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Now I’m Gonin listen to Pink Floyd again...

philippe gonin, pink floyd, the wall, le mot et le resteC’est malin, ça ! Je croule sous les disques à découvrir – toute une pile attend fiévreusement d’être accueillie par ma platine – et par la faute d’un Bourguignon que la simple vue d’une assiette de Munster flambée à l’alcool de cumin fait tourner de l'œil, me voici en train de replonger dans mes disques de Pink Floyd... Non mais vous le croyez ? Surtout que, pour ne rien vous cacher, le bougre a fait pire encore... Imaginez que jamais je n’avais acheté ni même réussi à écouter en entier un disque comme The Wall. Difficile de vous dire pourquoi, ça ne me parlait pas vraiment et puis, cette histoire un brin déprimante me donnait surtout envie de me replonger dans les albums qui avaient bercé mon adolescence, au premier rang desquels Meddle et sa deuxième face occupée par le seul « Echoes ». Pour moi, Pink Floyd, c’était une musique un peu planante, c’était aussi un concert au Parc des Expositions de Nancy au mois de décembre 1972, quand le groupe commençait la promotion de son disque à venir, un certain Dark Side Of The Moon, qui allait voir le jour quelques mois plus tard et après lequel plus rien ne serait comme avant. Un succès planétaire dont la cohésion de Pink Floyd n’allait pas se remettre.

Il aura donc suffi que le sieur Philippe Gonin fourbisse un excellent bouquin intitulé Pink Ployd The Wall aux éditions Le Mot et le Reste et qu’il vienne le présenter au récent Livre sur la Place de Nancy pour qu’aussitôt je me précipite vers le magasin le plus proche afin d’acquérir le disque lui faisant écho (trente-six ans après sa sortie, tout de même). Cet enseignant musicologue musicien chercheur (et néanmoins ami, vous voyez bien que je ne suis pas rancunier) à l’Université de Bourgogne réussit à nous passionner avec ce qui est presque l'exégèse d’un disque dont l’aventure fut extrêmement compliquée pour ses protagonistes. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais on peut résumer l’affaire en disant que The Wall est un projet de Roger Waters (il se trouve que les autres musiciens manquaient un peu d’idées à cette époque) devenu disque de Pink Floyd pour diverses raisons, certaines étant manifestement d’ordre économique, il faut bien en convenir. Ajoutez par-dessus tout ça quelques conflits d’égos, une course au leadership, des tensions multiples, quelques situations assez singulières (Rick Wright l’homme des claviers, par exemple, devenant presque un invité) et vous comprendrez à quel point cette histoire d’un personnage nommé Pink (et à certains égards double de Roger Waters) et son enfermement intérieur est troublante. Et pas vraiment porteuse d’une humeur joyeuse, le bassiste chanteur de Pink Floyd semblant en effet y transposer ses propres névroses et obsessions (dont l’absence d’un père qu’il n’a jamais connu et des relations assez complexes avec les femmes).

L’auteur prend le temps d’expliquer l’élaboration de l’album (le livre est très bien documenté), il s’attarde sur chaque composition qu’il explique en détail et fournit un éclairage rigoureux, à la fois musical et sociologique, qui devient un véritable guide. J’ai fait l’expérience d’écouter The Wall en lisant les paragraphes consacrés à chacun des titres. Ca fonctionne parfaitement, j’en suis même venu à regretter de ne pas posséder chez moi d’autres livres ainsi conçus pour m’accompagner dans l’écoute de quelques-uns de mes albums de chevet. Je suis persuadé que je pourrais ainsi redécouvrir complètement des disques que je crois bien connaître.

Il y a quelque temps, Philippe Gonin, qui n’en est pas à son coup d’essai, avait publié chez le même éditeur un livre consacré à Magma. J’avais défendu la cause de ce livre, en particulier parce que quelques menues erreurs lui avaient valu les foudres d’une poignée de zeuhlotes légèrement discourtois. En réalité, il lui était surtout reproché une approche suffisamment distante pour s’écarter de l’hagiographie, ce qui chez certains confine au blasphème. Gonin osait même émettre ici ou là une petite critique. Ce livre vient de ressortir, corrigé et augmenté, preuve que l’auteur n’est pas obtus et accepte de reconnaître s’il le faut ses « torts » (que je mets entre guillemets, tout de même), mais surtout qu’il prend son travail à cœur, en professionnel qu’il est. Et j’ai ouï dire, entre la poire et le Munster, d’un autre de ses projets dont je tairai le sujet mais qui me réjouit au plus haut point.

Cette note écrite par et pour un ami n’a d’autre objet que de vous encourager à lire Pink Floyd The Wall et à vous suggérer une lecture / écoute dont vous me direz des nouvelles. Par la même occasion, vous pourrez aussi (re)lire le livre qu’Aymeric Leroy avait consacré à l’histoire de Pink Floyd, toujours chez Le Mot et le Reste (Pink Floyd, Plongée dans l’œuvre d’un groupe paradoxal).

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