plus finir et pour un montant astronomique un répertoire usé jusqu'à la corde aux frais de la princesse (rendez-vous sur la note publiée hier pour en savoir plus), il est des artistes, certainement moins fortunés, qui empruntent des chemins de traverse - dont on ne sait pas forcément où ils vous emmèneront et c'est parfait ainsi - pour vous proposer une cure d'oxygénation totalement euphorisante. Le guitariste Marc Ducret est de ceux-là, dont Le Grand Ensemble réunit un orchestre de onze musiciens pour un album appelé
J'apprends qu'un célèbre rocker opticien franco-belge sera la vedette du grand concert donné du côté de la Place de la Concorde dans le cadre des festivités du 14 juillet, intégralement financées sur le budget du Ministère de la Culture. Le montant du seul cachet de cette star en fin de course, qui s'élèvera ce soir-là - j'ai fait le calcul, pardonnez ma mesquinerie - à plus de dix années de mon salaire brut (sur lequel je paie des impôts... en France !), est par ailleurs très largement supérieur à ce que le chanteur lui-même réclame lorsqu'il n'est pas ainsi subventionné par ses amitiés présidentielles. Voilà qui finit par alléger considérablement le poids de la culpabilité que je développe depuis longtemps à l'idée d'être un salarié du secteur public. Parce que j'ai beau me persuader que je travaille correctement et que je ne vole pas l'argent que je gagne honnêtement, je ne peux pas faire comme si je n'entendais jamais ces voix brunes qui grondent sous l'effet d'une perverse stimulation politicienne et m'accusent d'être, ainsi que d'autres, un privilégié paresseux. Au point que j'ai même fini par inventer un mot : je serais selon ces braves gens bien dressés et de courte vue un « fainéanti ».
Les lorrains connaissent bien