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  • Représentation

    Je viens d'assurer une formation à un groupe d'une douzaine d'adultes (je précise qu'ils étaient volontaires) durant deux jours. Il s'agissait de leur expliquer les bases d'un logiciel et de les rendre autonomes dans la mise en pratique de celui-ci dans le cadre de leur activité professionnelle. Quatre séquences de trois heures, préparées minutieusement depuis quelque temps, pendant lesquelles il a fallu : parler de manière presque continue, expliquer, me faire comprendre, écouter les demandes, répondre aux questions, m'adapter à l'hétérogénéité de mon public... et d'une certaine façon me placer dans le rôle d'un acteur de théâtre (parce que pour enseigner, il faut savoir se mettre en scène), des heures au bout desquelles je me suis senti... épuisé physiquement ! Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir une pensée pour les enseignants (une catégorie de citoyens qu'il est politiquement correct de dénigrer et dont il est toujours de bon ton de stigmatiser les congés interminables) qui sont en représentation tout au long de l'année sous l'œil impitoyable de leurs élèves et qui doivent, beaucoup plus que moi, connaître des moments de lassitude intense dont ils doivent s'extraire au plus vite avant d'entrer à nouveau dans leur arène pédagogique.

  • Rédemption

    gran_torino.jpgUne idée m'a traversé l'esprit en sortant du cinéma où je venais de voir Gran Torino, le nouveau film de et avec Clint Eastwood : et si c'était le dernier ? Il y a l'âge du réalisateur, certes, qui entrera bientôt dans sa quatre-vingtième année - mais pourquoi après tout ne vivrait-il pas centenaire ? - non... mon interrogation trouvait en réalité sa source dans le scénario de ce film magnifique. Car ce Walt Kowalski, ancien de la guerre de Corée, vieux réac raciste habitant Detroit dans un quartier où il semble le seul blanc, qui grogne plus qu'il ne parle, irascible buveur d'une bière qu'il stocke dans une glacière qui ne le quitte pas, odieux avec sa famille pas finaude et son jeune curé, «un puceau suréduqué», auquel il confesse que «jamais il ne se confessera» et qui ne communique vraiment qu'avec sa chienne Daisy, est un personnage qui s'apparente à une synthèse vieillie des héros virils que l'acteur interprétait autrefois. Sauf que... Ayant tiré d'un mauvais pas son jeune voisin asiatique (qu'il appelle délicatement face de citron), on le voit, petit à petit, briser la glace et attendrir son vieux cuir séché devant la solidarité et la gentillesse d'une famille épatante. Il y a un drame qui va se nouer, mais aussi de sacrées scènes, étonnamment drôles, comme les échanges avec le prêtre, les réactions du vieux Walt aux obsèques de sa femme devant l'attitude désinvolte de ses petits-enfants ou sa découverte de la vie de famille de ses voisins «qui ne le regardent pas en face». Finalement, notre héros impitoyable va se libérer de la souffrance qui le hante depuis ses lointaines années de guerre en sortant ses jeunes voisins des griffes sanglantes d'une bande de voyous violents. En payant le prix fort, celui de la rédemption finale. Comme si le réalisateur lui-même nous adressait un ultime salut, la boucle étant bouclée. C'est magistral, tout simplement.

  • Échantillon

    «Comme chez nous», c'est un excellent documentaire réalisé en deux temps (au printemps et à l'automne 2008) par Jean-Thomas Ceccaldi, qui a posé ses caméras dans le décor d'une petite ville de Seine-et-Marne, Coulommiers. Prenant comme sujet d'étude un échantillon de la population supposé représentatif des préoccupations de l'ensemble des français (un notable, un directeur commercial, un chauffeur de poids lourds, une serveuse, une famille en attente de naturalisation, un employé de la SNCF musicien à ses heures, une femme seule vivant dans un grand dénuement...), il nous fait entendre les réactions de son panel face à l'actualité nationale et internationale. On ne s'ennuie pas une seconde et surtout, le traumatisme provoqué par la crise financière de septembre, est parfaitement restitué. Il y a cette femme qui, quelques mois plus tôt, se réjouissait des heures supplémentaires venant considérablement améliorer son quotidien et sur laquelle rôde maintenant l'ombre du chômage ; ou cet assureur qui s'arrache les cheveux à l'idée de devoir expliquer à certains de ses clients que leurs placements leur ont fait perdre beaucoup d'argent. Ce même homme, très impliqué dans la vie associative, qui confie sa myopathie et laisse entendre qu'il commence à éprouver des difficultés à marcher. Résolument optimiste, il se sent tout de même privilégié de n'être pas comme tout le monde et continue de regarder vers l'avant. Comme une allégorie de notre monde qui souffre et doit trouver les moyens de ne pas s'effondrer. Bravo à France 5 d'avoir osé ce «prime time» de haut vol.

  • Paradoxal

    Elle est bien étrange, en effet, la situation du disque... Car c'est évident, il y a un problème : les ventes diminuent, le téléchargement sauvage fait des ravages, c'est bien d'un bouleversement majeur qu'il s'agit. Analyser les causes de ce phénomène d'ampleur mondiale nécessiterait beaucoup plus que les quelques lignes de ce blog quotidien, tant les raisons sont multiples (et les fautifs pas toujours ceux qu'on croit...), mais je reste avant tout surpris qu'à ce jour, la production discographique soit d'une telle richesse, même s'il faut s'armer de beaucoup de courage et de pugnacité pour débusquer les pépites. Rien que dans l'univers du «jazz» (je mets des guillemets parce que ce terme recouvre énormément de musiques très différentes sous un seul mot), je me régale depuis quelques jours de nouveautés très réjouissantes : le nouveau disque de Pierrick Pédron (Omry), celui d'Eric Legnini (Trippin') ou de Marc Ducret (Le Sens de la Marche), l'ovni sonore du Surnatural Orchestra (Sans Tête), les galettes enchantées de Renaud Garcia-Fons (La Linea Del Sur) ou Henri Texier (Love Songs Reflexions)... pour n'en citer que quelques uns. Autant de petits bonheurs qui vous gonflent d'énergie en ces temps difficiles et vous dispensent de trop regarder dans le rétroviseur de tous ces disques, tous les autres, qu'on n'aura plus le temps d'écouter... Hommage, une fois encore, aux musiciens qui se battent, note après note, pour qu'une sphère de l'art soit préservée dans notre monde de l'immédiateté.

     

  • Trocavino

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    Ce panneau n’aura certainement pas échappé à l’œil aux aguets des parisiens ni même à celui des touristes flânant du côté du Trocadéro. En le découvrant, je me suis aussitôt rappelé cette phrase de l’inénarrable Pierre Dac qui disait, je le cite de mémoire : "Je préfère le vin d’ici à l’au-delà !". Humour à consommer sans modération…

  • Révélation

    Je suis un raté ! Ce n'est pas moi qui le dis, mais un grand penseur sarkolâtre né sous le signe de la girouette et qui s'est fait connaître depuis une trentaine d'années en fourguant à des tarifs prohibitifs des slogans dont la vacuité n'a d'égale que l'inutilité. Cet as de la communication - oui, je sais que ce terme, confisqué par les marchands, est souvent devenu redondant des deux utilisés juste avant - qui doit vendre son nouveau bouquin poubelle en se répandant dans les médias, vient en effet de déclarer qu'on a raté sa vie si, à 50 ans, on ne possède pas une Rolex. Nom d'un chien !!! Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Promis, dès demain, je vire depuis mon Codevi sur mon compte courant de quoi me procurer ce sésame de la réussite et je pourrai enfin me regarder en face. Et même qu'en plus, je saurai l'heure... Il était temps que je sois prévenu !

  • Roboratif

    trippin.jpgTroisième disque en trois ans pour le pianiste Eric Legnini. Ce musicien belge exceptionnel, qu'on a connu aux côtés de Claude Nougaro, Stefano Di Battista ou de Stéphane Belmondo, est à l'image exacte des vieux amis d'enfance : toujours présent quand il le faut. Trippin', enregistré en trio avec Mathias Alamane à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie, est le successeur attendu de Miss Soul et Big Boogaloo, dans leur exacte continuité, tel qu'on avait envie de l'écouter. Une petite merveille d'équilibre qui déborde d'énergie, où la mélodie et le groove sont rois. Avec pour innovation le recours sur quelques titres au Fender Rhodes. En attendant la suite (il faudra parler de sa participation à Omry, le très beau disque aux intonations "pop" du saxophoniste Pierrick Pédron), régalons-nous d'un court extrait, "Rock The Days" avant d'en dévorer tout le reste.

  • Anniversaire

    Plus d'une demi-heure de musique inédite - une composition appelée "Félicité Thosz" - comme introduction à un concert face à une salle pleine durant trois soirées qui fait la part belle au chant et aux cymbales, voilà le beau cadeau que nous a offert Magma à l'occasion de ses concerts anniversaire au Casino de Paris. Le groupe fête en effet ses 40 ans et Christian Vander, dont le jeu de batterie n'a jamais été aussi juste tant chacun de ses gestes est d'une précision envoûtante, n'a pas fini de nous étonner. Son chant est tout aussi habité que son drumming et retrouve toute la magie de sa dualité grave-aigu qui reste une énigme pour beaucoup. A ses côtés, Stella est particulièrement sollicitée par le répertoire actuel et illumine la scène du début à la fin de sa voix de soprano. Une fin en forme de ballade (cf. photo) où le chant de Christian Vander s'élève vers des sphères coltraniennes, ses mains allant jusqu'à mimer un invisible saxophone soprano. Merci donc pour cette offrande et heureux anniversaire.

  • Funambule

    Cette impression de marcher sur un fil tendu au-dessus du vide qui ne me quitte que rarement... On perçoit les violences de notre monde et, un peu abasourdi, on se tient en équilibre, malgré tout. Pourquoi suis-je debout alors que tant d'autres tombent ? Il y a ce jour où, au téléphone, un vieux copain m'explique qu'il est fond de la nasse. Malgré mes mots, il semble incapable de sortir de sa détresse. Je me sens inutile. Et puis ce soir quand un ami vous explique qu'il va devoir se battre contre une maladie. La maladie. Je vais lui téléphoner, l'encourager, parce qu'il y a la vie, d'abord. Moi-même, je me rappelle ces jours où l'on ne m'accordait plus que quelques jours à vivre et ces êtres auprès de moi, leurs énergies bienfaisances qui m'enrobaient de leur puissance et m'aidaient à rester debout.

  • Acharnement

    Selon un rythme variable - qui n'excède pas une à deux fois par semaine, fort heureusement - une entreprise de nettoyage délègue à l'une de ses femmes de..., euh, pardon, l'une de ses techniciennes de surface, le soin de nettoyer mon bureau ainsi que tous ceux de mes collègues. Aucun d'entre nous ne fait preuve d'une exigence exagérée en matière de propreté, parce que nous connaissons parfaitement le caractère ingrat (et très mal rémunéré) de ce travail. N'empêche... Pourquoi faut-il que nous soyons tombés sur la seule employée capable de dévaster une pièce alors qu'elle n'est armée que d'un pauvre balai qui semble la retenir de tomber ? Pourquoi, alors que j'ai quitté mon bureau correctement rangé la veille, suis-je incapable, après le passage de cette tornade humaine, de retrouver quoi que ce soit le lendemain ? Pourquoi prend-elle un malin plaisir à entremêler tous les fils au sol (téléphone, ordinateur, lampe) au risque de me faire tomber ? Pourquoi met-elle autant d'application à faire apparaître mystérieusement une poussière invisible jusque là ? Pourquoi veut-elle ouvrir la porte fenêtre quand il pleut et surtout, pourquoi oublie-t-elle de la refermer avant de partir ? Voilà autant de manifestations tangibles de ce complot contre moi que je ne cesse de dénoncer depuis des années.

  • Mystère

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    Paul Guillaume était un marchand d'art fort connu au début du XXe siècle, puisqu'il fut un soutien important pour quelques peintres majeurs tels que Modigliani. Vous pouvez voir ici le salon de son appartement parisien. Mais saurez-vous dénicher le détail qui devrait, en toute logique, attirer votre attention et vous donner un indice sur les conditions dans lesquelles cette photo a été prise. N'oubliez aucun détail et soyez perspicaces !

  • Poches

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    Voici le réjouissant spectacle que peut vous faire découvrir une petite incursion du côté des Puces de Saint-Ouen, plus précisément dans une boutique du Marché Dauphine : ce petit écriteau à l’humour bienvenu ne saura en effet échapper à votre vigilance amusée. Il peut nous rappeler aussi, de façon subliminale et ironique, que nous vivons une époque où la connaissance, la curiosité et la réflexion sont autant d’ennemies d’un consumérisme inconséquent… Ayons la force de résister, quitte à nous fatiguer un peu les yeux, car si nos dirigeants semblent sourds aux réalités du monde réel, ne commettons pas l'erreur, de notre côté, de pêcher par excès d'aveuglement.

  • Epik

    Je me rappelle très bien ce jour de juin 1998, lorsque je reçus un drôle d’appel téléphonique, vers dix-huit heures… Après s’être assuré qu’il avait bien au bout du fil la personne à laquelle il souhaitait parler, mon correspondant commença un interminable monologue chargé de colère. Qu’avais-je donc pu faire qui le mît dans un tel état de rage et qui me valût d’être ainsi vilipendé et traité, je cite, «d’intello» ? Comment avais-je pu oser, même sur un mode on ne peut plus confidentiel, émettre la moindre critique et interpeller imprudemment un artiste en m’interrogeant sur certains fondements philosophiques sous-tendant, selon moi, une partie de sa création ? Moi, pauvre scarabée ignare, j’avais stupidement oublié de me ranger sagement au beau milieu de la cohorte des fidèles zélés et mutiques ! Notre conversation – puisqu’après la longue diatribe, il y en eut bien une – dura plus de quatre-vingt-dix minutes… Pas une seule fois je n’eus la tentation de présenter mes excuses – pourquoi l’aurais-je fait d’ailleurs ? – mais je m’efforçai d’argumenter et d’expliquer qu’après tout, j’avais la faiblesse de me considérer comme un homme libre de mes actes et de mes pensées et que, nonobstant, je continuerais à l’admirer, lui, compositeur et musicien à nul autre pareil. Même si ce coup de téléphone eut pour conséquence (durable) de me brouiller l’écoute et de me faire comprendre qu’il n’est pas forcément bon d’approcher ses idoles et encore moins d’en avoir.

  • Velours

    coltrane_hartman.jpgIl était question hier de tendresse, je vais en ce jour vous proposer du velours. Celui de la collaboration éphémère de Johnny Hartman (un chanteur sommairement classé dans la catégorie des "crooners") et du quartet de John Coltrane, qu'on ne présentera même pas tant le saxophoniste apparaît jour après jour comme l'un des grands musiciens du vingtième siècle et tant cette formation marqua l'histoire du jazz entre 1961 et la fin de l'année 1965. Disque indémodable, musique pacifiée célébrant la beauté dans ce qu'elle a de plus intemporel. D'autres que moi évoqueraient l'idée d'un album pour l'île déserte (mais je n'ai pas vraiment la tentation d'une île) tant on l'imagine aisément trôner au centre d'une discothèque idéale. Enregistré les 3 et 6 mars 1963, John Coltrane & Johnny Hartman est un petit chef d'oeuvre. Je vous laisse en leur (très bonne) compagnie pour écouter leur version de "Lush Life".

    John Coltrane : saxophone ténor, Johnny Hartman : chant, McCoy Tyner : piano, Jimmy Garrison : contrebasse, Elvin Jones : batterie.

    On peut se procurer ce disque ICI par exemple.

  • Tendresse

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    La tendresse (1912) – Joseph Bernard – Musée des Beaux Arts de Lyon

    Si j’en crois mon calendrier, aujourd’hui est le jour de la Saint Valentin, plus communément appelé fête des amoureux. Très bien : ici comme ailleurs, on devine les restaurateurs tout affairés à disposer tables et fauteuils afin de remplir au mieux leurs salles du plus grand nombre possible de couples (si par malheur, vous avez décidé de tenter l’aventure du restaurant en famille, soyez patients, il vaudra mieux attendre demain…) ; les cartes bancaires (enfin, pas toutes…) vont chauffer et ces messieurs vont déclarer leur flamme à leurs compagnes parce qu’eux aussi ont un agenda. Dois-je confier que je ne suis pas très sensible à toute cette foire aux sentiments à date fixe et qu’il me paraît plus chevaleresque de garder un œil quotidien et attentif sur le baromètre des effusions conjugales, plutôt que de partir en chasse d’un cadeau à date fixe ?

     

  • Précoce

    Aujourd’hui, première journée d’une escapade parisienne qui commencera ce soir en fêtant les 40 ans de Magma au Casino de Paris. Je vous raconterai… Mais en attendant mon compte-rendu, je ne peux m’empêcher de vous glisser ici une petite confidence : ma future petite-fille, qui ne saurait tarder à venir au monde, est déjà sensible à la musique de Christian Vander. Ce n’est pas moi qui le dis, mais sa maman, bien obligée de constater une inhabituelle danse de mademoiselle sa fille dès le retentissement des premières notes de K.A, que je faisais découvrir au futur papa. Bon sang ne saurait mentir.

  • Racleffe

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    Rendons à César ce qui appartient à César. Voilà une recette sui generis dont l’idée m’a été soufflée par Mad Jazz Boy. Le principe en est des plus simples : procurez-vous tous les ingrédients nécessaires à la confection d’une bonne raclette ; ajoutez un breuvage à base de houblon dont la marque n’est pas prédéterminée même si l’une d’entre elles donne tout son sens au titre de cette note. Voilà, c’est tout, régalez-vous et n’oubliez pas les consignes de modération, car manger du fromage peut provoquer des maladies graves. Toutes les informations utiles sont consultables sur www.boufferpicoler.fr.

  • Coma

    Je me demande si j’ai raison de voyager en train… Souvenez-vous : à la fin de l’année dernière, ma voisine de compartiment s’était mise brutalement à éclater en sanglots. Je vous avais épargné le spectacle offert par une autre voisine, âgée de deux ou trois ans, qui s’était appliquée à vomir l’intégralité de son repas sous les yeux de sa maman, vite transformée en nettoyeuse d’urgence, non sans avoir reçu mon aide au moment où il fallut tenir avec habileté le sac en plastique chargé de recueillir le précieux et odorant rejet stomacal. Un régal pour les yeux et les narines…
    Retour dans mon wagon qui cette fois m’emmène à Lyon. J’observe tranquillement cette micro-société en mouvement : ordinateurs portables affichant un jeu de cartes ou un film piraté ; hommes et femmes prenant appui sur les dossiers des sièges pour se rendre aux toilettes où une nouvelle épreuve d’équilibre les attend. Toutes les générations sont là, espérant peut-être lever le voile sur le mystère de l’une des communes les plus énigmatiques de France : Culmont-Chalindrey. Juste derrière moi, un voyageur est étrangement calme, si calme qu’il n’a même pas ouvert la moitié d’un œil lorsque nous sommes montés dans le train. Le contrôleur lui-même n’est pas parvenu à le réveiller, malgré une série d’appels et de secousses énergiques. On se met alors en quête d’un médecin qui parvient, tout au plus, à lui extirper un vague grognement après lui avoir flanqué une bonne paire de baffes. Le diagnostic ne tarde pas : coma éthylique ! Le SAMU débarque en gare de Neufchâteau et finit par descendre le buveur sur une civière, le dirigeant couché vers un avenir hospitalier et incertain. Fort heureusement pour nous tous, l’individu imbibé avait eu la bonne idée de garder pour lui les litres d’alcool qu’il cuvait… Boire ou voyager, il faut choisir.

  • Raisins

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    Le Musée des Beaux-Arts de la ville de Lyon abrite quelques trésors... Tenez, allez faire un petit tour au deuxième étage et régalez-vous des peintures qui couvrent la période allant du quinzième au vingtième siècle. Plein les yeux... Et tout à la fin de votre visite, dans l'ensemble composé par les toiles du legs Jacqueline Delubac (oui, oui, l'actrice, qui avait fort bon goût ma foi), vous ne pourrez rester insensible à cet "Atelier aux raisins", peint en 1942 par Raoul Dufy. Une petite merveille d'équilibre, où l'inventivité du peintre le dispute à la finesse du trait. Vous n'en voyez ici qu'une partie qui devrait vous donner envie de la contempler. Manque justement, en bas, cette coupelle pleine de raisins qui explique le titre de l'oeuvre. A vous de la découvrir en vous rendant sur place !

  • Réveil

    Comme beaucoup de ses confrères et consoeurs, ce présentateur d’un journal télévisé du soir semblait s’ennuyer très fermement en lisant machinalement son prompteur. Crimes, guerres, crise, faits divers sanglants, rien que l’ordinaire des dépêches en provenance de quelques agences de presse, un fatras éditorial à peine réécrit par sa rédaction en chef et en tous points conformes à celui de ses concurrents. Quand vint le moment d’un entretien avec l’écrivain Dominique Fernandez, venu présenter son nouveau bouquin (consacré à son étrange père)… Et là, miracle de la culture ? révélation au public d’une passion ? Notre journaliste s’enflamma, posant de bonnes questions, laissant à son interlocuteur le temps de lui répondre (une habitude peu courante) et nous donnant envie, de l’autre côté de l’écran, de découvrir ce livre. Il avait lu le bouquin à n’en point douter et semblait enfin être lui-même, comme réveillé par la joie de partager une lecture avec nous.