Récolement
L’actualité est propice à l’enrichissement de notre français ! On apprend (dans le pire des cas) ou on redécouvre (pour les meilleurs d’entre nous) ses subtilités à intervalles réguliers. Souvenons-nous en effet : l’an passé, au mois de décembre, tout un débat s’était engagé au sujet d’un mot que beaucoup d’entre nous pensaient erroné et qui avait resurgi du fin fond du XVIIIe siècle lorsque les six membres de l’Arche de Zoé, condamnés à huit ans de travaux forcés, avaient quitté le Tchad : leur transfèrement était alors en cours. Transfèrement, et pourquoi pas transfert, simplement ? Tout bêtement parce que ce vieux mot, à connotation juridique, signifie «transférer une personne d’un lieu de détention à un autre» en observant certaines formalités. De quoi, en tous cas, agiter fugacement le landernau médiatique.
Et voici que moins d’un an plus tard, nos dictionnaires sont soumis à une nouvelle interrogation grâce aux aventures un peu ridicules de Martine et Ségolène, pas fichues de compter correctement leurs bulletins de vote (George W., tu es battu à plates coutures…). Cette fois, c’est le récolement qui fait la une de tous les journaux. Selon le dictionnaire du droit privé de Serge Braudo, le récolement est un «contrôle opéré par un huissier ou par un greffier fait après inventaire, après saisie ou après apposition de scellés afin de vérifier que les biens mis sous main de justice n'ont pas été déplacés ou détournés».
Très bien, je le note…
Commentaires
Je ne me souviens pas du débat sur le tranfèrement. Il est est vrai que ce mot m'est familier depuis plus de 35 ans, époque où je fréquentais un établissement de la Place Carnot. Et un gendarme de mes relations, chargé parfois de missions au Palais de Justice de Paris, l'emploie souvent.
Quant au récolement, il évoque des souvenirs antérieurs de plus de 10 ans aux précédents. Le regretté "Père Brudi" nous donnait (en 5ème) des cours de reliure (eh oui!). Je n'étais pas très doué pour l'exercice, mais je me souviens du récolement et du collationnement, 2 opérations indispensables avant de redonner à un livre une forme présentable...
En tout cas tu as pris la peine de rechercher la signification dans la documentation adéquate. Et de nous donner le résultat de tes 2 recherches... Bon après midi.
@ Elisabeth : et pourtant, si tu savais le nombre de fois où, lisant un bouquin, je laisse passer un mot dont je ne connais pas le sens et où je me dis : "va chercher ton dictionnaire"... Et je ne le fais pas !
Pour le coup ce mot m'est extrêmement familier: l'opération de récolement dans toutes les opérations de construction consiste à reprendre les plans initiaux des ouvrages, ou les notes de calculs, et à les corriger soigneusement pour les mettre strictement en conformité avec ce qui a été réalisé (on appelle ça les documents TQC = Tel Que Construit).
C'est quelque chose de très important, et qui maintenant fait partie des marchés des entreprises et des Bureaux d'Etudes, et le contrôle doit en être rigoureux.
Dans le passé, ce travail était pris très à la légère. Cela peut donner des catastrophes, si par exemple un tube de gaz ou une ligne de 20000 volts ne sont pas là où ils figurent sur le plan. Le challenge étant de mettre à jour ces documents aussi plus tard lors de modifications ponctuelles, et de les conserver à un endroit où tout nouvel intervenant pourra les retrouver.... C'est plus facile maintenant avec les documents informatisés, à supposer qu'on ait toujours le bon logiciel pour les relire.
Un autre challenge pour moi pendant des années a été de faire orthographier correctement ce mot (eh oui! moi aussi je suis casse-pieds pour l'orthographe!)
En effet la plupart des gens écrivement «recollement» en avant d'ailleurs une explication logique du genre «coller les morceaux»...