Écrivain
Les hasards d'Internet m'ont amené à engager une petite correspondance écrite avec une universitaire italienne qui a choisi Michel Tournier comme sujet de thèse, et plus précisément la comparaison de deux de ses livres : « Vendredi ou les limbes du Pacifique » et « Vendredi ou la vie sauvage », le second étant souvent présenté un peu hâtivement comme la version du premier réécrit pour les enfants. Tournier dit lui-même qu'il n'écrit pas pour les enfants, mais il considère qu'un livre réussi doit pouvoir être lu, aussi, par les plus jeunes. A travers cet échange épistolaire, je me suis rappelé un texte que j'avais écrit au mois d'octobre 2006 (Tu me fais Tournier la tête) et, aussitôt, j'ai ressenti une drôle de nostalgie. Parce qu'ayant lu toute l'œuvre de Michel Tournier depuis une trentaine d'années, parce qu'ayant relu goulûment plusieurs de ses plus beaux romans et essais, je m'aperçois que le temps passe très vite et que l'homme, aujourd'hui âgé de 84 ans, n'aura peut-être plus l'énergie nécessaire à la création de livres aussi intenses que « Les Météores », « Le Roi des Aulnes », « Le Vent Paraclet », « Le Vol du Vampire » ou « Célébrations ». Ses derniers livres, « Le Bonheur en Allemagne ? » et « Mes Vertes Lectures » sont pleins de charme, certes, mais pas aussi habités et envoûtants que quelques uns de leurs illustres prédécesseurs. L'homme est vivant - et je souhaite qu'il le soit encore durant de très très longues années - mais l'écrivain semble désormais s'être comme mis en sommeil. Ses livres restent et resteront, l'été qui vient sera pour moi celui d'une nouvelle relecture. Faute de mieux !
Commentaires
J'aime ce que dit Rousseau:
..."J'ai entrepris de tenir un registre fidèle de mes promenades solitaires et des rêveries qui les remplissent...J'ai bientôt senti que j'avais trop tardé d' éxécuter ce projet.Mon imagination déjà moins vive ne s'enflamme plus comme autrefois à la contemplation de l'objet qui l'anime, je m'enivre moins du délire de la rêverie; il y a plus de réminiscence que de création dans ce qu'elle produit désormais, un tiède alanguissement énerve toutes mes facultés, l'esprit de vie s'éteint en moi par degrés..."
"Les rêveries du promeneur solitaire " (Garnier, p.13)
@ Françoise : 1000 mercis pour cette citation.
Je profite de ton passage pour faire un peu de pub pour ton blog (qui est en lien dans ma rubrique AMIS) et tout particulièrement pour un texte que j'apprécie énormément :
http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2009/02/les-reveries-dune-ecoliere-divagatrice.html
Merci à toi pour ce retour, et de m'inscrire dans tes amis et de me faire un peu de pub. J'apprécie d'autant plus ta réponse qu'elle survient à point nommé: quoiqu 'en écrire les textes me procure un réel plaisir,je commençais à me sentir bien solitaire sur mon blog et bien désireuse parfois d'être lue. J'allais me décourager...
A bientôt...
@ Françoise : l'exercice du blog est toujours un peu solitaire et si l'on est toujours heureux de recevoir des commentaires ou de constater que les lecteurs sont là, l'essentiel est d'écrire parce qu'on a... envie de le faire ! Pour ce qui me concerne, c'est aussi un besoin, un exercice de gymnastique du cerveau qui me convient bien. Parfois, je n'ai pas grand chose à dire, alors je brode ou je dis des bêtises. Il y a la musique qui occupe tellement de place aussi. Et puis la vie, ces petites choses que l'on capte et qu'au fil de la pratique de l'écriture, on repère plus facilement pour les partager.
Côté conseils pratiques, que dire ? Essayer d'être assez régulier dans sa "production" (le vilain mot), ne pas hésiter à ne publier qu'un texte court si les choses doivent être ainsi, prendre aussi le temps de soigner un peu l'apparence du blog, faire un tour ici et là sur d'autres blogs, laisser des commentaires.
Et pas de découragement, s'il te plaît, tu as beaucoup de choses à dire !
Oui, j'ai bien conscience que l'exercice du blog est solitaire et en un sens s'en satisfait, j'avais même écrit dimanche 25 avril sur cet "égocentrisme"!!!Mais je n'assume pas toujours .
Merci de ton retour attentif et de me faire un peu partager tes secrets de "production". Il est vrai que les "choses de la vie" sont passionnantes et que l'on comprend évidemment que la musique tient une grande place dans ton existence. En fait elle fait partie aussi de ce que j'appellerai mon"ordinaire", même si celle que tu écoutes , analyses et apprécies en musicien me semble-t-il, est parfois un peu difficile d'accès pour moi (j'écoute souvent les extraits que tu proposes), en fait je suis une grande écouteuse grappilleuse ...
A plus...
Je reviens à Michel Tournier: j'aime ses textes pour son écriture travaillée et ses "transcriptions" symboliques , personnelles, et poétiques de mythes ou de personnages puisés sans vergogne au patrimoine culturel que nous aimons. C'est pour moi un bel exemple de la transposition culturelle . Il n'en "finit pas avec les chefs d'oeuvre !!!" il se les approprie et nous les restitue...
Et je dois avouer aimer particulièrement ses livres censés "lisibles "par les enfants: le Vendredi que je préfère "à la vie sauvage" que "dans les limbes du Pacifique", pour sa poésie plus sensuelle des gestes quotidiens. Et plus encore le merveilleux Pierrot ou les secrets de la nuit, plein de tendresse , de poésie , qui nous questionne avec légèreté sur l'ambiguité de l'amour, du bonheur, de l'écriture. Souvent les enfants en le lisant en pleuraient et riaient d'émotion, et nous donc!!!!