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  • Freddie

    freddie_hubbard.jpgJ’avais imaginé, en ce dernier jour de l’année, vous proposer une petite sélection de quelques bonheurs musicaux débusqués en 2008. Dans ma tête circulaient déjà les images et les sons de disques marquants, car il y en a eu, dont je souhaitais partager avec vous la vie et la grâce.
    Et puis… J’ai appris hier qu’un grand monsieur de l’histoire du jazz venait de nous quitter : âgé de 70 ans, Freddie Hubbard, est mort des suites d’une crise cardiaque.
    70 ans ? Seulement ? Incroyable…
    Freddie Hubbard, c’était pour moi avant tout la fougue d’un jeune musicien âgé de 23 ans qui débordait d’énergie aux côtés de John Coltrane en 1961 pour l’enregistrement du mythique Olé. A cette époque, il participait à l’aventure des Jazz Messengers d’Art Blakey, avant de travailler aux côtés d’autres géants comme Sonny Rollins, Eric Dolphy, Herbie Hancock, Ornette Coleman ou Quincy Jones. Il avait su s’affranchir des frontières et faire traverser sa musique par de nombreux courants, en commençant par recevoir l’influence du grand Miles avant de s’émanciper et de trouver sa propre voie. Sa discographie, en tant que leader ou comme sideman, est abondante et j’aimerais ici vous proposer un petit hommage avec «Red Clay», extrait de l'album éponyme publié en 1970. Le casting est somptueux, excusez du peu : aux côtés du trompettiste, on trouve Joe Henderson au saxophone ténor, Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la contrebasse et Lenny White à la batterie. Rien que ça.
    Chapeau bas monsieur Freddie, et bonne chance pour vos nouvelles aventures.

  • Ringard

    Miracle de la zappette ! Cet objet merveilleux m’a permis de débusquer par hasard une pépite télévisée à ne manquer sous aucun prétexte. Nous sommes le soir – quel jour, quelle heure, je ne sais plus trop – dans une émission destinée à faire gagner de l’argent à des candidats qui n’ont pas l’air d’avoir inventé le beurre mou et dont le seul effort demandé est celui qui consiste à faire tourner une roue. Ah, j’oubliais : c’est une émission diffusée sur le service dit public. Voilà qui doit nous rassurer. Et là, le joyau, le trésor ultime s’invite chez vous : un présentateur dont le charisme évoque au mieux celui de l’animateur d’une tête de gondole (chemisette et cravate, vous voyez le genre ?) dans votre supermarché le plus proche, au pire celui d'un rôti de porc sous vide ayant atteint la date limite de consommation dans le même magasin. Il s’essaie à des blagues bien lourdes qui tombent toujours à plat (même les candidats en restent muets, c’est tout dire) ; il essaie de faire chanter un maigre public sur des chansons pourries des années 80 (ceci étant un pléonasme) ; comme certains de ses confrères, il tente également, d’un geste autoritaire, de couper la bande son, mais ça ne marche jamais, la musique continue ou prend fin cinq secondes plus tard… Bref, un cador des plateaux. C’est bien simple, ses producteurs en sont tellement fiers qu’ils ont décidé de faire défiler le générique de fin à une vitesse supersonique, de peur qu’on les associe à cette Bérézina télévisée. Voilà qui nous fait saliver d’avance sur les grandes heures à attendre de la future O.R.T.S. qui naîtra dans quelques jours !

  • Collectionnite

    J’ignore si, comme moi, vous avez remarqué qu’à l’approche d’une nouvelle année ou d’une rentrée scolaire, les éditeurs de magazines bas de gamme nous font le coup de la collection. Tous les ans, c’est pareil : les blindés allemands de la seconde guerre mondiale, les avions de guerre, les cours de tricot ou de broderie, les voiliers, les voitures de Michel Vaillant, les 2 CV, les vieilles séries télé complètement ringardes et je ne sais quoi encore. Ah si : j’ai vu tout récemment dans une vitrine une belle collection qui vaut son pesant de grenouilles de bénitiers : les rosaires ! Un vrai bazar pas chic du tout. Tout est prétexte à nous faire entasser des objets dont on ne saura très vite plus quoi faire, à condition toutefois que ces séries puissent être menées jusqu’à leur terme, ce qui m’étonnerait un peu d’ailleurs, même si leur prix de lancement est toujours bon marché (enfin, je dis ça parce qu’il est écrit systématiquement "seulement" sous le prix en question). Au point que j’en viens à me demander si la collection ultime ne serait pas, justement, celle des premiers numéros de chacune d’entre elles…

  • Puzzle

    Dead Moon RisingLe résultat n’est pas inoubliable, certes. Parce que le rock un peu rude et la voix rocailleuse de John Fogerty se marient plutôt mal, finalement, avec la rythmique aérienne et les flammèches évanescentes lancées par les cordes électriques du Grateful Dead. Mais cette rencontre, qui remonte à l’année 1991, entre celui qui était à lui seul Creedence Clearwater Revival et la bande à Jerry Garcia, ressemble pour moi à l’une des pièces manquantes du puzzle que je tente d’assembler depuis les années de ma préadolescence. En 1970 – j’avais alors douze ans – je m’entichais du premier avant de me lancer à disques perdus dans la découverte du second, dès le mois de janvier 1972. Il aura fallu attendre près de vingt ans pour qu’une jonction s’opère et presque autant encore pour qu’elle me parvienne aux oreilles. Astucieusement baptisé Dead Moon Rising - les spécialistes comprendront – cet enregistrement constitue un précieux témoignage, à défaut d’être musicalement historique.

  • Farceur

    flagellation.jpg
    Je n’apprendrai à personne que le temps lorrain est parfois désespérant. Mais pas toujours... Pour de mystérieuses raisons, il arrive aussi que le soleil se mette à régner brutalement en maître. C’est une question d’habitude, en fait, d'autant que les vraies richesses de ce bout de nord-est de la France sont à chercher ailleurs. Car les trésors de cette région, pour discrets qu’ils soient, n’en existent pas moins et méritent l’attention du touriste souvent trop pressé d’engager une conversation intime avec son futur mélanome au soleil de je ne sais quel paradis néo-colonial, dûment bétonné de ses complexes touristiques sans âme et de ses piscines javellisées. En Lorraine, l’habitant est plutôt rare, l’herbe est verte, les forêts sont boisées et le ciel gris laisse parfois filtrer un soleil fugitif… Qu’importe, qui sait fouiner ici ou là saura débusquer de jolies fresques à la tonalité coquine ! La preuve ? Regardez bien cette photo...

  • Florentin

    florentin.jpg
    Ce n’est pas la belle ville de Florence qui sera le sujet de cette note, même si cette perle de la Toscane reste pour moi un lieu magnifique vers lequel je reviendrai et au sujet duquel j’écrirai, peut-être. Si tant est qu’il en reste quelque chose à dire, après que tant d’autres aient fait merveille («Le voyage en Italie», de Goethe, par exemple…).
    En réalité, j’aimerais souligner ici le talent d’un peintre dont l’atelier se trouve à Nancy : d’Arnaud Florentin, connu sous le pseudonyme de Flow, je ne savais que sa récente contribution au festival Nancy Jazz Pulsations. Adepte de la peinture projetée et du dripping (une technique qui consiste à créer en laissant s’égoutter la peinture), Arnaud Florentin crée des univers au centre desquels les visages se dévoilent de manière presque subliminale et vous habitent instantanément. Un très gentil Père Noël m’a offert l’une de ses toiles et c’est un enchantement. Allez donc faire une petite visite chez lui, vous ne regretterez pas votre déplacement.

  • Noël

    cv_enfants.jpgVoici maintenant près de quinze ans, c'était en 1994, que Christian Vander surprenait son monde en proposant A tous les enfants. Disque puisant ses racines dans la mémoire des premières années d'un homme connu d'abord pour le déferlement à nul autre pareil de sa musique avec Magma, sa beauté intacte nous semble parfaitement adaptée à ces jours dits de fête où familles, amis se rassemblent et, peut-être, retrouvent l'innocence des jours de leur enfance. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : A tous les enfants s'adresse aux enfants que nous étions et que, trop souvent, nous avons perdu de vue dans nos vies d'adultes. "Les contes de Noel de Kobaïa se sont posés sur la Terre. Ils ont le charme ineffable de ces mélodies cristallines et limpides, qui s'envolent des boîtes à musique que l'on ouvre et que l'on referme pour qu'elles ne la laissent pas échapper".

    Alors, fêtons Noël...

    On peut se procurer ce très beau disque directement à la boutique en ligne de Seventh Records.

  • Descente

    descente.jpg
    Quelques semaines avant l'annonce d'une crise économique sans précédent, le soleil brillait, rassurant, du côté de Saint-Palais-sur-Mer. Quatre promeneurs - étranges frères et soeurs Dalton des sables - semblaient pourtant s'enfoncer dans l'inconnu. Prémonitoire ?

  • Spéculatif

    J'ai reçu récemment ma facture de gaz pour l'année 2008. 1180 €, à quelques centimes près. Cette somme traduit notre souci de gérer au mieux notre consommation, puisque voilà une dépense qui est stable par comparaison avec celle de l'année 2007, dont les tarifs étaient pourtant sensiblement moins élevés (A ce sujet, et par un mystérieux raisonnement énarchique, le prix du gaz est indexé sur celui du baril de pétrole. Soit, faudra qu'on m'explique pourquoi, mais admettons le principe. C'est la raison pour laquelle il a effectué en deux temps un bond d'environ 20 % au cours de l'année écoulée. Mais depuis quatre mois, le prix de ce satané baril a été quasiment divisé par quatre et je n'entends parler d'aucune révision à la baisse côté gaz... Les princes qui nous gouvernent nous ont simplement fait comprendre qu'aucune hausse n'était envisagée actuellement. Etonnant, non ? Et merci à vous, grands argentiers...).
    Mensualisé depuis des décennies, je m'attendais par conséquent à découvrir un échéancier 2009 simplement calculé, comme d'habitude, en divisant la facture de l'année précédente par 10, avec correctif éventuel en fin d'année. Un prélèvement mensuel de 118 € de janvier à octobre, donc. Ben non !!! Perdu mon gars ! Cette année, le grand gazier se fait un peu d'argent de poche en prélevant plus que nécessaire et me retirera chaque mois... 133 € ! Soit, sans me demander mon avis, une avance de 150 € pour l'année qui, multipliée par le nombre de cochons de payants que nous sommes, lui autorisera quelques facéties budgétaires dont on n'espère qu'il n'ira pas les brûler dans je ne sais quel fonds spéculatif mirobolant. Les petits coqs* du libéralisme ont beau m'expliquer que leur système chéri est le meilleur à l'exception de tous les autres, personne ne m'ôtera de l'idée qu'on me prend pour une truffe... Dommage que mon propre prix ne soit pas indexé sur cette dernière.

    * On sait que le coq est ce drôle d'animal qui présente la particularité d'être le seul à chanter quand il est dans la m...

  • Paternel

    apprenti.jpg«Je voulais un adolescent en manque de père», nous dit Samuel Collardey, réalisateur du très beau film L’apprenti, dont il est difficile de savoir s’il s’agit d’un documentaire ou d’une fiction, tant les personnages interprétés par des acteurs non professionnels sont criants de vérité. Mathieu, adolescent vivant dans le Haut Doubs, dont les parents sont séparés et le père plutôt absent, vient travailler dans une ferme pour y préparer son BEPA (Brevet d’Etudes Professionnelles Agricoles) en apprentissage, sous la responsabilité de Paul, un agriculteur – un paysan, il tient à corriger ! – qui s’avère être pour lui une sorte de second père. Si les idées de son maître de stage lui déplaisent parfois – il y a chez Paul une inclination naturelle à la procrastination –  il trouve en lui un guide qui vit de façon assez sereine au rythme des saisons. Les images sont belles et les personnages, attachants, ne sont jamais traités avec mépris ni condescendance par le réalisateur qui exprime là une très forte sensibilité. Et la scène de la leçon d’anglais est absolument irrésistibe ! Après «La vie moderne» de Raymond Depardon, voilà pour l’année 2008 une seconde symphonie rurale à voir sans attendre.

     

  • Asile

    hugh_coltman.jpgJe ne connaissais pas grand chose de cet anglais de trente-six ans, qui publie un premier album sous son nom. Je savais seulement qu'il avait été le chanteur d'un groupe appelé The Hoax et qu'il s'était installé en France depuis plusieurs années. Pour l'avoir récemment entendu sur France Inter, je peux même témoigner de la qualité impeccable de son français, que bien des ressortissants de notre pays si fiers de mal parler les langues étrangères pourraient lui envier. C'est donc avec un vrai plaisir que j'ai pu découvrir Hugh Coltman et ses Stories from the Safe House : sa musique teintée de rock, de folk et dont les climats lorgnent parfois vers une ambiance jazz, est empreinte d'une belle élégance qui n'est pas sans rappeler celle d'un autre britannique, l'excellent Piers Faccini. On pense aussi parfois, pour le timbre de la voix, à un autre grand monsieur, le regretté Jeff Buckley. Une galette à recommander !

  • Failles

    lignes_de_faille.jpg"Lignes de faille", c'est un roman magnifique écrit par la canadienne francophone Nancy Huston. Je n'en raconterai pas l'histoire, parce qu'elle doit être découverte intégralement par le lecteur, sous peine de lui gâcher le bonheur qui sera le sien lorsqu'il fera connaissance avec cette drôle de famille qui nous est présentée à quatre voix. Celles de quatre enfants âgés de six ans dont le suivant est toujours le parent, père ou mère, du précédent. On remonte le temps, depuis l'année 2004 jusqu'aux années 40, quand l'arrière-grand-mère du premier narrateur vivait en Allemagne. Et l'on voyagera ainsi aux Etas-Unis, au Canada, en Israël et en Europe. Jamais futile, toujours habité d'une fêlure dont on comprend petit à petit les origines tragiques, le propos de ces "Lignes de faille" s'appuie sur des faits réels dont peu de gens se souviennent. Il laisse également une place importante à la musique - quoi d'étonnant à cela quand on sait que l'auteur est aussi une musicienne ? - et à un humour élégant qui nous rend très vite les personnages attachants. Quant à l'écriture, elle est remarquable, tout simplement.

  • Pomme

    pomme.jpg

    Les premières averses de neige sur la Lorraine, les flocons, la rue toute blanche, les trottoirs qui glissent. Encore un peu, on se croirait à l’approche de Noël. Même les pommes, ici, en sont toutes retournées et se mettent à célébrer la Nativité… Etonnant, non ?

  • Diagonale

    Je suis victime d’un complot, j’en ai déjà parlé ici (ou ailleurs) à plusieurs reprises. L’une des manifestations les plus explicites de cette conspiration contre moi est le syndrome de la diagonale. Qu’est-ce donc ? Rien de plus simple ni de plus pernicieux. Etant à ranger dans la catégorie des marcheurs (la chaussure est mon premier véhicule), et à force de déambulations urbaines, campagnardes ou alpestres, j’ai la chance de marcher plutôt vite et par conséquent d’être régulièrement amené à dépasser des congénères mollassons évoluant quant à eux à un rythme beaucoup moins soutenu. Je dois donc les doubler. Vaste programme ! Car c’est là que le complot se met en branle : à peine ai-je esquissé le début d’une modification de ma trajectoire, à gauche ou à droite c’est sans importance, que ce piéton poussif se met à dévier de la sienne et vient couper mon élan, me contraignant à opérer une manœuvre consistant à tenter de le dépasser par l’autre côté, non sans avoir dû freiner violemment. Et pan, vous pouvez être certain qu’il va revenir sur sa première idée et repartir de l’autre côté. Ce type-là avançait droit depuis des centaines de mètres : il suffit que je m’en approche pour qu’il tente une vilaine obstruction, sans même porter sur moi le moindre regard. Je dois être transparent. Et je ne parle même pas de la fumée de sa cigarette, qui vise malicieusement mes narines alors qu’elle pourrait aisément se dissiper tout autour…

  • Argent

    zola.jpgDès que j’aurai terminé le bouquin que je suis en train de lire, quelque chose me dit que je vais me plonger dans la relecture de L’Argent , le roman qu’Emile Zola publia en 1891 et qui est l’un des derniers tomes de sa fresque naturaliste appelée les Rougon-Macquart. S’appuyant sur des faits réels (l’affaire Mirès, l’histoire des frères Péreire ou encore le krach de l’Union Générale), Zola nous raconte l’histoire d’un affairiste, Saccard dont les agissements vont provoquer la ruine d’une foule d’épargnants. « Il me faut une affaire énorme, gigantesque, qui prenne un homme audacieux et le rende maître de la Bourse, du marché financier en l’espace de quelques années. Une de ces montées brusques, soudaines, vers des hauteurs prodigieuses, suivie d’une dégringolade subite, d’un anéantissement complet. » Voilà que ce que le romancier expliquait à un journaliste lors de la préparation de L’Argent. Ce qui me laisse penser que nos banquiers et autres traders auraient peut-être dû quitter un peu leurs écrans des yeux et relire leurs classiques… Et que décidément, l’homme cupide a la mémoire bien courte.

  • Passionnant

    On va finir par croire que je suis scotché devant mon poste de télévision… Mais il est vrai que deux soirs consécutifs m’ont apporté d’excellents moments. Et rappelé que la télévision ressemble un peu à une bouteille de jus de fruit contenant un produit toxique. Celui qui sait ce qu’elle contient ne risque rien, il peut même en tirer un vrai profit à condition d’être un peu connaisseur en matière de dosage, voire de mélange des ingrédients. Mais l’oublieux qui en avalera trop goulûment le contenu ira forcément vers de drôles de désagréments allant jusqu’à l’altération de ses facultés mentales.
    Un bon exemple d’une télévision intelligente et accessible à tous : l’émission «Un soir au musée» sur France 5, et plus particulièrement ses «Enquêtes d’Art». Ou comment raconter l’histoire d’un tableau sous la forme d’une enquête quasi policière qui nous fait voyager au gré des aventures connues par l’œuvre d’art. Réalisation nerveuse sans être expéditive ni stroboscopique, apport de connaissances sans la moindre pédanterie, bref une culture pour tous qui fait beaucoup de bien !
    On espère seulement que celle-ci ne sera pas remise en cause dans les temps à venir, parce que de tels sujets me semblent tout de même bien éloignés des normes en vigueur édictées par les nouveaux programmateurs de la télévision de service public, déguisés en députés bavards, qui vont de Christian Clavier à Doc Gynéco en passant par Jean-Marie Bigard.

  • Ecume

    J’ai assisté la semaine dernière à un grand moment de télévision, presque digne des heures chaudes de l’émission culte de Michel Polac, «Droit de Réponse», autrefois, il y a bien longtemps, avant que TF1 ne soit livrée à l’empereur du béton. François Busnel avait en effet invité sur France 5, dans sa «Grande Librairie», l’éditeur Eric Naulleau, connu pour ses jugements à l’emporte-pièce et Pierre Bergé, connu par Yves Saint-Laurent. Dans son «Jourde & Naulleau», qui se veut une sorte de Lagarde & Michard contemporain, le premier se livre à un vrai jeu de massacre des écrivains de notre temps, parmi lesquels Philippe Sollers, ami du second. Ah !!! Il fallait voir Pierre Bergé écumer de rage sur son fauteuil rouge, les yeux injectés de sang, éructant dans son emportement de surprenantes fautes de français (« Vous disez ! »), il n’avait plus assez de mots pour vilipender, poing levé, son voisin de plateau, que la scène amusait visiblement, ce mauvais coucheur coupable d’un vrai assassinat littéraire indéfendable. Entre les deux, Fabrice Lucchini slammait du Molière à n’en plus finir pendant que l’animateur contemplait la scène, visiblement ravi et pas gêné de voir son petit monde assurer le spectacle sans qu’il ait à intervenir un seul instant. Et j’aurais presque été touché par la détresse bave aux lèvres de celui qui venait présenter son «Art de la préface» si ce dernier n’avait pas commis l’erreur de fourbir des armes aussi cruelles que celles qu’il dénonçait quelques instants plus tôt, lorsqu’il s’est agi de flinguer à deux voix le Richard Claydermann de la littérature hexagonale, notre Marc Lévy industriel.

  • Etonnant

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    Voici quelques semaines, j'avais évoqué ici-même la sortie d'un disque enregistré en solo par le pianiste Jean-Michel Albertucci. Ses Etranges Fantaisies, passionnant voyage au pays de la liberté, m'ont donné envie d'en savoir un peu plus sur ce musicien et de lui accorder suffisamment de temps pour nous parler de ce bel enregistrement.

    Une heure d'entretien, dont la quasi totalité est retranscrite sur mon autre espace, c'est ICI !

    On pourra toujours en profiter pour écouter à nouveau un petit extrait du disque, "Horizontale".

  • Menteuse

    En parcourant un magazine dit féminin (oui, oui, ça peut m’arriver, faut que je me tienne au courant de mon époque, même si j’éprouve les pires difficultés à dénicher les articles cachés au beau milieu des publicités), je tombe sur un sujet consacré à quelques blogueuses ayant semble-t-il trouvé un certain écho auprès du public. Parmi celles-ci, l’une a consacré son blog au comportement sexuel de ses compatriotes :
    « Au début, les blogs étaient surtout des journaux intimes, narcissiques. J’ai voulu prendre le contre-pied en parlant de la vie des autres. Chaque fois que je rencontre quelqu’un, je lui pose des questions sur sa sexualité, ses fantasmes, ses amours ».
    And my ass, is it chicken ?
    Voilà un bon gros mensonge : dès qu’on écrit, chère madame, on parle de soi, directement ou non. Point besoin de se défausser sur l’opinion des autres pour justifier son propre travail. C’est une mauvaise excuse. Pourquoi faudrait-il refuser d’admettre qu’il est légitime de donner sa vision du monde qui nous entoure ? Par conséquent, lorsque vous mettez en scène (ou plutôt en textes) la vie des autres, vous introduisez votre propre univers au milieu du leur. C’est du narcissisme par la bande, si j’ose dire !
    Et puis… auriez-vous honte du sujet un peu racoleur de votre blog au point de ne pas en assumer la teneur ?

  • Téléphone

    Ce monde est sinistre. Et ça ne date pas d’hier, même si nous, occidentaux (encore) gâtés, feignons de découvrir ses turpitudes avec le surgissement d’une crise d’un système pris à son propre piège spéculatif. Alors il est bon, parfois, d’attraper au vol une situation de notre quotidien et d’en faire un sujet d’amusement.
    Tenez par exemple : ayant dû rester quelques jours au chaud chez moi pour éradiquer une trachéite ayant mal tourné, je me suis rendu compte que mon téléphone n’arrêtait pas de sonner. Pas mon portable, non, ma ligne fixe, celle que je n’utilise jamais et qui est devenue la proie des centres d’appel, ces temples de la consommation  distante qui masquent leur numéro et vous mettent en contact avec une charmante personne à l’accent africain ou asiatique. Rien qu’hier, mon téléphone a dû sonner une bonne quinzaine de fois ; je ne sais pas si c’est l’approche des fêtes de fin d’année, mais il semble qu’une frénésie s’empare des marchands de tout poil au point que notre réponse semble leur être devenue indispensable. Au début, je les snobais, je laisser sonner, sonner, sonner, jusqu’à ce que silence s’ensuive. Et puis, je me suis dit qu’il fallait bien jouer un peu et j’ai initié un petit jeu que je vous invite à pratiquer de votre côté : répondre, mais pas de manière ordinaire. Vous verrez, on rigole bien…
    Par exemple :
    - décrocher le téléphone et ne rien dire : en général, ça raccroche au bout de quelques secondes, sans même un « Allô ». Mais il y a les tenaces qui, à force de mutisme, tentent des allô désespérés. Et moi, j’attends, sans rien dire. Et je ne raccroche jamais le premier.
    - décrocher et parler d’une voix sinistre, façon serial killer prêt à commettre un crime. Un gros allô bien râpeux qui fait peur. Effet garanti, la communication est coupée instantanément. Il y a toute une série de variantes que vous pouvez imaginer de votre côté…
    - décrocher et répondre dans une langue étrangère ou avec un fort accent. J’aime bien par exemple me faire passer pour une employée portugaise dont le français est totalement incompréhensible. A l’autre bout, on n’insiste guère, c’est sûrement une erreur de numéro.
    - décrocher et placer le téléphone devant les haut-parleurs de ma chaîne, avec le souci d’une qualité affirmée dans la programmation musicale. Hier par exemple, mes correspondants ont pu découvrir la musique de Stefano Di Battista, mais je ne sais pas ce qu’ils en ont pensé. Là encore, les salopards, ils ont raccroché…
    On s’amuse comme on peut, hein ?