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Alors que Brian Eno, touche-à-tout homme de climats musicaux révélé au sein de Roxy Music puis dans le travail entrepris avec Robert Fripp, et David Byrne, ex-leader des Talking Heads, s’associent pour un nouvel album intitulé Everything that happens will happen today, on est tenté de revenir illico à leur première collaboration, qui remonte à la fin des années 70. Car si leur nouvelle production, une succession de chansons aériennes et pacifiées, est un petit plaisir musical, ces deux-là avaient élaboré avec My life in the bush of ghosts il y a 30 ans un ovni pour un disque qui reste d’une incroyable modernité et dont les inventions sonores sont inépuisables. Le principe en était simple : à partir d’une voix enregistrée (un prédicateur, un évangéliste, un muezzin, une chanteuse libanaise, etc), il s’agissait pour eux de construire un environnement musical qui s’appuie sur la rythmique des mots et leur mélodie intrinsèque. En 2008, leur projet est toujours aussi passionnant, comme peut vous le suggérer ce «Regiment» ou les deux sorciers explorent l’univers de la chanteuse Dunya Yusin.
Dans une récente chronique écrite pour le Nouvel Observateur, l’écrivain essayiste Jean-Claude Guillebaud nous rappelait que les mots ont leur importance. Ainsi, lorsqu’au sujet de la crise qui foudroie actuellement nos économies, nos hommes politiques ou les experts évoquent l’idée d’une régulation, c’est parce qu’ils se refusent à remettre en cause le système sur lequel elles sont adossées. La régulation serait un simple ajustement, voire une médication provisoire avant le retour à une certaine normalité, celle de la supposée autorégulation des marchés. Il en va tout autrement dès lors qu’est évoquée l’idée d’une réglementation qui, elle, impliquerait une évolution beaucoup plus radicale et, ce faisant, le passage à un autre système. Les mots ne sont pas neutres, à nous de les décrypter. Mais j'avoue que depuis quelque temps, je finis par y perdre mon latin...
J’imagine que, pour moi comme pour beaucoup d’autres, la journée d’hier fut celle d’une certaine fébrilité… Ce sentiment mêlé de vivre un jour hors du commun, un peu euphorique parce qu’étant celui d’une page qui se tournait après d'interminables années d’obscurantisme économico-militaro-religieux, et d’être gagné simultanément par un état de confusion quant à la compréhension de l’avenir tant le chantier qui s’annonce paraît gigantesque. Quels sont ceux qui, un peu partout de par le monde, s’ils ont eu l’occasion d’échanger quelques propos avec leurs voisins, leurs collègues de bureau, leurs amis, leur famille… n’ont pas évoqué, ne serait-ce que fugitivement, la victoire de Barack Obama à l’élection présidentielle américaine et sa signification sociopolitique historique majeure ?
Alors, en attendant de comprendre jour après jour la nouvelle donne de ce monde fou, je renvoie à l’Amérique un clin d’œil musical presque quadragénaire sous la forme de son hymne national, Star Spangled Banner, ici joyeusement déstructuré en studio par ce génie qu'était Jimi Hendrix.
A l’heure tardive où j’écris ces lignes, j’ignore le résultat de l’élection présidentielle aux Etats-Unis et, par conséquent, j’en suis au stade de l’observation d’une profonde mutation dans les commentaires entendus ou lus un peu partout. Il est assez étonnant de constater en effet que, de droite comme de gauche, en France et ailleurs (y compris aux Etats-Unis et pas seulement dans le camp démocrate), les langues semblent se délier à l’approche du verdict des urnes. Il y a unanimité pour dire que le bilan des années Bush aura été celui d’un désastre politique, économique, culturel et moral. Le temps semble bien loin où la France était montrée du doigt pour avoir osé ne pas s’engouffrer dans le bourbier irakien. Et les historiens n’auront pas besoin d’attendre longtemps avant de ranger le futur ex-président dans la boîte noire des catastrophes planétaires.
Je regardais le journal de France 2 voici quelques jours lorsque la présentatrice remercia une comédienne d’avoir accepté de se rendre sur le plateau afin de parler de son «one woman show» à venir dans une salle parisienne. Au-delà d’une formule de politesse, ces remerciements me paraissent totalement incongrus si l’on veut bien faire la part des choses et se rappeler qu’à l’origine de cette entretien se trouve un(e) attaché(e) de presse qui a fait son boulot, ni plus ni moins. Il (ou elle) a réussi à placer son produit dans le cadre d’un plan médias savamment organisé. Le produit, c’est le spectacle de la comédienne, bien entendu. Par conséquent, la chaîne de «service public» n’a pas à se répandre en remerciements au moment de l’interview, à moins d’annoncer franchement la couleur. Tout cela est finalement bien hypocrite.
Jazz Magazine consacre la une de son numéro de novembre à Magma et propose un long dossier rétrospectif, en prélude aux 40 ans du groupe. Cet anniversaire sera dignement fêté en 2009, notamment par une série de concerts au Casino de Paris et un coffret rassemblant les enregistrements studio, dont quelques inédits, disponible dès le mois de novembre. Voilà qui contraste fortement avec l’ostracisme des médias dont Christian Vander s’est longtemps dit victime et que les faits n’ont pas toujours confirmé. La réalité est beaucoup plus complexe en effet car si la création artistique n’occupe pas la place qu’elle mérite, très loin s’en faut, Magma aura été une victime parmi de nombreuses autres de cette vacuité médiatique et n’a pas trop à se plaindre du traitement qui lui a été réservé depuis 1969. J’en veux pour preuve le Web Press Book (un site que j’avais créé il y a quelques années et dont j’ai confié les clés à un ami qui en assure aujourd’hui la maintenance) : sa lecture est édifiante et permet de vérifier que tout au long de cette belle histoire, le groupe a fait l’objet d’un véritable accompagnement, la plupart du temps enthousiaste, et compte même certains de ses fidèles dans de grands journaux, qui n’ont jamais manqué de le faire savoir et de l’écrire. Ce nouveau dossier remet les pendules à l’heure et doit être pris pour ce qu’il est : un hommage au talent hors normes d’un artiste habité.
Cette Blue Wind Story constitue un excellent guide d’initiation à la musique d’Henri Texier. Avec une compilation proposant plus de deux heures de musique sélectionnées dans son répertoire en tant que leader au cours des vingt dernières années (tous les disques originaux étant disponibles chez Label Bleu), le contrebassiste administre une formidable démonstration de lyrisme. Sa musique – un chant – est aussi l’occasion pour ses nombreux compagnons, tous prestigieux, de donner le meilleur d’eux-mêmes, comme ici François Corneloup dont le chorus au saxophone baryton sur «Lady Bertrand» est un petit moment de magie. Voilà un disque qui risque de donner l’envie à pas mal de gens d’en savoir un peu plus sur ce grand monsieur qu’est Henri Texier. Et ils auront bien raison !
On peut acheter le disque ICI par exemple.