Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musiques buissonnières - Page 7

  • Une machine, un peu d’espoir ?

    francesco bearzatti, woody guthrie, this machine kills fascists, camjazzLe saxophoniste clarinettiste transalpin Francesco Bearzatti est homme de conviction. Sa récente production discographique atteste d’une volonté de défendre des causes majeures à travers des hommages rendus à différentes personnalités marquantes, connues pour leurs engagements profonds, souvent en politique et bien au-delà de la seule sphère artistique. Qu’on en juge par ces quelques exemples : Suite for Tina Modotti (photographe et militante révolutionnaire) en 2008 ; Suite X for Malcolm (2010) dédié au pourfendeur de la ségrégation raciale ; Monk’n’Roll (2013) pour célébrer un musicien qui avait par son génie joué à un grand chamboule-tout du rythme et de la mélodie. Dans ces conditions, on n’est pas vraiment surpris de le voir (et l’écouter, surtout) s’emparer de l’univers de Woody Guthrie, à la fois chanteur, auteur, compositeur de la musique folk américaine, celui qu’on peut légitimement considérer comme le père naturel du protest song dont les héritiers les plus emblématiques ont pour nom Bob Dylan ou Joan Baez.

    Lire la suite

  • Là-haut, tout là-haut, sur les collines...

    over the hills, escalator over the hill, bruno toccane, bernard santacruzN’y allons pas par quatre chemins : avec la publication d’Over The Hills, Bruno Tocanne, Bernard Santacruz et leurs sept camarades ont frappé un grand coup. Le plaisir est d’autant plus grand qu’on attendait ce disque depuis un petit bout de temps, au risque d’une pointe de déception à force d’espérer le meilleur, et ce même si l’impatience de quelques-uns parmi nous avait pu être adoucie par des prestations scéniques reflétant fidèlement l’objet musical qui voit le jour cette semaine sur le label iMuzzic. En ce qui me concerne, ce fut à deux reprises : une première fois au CIM de Bar-le-Duc le 6 mars dernier, puis au Parc Floral le 4 juillet, dans le cadre d’un Paris Jazz Festival assommé par la canicule. J’ai d’ailleurs rendu compte de la soirée barisienne dans une chronique pour Citizen Jazz, qu’on peut lire ICI.

    Lire la suite

  • Emotion Pictures

    bigpicture_krakauer.jpgEt soudain un disque opéra une spectaculaire remontée, puis parvint au sommet d’une pile suffisamment haute pour que la question de son équilibre fût posée depuis quelque temps déjà. Il somnolait là, attendant des jours meilleurs. En réalité, c’est le pire qui est advenu, baignant Paris dans le sang, suscitant effroi et sidération et nous plongeant dans un état d’hébétude dont le seul compagnon possible fut pour un temps le silence, en mémoire de ceux qui venaient de nous quitter, fauchés par la barbarie explosant à nos portes. Nous, Français et Européens, prenions en pleine figure cette violence inouïe qui ensanglante le monde depuis des décennies et dont nous aimions à imaginer, par insouciance ou ignorance, qu’elle ne viendrait jamais se répandre sur nous. Silence d’abord, mais très vite, le besoin de reprendre le cours des choses de la vie. Revenir dans le monde réel, s’immerger dans la foule, parler, partager, et si possible un peu mieux qu’avant. C’est en ces instants de redressement, ceux où il faut bien relever la tête et faire face, que s’est imposée comme une évidence la belle musique de David Krakauer et son nouvel album, The Big Picture. Le bon disque, au bon moment. Comme un précieux antidote.

    Lire la suite

  • Avec le cœur

    henri roger, jean-baptiste boussougou, Dire qu’Henri Roger est prolifique relève de l’euphémisme. Sa discographie s’enrichit à une vitesse étonnante et les références du label Facing You / IMR se multiplient comme d’autres, en des temps plus reculés, multipliaient les petits pains. Comptez une dizaine d’albums en un peu plus de trois ans et vous prendrez la mesure de la créativité d’un multi instrumentiste (pianiste et guitariste au premier chef) qui paraît ressentir la nécessité de fixer ses belles rencontres musicales. Si vous êtes un lecteur, même occasionnel, de mes Musiques Buissonnières, vous n’ignorez pas que j’accorde la plus grande attention à son travail. Je vous ferai grâce d’une biographie qu’il vous sera toujours possible de découvrir en faisant un petit tour sur son site internet et résumerai le personnage en le qualifiant d’activiste des musiques improvisées.

    Lire la suite

  • Bone à tout faire

    fidel fourneyron,trombone,umlaut records,jazzSi la vie avait fait de moi un musicien – fort heureusement pour la musique, il en a été tout autrement – je n’aurais probablement pas été tromboniste. Bien sûr, du temps de mon adolescence, j’admirais comme quelques autres tombés dans la marmite du rock le souffle puissant d’un James Pankow s’illustrant au sein du groupe Chicago ; mais le trombone, c’était selon moi et avant tout un travailleur de fond, celui qui faisait le sale boulot, le grand machin ingrat niché au cœur d’une section de cuivres et auquel on accordait de temps à autre, mais pas trop longtemps, une exposition sur le devant de la scène, toutes joues gonflées et bras frénétique scotché à une coulisse agitée par d’incessants allers-retours de longueurs variables. Depuis, j’ai un peu changé d’avis, je dois bien le reconnaître. Ceux qui ont la faiblesse de me lire savent qu’il m’est arrivé de surligner ici (ou du côté de chez Citizen Jazz) les qualités de quelques activistes du trombone. Au cours des vingt dernières années en effet, j'ai croisé des personnalités très singulières, ayant cet instrument pas comme les autres pour langage commun, mais s’exprimant dans des registres souvent différents. Ma liste ne pouvant être exhaustive, je citerai Glenn Ferris, Gueorgui Kornazov, Sébastien Llado, Daniel Zimmermann, Samuel Blaser ou Loïc Bachevillier. Et dans l’histoire du jazz (jusqu’à nos jours), il est des noms qui méritent une citation au tableau d’honneur : Bob Brookmeyer, Curtis Fuller, Maynard Ferguson, Grachan Moncur III, Robin Eubanks… Voilà pour un petit cadrage à ma façon… C’est partial, partiel, mais c’est ainsi.

    Depuis quelque temps, il en est un qui semble s’accomplir dans le rôle de l’agitateur de molécules tromboniques : un certain Fidel Fourneyron. Celui-là, c’est un cas à part, un musicien tout autant amoureux des musiques improvisées que du swing, dont les incartades ne se comptent plus. Collaborateur de quelques collectifs tels que Coax, Umlaut, Vibrants Défricheurs ou Tricollectif, membre de l’actuel ONJ sous la direction d’Olivier Benoit (écoutez-le donc ferrailler avec son boss sur « L’effacement des traces » au début d’Europa Berlin et vous m’en direz des nouvelles), initiateur d’un trio Un Poco Loco facétieux détourneur de standards, Fourneyron a, comme on peut s’en rendre compte, de la ressource (qu’il met également au service du Tower Bridge de Marc Ducret ou du White Desert Orchestra d’Eve Risser) et ne se prive pas de nous en faire profiter.

    Et là où le monsieur est culotté, c’est qu’il ose aujourd’hui se livrer à l’exercice inattendu du plaisir solitaire dans un disque publié sur Umlaut Records et dont la pochette au graphisme naïf n’est pas sans évoquer l’univers d’un Robert Wyatt. En trente minutes d’une High Fidelity impudique, Fourneyron fait une démonstration virtuose sans appel : il nous prouve que le trombone, bien plus qu’un instrument de musique, est un être vivant, un organisme en état d’ébullition. Pour un peu, on entendrait sa digestion. Avec lui, le trombone traverse tous les états que chacun d’entre nous peut connaître un jour : il bougonne, souffle, vibre, râle, chante, gémit, rit aux éclats, taquine, vocifère, s’inquiète, s'extasie, musarde, se met à courir. Parfois il a le blues ou connaît un dédoublement de personnalité. Bref, il vit. Il ne cache rien, pas plus que Fidel Fourneyron qui avance vers nous dans toute la nudité d’un instrument qui ne lui laisse pas d’autre choix que de se présenter tel qu’il est, sans fard et sans le moindre artifice. Aucun recours à la technologie pour parvenir à ses fins, les seuls effets utilisés étant ceux de son imagination et d’une probable quête intérieure. L’exercice de style qu’on pouvait redouter cède très vite la place à une exposition désarmante de vérité. Certes, High Fidelity n’est pas un album à vocation digestive ; il est peu probable qu’il vous accompagne pendant vos courses au supermarché du coin ; vous avez peu de chances de le découvrir par l’entremise d’une quelconque playlist radiophonique. On peut même dire de lui qu’il n’est pas politiquement correct. D’une certaine façon, il est à prendre comme une saine provocation, une incitation à ne pas se laisser emporter dans le confort ouaté de la routine. Un disque à prendre ou à laisser. La deuxième option n’est pas la mienne, je déclare sans plus attendre ma fidélité à monsieur Fourneyron…

  • La stratégie de l'arbre à disques

    europe_72.jpgJe vais reculer les aiguilles de la grande horloge et vous parler d'un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Nous sommes le mercredi 13 décembre 1972. Je suis en possession d'un précieux billet dont la valeur - cent francs ! - est considérable pour qui la rapportera au montant de mes émoluments mensuels de l’époque, en d'autres termes mon argent de poche, soit cinq francs. Me voici prêt à engager une dépense déraisonnable qui hante mes rêves depuis plusieurs semaines déjà. Mais je vais un peu trop vite... Revenons d'abord à un autre jour, un jeudi celui-là, le 27 janvier de cette même année 1972. J’en profite pour rappeler aux plus jeunes qu'en ces temps préhistoriques, on n'allait pas au collège le jeudi après-midi ; c’est l’année suivante seulement que fut instaurée la pause hebdomadaire du mercredi pour les scolaires.

    Lire la suite

  • eMotian

    jean-marc padovani, paul motian, Une source sûre m’a fait comprendre que le regretté Paul Motian n’était pas un grand fan des jeux de mots sur son nom. J’espère qu’il me pardonnera, là où il repose, le titre de cette note qui m’est inspirée par un disque en hommage à sa musique, rendu avec une délicatesse toute... motianesque par le saxophoniste Jean-Marc Padovani, qui vient de publier chez Naïve un Motian in Motion au nom tout aussi coupable de clin d’œil. Un disque motivé, aussi, par le fait que la disparition du batteur s’est produite selon lui « dans une relative indifférence », alors que de nombreux musiciens le considéraient (et le considèrent toujours) comme un musicien incontournable et une source dont ils revendiquent l’héritage et l’inspiration.

    Lire la suite

  • Ite missa est !

    quatuor machaut, tricollectif, quentin bardieau, Si l’on peut, non sans raison, mettre en doute l’utilité du tri sélectif dans nos vies urbaines si pressées et fortement dosées en particules fines, on ne saurait en revanche émettre la moindre réserve quant au bien fondé du Tricollectif dont l’activité s’avère de mois en mois toujours plus stimulante. On peut lancer à la volée quelques noms enfantés par cet aréopage d'origine orléanaise et se réjouir de tout ce qu’ils portent en eux de singulier, puis constater leur capacité à faire passer pour une route balisée ce qui est en réalité un chemin de traverse (donc potentiellement escarpé), ce dernier étant dûment éclairé par l’imagination débordante des pisteurs et leur sens aigu de la narration, lui-même relevé d’une pointe de poésie aux accents parfois surréalistes. Walabix, Marcel & Solange, La Scala, Trio à Lunettes, Petite Moutarde, Milesdavisquintet!, Grand Orchestre du Tricot... Certains de ces phénomènes étranges ne vous sont pas inconnus puisqu’il en a déjà été question ici et, reconnaissez-le, ils ont fière allure. Je vous saurais par conséquent gré de bien vouloir ajouter à ce tableau de chasse assez inhabituel le Quatuor Machaut, le bien nommé car, à l’instar de ses cousins tricoteurs, il aime assez à chahuter nos neurones avides de sensations nouvelles et d’émotions épicées. Mais dans un registre très particulier cette fois, qui ne prête pas exactement à la franche rigolade : car s’il s’agit toujours d’explorer, c’est plutôt vers soi qu’il faudra se retourner pour en apprécier toute la profondeur métaphysique.

    Lire la suite

  • François Jeanneau & Uli Lenz : Art of the Duo, Les Danses de Vulcain

    jeanneau_lenz_vulcain.jpg

    Il faut remercier le Goethe-Institut d’avoir su provoquer la rencontre entre le Berlinois Uli Lenz et le Français François Jeanneau. Car c’est à l’instigation de l’organisation allemande que le pianiste a contacté le saxophoniste et qu’après un échange de courriels et de partitions, tous deux se sont retrouvés embarqués – c’est le cas de le dire puisqu’ils se sont rencontrés pour la première fois à l’aéroport de Francfort juste avant leur départ pour le Pakistan – dans une aventure qui les a d’abord conduits à Karachi puis dans une tournée riche en musique. Celle-ci aura donné vie à une association des plus créatives, non seulement de par la complicité des deux musiciens qui s’est avérée immédiate, mais aussi par la réalisation d’un premier disque publié en 2008, Art Of The Duo : Walking in the Wind - Live at a-Trane, Berlin.

    Lire la suite de cette chronique sur Citizen Jazz...

  • Comme une rivière sans fin…

    olivier boge, expanded spacesL’histoire remonte à la fin de l’année dernière. Je crois même me rappeler – vous me pardonnerez ce détail un peu trivial – que je patientais dans la rue, devant ma boulangerie. Quand mon téléphone a sonné, interrompant ainsi l’écoute d’un disque – mais cette fois, je suis bien incapable d’en dire plus à son sujet – alors sur le point de faire l’objet d’une chronique, je n’ai pas identifié illico la personne qui m’appelait. Trop de bruit dehors, certainement. Avant de comprendre qu’Olivier Bogé, musicien dont j’apprécie le travail depuis un bout de temps (j’ai les preuves écrites : ici et ), était à l’autre bout de la ligne et souhaitait que j’écrive un texte destiné à son prochain disque, dont il venait de terminer l’enregistrement.

    Lire la suite

  • Nancy Jazz Pulsations 2015

    NJP, c'est fini ! Près de deux semaines très chargées en concerts, beaucoup de monde, des moments forts, d'autres moins... Telle est la vie d'un festival. J'ai pu non pas couvrir intégralement l'édition 2015 pour Citizen Jazz mais consacrer à cette manifestation automnale neuf soirées bien remplies dont j'ai essayé de rendre compte à ma façon. Pas question de tout voir (pour mémoire, il y a eu au total 181 concerts) ni d'être partout à la fois. Mes pérégrinations se sont limitées à trois salles : le Chapiteau de la Pépinière, la Salle Poirel et le Théâtre de la Manufacture.

    En suivant CE LIEN, vous pourrez lire ou relire mes élucubrations publiées au fil des jours...

  • Les rêveries du voyageur Rousseau

    yves rousseau, wanderer septet, franz schubertIl est des disques qui n’appartiennent qu’à eux-mêmes. Ce sont des inclassables, fruits d’un travail d’une sincérité sans faille et d’une telle évidence dans leur réalisation qu’on ne ressent pas le besoin de les affilier à une quelconque école ou de les ranger dans une boîte prédéfinie, certes commode mais qui, de toutes façons, sera trop exiguë pour eux. On doit les prendre tels qu’ils sont, sans restriction, et avec tout le respect qui leur est dû. Wanderer Septet, né de l’imagination fertile du contrebassiste Yves Rousseau, dont le récent Akasha en quartet était déjà de toute beauté, est de ceux-là, assurément. Et je vois qu’en mélomanes avertis, vous n’avez pas manqué de vous souvenir qu’il y a bientôt trois siècles (en octobre 1816 plus précisément), un certain Franz Schubert composait un lied appelé Der Wanderer (Le Voyageur).  Ne cherchez plus, vous y êtes !

    Lire la suite

  • Faites vos jeux, nom de Dieu !

    godatthecasino.jpgIl est des moments où le doute s’installe... C’est même assez fréquent, pour ne rien vous cacher. Est-ce que je vais trouver les bons mots pour transcrire au mieux ce qui me passe par la tête à l’écoute d’un disque que j’aime ? Comment vais-je parvenir à dépasser le stade de l’incitation à grand renfort de compliments trop chargés en adjectifs et autres adverbes ?

    Bref, ne vaut-il mieux pas se contenter d’un « Allez-y, foncez, c’est vachement bien ! » ?

    Ce serait probablement faire acte de paresse devant le travail fourni par des musiciens. Et donc injuste. Par conséquent, je me dois de vous en dire un peu plus (mais pas trop) au sujet de God At The Casino, une nouvelle petite implosion musicale dont les trois artificiers ont pour nom Manuel Hermia (saxophone), Valentin Ceccaldi (violoncelle et ci-devant frère du Théo évoqué dans une précédente note) et Sylvain Darrifourcq (plus-que-batteur déjà croisé par ici, en l’occurrence quand il a été question de Spezial Snack du quartet d’Emile Parisien dont le monsieur est membre et de l’irrévérencieux  Shapin’ With Miledavisquintet qu’il faut mettre à son actif).

    Lire la suite

  • Petros Klampanis "Minor Dispute"

    klampanis.jpgPetros Klampanis, jeune contrebassiste établi à New York, publie Minor Dispute, son deuxième album après Contextual en 2011 qui avait vu le jour sur Inner Circle, le label du saxophoniste Greg Osby, avec lequel il entretient des relations étroites par ailleurs. Il revient cette fois entouré d’un trio d’enlumineurs, dans lequel évolue celui qui est peut-être le plus américain des musiciens français, le pianiste Jean-Michel Pilc, accompagné du guitariste Gilad Hekselman, musicien aux influences multiples, et du percussionniste explorateur sonore John Hadfield. Et pour enrichir une palette déjà largement pourvue en couleurs, Klampanis s’est adjoint les services d’une section de cordes (deux violons, deux altos, deux violoncelles).

    Lire la suite de cette chronique sur Citizen Jazz...

  • Épices trophée

    Petite_Moutarde.jpgAttention, ce disque pique ! Vos oreilles pourraient bien en prendre plein les yeux si vous n'y prenez garde, et c'est tant mieux… D'ailleurs, le titre du premier album du quartet de Théo Ceccaldi, violoniste hors cadre, musicien fécond et fondateur du collectif orléanais Tricollectif, est un indice… Pensez donc : Petite moutarde ! Une idée bizarroïde et joyeuse, confirmée par des compositions ayant pour nom, ou plutôt goût : « Petit citron vert », « Petit raifort », « Petit piment d'Espelette », « Petit wasabi », « Petit poivre de Sichuan », « Petit chipotle », « Petite harissa », « Petit gingembre »… Si avec ça vous ne contractez pas un début d'inflammation de vos papilles auriculaires, alors à quoi ça sert que Théo se décarcasse ?

    Lire la suite

  • Fatrassons "Volets ouverts"

    fatrassons, volets ouverts, petit label, citizen jazz, sarah client, rosa parlato On entre dans ce disque un peu comme par effraction. A la façon d’un promeneur qui pousserait la porte d’une grille rouillée et grinçante avant d’apercevoir, là-bas, au bout d’une allée à défricher, une vieille demeure peut-être à l’abandon. Que faire ? Repartir en se disant qu’on n’est pas chez soi ? Ou bien, piqué par la curiosité, aller un peu plus loin et ouvrir d’autres portes car une multitude objets poussiéreux ne manqueront pas de raconter leurs histoires ? Sans oublier ce petit frisson de l’inconnu auquel il est si difficile de résister.

    Lire la suite de cette chronique sur Citizen Jazz...

  • Now I’m Gonin listen to Pink Floyd again...

    philippe gonin, pink floyd, the wall, le mot et le resteC’est malin, ça ! Je croule sous les disques à découvrir – toute une pile attend fiévreusement d’être accueillie par ma platine – et par la faute d’un Bourguignon que la simple vue d’une assiette de Munster flambée à l’alcool de cumin fait tourner de l'œil, me voici en train de replonger dans mes disques de Pink Floyd... Non mais vous le croyez ? Surtout que, pour ne rien vous cacher, le bougre a fait pire encore... Imaginez que jamais je n’avais acheté ni même réussi à écouter en entier un disque comme The Wall. Difficile de vous dire pourquoi, ça ne me parlait pas vraiment et puis, cette histoire un brin déprimante me donnait surtout envie de me replonger dans les albums qui avaient bercé mon adolescence, au premier rang desquels Meddle et sa deuxième face occupée par le seul « Echoes ». Pour moi, Pink Floyd, c’était une musique un peu planante, c’était aussi un concert au Parc des Expositions de Nancy au mois de décembre 1972, quand le groupe commençait la promotion de son disque à venir, un certain Dark Side Of The Moon, qui allait voir le jour quelques mois plus tard et après lequel plus rien ne serait comme avant. Un succès planétaire dont la cohésion de Pink Floyd n’allait pas se remettre.

    Lire la suite

  • Images innées

    Chroniques de l'imaginaire.jpgLorsqu’à la fin de l’année dernière, Jean-René Mourot m’a contacté pour me demander si j’accepterais d’écrire le texte devant figurer sur un disque qu’il venait d’enregistrer (ce qu’on appelle parfois les liner notes), j’ai accepté sa proposition sans hésiter. Et pourtant, je connaissais à peine le pianiste (j’avais seulement lu dans Citizen Jazz sous la plume de mon collègue Olivier Acosta la chronique de son disque en solo), pas plus qu’il ne me connaissait lui-même. Mais il se trouve que mon nom (et donc mon éventuelle contribution) lui avait été soufflé par un certain Bruno Tocanne, batteur au sujet duquel j’ai déjà beaucoup écrit, ici-même ou pour Citizen Jazz ; voilà en effet un musicien que je tiens pour un des acteurs les plus attachants de la scène jazz contemporaine (précipitez-vous sur le Canto de Multitudes, magnifique disque publié sur Le Petit Label pour lequel il s’est associé au trompettiste Rémi Gaudillat et quelques autres camarades, en attendant au mois de décembre l’événement Over The Hills que j’ai déjà évoqué ici-même).

    Lire la suite

  • Pourquoi j’écrirai (peut-être) encore quelques articles…

    ecriture, musiqueDans un récent billet de blog intitulé Pourquoi je n’écris plus (beaucoup) d’articles, notre très jeune camarade Raphaëlle T. alias Belette évoque les raisons pour lesquelles elle est aujourd’hui réticente à l’idée d’écrire sur le jazz, qu’il s’agisse de chroniques de disques ou de comptes rendus de concerts. Elle liste non sans à propos un certain nombre de  « tics » et d’expressions toutes faites dont usent et abusent les rédacteurs, elle évoque les contraintes qui s’imposent à lui (ou elle) quant à la longueur des textes et leur documentation… Bref, toute une série de raisons pour lesquelles elle éprouve une légitime lassitude face à l’exercice.

    Je suis d’autant plus sensible à son argumentation qu’il n’est pas une semaine, pour ne pas dire un jour, sans que je me sente assailli par ce genre de questionnement. Rarement satisfait d’un écrit, je sais que je n’échappe pas toujours aux pièges cités dans cette note opportune, je m’arrache les cheveux qui me restent pour imaginer des formulations qui soient un tant soit peu originales, sans forcément y parvenir, je déploie des efforts inconsidérés pour raconter des histoires qui feront, comme le dirait un autre camarade, « péter les formes de la chronique et en faire un exercice de style pour la transformer en sensation ». Parfois ça marche, mais parfois seulement.

    Et puis, quand on y songe, à quoi bon ? N’y a-t-il pas mieux à faire en ce bas monde que de s’échiner sur son clavier pour essayer de communiquer à un autre invisible ce petit grain de folie qu’on appelle la passion ? Ne travaillons-nous pas exclusivement à la marge ? Nos élucubrations ne sont-elles pas destinées à un cercle restreint de spécialistes qui n’apprennent pas grand-chose en lisant notre prose, si ce n’est que nous aimons leur musique et prenons plaisir à le faire savoir ? Notre production laborieuse est-elle suivie d’un minimum d’effets qui exercent une influence sur le cours des choses ? Sommes-nous légitimes (surtout moi qui ne suis pas musicien) pour parler de musique ? Pas sûr…

    Dans ces moments de doute, je me prends à rêver d’isolement et d’arrêt du temps. Moi qui suis comme beaucoup d’autres un bénévole (ce qui signifie que mes différents travaux d’écriture prennent place en dehors du cadre d’un travail m’occupant environ 38 heures par semaine, donc le soir et le week-end), je suis saisi quotidiennement par un besoin radical : me couper de tous les réseaux une bonne fois pour toutes et prendre enfin le temps de me plonger dans ces innombrables bouquins (mon grand regret sera de n’avoir pas assez lu) que je délaisse depuis des années au profit de vilaines galettes qui défilent en sarabande sur ma chaîne au point que, parfois, elles n’y font qu’un passage éphémère. Retrouver mes vieux disques, ceux dont je sais la présence à mes côtés depuis une éternité mais que peut-être, je n’écouterai plus jamais. Enfiler un bon gros manteau et des chaussures de marche pour me perdre en longues randonnées main dans la main. Allumer un feu dans une grande cheminée et me repaître d'un vide existentiel dans un silence seulement troublé par le crépitement des flammes. Dire et faire plein de bêtises avec mes petites-filles. Bref me transformer en ermite vieux schnock et jouir en cercle restreint de tous les trésors, matériels ou non, accumulés au fil du temps et dont je ne profite pas autant que je le souhaiterais. Me couper du monde extérieur et fermer définitivement les yeux sur ses horreurs. Être enfin égoïste…

    Et puis viendront un petit message, un encouragement, un remerciement, un témoignage émouvant, une citation, une proposition, aussi. Non pas pour écrire une chronique, mais pour réfléchir à un texte qui puisse illustrer la pochette d’un disque. Ou pour assurer à intervalles réguliers la programmation et l’animation d’une émission de radio. Ou se lancer à nouveau dans une exposition. Alors au fil des amitiés, on se retrouve gagné par la fièvre, à composer des textes au calibrage impitoyable (parfois dans une grande urgence), à prendre des notes qu’on lira plus ou moins fidèlement au micro, à écrire des portraits, voire une fiction, qui prendront place au cœur d’expositions imaginées avec un complice photographe. L’écriture d’un premier livre suscite des échanges chaleureux qui sont autant de stimulations, au point qu’on en vienne à vouloir récidiver comme si l’histoire de la littérature n’attendait que ça, en imaginant un objet vaguement littéraire un peu bizarre dont les fragments viendront zigzaguer malicieusement parmi une cinquantaine d’instantanés. Et même à établir la liste de tous ces petits livres qu’on a en tête (au moins cinq ou six) et dont on repousse l’écriture à plus tard, quand on aura le temps. Dans ces moments, les doutes s’envolent, on ne pense plus aux avis péremptoires émis sur le bien-fondé et les motivations d’une chronique ou d’impressions post-concert. On avait la tête sous l’eau et la voici qui émerge pour avaler un grand bol d’air avant de replonger.

    Que faire ?

    Respirer. Si dire que tout cela est un privilège. Penser aussi que si une chose est dite avec le cœur, même maladroitement, alors elle peut être dite. Foin des railleurs et de ceux qui savent. Ne pas trop réfléchir à des stratégies de communication. Ne pas se sentir obligé mais seulement porté par une vague. Faire au mieux, sculpter, faire naître des formes pour donner envie. Essayer d'écrire une histoire, des histoires. Partager. Se bercer d’illusions en pensant que, peut-être, au détour d’une phrase, une personne (et pourquoi pas plusieurs ?) aura éprouvé le besoin d’en savoir un peu plus, de se lancer à la rencontre d’une musique qu’elle n’aurait pas eu la possibilité de connaître sans cet acte écrit. Ou plus simplement que cette personne aura ressenti pendant quelque temps une pointe de bien-être. Être soi-même, sans artifice.

    Tout est affaire d’humilité et de modestie : l’exercice de l’écriture a ses défauts et ses limites. Il est bon de les connaître, de ne pas trop se prendre au sérieux, de savoir rester à sa place sans cuistrerie et de ne pas rechigner à remettre l’ouvrage sur le métier autant que faire se peut. C’est une mécanique parfois austère, mais dont les rouages sont huilés par les passions qui nous habitent. Il n’est pas honteux, après tout, d’avoir envie de les transmettre. Avec la plus grande sincérité, quitte, parfois, à prendre le risque d’un enthousiasme pas toujours justifié a posteriori et dont il ne sera pas interdit de se moquer. Surtout, à bientôt 58 ans, je refuse (pour l’instant) de me laisser gagner par une humeur un poil top aigre qui, pour le coup, n’a aucune raison d’être si on la met en balance avec la cruauté ambiante de notre village mondialisé et mis en coupe réglée chaque jour un peu plus par la rapacité ou la folie d’une minorité. Je suis encore trop jeune pour tomber dans cet ultime gouffre. On verra un peu plus tard…

  • Mécanique constructive commando

    sylvain rifflet, mechanics, alphabetVous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. Voilà un petit bout de temps que je tiens Sylvain Rifflet pour un musicien original et passionnant, au point qu’il s’est vite placé au centre de ma galaxie personnelle, dont il n’est pas près de sortir. Et ce n’est pas la parution de Mechanics chez Jazz Village qui va m’inciter à changer d’avis. Bien au contraire : le clarinettiste saxophoniste, flanqué des trois compères d’Alphabet, récidive pour le meilleur... et pour le meilleur.

    Lire la suite