Ma rédac’ chef m’apprend que le drôle de syndrome dont je suis victime porte le surnom de brainworms. Rien à voir cependant avec un quelconque parasite ou je ne sais quelle tumeur évoqués dans les dictionnaires médicaux. Non, il s’agit plutôt d’un terme image qui traduit une activité cérébrale un peu incontrôlée. Elle se manifeste chez moi, en particulier, lorsque je dois écrire un texte. Là, c’est un peu le foutoir à l’intérieur : commence alors la valse mentale des phrases qui s’écrivent en silence, qui s’assemblent, se disloquent, tournent, s’en vont, reviennent, cette agitation occupe tout mon espace cérébral au point de me neutraliser, alors que petit à petit le texte prend forme, se met en ordre (celui-ci n’étant pas forcément définitif) jusqu’au moment où il faut passer à l’acte, c’est-à-dire s’asseoir devant son clavier et commencer la rédaction. Quel soulagement lorsque, parfois, celle-ci semble couler presque naturellement, comme guidée par une diction mystérieuse ! Et quelle jubilation, ensuite, lorsque, tel l’ébéniste chantournant un meuble, on apporte les dernières corrections aux phrases qui se sont posées sur la page blanche. Mais quelle angoisse lorsque, malgré toute cette agitation préalable, rien ne se produit…