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  • Physique

    sonate_de_guerre.jpgJ’ai consacré une bonne partie de mon après-midi de vendredi à un entretien avec le pianiste Jean-Michel Albertucci (dont il a déjà été question ici à l’occasion de la sortie de son premier disque en solo). Pour conclure cette conversation destinée à l’écriture d’un prochain article pour le compte du magazine Citizen Jazz, je lui ai proposé de réagir à quelques écoutes musicales, émanant exclusivement d’enregistrements de pianistes. Quel ne fut pas mon bonheur de voir ce musicien, attachant et sensible, vibrer de manière très intense dès les premières notes de la Toccata, extraite de la Sonate de Guerre du regretté Olivier Greif, ici interprétée par Pascal Amoyel. Il a perçu instantanément toute la profondeur de cette composition et, surtout, s’est senti comme en résonance corporelle, physique avec une œuvre douloureuse inspirée par l’horreur absolue que furent les camps de concentration. Dans notre conversation, j’ai pu lui dire combien de mon côté je me sentais privilégié d’avoir eu le bonheur d’écouter Olivier Greif lui-même interpréter cette sonate, dans le cadre du Festival des Arcs, il y a une dizaine d’années. Je crois que c’était en 1998, mais un petit doute subsiste, ayant pu l’écouter plusieurs années consécutives (je me rappelle ses interprétations de «Veni Creator» et de «La Bataille d’Agincourt»). Ce compositeur exceptionnel, totalement habité par sa musique, nous a quittés bien trop tôt en l’an 2000, à l’âge de 50 ans, devant son piano. Il aura laissé, j’en fais le pari, une œuvre durable qui continuera de hanter longtemps les âmes éprises de beauté.

  • Liaison

    Y a un truc qui m’horripile au plus haut point (voyez comme mes préoccupations sont essentielles, voire vitales), ce sont tous ces gens qui disent «Cent z’euros». Ah ce que ça m’énerve ! C’est tellement difficile de faire la bonne liaison ? D’accord quand il s’agit de deux cents euros, là je veux bien parce qu’on doit mettre effectivement la lettre «s» au bout de cent mais pas de son «z» quand il n’a rien à faire là, par pitié… On écrit cent avec un «t» au bout, nom d’un billet ! Phénomène bizarre, les mêmes personnes en oublient toute logique d’enchaînement sonore avec le chiffre vingt ? Faites-leur prononcer «Vingt euros» et vous verrez que la plupart du temps, la liaison en t a disparu, ils disent «Vin euros» alors qu’elle reviendra comme par magie s’ils disent «Vingt heures» ou «Vingt ans». Je ne sais pas ce qu’ils ont avec les euros... peut-être qu’à force de se faire rouler dans la farine par des commerçants trop malins, ils ont fini par la prendre en grippe notre monnaie européenne…
    Allez, on répète après moi : cenTeuros, cenTeuros, cenTeuros, cenTeuros, cenTeuros, cenTeuros, cenTeuros, cenTeuros, cenTeuros, cenTeuros.

  • Conserve

    bonpapa.jpgJ’ai fait un rêve complètement stupide l’autre nuit. Ou un cauchemar plutôt. J’étais en avion (ce qui m’arrivera pour la première fois l’année prochaine, je l’ai appris voici peu de temps) et tout allait bien. Mais probablement perturbé par ce voyage, mon organisme, qui trouve son équilibre depuis trente ans en absorbant de fortes doses d’anti-coagulant, décida alors d’imploser perfidement et de faire de moi une gigantesque marmelade humaine et rougeâtre. Je me liquéfiais de l’intérieur en quelque sorte et mes voisins du moment, soucieux de ne pas me perdre définitivement, ne trouvèrent pas mieux que de me transvaser dans un gros pot de confiture au couvercle à carreaux rouges et blancs (Bon Papa ?). Quelque temps plus tard, on pouvait me retrouver installé quelque part sur un meuble ou une cheminée, je ne sais plus, mais j'étais dans un salon et mes deux yeux encore vivants regardaient fixement les personnes qui passaient devant moi. Je ne me rappelle rien d'autre...
    Etonnant, non ?

  • Inquiet

    Je viens de lire une interview d’Alain Souchon dont un passage a retenu mon attention. Voici ce qu’il dit : «Je suis sur Terre en me demandant ce que j’y fais, si ça n’est pas un peu ridicule de s’exposer comme je le fais, je me pose plein de questions, je suis inquiet (…). J’ai une espèce d’inquiétude sourde, semblable à la mélancolie qui se dégage des romans de Françoise Sagan (…). Quelque chose de sourd qui me gâche la vie.»
    Je peux très facilement comprendre ce qu’il veut nous dire, car voilà qui exprime assez nettement ce que je ressens moi-même depuis très longtemps, si longtemps. Cette incapacité à ignorer le monde qui nous entoure, brutal, violent, où l’injustice règne. Cette conscience douloureuse qui vous interdit de vous déclarer heureux – même lorsque, comme moi, vous savez que vous êtes un privilégié par comparaison avec tant d’autres qui souffrent – et vous invite à rester extrêmement humble dans vos élans, au risque parfois de passer pour indifférent ou superficiel.

  • Récolement

    L’actualité est propice à l’enrichissement de notre français ! On apprend (dans le pire des cas) ou on redécouvre (pour les meilleurs d’entre nous) ses subtilités à intervalles réguliers. Souvenons-nous en effet : l’an passé, au mois de décembre, tout un débat s’était engagé au sujet d’un mot que beaucoup d’entre nous pensaient erroné et qui avait resurgi du fin fond du XVIIIe siècle lorsque les six membres de l’Arche de Zoé, condamnés à huit ans de travaux forcés, avaient quitté le Tchad : leur transfèrement était alors en cours. Transfèrement, et pourquoi pas transfert, simplement ? Tout bêtement parce que ce vieux mot, à connotation juridique, signifie «transférer une personne d’un lieu de détention à un autre» en observant certaines formalités. De quoi, en tous cas, agiter fugacement le landernau médiatique.
    Et voici que moins d’un an plus tard, nos dictionnaires sont soumis à une nouvelle interrogation grâce aux aventures un peu ridicules de Martine et Ségolène, pas fichues de compter correctement leurs bulletins de vote (George W., tu es battu à plates coutures…). Cette fois, c’est le récolement qui fait la une de tous les journaux. Selon le dictionnaire du droit privé de Serge Braudo, le récolement est un «contrôle opéré par un huissier ou par un greffier fait après inventaire, après saisie ou après apposition de scellés afin de vérifier que les biens mis sous main de justice n'ont pas été déplacés ou détournés».
    Très bien, je le note…

  • Naturel

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    La nature fait bien les choses. Alors que de nombreux outils professionnels vous permettent, moyennant un certain savoir-faire, de retoucher des photographies et de produire des effets graphiques et visuels multiples, il arrive que votre œil contemple, pour de vrai, de magnifiques instantanés presque irréels. J’ai appris voici peu comment faire apparaître en noir en blanc certaines zones d’une photographie en couleurs. Ou l’inverse. Et voilà qu’un hiver précoce en Lorraine, sans le moindre artifice numérique, vous offre le même résultat. Chapeau Dame Nature !

  • Subjonctif

    Je lis actuellement un très gros bouquin traduit de l’anglais. 1300 pages. Pas mal d’ailleurs, même s’il sent un peu le réchauffé après celui que son auteur avait écrit voici quelques années et qu’on lui préférera sans nul doute. Cette note n’a pas pour but, par ailleurs, de vous expliquer comment je dois me débrouiller pour supporter le poids excessif du livre le soir dans mon lit (une autre fois peut-être), mais pour m’insurger en constatant une amère disparition. En effet, obéissant probablement aux consignes d’un éditeur persuadé de savoir ce qui est bon pour nous, lecteurs paresseux et certainement incultes, les traducteurs ont purement et simplement éradiqué l’imparfait du subjonctif, lui préférant le présent y compris lorsque la proposition principale est conjuguée au passé. Qu’on fasse passer à la trappe cette conjugaison dans notre français parlé quotidien, soit. Mais pourquoi lui refuser de vivre encore un peu à l’écrit et de nous distiller ses savoureux accents circonflexes et ses terminaisons exotiques ? J’ai l’impression qu’un français utilitaire, grisâtre, contamine petit à petit le français tout court et qu’on ampute celui-ci de toute sa poésie originelle. Pas assez rentable. Et j’aurai la délicatesse de ne citer ni le nom du livre ni celui de son éditeur parce qu’en outre, il me faut déplorer des fautes majeures et répétées, tel l’emploi du double relatif dans des formulations comme : «C’est de lui dont il s’agit». Allez, en cherchant un peu, je vais m’apercevoir que les personnages de cette histoire ancienne «tirent les conséquences» de leurs actes…

  • Brûlant

    simon_goubert.jpgUn nouvel opus - le septième en tant que leader - pour le batteur Simon Goubert. Avec Background, ce musicien sensible et habité, compagnon de route de Christian Vander au sein de Magma, Offering et Welcome, réunit une belle équipe dont la musique est brûlante de ce feu nourri à la braise coltranienne : Pierrick Pedron et Boris Blanchet aux saxophones, Emmanuel Codjia à la guitare, Sophia Domancich au piano et Michel Zenino à la contrebasse. Il y a finalement peu à dire quand on écoute un tel disque. On écoute, tout simplement, par exemple un extrait "Mister Dean", titre hommage au saxophoniste Elton Dean, ancien membre de Soft Machine avec lequel Simon Goubert eut le bonheur de travailler.

    Background - Le Chant du Monde - 2741691

  • Distant

    Abattu la semaine dernière par une vilaine trachéite, j’ai dû rester chez moi pour travailler durant deux jours, préférant limiter la confrontation de mon organisme avec la fraîcheur humide de l’automne lorrain. Le constat est simple : peu dérangé dans la journée par tel ou tel collègue ayant une question essentielle à me poser et nécessitant une réponse instantanée de ma part – comme c’est le cas une bonne vingtaine de fois par jour – le rendement de ces heures à domicile m’a paru infiniment supérieur à celui qui est le mien d’habitude. Mon travail s’y prête car une part importante de mon activité nécessite silence et réflexion. Faut-il en conclure qu’à l’exception de quelques heures hebdomadaires passées dans le cadre collectif du bureau, il serait bon de réfléchir à une autre organisation du travail ? Peut-on élargir ce questionnement à une plus grande partie de la population dans certains secteurs d’activité ? Y a-t-il matière à imaginer que des conséquences sur les déplacements domicile travail pourraient se faire jour ? Faut-il voir là une possible source d’économies d’énergie et de limitation de la pollution urbaine liée aux déplacements individuels ? J’en étais à me poser toutes ces questions lorsque j’en suis venu à penser que, très probablement, des tas de gens beaucoup plus intelligents que moi avaient dû se pencher depuis belle lurette sur ce sujet. Et je suis reparti au boulot. En me disant aussi que ce blog manquait de fantaisie…

  • Bois

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    Et le soleil illumine le bois… Il y a quelque chose qui m’a toujours rassuré dans ce matériau noble et vivant. Alors quand il semble s’enflammer, subitement, en ce début d’après-midi, sa chaleur se répand et fait beaucoup de bien… Je me demande si je n’aurais pas dû être menuisier ou ébéniste.

  • Dérivés

    blue_vote.jpgCe qu’on n’a pas tardé à appeler la «Obamania» est un mouvement qui ne laisse pas de surprendre. Outre Atlantique, il y a de bien bizarres ralliements comme celui de l’incomparable Sarah Palin faisant son offre de service au futur président (pour parodier Audiard, elle ose tout, c’est même à ça qu’on la reconnaît) ; du côté de chez nous, le ministre des affaires étrangères, pourtant farouche défenseur de la guerre en Irak découvre énormément de qualités à ce quadragénaire qu’il a néanmoins trouvé «coloré». Bien entendu, un mouvement suscitant toujours son contraire, les premiers textes dissonants se font jour dans la presse et nous rappellent par exemple que la présence d’un démocrate à la Maison Blanche peut aussi être synonyme de guerre dans l’histoire des Etats-Unis… Bref, le petit monde de la presse peut se réjouir car le débat, loin d’être terminé, fera vendre encore beaucoup de journaux dans les semaines et les mois à venir. N’empêche, il y a aussi de sympathiques petits clins d’œil… comme cette fausse pochette de disque, parodiant l’esthétique du label Blue Note, ici rebaptisé Blue Vote. L’effet est garanti, c’est plus vrai que nature. Il faut dire aussi qu’on imaginait assez mal le calamiteux Bush dans les habits d’un jazzman imprégné de l’âme du blues.

  • Joggophoning

    Chaque soir ou presque, au moment où je ferme les volets de la Maison Rose, j’observe un phénomène étrange dans les bureaux d’un architecte qui se trouvent juste de l’autre côté de la rue. Le monsieur téléphone. Jusque là, rien d’anormal, tout va bien. Mais si j’ai tout loisir de le voir, c’est parce qu’il parle en arpentant sans cesse les quelques mètres carrés de la pièce dans laquelle il travaille. Trois pas vers la fenêtre, demi-tour arrière puis direction le mur d’en face. Et on recommence, demi-tour direction la fenêtre, avec parfois une pause de quelques secondes pour vérifier que sa voiture est bien là. Et ainsi de suite… Je ne sais combien de temps cet exercice semi-sportif dure parce qu’on comprendra que je ne reste pas là à observer ce professionnel en action, mais il est quotidien et appliqué. Voilà une réponse cinglante à la sédentarité de nos activités et un bon moyen de résister à l’embonpoint qui en est le corollaire. On pourrait cependant préciser à ce voisin qu’il est possible, aussi, de s’asseoir pour téléphoner, même avec un portable.

  • Ouvrier

    Grâce à mon voisin trop catholique dont j’ai déjà parlé ici voici quelque temps, je commence à en savoir plus sur ces étranges personnages que sont les ouvriers. Je suis lui reconnaissant de m’avoir appris récemment qu’il suffit de leur «donner une bouteille de vin» pour obtenir d’eux le petit coup de main que l’on souhaite. Mais voilà qu’aujourd’hui, j’approfondis mes connaissances… Parce que mon voisin abrite depuis quelques semaines plusieurs ouvriers chez lui, le week-end exclusivement et de préférence tôt le matin, et je crois qu’ils sont nichés au sous-sol de sa maison. Alors je sais qu’un ouvrier, dès potron minet le samedi ou le dimanche, se met à percer, frapper violemment le mur mitoyen de ma chambre avec un marteau et un burin, pour me faire savoir sa présence, tout près. Il est joueur aussi l’ouvrier, car dès l’instant où vous avez un peu tambouriné sur ce mur, mais de votre côté, il s’arrête. Farceur ! On l’entend alors qui frotte, ponce, s’adonne à d’autres jeux moins bruyants avant de reprendre son martelage, un peu plus tard dans la matinée. Quand je pense que de mauvaises langues me suggèrent que mon voisin les ferait travailler de façon un peu illicite, alors là je m’insurge. Impensable...

  • Stella

    stella.jpgTrès beau moment de cinéma que ce film aux intonations autobiographiques de Sylvie Verheyde. La jeune Stella, 13 ans, fille de cafetiers du XIIIe arrondissement, débarque dans un collège du XVIe. Nous sommes dans la deuxième moitié des années 70. On la voit aborder cet univers qui n’est pas le sien, écartelée entre un quotidien où les clients de ses parents dressent un portrait de l’humanité qui oscille entre dureté et tendresse et une mini-société, celle composée par ses camarades de classe et ses professeurs, où la dureté est tout autant de mise. Entre ces deux mondes, la gamine balance, il s’agit pour elle de trouver sa place et d’essayer de prendre son envol afin d’exister. Allez, on chipotera juste en notant quelques anachronismes mineurs : les faits montrent qu’il s’agit de l’année scolaire 1975-76 et l’on est étonné, par exemple, d’entendre des chansons qui n’existeraient que deux ou trois ans plus tard ; idem pour cette devanture d’un libraire où l’on aperçoit un bouquin de Douglas Kennedy, dont les premières œuvres furent publiées une quinzaine d’années plus tard. Mais bon, ce ne sont que des détails. Et puis il y a l’impayable Christophe Bourseiller, le prof de français qui sait faire preuve de patience et valoriser Stella. A chacune de ses rares apparitions au cinéma, il me rappelle son rôle dans «Un éléphant ça trompe énormément» d’Yves Robert, ce Lucien qui était amoureux de Daniel Delorme. Il empoignait fermement le sein de cette femme mûre pour lui déclarer sa flamme et lui expliquait doctement le caractère inéluctable de leur relation amoureuse à venir. Impayable !

  • Intact

    J’ai remarqué un truc. Chaque dimanche, les statistiques de consultation de mon blog manifestent une certaine tendance à piquer du nez. Je vois deux explications possibles :

    -    ce reflux est lié au jour lui-même et tend à prouver que les internautes surfent plus fréquemment en semaine qu’au jour du Seigneur… Dois-je en conclure qu’ils fréquentent Internet sur leur lieu de travail plus qu’à la maison ? C’est vous qui voyez…
    -    le dimanche consistant ici en une proposition de (re)découverte musicale, je peux en déduire que j’intéresse alors nettement moins mon lectorat que lorsque je suis pris de l’idée d’écrire des bêtises ou de me lancer dans un sujet plus… sociétal. Faudra-t-il que je j’envisage une version plus pipeul bling bling de mon blog ? J’aimerais pas devoir en passer par là.

    jackson_browne.jpgM’en fous… Foin de l’audimat, je persiste et dans ces moments de doute, rien ne vaut l’appel fait aux vieux compagnons de route. Tenez par exemple, Jackson Browne : voilà bientôt 40 ans que non sans une certaine parcimonie, il égrène des disques magnifiques (une quinzaine selon mes repérages) dont le folk rock est tout imprégné d’une sensibilité à la fois fragile et convaincue (l’homme est clairement engagé en politique depuis belle lurette et dénonça en son temps la stupidité reaganienne) qui rendent le personnage extrêmement attachant. Cerise sur le gâteau, son nouvel album, «Time The Conqueror» est une belle réussite, dans la parfaite continuité de ses meilleures productions. De plus, on est heureux de constater qu’à 60 ans, sa voix si particulière est intacte. Tant mieux, parce qu’elle compte pour beaucoup dans l’attraction que cet artiste exerce sur nous. Pas forcément très connu de ce côté-ci de l’Atlantique, Jackson Browne mérite pourtant une bonne piqûre de rappel. Alors faisons ici un petit saut au tout début des années 70, lorsqu’il cosignait avec Glenn Frey «Take It Easy» popularisé par le groupe de ce dernier, The Eagles. Une composition qu’on retrouve également sur «For Everyman», deuxième album de Jackson Browne.

  • Temps

    Je lis dans la presse un article qui fait le point sur le marché du disque. Résumons : la chute de la vente des CD est importante, pas compensée au cours de l’année qui vient de s’écouler par la hausse très nette enregistrée du côté des ventes de musique en ligne ou des produits destinés aux différents supports numériques, y compris les téléphones. On lit aussi que les «majors» (ce nom est vraiment stupide, parce que leur comportement depuis des années démontre qu’elles n’ont vraiment rien de majeur) promettent d’améliorer la qualité des services de musique en téléchargement légal. Soit. Et les grands coupables sont les pirates. Soit, encore. Je reste pour ma part convaincu, moi qui continue à acheter de la musique très régulièrement (de plus en plus, il s’agit de musique dématérialisée) selon un rythme à peu près constant depuis près de 40 ans, que seule une vraie éducation artistique dès le plus jeune âge peut susciter chez les jeunes un respect conduisant à une prise de conscience de la nécessité d’un acte d’achat. Et que les marchands du temple récoltent aussi ce qu’ils ont semé, à force d'épandre de par les ondes des produits marketing sonorisés d’une grande médiocrité, préférant la «profitabilité» immédiate à l’investissement sur de vrais talents qui, c’est dommage pour eux, ont pour seul et vrai allié le temps. Car le temps parle, à condition de lui laisser... un peu de temps !

  • Pathological

    roger_hodgson.jpgJ’ai une relation objectivement très pathologique avec le groupe anglais Supertramp. Mercredi soir, je me traînais lamentablement d’un étage à l’autre de la Maison Rose pendant que Madame Maître Chronique était occupée à son cours de dessin hebdomadaire. Assommé par une bonne fièvre, toussant à n’en plus finir comme si je parvenais au dernier stade d’une infection pulmonaire, la tête à la fois prise dans un étau mais ceinte d’une invisible épaisseur de ce coton qui vous donne l’impression d’être enfoui au beau milieu de vous-même et loin de tous les autres, j’ai fini par m’effondrer sur le canapé… Et là, perclus de douleurs articulaires, j’ai empoigné une télécommande, allumé le poste de télévision et commencé à zapper, le cerveau sinon limpide mais pour le moins disponible. Au bout de quelques secondes de butinage, je vois apparaître, seul au piano, Roger Hodgson, ancienne voix haut perchée et toujours intacte du groupe, chantant à la demande pour un public bien dressé par un chauffeur de salle et un animateur envahissant : «Give a little bit», «Dreamer», «School», «It’s raining again», «Take the long way home» et, bien sûr, «The Logical Song», succès planétaire de l’année 1979. Aussitôt, me voilà revenu presque trente ans en arrière lorsque, pendant de longues semaines passées à l’hôpital, mon occupation principale entre deux examens ésotériques consistait à écouter mon petit poste de radio où j’avais essentiellement le choix des grandes ondes, et donc de bien peu de fréquences. Combien de fois ai-je pu entendre «The Logical Song» alors en tête des classements des meilleures ventes avec «La Marseillaise» façon Serge Gainsbourg ? Impossible de répondre à cette question mais le nombre fut si élevé qu’il m’est impossible aujourd'hui encore de dissocier cette chanson de mon état de santé chancelant. Et voilà que ça recommence…

  • Invraisemblable

    grande_entreprise.jpgLe problème de beaucoup de films français, et en particulier les comédies, ce sont les nombreuses invraisemblances, mêmes mineures, qui rendent les situations peu, voire pas crédibles du tout et ôtent toute la force et leur côté grinçant d’un propos a priori intéressant. Prenons par exemple le dernier film de Pierre Jolivet : l’idée de départ est loin d’être stupide puisqu’avec La très très grande entreprise, le réalisateur veut nous raconter l’histoire de trois personnages qui cherchent à pénétrer une entreprise, une véritable forteresse, afin de trouver sur place les preuves supplémentaires de la volonté de ses dirigeants de ne pas tenir compte des questions d’environnement et d’avoir préféré le provisionnement d’un compte à des fins de dédommagement plutôt que d’éviter une pollution et ses conséquences économiques et leurs victimes. Ceci dans le but d’obtenir pour eux-mêmes le versement d’une somme bien supérieure à celle qu’ils ont pu obtenir dans un premier temps à l’issue d’un procès. Très bien. Mais pourquoi les dirigeants de cette entreprise (la PDG, la DRH, le directeur financier…) sont-ils caricaturaux à ce point et psychologiquement aussi déséquilibrés, tous gagnés par une hystérie incompatible avec leurs fonctions ? Parmi les petits détails inutilement incohérents, pourquoi, aux côtés de ces pieds nickelés qui veulent obtenir réparation (Rochdy Zem, Marie Gillain, Jean-Paul Rouve, Adrien Jolivet, tous très bons par ailleurs), un prétendu «spécialiste informatique» tient-il absolument à savoir si l’ordinateur sur lequel est branché une clé USB dont il s’agit de recopier les données est un PC ou un Mac, alors que n’importe quel novice vous dira que ce détail n’a absolument aucune importance ? Dommage, ces petits riens gâchent le plaisir et nous rappellent que «Ma Petite Entreprise», du même Pierre Jolivet, était beaucoup plus consistante.

  • Côte

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    Les préparatifs de la commémoration du 11 novembre, vendredi dernier… Cette cérémonie, nécessaire et utile même si trop ostentatoire de par la débauche de précautions prises pour préserver les officiels du moindre danger à des kilomètres à la ronde (Verdun et ses environs étaient hier en quasi état de siège), me rappelle mes années d'adolescence où, en mémoire des victimes, je m'échinais à escalader plusieurs fois de suite à vélo - un vieux vélo bleu pesant 26 kilos, cadeau de mon beau-frère - les trois côtes principales menant à l'ossuaire de Douaumont. Je gravissais ces pentes une fois, deux fois, trois fois, en plein été, dans le silence de la forêt, à peine troublé par le bruit du frottement des pneus sur le goudron, en danseuse, jusqu'à l'évanouissement ou un début de syncope. Personne n'en savait rien, j'ignorais même les dangers que je courais compte tenu d'un muscle cardiaque dont je ne connaissais pas encore le vice caché, mais j'avais été aux limites de mes forces, me disant qu'il s'agissait là d'un hommage minimal et juste.

  • Pacifique

    plantu.jpg
    En ce jour de commémoration (étant verdunois, je ne peux ignorer qu’il y a 90 ans, une guerre atroce et aveugle – comme toutes les guerres –  prenait fin), j’aimerais souligner le bonheur d’une exposition vue au Centre Mondial de la Paix à Verdun. Dans le cadre de Cartooning For Peace, l’excellent Plantu et quelques amis dessinateurs du monde entier ont réuni de magnifiques dessins qui ne nécessitent aucun commentaire tant la puissance de leur message est évidente. Précipitez-vous pour voir cette impressionnante galerie dès qu’elle passera près de chez vous.