On n'arrête pas le progrès... Voilà qu'hier matin, un jeune homme m'aborde dans la rue, tout près de la Maison Rose, pour me demander l'adresse d'un vétérinaire. Son chat blessé, qu'il tient avec beaucoup de précautions emballé dans une couverture, semble avoir mal supporté une chute de plusieurs étages. Je ne suis pas certain d'ailleurs que j'aurais résisté à un tel exploit sportif, raison pour laquelle je considère le sport avec une réelle défiance, sachant - les statistiques le prouvent - qu'il n'est guère bon pour la santé...
Ooops ! Un vétérinaire ? Alors là, mon pauvre monsieur, je ne saurais vous dire, y a pas de bestioles à la maison, alors je ne les pratique pas vraiment ces médecins animaliers. Ah mais que je suis bête* ! Attendez donc, je dois pouvoir vous aider... Là, ni une ni deux, j'extrais de ma poche mon téléphone supersonique, j'arrête le disque que je suis en train d'écouter (Very Sensitive, petit bijou du Bernica Octet dont je vous reparlerai), tap tap, je file sur les Pages Jaunes, je saisis le mot vétérinaire, je me géolocalise (c'est un mot à la mode ce truc alors j'en profite avant qu'il ne passe aux oubliettes de la technologie) et tap tap encore... trois secondes plus tard, j'apprends que la clinique la plus proche se trouve... à 190 mètres de l'endroit où nous trouvons ! Bou Diou, on a du bol... Tap tap toujours et encore, j'affiche maintenant l'itinéraire piéton. Et nous voilà tous les trois en partance pour cette unité de soins si convoitée. Dès notre arrivée, je m'éclipse discrètement, sous les remerciements chaleureux du monsieur qui m'explique que j'ai sûrement sauvé son chat. Merci merci merci, mais vraiment, je n'y suis pour rien, le sauveur, c'est mon téléphone, hein ? C'est beau, non, la technique moderne ?
Sauf que... Si j'étais un type normal, avec une mémoire un peu moins anarchique, je ne devrais pas ignorer l'existence de cette clinique vétérinaire installée à deux minutes à pied de chez moi et devant laquelle j'ai dû passer, à pied, en voiture ou à cheval des centaines, voire des milliers de fois. Mais j'ai cette faculté, assez déroutante, de zapper et oublier assez vite les détails de l'environnement urbain dans lequel j'évolue au quotidien. Qu'une enseigne change dans une rue commerçante et je n'ai plus le moindre souvenir de celle qui s'affichait auparavant. C'est comme ça, je fais avec...
Comme disent les hommes politiques qui veulent se faire passer pour des férus d'informatique alors qu'ils n'y connaissent rien**, il va falloir que je change mon logiciel... ou qu'au minimum, je procède à une sérieuse mise à jour.
Tap tap !
* Humour...
** Cette remarque pouvant s'appliquer à d'autres domaines, d'ailleurs...