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  • Céleste

    evening_star.jpgEn ces jours troublés et angoissants, pourquoi ne pas prendre le temps de s’arrêter quelques minutes. Et s’émerveiller d’une collaboration qui remonte au début des années 70, lorsque Robert Fripp, âme du grand King Crimson, alliait son génie à celui d’un drôle de sorcier en provenance de Roxy Music, Brian Eno. Dans No Pussyfooting, le premier mêlait ses frippertronics aux effets multiples créés par le second. Deux ans plus tard, en 1975, Evening Star brillait de tous ses feux. Le titre éponyme est une petite merveille que je vous laisse découvrir.

  • Contrastes

    J’ai passé en début de semaine une petite demi-heure, confortablement installé dans un large fauteuil de cuir au beau milieu du hall de l’hôtel Méridien, du côté de la place de l’Etoile. Observation. Il y a beaucoup d’hommes qui ont l’air très riches, souvent laids, bedonnants, assez âgés et accompagnés de femmes beaucoup plus jeunes qui tiennent à montrer qu’elles s’exhibent aux côtés d’un monsieur avec un gros portefeuille. Parfois, les visages de ces dames n’expriment rien, on dirait que la peau de leur visage est comme trop tendue. Ces hommes et ces femmes sont plutôt blancs, même si l’on croise aussi des familles originaires du Moyen-Orient, nombreuses en femmes et enfants. Quelques chinois également. Au beau milieu de ces grappes humaines qui vont et viennent, avec ou sans ordinateur portable à la main, des hommes d’entretien passent de façon continue un énigmatique balai, dès qu’un client a marché sur un sol qui doit rester immaculé et brillant. Ils sont tous noirs et silencieux. Du côté du bar, serveurs et serveuses se faufilent prestement entre les tables pour servir des consommations hors de prix à des clients qui ne les regardent même pas. Peu de temps avant un concert au jazz club, un chef de rang m’explique comment je dois prendre des photos et ne pas prendre le risque d’attraper dans mon viseur une personne qui ne le souhaiterait pas.

  • Flamboyant

    ciel_feu.jpg
    Je vous laissais admirer il y a moins d’un mois la beauté des couleurs éphémères qui font qu’un soleil levant est à nul autre pareil. Aujourd’hui, mon paysage matinal met en scène des nuances plus chaudes : le ciel s’est paré de rose et là bas, à l’est, il semble même prendre feu, au risque d’embraser les branches encore nues des arbres. La cathédrale Notre Dame de Bonne Nouvelle, loin d’être indifférente à ce spectacle, est ici un contrepoint contemplatif.
  • Push

    Je me rappelle le bon vieux temps où j'avais la chance d'animer un programme de musique sur une radio dite libre. A cette époque, il fallait apprendre (je n'y suis jamais parvenu et je m'en honore) à "causer radio" pour se couler dans le moule des codes en vigueur qui étaient supposés attirer l'auditeur vers notre fréquence comme de pauvres fourmis dans un pot de confiture. Une manière très particulière de s'exprimer en inventant des syllabes inexistantes (le parQUEU des expositions, le matCHEU de football, ...) ou en prononçant mal volontairement certains mots (tous les mots en ISME devaient être prononcés en IZME). Ce parler faux des animateurs radio de la bande FM décaféinée m'est revenu en mémoire alors que je m'écarquillais les tympans en écoutant le jargon si particulier de mes amis informaticiens, dont je me suis régalé tout récemment pendant une réunion de travail. Par exemple, vous savez, vous, ce qu'est le push ? C'est très simple, "c'est un procédé par lequel on peut consulter des ressources sans aller les chercher, mais c'est aussi le nom d'une instruction par laquelle on installe un objet en haut d'une pile de données". La classe, non ? Et j'ai thinké à tout ça le soir en rentrant, pendant que je walkais dans la street avant de taker le train. Et qu'est-ce que je feelais good !

  • Instruments

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    Quelques minutes avant la belle tempête qui va souffler, plus de trois heures durant, sur le Jazz Club Lionel Hampton niché dans l’Hôtel Méridien à Paris, les instruments du Big Band de l’Air prennent un peu de repos et accumulent toute l’énergie dont les musiciens auront le plus grand besoin. Duke Ellington a dû sourire d’aise, tout là haut, en écoutant l’hommage vibrant et festif qui allait lui être rendu par quinze artistes de grand talent, sous la direction de Stan Laferrière.

  • Lugubre

    Un mercredi soir, vers 22 heures 30 dans le hall de la gare de Nancy. Presque désert. Le train attendu aura un quart d’heure de retard. Un type un peu bizarre, qui a vu que je téléphonais quelques secondes auparavant, vient brandir sous mes yeux un petit carton sur lequel sont écrits les chiffres 1, 1 et 5. Il ne parle pas français. Je lui demande s’il comprend l’anglais et commence à lui poser deux ou trois questions. Nous avons du mal à communiquer, mais je comprends néanmoins qu'il veut que j’appelle ce numéro d’urgence et j’ai toutes les peines du monde à lui expliquer que je dois connaître la raison de l’appel avant de téléphoner. Puis il s’en va, en m’expliquant par un geste que tout va bien. Juste avant qu’un jeune couple, un garçon et une fille de moins de vingt ans, vienne à ma rencontre. Il leur manque 80 centimes. Pour quoi faire, je l’ignore. Je cherche dans mon porte-monnaie et leur donne une pièce d’un euro. Ils filent vers la seule boutique ouverte et quand ils repassent devant moi, ils semblent ne pas me voir, je ne leur suis plus utile. Face au grand tableau qui affiche les trains au départ, un autre type parle tout seul et commente pour un public invisible ces informations. Deux agents de sécurité passent, chien en laisse et le cheveu ras. Un autre couple attend, assis tranquillement sur un banc, elle sur lui. Personne ne se parle plus. Le train arrive. Enfin…

  • Electronique

    J’ai commandé récemment aux Etats-Unis le dernier disque de Richard Pinhas, The Keio Line. En attendant de le recevoir, je repense à ce jour de l’automne 1974 où j’avais entendu dans l’émission de Pierre Lattès sur France Inter un drôle de disque. Ce mélange d’électricité et d’électronique avait tout de suite attiré mon attention et j’appris aussitôt qu’un groupe nommé Heldon avait publié sur un tout petit label (Disjuncta) un album appelé Electronic Guerilla. Commençait alors pour moi une belle histoire, celle d’une formation pas comme les autres menée d’une guitare électronique assez «frippienne» par Richard Pinhas, grand connaisseur de Gilles Deleuze et agitateur d’ondes sonores comme il en est peu finalement. Heldon a publié huit albums, Pinhas multipliant de son côté d'autres expériences tout aussi passionnantes et originales. Anecdote amusante : voici un peu plus de dix ans, un jeune nancéien me contactait parce qu’il avait appris par un ami commun que j’étais un passionné de Magma. Comme lui. Il avait à peine plus de 20 ans et connaissait également Art Zoyd et Heldon sur le bout de ses jeunes doigts et nous avons passé pas mal de temps à discuter de toutes ces musiques. Le temps a passé, lui aussi, et ce «gamin», Jérôme Schmidt, évolue aujourd’hui sur scène aux côtés de Richard Pinhas. Etonnant, non ?

  • Mélodie

    petrucciani.jpgFrancis Dreyfus a eu la bonne idée de publier tout récemment un coffret rassemblant l’intégrale des enregistrements que Michel Petrucciani avait publiés sur son label (dix CD auxquels il faut ajouter deux DVD dont l’un propose Lettre à Michel, le très beau documentaire réalisé en 1983 par Franck Cassenti). Une très courte période en réalité, à peine plus de cinq ans, durant laquelle le pianiste avait multiplié les rencontres et offert la démonstration de son hyper-mélodicité. Ses partenaires étaient tous prestigieux : son père / professeur Tony, Eddy Louiss, Stéphane Grappelli, Dave Holland, Tony Williams, Kenny Garrett… arrêtons-là cette liste enchantée. Cet immense petit bonhomme qui nous a quittés voici dix ans à l’âge de 36 ans et n’en finit pas de nous manquer. Dans cette caverne d’Ali Baba musicale que représente le coffret, il est difficile d’opérer un choix. J’ai opté pour le sublime «Petite Louise», un magnifique duo enregistré avec Stefano Di Battista en 1997, sur l’album Both Worlds. Limpide et lumineux.