Nature
Allez, je vais vous confier un petit secret : parce qu'à force de railler le climat grisâtre qui règne sur la Lorraine la plupart du temps, je finis par me dire que vous pourriez penser qu'il s'agit d'une région inhospitalière et dépourvue de tout attrait touristique. Il n'en est rien. Prenez un paysage de campagne classique, avec ses champs, ses ondulations légères, ses ruminants. Avec un peu d'attention, vous débusquerez une biche ou... un lama. Au loin, vous entendez la cloche d'une église. Sur vos têtes, d'invisibles oiseaux entament un récital joyeux. Faites totale abstraction de ce cancer agricole que sont les champs de colza : incongruité écologique, repoussoir visuel et olfactif et dont les métastases se sont propagées bien au-delà de nos frontières. Oubliez pour un temps les gros nuages qui vous menacent d'une averse, refusez de voir l'éclair qui a zébré le ciel de plomb, annonciateur d'un orage statistiquement inévitable. Et voyez l'essentiel : un vert incomparable (celui qui a inspiré bien des peintres régionaux et qu'on retrouve en bonne place au palmarès des inspirations de l'Ecole de Nancy), tirant parfois sur un bleu profond. Dans les sous-bois, exercez votre œil à repérer ces petites asperges vertes tant appréciées des restaurateurs. Respirez (pas trop profondément toutefois, toujours cette saloperie de colza) et prenez le temps de vivre hors du temps. Voilà, tout près d'ici, calme et apaisé, vous venez de prendre une journée de vacances. Pas besoin de Club Machin, pas de G.O., aucune spéculation possible, pas d'affairiste à l'affût de votre or vert. Ici, c'est du vrai, du lourd comme dirait l'autre.