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Malgré la foule qui s’est agglutinée durant tout le week-end pour la trentième édition du Livre sur la Place sous le long chapiteau dressé Place de la Carrière à Nancy, j’ai pu extraire de mon sac le bouquin de Benoît Duteurtre, «Les Pieds dans l’Eau», acheté la semaine dernière, et lui quémander une petite dédicace. Quelques phrases échangées, trois ou quatre lignes sur la page de garde… où l’on voit que Maître Chronique est démasqué par un spécialiste de la nostalgie !
En 1971, le Jefferson Airplane de Paul Kantner et Grace Slick commençait à battre, tout doucement, de l’aile, quelque part du côté de San Francisco, après cinq années d’une activité intense. Ennuyeux pour un avion… Mais en publiant l’album «Bark», disque hétéroclite et plutôt mal ficelé, le groupe laissait une place importante à un «groupe dans le groupe», celui qu’avaient formé en son sein Jorma Kaukonen (guitare) et Jack Casady (basse). Hot Tuna était en train, lui, de prendre son envol, peu de temps avant que sa formation mère ne s’écrase au sol avant de redécoller, mais pour peu de temps, sous le nom de Jefferson Starship. En trois compositions sur l’album, Hot Tuna fait la démonstration éclatante de sa belle santé à venir : «Feel So Good», chargé en électricité, «Wild Turkey» qui annonce l’album «Burgers» et «Third Week In The Chelsea», limpide et cristallin. Le temps donnera raison à ces deux dissidents qui aligneront de splendides albums et qui, aujourd’hui encore, débordent d’activité.
J’ai vu la semaine dernière une émission fort intéressante – oui, c’est possible… – à la télévision : «Des racines et des ailes» proposait un effet une série de trois reportages consacrés à des villes ayant joué un rôle majeur au cours du moyen âge. Parmi celles-ci, la belle cité toscane de Sienne que j’ai eu la chance de découvrir au printemps 2005. Me sont revenus instantanément des souvenirs un peu magiques : la beauté de la campagne environnante, la forte empreinte des traditions, la Piazza del Campo, ses touristes allongés et son café très serré au goût mais pas au porte-monnaie, le Duomo et ses marbres blancs et noirs, Florence, sa foule, ses couleurs, l'élégance des habitants. C’est l’Italie qu’on aime et qui fait oublier, durant quelques instants, l'autre…
Je ne sais pas si c’est fait exprès, pour que les voyageurs s’amusent à un petit jeu des erreurs sur le quai de la Gare de Metz. L’artiste peintre a peut-être voulu respecter un alignement parfait des deux «E» finaux, préférant sacrifier une lettre… allez savoir ! On s'amuse bien en Lorraine...
Bon moment de lecture avec «Les pieds dans l’eau», un bouquin signé Benoît Duteurtre et publié aux éditions Gallimard. Ce roman appartient à la catégorie de ces livres qui vous donnent envie de vous caler confortablement dans un fauteuil toutes affaires cessantes, de tirer les rideaux du salon sur un automne bien trop précoce, pour une immersion la plus longue possible. Je n’en suis qu’au premier quart, mais cette chronique douce-amère de l’histoire d’une famille au cours des années soixante paraît bien réjouissante : des descendants catholiques de René Coty voient la société évoluer et l’auteur nous dresse un portrait subtil de la ville d’Etretat où la nostalgie affleure. J’espère pouvoir en parler rapidement ce week-end avec lui lors de la prochaine édition du Livre sur la Place.
Quarante ans et dix-neuf albums plus tard, Gérard Manset se rappelle à notre bon souvenir avec «Manitoba ne répond plus», qui sort cette semaine. Indémodable, égal à lui-même en ce sens que chaque disque semble la continuité parfaite du précédent, Manset continue de fasciner et sait qu’il pourra compter sur ses fidèles. Malgré les rumeurs qui avaient couru voici deux ans, on n’annonce aucun projet de scène pour celui qui est toujours resté un musicien de studio. Son roman autobiographique, «Les petites bottes vertes» dressait le portrait d’un personnage pas forcément sympathique, mais on s’en moque : Manset reste unique et inimitable, les dernières tentatives de certains chanteurs de s’approprier son répertoire en sont la preuve.
Décidément… Il va falloir que je m’habitue à apprendre que mes idoles de jeunesse quittent la scène, chacune à leur tour, inexorablement. Rick Wright, l’homme des claviers de Pink Floyd, vient d’avoir la très mauvaise idée de mourir d’un cancer à l’âge de 65 ans. Me reviennent aussitôt en mémoire ces heures passées avec mes copains de classe, debout et serrés comme des harengs, au Parc des Expositions de Nancy, à attendre puis écouter le groupe qui présentait son futur album, «The Dark Side of the Moon». C’était en décembre 1972, je n’avais pas quinze ans et il avait fallu batailler ferme auprès de mes parents pour qu’ils acceptent une sortie nocturne en pleine semaine, à 100 kilomètres de la maison (organisée toutefois avec mon lycée de l’époque). Salut l’artiste ! Pas sympa de nous laisser tomber si tôt et si la nouvelle n'était pas si triste, je te rappellerais bien ce mot de Pierre Dac qui disait que "mourir, c'est faire preuve d'un manque de savoir-vivre"...
Il y a des jours où l’on aimerait pouvoir se raconter le feuilleton de la vie en prenant quelques libertés… Par exemple, on dirait qu’Esbjörn Svensson ne s’est pas tué stupidement il y a trois mois dans un accident de plongée. Tiens, on se dirait aussi qu’il a arrêté sa carrière de musicien pour se retirer du monde, parce qu’il avait envie de vivre une expérience spirituelle. Alors on écouterait Leucocyte, le dernier opus de son trio, sans le moindre pincement au cœur, sans imaginer tout ce qu’il aurait encore à nous dire, lui qui avait su inventer un univers où les catégories n’avaient plus d’importance.
Nous sommes dimanche, jour de la musique pour ce blog. Alors, pourquoi pas un peu de lecture supplémentaire avec cette note publiée sur mon autre espace ? Je vous y attends pour des "Histoires de disques, disques d'histoires".
Rien de plus facile que de passer à côté de «Rue Francoeur», le nouveau disque signé du pianiste chanteur compositeur Pierre-Michel Sivadier. Il suffit pour cela de ne lui prêter qu’une oreille distraite. Oui, prêter… Faites-lui donc plutôt ce beau et simple cadeau consistant à lui offrir votre écoute : viendra alors vers vous, sans rien attendre en retour, élégante, pudique et hors du temps, la belle musique de ses mots et de ses notes. A mille lieues des fabrications formatées de notre époque mercantile, magnifiées par le violoncelle de Valentine Duteil et la voix de Stella Vander, les chansons poétiques et éternelles de Pierre-Michel Sivadier s’insinuent en vous et vous habitent. Et l’on profitera de ce la sortie de ce beau disque pour (re)découvrir le premier opus de cet artiste, «D’amour Fou d’Amour». C’était il y a 13 ans. Déjà…
Jamais en manque d’une bonne idée, ma Fraise de fille et néanmoins future maman m’a fait parvenir cette étrange illustration. « Qu’est-ce donc ? », vous entends-je déjà me susurrer. Allez comprendre les mystères de la technologie contemporaine : on trouve sur Internet un site – wordle.net – qui transforme tout écrit en un patchwork de mots disposés sur une sorte de tableau virtuel, la taille de chacun d’entre eux étant proportionnelle à sa fréquence d’apparition dans le texte concerné. Vous pouvez de votre côté intervenir sur quelques paramètres : combinaison de couleurs, choix de la police de caractères, inclusion ou non des mots courants comme les articles… Ce que vous voyez ici est la représentation d’une de mes récentes élucubrations appelée « Touche pas à ma gonarthrose ». Plus joli que l’original, certes, mais guère plus facile à lire.
J’entends les journalistes nous expliquer le fonctionnement et les objectifs du LHC, cet accélérateur de particules implanté quelque part du côté de la frontière franco-suisse. Un grand anneau souterrain d’environ 27 kilomètres de circonférence dans lequel s’agitent à une vitesse incroyable, celle de la lumière je crois, des tas de trucs bizarres appelés protons. Si j’ai bien compris, il s’agit d’essayer de décortiquer les mécanismes du Big Bang et de la formation d’un trou noir. Il en est même qui redoutent certaines conséquences de la mise en branle de cette énorme machinerie. Un spécialiste nous dit que 96 % de notre univers est composé de matière noire, dont la première caractéristique est qu’on ne la voit pas. Ensuite… rien ! Le voilà qui commence ses explications et c’est là que je réalise à quel point mon cerveau doit effectivement être composée de matière noire ! Parce qu’à ce stade, je ne pige plus rien, la confrérie des scientifiques se met à me parler dans un langage ésotérique et me voilà, presque 40 ans en arrière, assis dans une salle de classe où un professeur de physique – blouse blanche et bave aux lèvres – aligne sur le tableau des formules exotiques dont le sens m’échappe. J’attends la sonnerie…
J’ai consacré tout récemment une soirée à l’écriture d’une chronique pour le magazine Citizen Jazz, niché dans mon petit repaire au deuxième étage de la Maison Rose : un bureau sur lequel est posé mon ordinateur, celui-ci diffusant la musique du disque sur lequel je planche. Je cherche les mots, je tourne et retourne les phrases, j’essaie de retranscrire au mieux les émotions que je souhaite partager. Parfois même, je suis content de ce que j'ai réussi à produire. Et subitement, je me rappelle que lorsque j’étais gamin, je visualisais le travail que j’exercerais plus tard sous la forme d’une image finalement pas si éloignée : j’étais assis à un bureau, j’écrivais (mais à cette époque, pas de clavier ni de petit ordinateur blanc) et devant moi, une fenêtre ouvrait sur un paysage verdoyant.
Puisque j’évoquais hier le film «Be Happy», j’y reviens aujourd’hui volontiers. Voilà une magnifique surprise en effet : l’histoire de Poppy (interprétée avec jubilation par Sally Hawkins), jeune femme bouillonnante qui met un point d’honneur à tenter de répandre le bien et une certaine idée du bonheur tout autour d’elle. En contrepoint se dessine une image de l’Angleterre aux prises avec ses difficultés : racisme, intégration, précarité, frustrations. On sort de ces deux heures en ayant fait le plein d’énergie, et l’on est soulagé de ne pas avoir à subir d’incroyables leçons de conduite sous la férule d’un moniteur d’auto-école un tantinet névrosé (formidable Eddie Marsan)… et amoureux, pas plus qu’on ne souhaite prendre la place du beau-frère de l’héroïne. Un mystère demeure toutefois : pourquoi ce film qui s’appelait «Happy Go Lucky» en Angleterre devient-il «Be Happy» une fois arrivé en France ? De toutes façons, il est à voir en version originale, tout doublage serait pour lui un vrai massacre.
Un sujet de dissertation qui vous tombe comme ça, sur le coin du bec, alors que, d’un bon pas, vous approchez du cinéma où vous allez passer un excellent moment avec le nouveau film de Mike Leigh, «Be Happy». Un couple d’amis nous rattrape, tous deux ont la même destination que nous. Et lui, sans prévenir : «Ce n’est pas parce que vous êtes devant nous que vous serez premiers». Allez hop : introduction, thèse, antithèse, synthèse. Deux copies maximum, à rendre pour samedi.
Cette jeune nancéienne, peinte par Emile Friant en 1887, vous attend aux Musée des Beaux Arts de Nancy. Son regard, d’une précision photographique, est particulièrement fascinant. Les «locaux» reconnaîtront sans peine le bas de l’Avenue de la Libération et, à l’arrière-plan, perché au sommet de la colline dite du Haut-de-Chèvre, l’ancien couvent de la Visitation . Une visite s’impose d’autant plus que ce Musée, situé sur la Place Stanislas – lieu magique – vous réservera quelques autres magnifiques surprises signées Matisse, Picasso, Maillol, Manet, Monet, Dufy, Bonnard, Vuillard, Derain, Rubens, Utrillo, Poussin… pour n’en citer quelques uns.
Avec «Infernal Machina», disque hommage à la musique de Magma – car c’est bien de cela qu’il s’agit, ne nous y trompons pas – Jannick Top apporte une réponse cinglante à ceux qui, depuis sa participation à l’aventure du groupe entre 1973 et 1976, commençaient à douter de sa capacité à redevenir lui-même. Disque d’abord sombre (les ombres de «De Futura» et «Zombies» planent) puis lumineux dès que la machine entame sa course effrénée sur la planète Kobaïa, cet opus pour l’instant introuvable en France (…) vous prend à la gorge et vous coupe le souffle. Et jamais, peut-être, la paire Jannick Top – Christian Vander n’a été aussi impressionnante. Ces deux-là se devinent, se respirent, réinventent à chaque seconde la gémellité musicale. Les mouvements VII à XI de cette suite (qui en compte douze) sont à cet égard souverains : basse et batterie, conduites par un piano très bartokien, revisitent les grands thèmes de Magma avec une force inégalée.
La Lorraine est belle, aussi ! Quelque part du côté de la Colline de Sion, le village de Vaudémont, ses paysages et sa lumière un peu magiques. Découverte hautement recommandée...
Puiser abondamment dans tout ce que le monde de la musique rock a inventé durant la décennie commençant au milieu des années 60 n’est pas forcément de ma part la marque d’une propension à la nostalgie, contrairement à ce que certains essaient d’insinuer perfidement. Même si, avouons-le, une certaine insouciance de l’enfance et du début de l’adolescence à cette époque laisse quelques indélébiles regrets… Il n’empêche qu’on aura rarement connu une telle vague d’invention et de créativité qu’entre 1965 et 1975 et que c’est la moindre des choses que de savoir ce que l’on doit à tous ces artistes qui exploraient tant de nouvelles pistes, sans être soumis à la pression de ce qu’un technocrate contemporain appelait l’autre soir sur France Inter la «profitabilité». Et si je me tiens à l’écoute de ce qui émerge aujourd’hui (notre époque est féconde mais masquée, il faut désormais lutter pour découvrir et faire connaître), je ne vais pas pour autant, mû par un jeunisme déplacé, céder aux sirènes du rap (qui m’ennuie profondément depuis toujours) ni de ce chewing-gum sonore qu’on nomme r’n’b (tellement creux et dévitaminé en comparaison de ce que furent la soul music et le rhythm’n’blues, ah ! les années Motown…) ou bien encore de la prétendue nouvelle génération de la chanson française (dont le conformisme dominant est souvent désespérant).
C’est idiot. J’ai la fâcheuse manie de comptabiliser des choses qui ne mériteraient pas de l’être… Par exemple le nombre d’heures de musique que je peux stocker sur mon iPod : partant du fait qu’une conversion dans un format satisfaisant pour mes oreilles produit environ 80 méga-octets de données pour une heure de musique et considérant la capacité de stockage de la machine (160 giga-octets, soit 160 fois 1024 méga-octets), j’en déduis qu’une fois pleine, la bête pourrait me permettre d’écouter 2048 heures de musique en continu, soit plus de 85 jours, soit pour faire simple environ 3 mois. Pire encore, ma paranoïa naturelle me conduit à sauvegarder par prudence toutes ces données sur un disque externe dont la capacité est, elle, de 1 tera-octet, soit 1024 giga-octets, soit encore un potentiel d’écoute permanente avoisinant 1 an et demi. Par conséquent, si je décide aujourd’hui de me consacrer à 100 % à l’écoute de cette musique sauvegardée et si je fixe mon espérance de vie à 75 ans, j’aurai tout juste le temps de parcourir 17 fois ce vaste espace sonore. Je m’y mets tout de suite…