Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musiques buissonnières - Page 22

  • Henri Texier Nord Sud Quintet - Canto Negro

    canto_negro.pngIl en va de la musique d’Henri Texier comme d’un livre de chevet qu’on aurait toujours à portée de main. Une sorte de compagnon de vie. On peut bien s’adonner à d’autres lectures, certaines plus complexes, d’autres plus futiles, on a beau multiplier les expériences... on en revient toujours à l’exploration de ces pages renfermant tant de belles histoires, celles qui nous content l’aventure humaine.

    Lire la suite de cette chronique sur Citizen Jazz

  • Scènes

    Allez savoir pourquoi, alors que je patientais tranquillement tout près d'une scène - celle du Quai Son à Nancy - où quelques musiciens* s'apprêtaient à rendre hommage à Léo Ferré, mon oeil a été aimanté par la vision de ces guitares qui semblaient elles aussi attendre qu'on veuille bien les prendre en main et faire chanter leurs cordes.

    quai son, ima, leo ferre, jean-marie viguier

    Un peu plus loin, un pupitre avait recueilli une partition, dont le contenu reste chez moi chargé d'un vrai mystère. Car si je comprends assez bien le principe d'une portée et des notes qu'on y écrit, si je perçois fugitivement l'idée des gammes et de leurs modes, leur transformation en échappées sonores relève encore dans mon esprit de l'alchimie. Certains affirment changer le plomb en or, mais j'ai vu de mes propres oreilles (ne cherchez pas l'erreur, c'est fait exprès) des magiciens convertir de l'encre et du papier en flammèches dorées dont le feu d'artifice s'appelle musique...

    quai son, ima, leo ferre, jean-marie viguier

    Alors simple spectateur, un peu photographe, j'ai abusé de ma position assise en savourant des instants tranquilles. Cette chaise n'est pas la mienne, juste celle d'un musicien, parfois assis, parfois debout... Mais elle aussi semblait baignée d'une lumière apaisante aux reflets dorés.

    quai son,ima,leo ferre,jean-marie viguier

    Allez savoir pourquoi...

    * Jean-Marie Viguier (guitare, chant), Rémy Chaudagne (contrebasse), Jerry Lipkins (claviers, chant), André Cuttitta (accordéon), Nadine Ledru & Fabrice Ach (chant), Fred Vinquent (batterie).

  • Soft Machine - NDR Jazz Workshop - Hamburg, Germany, May 17, 1973

    soft machine, citizen jazzSoft Machine fait partie de ces groupes historiques dont les archives sonores sont nombreuses et régulièrement enrichies, pour la plus grande joie de ses inconditionnels. Les mollomécaniciens de tout poil peuvent se réjouir : on a exhumé voici quelques mois un nouveau témoignage de sa belle créativité, capté à Hambourg au printemps 1973, preuve supplémentaire du bouillonnement qui caractérisait ses prestations scéniques.

    Lire la suite de cet article sur Citizen Jazz

  • Chauffe Marcel !

    a la recherche du temps perdu, marcel proust, nina companeezTéléspectateur très intermittent et volontiers boycotteur de la plupart des chaînes ou programmes destinés à investir les cerveaux disponibles, j'ai pris le temps, néanmoins, de regarder la semaine dernière le long téléfilm en deux parties réalisé par Nina Companeez, qui avait choisi de s'attaquer à cet Himalaya de la littérature qu'est A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. En proustophile récurrent, je ne pouvais manquer de m'intéresser à cette courageuse tentative, partant toutefois de l'idée que l'obstacle de la transposition en images d'une telle somme était absolument insurmontable.

    Dès la fin des deux premières heures, ma conviction était faite, malgré l'indéniable effort entrepris pour reconstituer un écrin au plus près de l'ambiance dans laquelle baignent les sept grands chapitres d'une œuvre publiée sur près de quinze années et dont les trois derniers ont été portés à la connaissance des lecteurs après la mort de l'écrivain.

    Oui, les décors et les costumes sont soignés ; oui, les acteurs sont un reflet assez fidèle des personnages qui parcourent La Recherche tout au long de ses milliers de pages. La plupart sont très bons, voire excellents – Didier Sandre campe un Baron de Charlus particulièrement saisissant - ; oui, l'histoire est racontée non sans une vraie rigueur, malgré la quasi éradication du premier volet : Du côté de chez Swann, qui n'est ici évoqué qu'au moyen de quelques flash-back vers la fin de la deuxième partie (difficile tout de même de ne pas caser quelque part l'épisode de la madeleine qui reste ici assez incompréhensible alors que placé au début de l'œuvre écrite, il nous éclaire très vite sur les tourments qui hantent le narrateur). Nina Companeez n'a eu d'autre choix que de nous offrir un sommaire détaillé de ce grand ensemble, prenant le risque parfois d'égarer le téléspectateur qui n'aurait pas de son côté entrepris une lecture de ce qui, qu'on le veuille ou non, restera comme l'une des œuvres majeures du XXe siècle.

    Or, malgré cette impression d'une réussite formelle, on doit bien s'avouer que la réalisatrice est passée à côté de son sujet. Nul reproche ici de ma part : il ne pouvait en être autrement car A la recherche du temps perdu est intransposable. Aucune version cinématographique ou télévisée ne pourra rendre compte du mystère que représente cette montagne dont les ressources semblent inépuisables au point que beaucoup conservent toujours à portée de main l'un ou l'autre de ses volumes.

    Beaucoup d'analyses ont été produites qui s'attachent à décrypter le travail de Marcel Proust et je ne me risquerai pas à une tentative d'étude. Mais je veux tout de même faire part ici des raisons pour lesquelles je suis parvenu à la conclusion qu'une telle adaptation est, et sera toujours, vaine.

    Jamais en effet un film ne pourra mettre en images l'incroyable musique des phrases de Marcel Proust. Parce qu'on ne lit pas son grand œuvre sans avoir au préalable pris quelques précautions. Une phrase de Proust est un monde à elle-seule, elle vous emmène loin dans les pensées de l'auteur et requiert toute votre attention. La moindre seconde de distraction vous sera fatale et vous serez impitoyablement éjecté de l'embarcation. Vous devrez remonter à bord et recommencer. D'une certaine façon, on peut dire que la lecture de Proust s'apparente à un travail de méditation. Il vous faut tenter de faire le vide en vous pour entrer dans ses méandres et mieux savourer la succession de réflexions et les innombrables analogies dont l'écrivain parsème ses états d'âme. Mais dès lors que vous aurez réussi à maîtriser la conduite de votre rafiot, vous recevrez en cadeau un incroyable voyage intérieur dont chaque étape, aussi courte soit-elle, évoquera forcément une sensation qu'il vous sera arrivé d'éprouver un jour ou l'autre. A la recherche du temps perdu fonctionne un peu comme le scanner de vos propres pensées : il semble bien que Proust ait tout analysé, tout décortiqué. Rien ne lui aura échappé de ce qui a pu vous habiter vous-même. On peut dire que si Nina Companeez a réussi à fabriquer une honorable bouteille de vin, elle n'est pas pour autant devenue viticultrice. Tout au plus aura-t-elle pu l'emplir d'un agréable sirop qui ne vous conduira pas à l'ivresse. Dommage ! Un contenant séduisant mais finalement bien peu de contenu. Disons-le une fois encore : à l'impossible nul n'est tenu et le visionnage de ces quatre heures, pour agréable qu'il soit, ne nous donne pas les clés de l'univers de Marcel Proust. Comme si, ayant pénétré dans le hall d'une grande demeure, vous étiez condamné à en observer les portes fermées tout autour de vous. C'est au téléspectateur, maintenant, de décider s'il a envie d'en savoir plus.

    On ne rappellera jamais assez l'incroyable causticité des visions de Marcel Proust et leur étonnante universalité qui en font la modernité. Bien des réflexions qu'il nous soumet pourraient s'appliquer à notre époque. Je relisais récemment A l'ombre des jeunes filles en fleur et je m'étonnais de la manière très réjouissante dont Proust considérait les parvenus et leur acculturation.

    Relisons-le : « Je fus frappé à quel point chez ce jeune homme et les autres très rares amis masculins de ces jeunes filles, la connaissance de tout ce qui était vêtements, manière de les porter, cigares, boissons anglaises, chevaux – et qu'il possédait jusque dans ses moindres détails avec une infaillibilité orgueilleuse qui atteignait à la silencieuse modestie du savant – s'était développée isolément sans être accompagnée de la moindre culture intellectuelle ». Cherchez bien autour de vous, vous aurez forcément, un jour ou l'autre, un personnage de cet acabit, prompt à vous faire éclater sa réussite à grands coups de grosses berlines allemandes et, pourtant, de conversation fort limitée. Encore mieux, quelques lignes plus loin : « Il n'avait aucune hésitation sur l'opportunité du smoking ou du pyjama, mais ne se doutait pas du cas où on peut ou non employer tel mot, même des règles les plus simples du français ». Tiens tiens... ça me rappelle quelque chose. Pas vous ? J'ai le souvenir très récent d'un chef d'état bataillant avec le subjonctif pour mieux faire oublier la catastrophique symphonie de ses phrases, ainsi baragouinées pour rester en phase avec son public.

    Marcel, tiens-toi bien, tu vas finir par être retiré de tous les programmes de littérature. D'ailleurs je ne sais même pas si cette discipline, peu génératrice de consommateurs dociles, est encore enseignée...

    Et sur ces bonne paroles, j'y retourne !

  • The Drops - Falling from The Sky

    the drops, christophe panzani, citizen jazzLa musique du duo The Drops, devenu trio pour son premier album Falling From The Sky, n’est pas de celles qui vous brutalisent ; elle résonne au contraire comme une invitation à la flânerie rêveuse et méditative. Son onirisme serein est illustré sur la pochette par une allusion très directe à l’univers surréaliste du peintre René Magritte. Les trois musiciens en haut-de-forme sont un clin d’œil à la pluie d’hommes du tableauGolconde.

    Lire la suite de cet article sur Citizen Jazz...

     

  • Soft Machine Legacy - Live Adventures

    CJ-Soft-Machine-Legacy.jpgL’histoire des musiciens de Soft Machine Legacy finirait-elle par devenir aussi complexe que celle de Soft Machine, influence majeure et source de son inspiration ?

    Ce groupe fut à l’origine d’un courant qui continue d’essaimer, ladite École de Canterbury, généalogie complexe quand il s’agit d’expliquer la composition d’une formation qui n’a cessé d’évoluer depuis 2002. Cette année-là, Hugh Hopper (basse),Elton Dean (sax), John Marshall (batterie) et Allan Holdsworth (guitare) - tous ayant fait partie de la Machine Molle nourricière à un moment ou à un autre - décident de perpétuer cette dernière sous le nom de Soft Works.

    Lire la suite de cet article sur Citizen Jazz...

  • T'as pas cymbales ?

    Rêves de batteries, batteries de rêve... Une petite flânerie, des digressions, forcément, avec pour point commun de tortueuses histoires de fûts et de caisses. Et pour finir, un beau disque à découvrir sans plus attendre...

    4_new_dreams.jpgC'était il y a fort longtemps, très longtemps. La preuve, j'étais jeune, quelque part entre la sortie de l'enfance et l'entrée dans cette phase – dont je ne suis pas toujours persuadé d'avoir réussi à m'extraire – qu'on nomme adolescence et que les psychologues de tout poil s'acharnent à rendre impossible à vivre... A cette époque, j'avais dans un premier temps caressé l'espoir de devenir un jour un guitar hero : les exemples vinyliques ne manquaient pas chez moi et le té en bois dont on m'avait imposé le recours pour d'erratiques cours de technologie au collège m'avaient de temps à autre permis de prendre la place avantageuse d'un John Fogerty ou d'un Eric Clapton au mieux de leur forme. Mais ma gestuelle silencieuse (et par conséquent inoffensive) avait vite trouvé ses limites lorsqu'après avoir emprunté à plusieurs reprises la (vraie) guitare de ma sœur (qui, me semble-t-il, n'en a jamais fait un usage beaucoup plus intensif que le mien, malgré quelques tentatives risquées de l'ascension d'un sommet technique tel que « Jeux Interdits »), je m'étais rendu compte que l'instrument était fort douloureux pour les doigts. Un camarade de classe, plus obstiné que moi, avait par ailleurs fini par me convaincre que l'apprentissage d'une six cordes risquait fort de s'apparenter à un vrai de chemin de croix, repoussant ainsi dans les limbes de ma rêverie mes pauvres ambitions musicales.

    C'est pourquoi j'eus tôt fait de m'adonner à un nouveau rêve artistique : devenir batteur ! Oui, trôner fièrement au centre d'une scène et déclencher dans toute leur immensité les forces incommensurables de l'univers !!! J'avais chez moi tout le matériel nécessaire pour assouvir cette nouvelle passion : un vieux coussin en cuir que je m'échinais à martyriser méthodiquement au moyen d'une paire d'aiguilles à tricoter qui n'en demandaient pas tant. Ah ah ah ! La sphère percussive n'avait qu'à bien se tenir, parce qu'au gré de mes découvertes, j'étais à chaque fois prêt à prendre la place de mes héros du moment. Je ne saurais établir une liste exhaustive de mes différentes victimes mais je me rappelle parfaitement avoir congédié dans un premier temps Colin Petersen (Bee Gees), Doug Clifford (Creedence Clearwater Revival), Bill Kretuzmann (Grateful Dead), avant de m'attaquer à de redoutables concurrents tels que Bill Bruford (Yes, King Crimson), Richard Coughlan (Caravan) ou John Marshall (Soft Machine). Aucun d'entre eux ne pouvait résister à mes pathétiques frisés, en quelques frappes bien senties sur la peau chamarrée de mon fût de fortune, je donnais un coup de vieux à leur jeu si étrangement mélodique alors que le mien, plus rustique, n'en était pas moins animé par la volonté définitive de leur succéder et de susciter chez eux une admiration sans bornes.

    Mais un beau jour, ce fut le drame... Je croisai le chemin de Magma et de son bourreau des cymbales, le dénommé Christian Vander ! Hé ho ! C'est quoi, ça ? Comment je fais, moi, avec mes deux aiguilles et mon vieux coussin ? Dis-donc, Cri-Cri, c'est pas du jeu ! Non, mais ça va pas la tête ? Il est fou, il va trop vite et en plus, je sais même pas faire les yeux de fou et il faudrait que j'apprenne à secouer la tête à toute allure de gauche à droite et inversement. Arrête, si mes parents me voient dans cet état, c'est l'asile direct !!! Déjà que j'ai réussi à monnayer allemand LV 2 contre un pack italien plus latin, c'est peut-être pas le moment de me faire remarquer. Alors là, je peux vous dire, j'ai eu comme un vieux coup de mou... Bon, je pressentais bien, très empiriquement, que mon sens inné du rythme équivalait grosso modo à celui d'un vieux gant de toilette desséché au fond d'un panier à linge sale, mais tout de même. Me faire ça à moi ? Et puis, il faut dire qu'avec cette fracassante déclaration d'hostilité kobaïenne, je me suis vite rendu compte que par le passé, quelques grands maîtres avaient bien déblayé le terrain, repoussant mon drumming in camera vers le tréfonds, que dis-je, le néant de l'histoire de la musique. Les Art Blakey, Elvin Jones, Tony Williams ou Jack DeJohnette étaient passés par là, je n'en avais même pas subodoré l'existence... Ma décision fut prise en quelques instants, un beau soir d'automne (en fait c'était peut-être une autre saison, mais j'en ai tiré une au sort et c'est tombé sur celle-là... désolé) : au placard aiguilles et coussin (au fait, je voudrais bien savoir ce qu'il est devenu celui-là, le pauvre, il n'a probablement pas eu droit à des obsèques dignes de son héroïsme subi, il faudrait que je songe à lui élever une stèle, une sorte de monument au coussin inconnu), je rends les armes et je ne serai jamais musicien ! Tout au plus me contenterai-je d'aimer la musique, ou plutôt les musiques. Je développerai malgré moi un terrible syndrome de boulimie des portées (dont la lecture continue de m'échapper), je deviendrai un goinfre des galettes, un affamé des mélodies.

    Je m'aperçois que d'autres, avant moi, ont connu ce type de mésaventures. Ainsi, je lis dans le dernier numéro de l'excellent Improjazz* (dont il faudra que j'évoque l'existence un jour ou l'autre, parce que la passion de son créateur continue de m'impressionner) une interview passionnante de l'écrivain Guy Scarpetta. Cet amateur de jazz nous raconte que ses parents avaient décidé de lui faire apprendre le violon. Un choix qui se solda par un résultat proche de l'accident industriel dont il a réussi à extraire une passion pour la musique : « Cette expérience ratée a bien failli me dégoûter à tout jamais de la musique. Mais curieusement, il a suffi que je renonce à jouer pour qu'aussitôt, comme par miracle, mon oreille s'ouvre. Pour que je devienne immédiatement passionné de musique, de toutes sortes de musiques ». Ah ben voilà, on se sent moins seul quand on lit ce genre de choses ! Merci monsieur Scarpetta...

    Ce qui me pose problème avec ce foutu non apprentissage – considérez-moi comme un a-musicien et qu'on n'en parle plus – c'est la formulation correcte des plaisirs qu'on ressent à l'écoute d'un disque, quand on est incapable de les traduire en termes musicalement adaptés. Prenez par exemple un très beau disque récemment publié par le batteur (ben oui, forcément, toutes ces circonvolutions pour en arriver là...) Bruno Tocanne. Ses 4 New Dreams sont un véritable petit enchantement... Ma collègue Diane sait très bien trouver les termes adéquats dans la chronique qu'elle a rédigée pour Citizen Jazz, elle vous explique tout ça avec les mots justes... ceux que je serais bien incapable de trouver moi-même. Quand il est question d'un intervalle de quarte ascendante, je me fais tout modeste, je rase les murs de ma connaissance, je me pose même la question de ma légitimité de chroniqueur citoyen, c'est vous dire... Alors il me reste pour tout viatique la tentation de l'enthousiasme, qui s'affranchit des obstacles techniques et n'a d'autre ambition que de communiquer le bonheur qu'on vit à l'écoute d'un très réjouissant quartet. J'avais voici quelque temps salué la relecture par le même Bruno Tocanne et son i-Overdrive Trio de la musique de l'énigmatique Syd Barrett, membre fondateur de Pink Floyd. Ce type-là (Tocanne, pas Barrett qui malheureusement ne communique plus depuis le mois de juillet 2006), qui multiplie les rêves depuis quelque temps, est à classer sans attendre parmi ceux que j'appelle volontiers les agitateurs d'atomes, ces musiciens qui savent bousculer votre quotidien acoustique en vous suggérant des chemins sur lesquels, de votre propre initiative, vous n'oseriez pas forcément vous engager. Ils vous tapent sur l'épaule en vous disant : « Allez, tu viens avec nous, on va faire une chouette balade, tu verras, je suis certain que tu vas voir des petits coins que tu ne connaissais pas ». Ici, avec le fidèle Rémi Gaudillat (trompette), Michael Bates (contrebasse) et Samuel Blaser (trombone), nous sommes en excellente compagnie. Celle de ces musiciens épris de liberté et de découverte et qui, à chaque seconde, renouvellent votre plaisir de récepteur en vous embarquant dans leurs conversations enfiévrées, en vous proposant de ne pas vous laisser endormir par un confortable conformisme. Bruno Tocanne aime l'idée de résistance et c'est aussi ce qu'on apprécie chez lui : on sent qu'armé de ses baguettes, il dynamite à la fois sa musique mais aussi notre vigilance. Mais qu'on ne s'y méprenne pas : ces 4 New Dreams ne sont en rien une œuvre absconse et difficile d'accès ! Juste l'expression la plus pétillante qui soit d'une belle santé et d'une volonté de ne pas s'arrêter en si bon chemin. Toujours avancer. Et puis, quand on publie un disque sur lequel on trouve des compositions qui s'appellent « Le singulier au pluriel », « Pas si simple » ou « Le présent du vindicatif », on sait que la musique sera conjuguée avec ce mélange d'humour et d'élégance qui sont une vraie politesse faite à nos oreilles curieuses. Et si vous voulez vous faire une petite idée des inventions renouvelées des quatre compères, je vous suggère de ne pas attendre plus longtemps.


    PS : En me relisant, je m'aperçois que cette note n'a pas vraiment de fil directeur. Tant pis, je veux bien assumer cette incohérence, qui est probablement le fruit de ma sénilité naissante. Ou parce qu'aujourd'hui étant le jour de mon anniversaire, j'ai décidé de faire comme je voulais. Et le coussin sur lequel je suis assis au moment où j'écris ces ultimes lignes n'a qu'à bien se tenir...

    * Et j'en profite pour remercier ici Philippe Renaud qui a eu la gentillesse d'y inclure une petite note informative sur le CD « Portraits Croisés » dont je me permets de rappeler qu'il est toujours disponible !

  • Michel Portal - Baïlador

    Bailador.jpgEn plein dans le mille ! Michel Portal, tel un fier danseur – un bailador, celui qui vient à la fin et qui improvise – ou un torero, plante de nouvelles banderilles enflammées. Avec une précision diabolique, entouré d’un combo d’une redoutable efficacité, il nous touche au cœur, au plus près de nos émotions et de la nécessité du rythme. On ne reviendra pas sur la biographie surdimensionnée de l’artiste, sur sa faculté de basculer d’un monde libertaire et imprévisible à un autre, plus cadré : celui de la musique classique.

    Lire la suite de cet article sur Citizen Jazz

  • Projet

    bouquin_couverture.jpgJe commence à entrevoir ce que peut-être le baby blues, cette phase de déprime qui gagne certaines mères peu de temps après la naissance de leur enfant. Une sensation de vide difficile à décrire si ce n'est qu'elle vous laisse dans un état qui confine à une hébétude interrogative teintée de tristesse. Je me permets cette tentative d'explication parce qu'après le long travail ayant mené à la réalisation de l'exposition Portraits Croisés (dont je vous rappelle qu'il est toujours possible de me commander la version numérique avec plein de morceaux de bonus dedans, il suffit de cliquer ICI pour télécharger le bon de commande, allez-y m'sieurs dames, c'est pas cher et les premiers échos de mes acheteurs sont très positifs), je ressens un besoin impérieux : celui de ne pas me laisser gagner durablement par un malaise inconfortable et, tout de suite, d'imaginer un nouveau projet qui sera comme un guide quotidien des mois à venir. Une petite boussole personnelle, pour mettre des couleurs là où la vie en manque parfois. Un travail créatif qu'on a envie de partager, non sans surmonter les inhibitions qui pourraient vous inciter à penser qu'il est prétentieux d'imaginer qu'on a comme un signal à émettre et que, quelque part, se trouveront bien quelques récepteurs bienveillants. Cette nécessité de la création qui, comme nous l'évoquions voici quelques jours, est une manière de dire non aux renoncements et oui à la vie.

    Ainsi donc, l'idée d'un bouquin qui me trotte dans la tête depuis des années et des années, pourrait connaître une matérialisation à la fin de l'année. N'ayant aucune prédisposition à imaginer ce qui pourrait être un roman (j'ai essayé des dizaines de fois, avant de parvenir à la salutaire conclusion de mon incompatibilité avec l'invention écrite), je vais regarder dans mon petit rétroviseur personnel et travailler une matière existante, cette pâte qui vit déjà sous la forme de différents textes éparpillés ici ou là et que je viens de sélectionner. Oh, bien sûr, le plus difficile est à venir : il me sera nécessaire de lire et relire, de corriger, de décontextualiser certains propos, bref... de sculpter ! Je connais les affres d'un tel chantier, j'en connais aussi les bonheurs. Et je m'aperçois que le stock à remodeler prendra en réalité la forme de deux livres distincts... dont je ne dis rien de plus pour l'instant mais qui me sont essentiels de mon point de vue. Non que je pense un seul instant qu'ils soient d'un intérêt majeur, mais parce qu'ils sont une réalisation de ce qui m'habite depuis ma plus tendre enfance. Peut-être une manière d'exprimer noir sur blanc ce qu'un handicap congénital m'interdit parfois de verbaliser...

    Et puis... selon ma vieille habitude, je sais par avance que le résultat sera légèrement différent de ce que je vous laisse entrevoir aujourd'hui. Parce qu'il s'agit d'une matière vivante, dont la forme est en mouvement permanent. Quoiqu'à bien y regarder, je ne vous laisse pas entrevoir grand chose... J'essaierai juste d'être à la hauteur de mes propres rêves...

    Avis à certain(e)s ami(e)s qui se reconnaîtront : ce projet ne saurait entraver mon travail de rédaction pour un magazine de jazz auquel je collabore. Tiens, j'y retourne de ce pas !!!

    NB : la couverture ici présentée est plutôt un gag, même si le titre du premier bouquin sera probablement celui-là.

  • Précieuse archive

    J'étais tout récemment l'invité de Xavier Brocker, qui anime chaque semaine ses Jazz Galaxies sur une radio locale. Histoire de partager nos coups de cœur, de bavarder paisiblement à l'antenne et de donner à entendre d'autres musiques que celles qui nous sont paresseusement servies la plupart du temps sur les ondes (je ne méconnais cependant pas la qualité qui continue à régner sur certaines fréquences du service dit public). Nous avons réussi un enchaînement assez réjouissant, allant du premier album de Magma jusqu'au prochain disque du Nord-Sud Quintet d'Henri Texier*, en passant par cette bande de joyeux allumés que sont les toujours baba-cool du groupe Gong, les échappées belles du Baïlador de Michel Portal ou bien encore la célébration de Duke Ellington par le Big Band de l'Air, le maître de cérémonie tenant – et je l'en remercie – à souligner le talent de mon fils qui en est l'un des saxophonistes. Promis, je n'avais rien demandé. Mais j'ai apprécié le clin d'œil...

    Je n'avais pas plus souhaité devenir l'heureux dépositaire d'un petit trésor sonore – même si je m'en sens aujourd'hui très honoré – que celui qui fut le premier directeur artistique du festival Nancy Jazz Pulsations a tenu à m'offrir. Au point que j'en étais presque gêné sur le moment : pensez donc, un enregistrement original d'une vingtaine de minutes, sur bande magnétique, celui d'une création originale dont seul le final a récemment été exhumé lors de la parution du beau triple CD 50 ans de Jazz en Lorraine – French Connection 1955 To 1998.

    bande_magnetique.jpg

    De quoi s'agit-il donc ? D'une musique très haute en couleurs composée par Ivan Jullien, qui venait d'obtenir le Prix Django Reinhardt pour son travail en Big Band. Cette Percussive Stanislas Gavotte, fruit d'une commande passée spécialement par NJP au trompettiste, est captée le 14 octobre 1973 lors de la toute première édition du festival au Chapiteau de la Pépinière. Elle est interprétée par un big band où s'entrecroisent les noms de musiciens prestigieux tels qu'Eddie Louis (orgue), John Surman (saxophone soprano), les batteurs André Ceccarelli, Bernard Lubat et Daniel Humair. Sans oublier une petite dizaine d'autres percussionnistes au rang desquels s'illustre le Quatuor de Percussions de Paris sous la direction de Lucien Lemaire. Une vraie petite folie musicale !

    Il me reste à faire bon usage de ce petit trésor. Non commercial, bien entendu, mais animé avant tout par le souci d'un partage avec tous les amoureux de la musique. Peut-être, pourquoi pas, en le proposant à l'écoute sur ce blog. Il faudra d'abord que je trouve la personne qui pourra effectuer le transfert de cet enregistrement vers un support numérique, parce que je ne possède malheureusement pas le magnétophone à bande qui est nécessaire à sa lecture.

    Affaire à suivre donc... et que vive la musique, une fois encore !

    * Qui vient de me passer commande d'un exemplaire de Portraits Croisés ! Je mesure donc l'honneur qui est fait au travail que Jacky Joannès et moi-même avons entrepris pour fixer dans le temps notre exposition automnale.

  • Nord-Sud

    cover.jpgDans ma précédente note, j'ai évoqué parmi les vingt disques que j'avais sélectionnés* pour l'année 2010 un album à paraître... à la fin du mois de février 2011 chez Label Bleu, le très beau Canto Negro du Nord-Sud Quintet du contrebassiste Henri Texier, ce grand monsieur qui me fait l'honneur d'être devenu un ami. En deux ou trois lignes, je laissais entendre qu'il s'agissait, une fois encore, d'un disque magnifique (et ce n'est pas là une flatterie de ma part, mais juste le constat de cette bienfaisante chair de poule qui vous gagne très vite à l'écoute de sa musique), dont je parlerai dans quelque temps, au moment de sa sortie, sur Citizen Jazz. Entre temps, il me faudra avoir entrepris l'ascension d'un redoutable sommet, celui que constitue aujourd'hui la pile de disques qui me restent à chroniquer. Mais nous sommes au début du mois de janvier, c'est le temps des résolutions, les miennes sont bonnes et ce travail d'écriture constitue ma priorité. C'est dit...

    Je pense qu'Henri Texier ne m'en voudra pas de citer un extrait du message qu'il m'a envoyé après la parution de ma sélection. Il tenait à me remercier pour cette "pré-chronique", faisant par ailleurs état de ses interrogations, en cette période si difficile pour les artistes.  "C'est vrai que je suis connu, mais il faut toujours défendre son univers et franchement ce n'est pas facile... Je serais très heureux que cette nouvelle facette du Nord-Sud puisse exister...".

    Voilà qui me paraît justifier, plus que jamais, le combat que nous devons tous mener, chacun à la mesure de ses moyens, afin de résister à l'utilitarisme au quotidien qui semble devenu la règle de conduite de nos sociétés, pour le profit d'une minorité cynique et inconséquente, écrasant de tout le poids de sa stupidité financière des peuples entiers, victimes d'une dictature perverse et non assumée. A nous, en effet, de défendre tous ces Nord-Sud, ces magiciens funambules qui, par leur expression, cherchent à nous élever, à nous maintenir dans un état de vigilance dont on sent bien qu'il devient désormais, plus qu'un nécessité, un réflexe de survie.

    Alors oui, mon cher Henri, mais aussi vous tous qui avez décidé d'emprunter ces chemins de traverse si chaotiques de l'art, nous sommes là, avec nos petites mains, avec nos voix parfois à peine audibles, à vos côtés pour vous encourager et vous faire savoir que vous existez et que nous avons impérativement besoin de vos élans créatifs.

    Car plutôt que de s'enfoncer dans une stérile morosité, il est bon aussi de retrousser ses manches et de savoir dire non. Un non qui veut dire oui à la défense de l'intelligence !

    * Il va sans dire qu'aussitôt ce texte publié, ma petite liste s'est avérée bien partielle car bon nombre de disques me sont revenus à l'esprit...

  • Sélection

    DSC00224-pola.jpgJe sais que l'exercice est un peu vain et que l'élaboration du palmarès des disques de l'année n'a finalement que peu de sens. Néanmoins, ne reculant devant aucune contradiction, je viens de jeter un rapide coup d'œil dans mon petit rétroviseur et je me suis amusé à établir une liste de vingt disques qui ont déjà pas mal tourné du côté de chez moi. Je vous la livre telle quelle, en ayant pris la précaution de classer les artistes par ordre alphabétique. Loin de moi la prétention de décréter untel ou untel meilleur que les autres, c'est une liste, rien de plus. Peut-être y trouverez-vous des points de jonction avec vos propres coups de cœur. Peut-être pas...

    C'est aussi l'occasion pour moi de vous souhaiter une bonne année 2011. Qu'elle chasse les stigmatisations, les vulgarités, les affairistes, les imposteurs de tout poil et qu'elle nous donne à regarder vers le haut. Il y en a tellement besoin. Sachez capter les petits moments de bonheur qui s'offrent à vous et savourez-les, ils sont irremplaçables.

    Bertrand Belin : Hypernuit. Il y a chanson française et chanson française. Avec Bertrand Belin, on est embarqué dans un univers onirique où les mots suggèrent plus qu'ils n'affirment, pendant que la musique déroule tranquillement ses entrelacs.

    Dan Berglund's Tonbruket. Pas facile de survivre musicalement à la disparition d'un leader tel qu'Esbjörn Svensson. Le contrebassiste relève le défi, retrouve ses racines rock et délivre un disque magnifique, bourré d'énergie.

    Sophia Domancich & Friends : Snakes & Ladders. La pianiste surprend, une fois encore, nous raconte des histoires et, magnifiquement entourée, nous invite à sinuer dans les méandres de son jeu enchanté. Un des grands disques de l'année, à n'en pas douter.

    Field Music : Measure. La bonne surprise ! Un vrai disque de rock, comme dans les années 70. Il y a beaucoup de culot chez ces jeunes anglais qui n'hésitent pas à marcher dans le sillage de Bowie ou des Who.

    Renaud Garcia-Fons : Méditerranées. Plus que jamais, la musique du contrebassiste chante l'amour des rivages du sud et nous enchante.

    Festen. Parce que ce jeune groupe a fière allure et conjugue avec bonheur ses amours du rock et une virtuosité non démonstrative lorsqu'il se pare de couleurs jazz.

    Dave Holland Octet : Pathways. Lui, ça fait des décennies qu'il est un grand, quelle que soit la formule de son groupe. Alors quand ils sont huit, on imagine qu'on atteint le haut niveau. Et on a bien raison, tant le contrebassiste est constamment inspiré.

    Metal-O-Phone : une des belles claques rythmiques et percussives de l'année. Inventif à chaque seconde, le groupe suscite une adhésion immédiate. On en redemande !

    Mop Meuchiine Plays Robert Wyatt. Une relecture impertinente, bourrée d'imagination et d'invention. Décidément, la musique du grand Robert n'a pas fini de susciter des (re)créations passionnantes. Celle de la Mop Meuchiine de Pascal Maupeu en est une des plus marquantes.

    ONJ Daniel Yvinec : Shut Up And Dance. Après son beau Around Robert Wyatt, l'ONJ joue la musique du batteur compositeur John Hollenbeck, qui dédie chaque titre à l'un des musiciens de l'orchestre. Un disque qu'on n'en finit pas d'écouter.

    Murat Öztürk & Jean-Pascal Boffo : Improvisions. Belle invitation à un voyage méditatif, où le pianiste improvise en toute liberté mélodique pendant que le designer sonore pare les paysages inventés de ses enluminures élégantes.

    Anne Paceo : Empreintes. La batteuse coloriste et son Triphase doublent la mise. Un deuxième album tout en lumière et générosité. Laissez-vous guider par ces musiciens au sourire communicatif.

    Plaistow : The Crow. Après le séduisant Jack Bambi, le trio fourbit un disque sombre en envoûtant qui laisse entrevoir de magnifiques inspirations, y compris lorsqu'il ose de longs silences. Chronique en chantier pour Citizen Jazz.

    Michel Portal : Baïlador. A 75 ans, le clarinettiste saxophoniste s'entoure des meilleurs (Bojan Z, Jack De Johnette, Scott Colley, Ambrose Akinmusire, Lionel Loueke) et publie l'un de ses plus beaux disques. Chronique en chantier pour Citizen Jazz.

    Steve Reich : Double Sextet / 2 X 5. Le maître du déphasages et des rythmes complexes ajoute une nouvelle pierre à son bel édifice. C'est beau, tout simplement. 

    Youn Sun Nah : Same Girl. Si la grâce avait une incarnation, elle ressemblerait fort à cette magnifique chanteuse coréenne. Un disque pour toujours.

    Olivier Temime : The Intruder. Avec la complicité du magicien Vincent Artaud, le saxophoniste nous électrise et offre un disque qui décoiffe. Ici, la virtuosité des musiciens est mise au service d'un propos d'une redoutable efficacité. Un disque qui frappe fort et juste.

    Henri Texier Nord Sud Quintet : Canto Negro. Là, je triche un peu parce que le disque ne sortira officiellement que le 28 février 2011. Mais c'est une nouvelle flagrante réussite, qui aligne les mélodies comme autant d'hymnes à la vie. Chronique à venir pour Citizen Jazz.

    Univers Zéro : Clivages. Plus inspirés que jamais, Daniel Denis et ses compagnons publient l'un des meilleurs disques du groupe. Cette musique, qu'on classe dans la catégorie du Chamber Rock, n'en finit pas de nous captiver.

    John Zorn : The Goddess. Jamais là où on l'attend, d'une intrigante prolixité, le saxophoniste est ici compositeur et sublime son art. Une musique qui vous attrape par les tripes et ne vous lâche plus.

  • Portraits Croisés numériques !!!

    Voilà, c'est terminé !!!

    Le travail sur lequel je planche depuis quelques semaines aboutit enfin à un résultat qui me semble satisfaisant : l'édition numérique de "Portraits Croisés", cette exposition réalisée avec la complicité de mon ami Jacky Joannès !

    couverture_portraits_croises.jpgAprès le temps de l'exposition vivante et éphémère - nos productions ont été visibles à la Médiathèque de Laxou du 6 au 23 octobre dernier, dans le cadre de Nancy Jazz Pulsations - voici venu celui d'un support un peu plus durable. Nos quarante-sept portraits de musiciens (auxquels s'ajoutent deux inédits et un long focus multimédia sur un drôle de concert... celui du 11 octobre 1975, lorsque la prestation d'un "all star" - Dizzy Gillespie, Oscar Peterson, Milt Jackson, Joe Pass et des meilleurs... - a fini par provoquer un clash mémorable entre Norman Granz, imprésario imprévisible et fantasque, et l'équipe de NJP) trouvent maintenant un autre écrin pour venir vers vous.

    Sous la forme d'un fichier PDF pensé dans le but d'une navigation simple à l'aide de signets interactifs, agrémentée de quelques petits bonus (des liens hypertextes vers les sites des artistes, des suggestions discographiques, des archives sonores incluses dans le fichier lui-même et dont on peut déclencher l'écoute par un simple clic), cette production permettra aussi à tous ceux qui n'avaient pas pu venir nous rendre visite à l'automne de découvrir notre double déclaration envers ces funambules que nous admirons tout autant l'un que l'autre. Petite cerise sur la gâteau : un texte introductif qui vous explique la genèse de l'exposition : trois dates clés pour tout comprendre !

    L'édition numérique de "Portraits Croisés" est désormais disponible sous la forme d'un CD que nous vous proposons d'acquérir pour une somme plus que raisonnable !!! Et puis, n'est-ce pas là un beau cadeau à faire à ceux avec lesquels vous souhaiteriez partager votre passion de la musique ? Cela étant dit, pourquoi ne pas vous faire tout simplement plaisir en vous procurant cette promenade qui commence en 1975 pour se terminer 35 ans plus tard ?

    CLIQUEZ ICI POUR TELECHARGER LE BON DE COMMANDE

    Nous serons heureux de vous faire parvenir votre exemplaire numéroté et dédicacé !!!

  • Une fête pour la neige

    Le Z Band sévit à nouveau. Chaque trimestre, notre bande de "jazzblogueurs" vous convie à un petit rendez-vous musical, histoire de partager ses passions du moment... Pour tous, un fil conducteur : aujourd'hui, c'est l'hiver et ses rigueurs qui ont incité ses honorables membres à vous proposer un disque, une formation... ou toute autre création à la seule condition qu'elle soit à même de faire fondre la neige.

    festen.jpgL'occasion pour moi de revenir, quelques jours seulement après une chronique écrite pour Citizen Jazz (par ailleurs relayée dimanche dans ce blog), sur Festen, un quartet stimulant qui ne se contente pas de revendiquer un amour vrai pour le rock, mais va beaucoup plus loin parce que les jeunes musiciens qui le composent savent habiter leur propos de leurs autres passions, au premier rang desquelles on trouve bien sûr le jazz. Leur premier album éponyme, récemment publié, témoigne d'une belle maturité et attire l'attention par un vrai soin porté tant à l'écriture de mélodies qui accrochent très vite l'oreille qu'à la mise en oeuvre d'un projet intrinsèquement collectif.
    Voilà donc une formation qui, comme son nom l'indique, fait la fête à la musique ! Nul doute qu'en l'écoutant, vous constaterez que la neige fond et que le soleil revient...

    On m'aura pardonné, j'imagine, d'avoir choisi de "remettre une couche" au sujet de Festen. Normal puisqu'il est ici question de neige. Puisqu'on vous dit qu'elle va fondre... Et pour vous donner un avant-goût, une petite captation au Golden Jazz Trophy d'Arras en 2010, où le groupe a reçu une juste récompense...

    "Fairbanks" - Festen live at Golden Jazz Trophy (Arras, 2010)
    Damien Fleau (saxophone soprano), Jean Kapsa (piano), Oliver Degabriele (contrebasse), Maxime Fleau (batterie).


    On n'oublie pas les amis : les autres textes du Z Band

    Jazz'O'Centre
    Ursus Minor, funk la neige !

    Jazzques
    Carlos Villoslada

    Jazz à Paris
    Dolphy - Varese - Coltrane - Stockhausen (par Frédéric Maintenant)

    Jazz Frisson
    Manon, viens danser le ska

    Belette & Jazz
    Soleil d'hiver

    Ptilou's Blog
    Benzine & Soo Bin Park au Jazzycolors 2010 

  • Festen

    festen.jpgPendant que certains semblent s’épuiser en débats plutôt vains sur le thème de la dégénérescence du jazz, soupçonné de se compromettre avec d’autres formes de musiques dénoncées comme la source de sa dégradation – tel son « mariage contre nature » avec le rock, de jeunes musiciens avancent fièrement et sans états d’âme leurs pions transgressifs. Et on ne saurait voir dans cette démarche une ignorance de l’histoire de la musique ou l’affichage d’un dilettantisme dû à l’enthousiasme juvénile. C’est le cas de Festen - qui revendique, justement, son amour du rock - dont le premier disque affiche une belle santé et une maturité qui augure bien de l’avenir ! 

    Lire la suite de cet article sur Citizen Jazz

  • Anne Paceo Triphase - Empreintes

    paceoempreintes.jpgOn prend les mêmes et on recommence ! Et on a bien raison, car le nouvel album du trio d’Anne Paceo vient confirmer le talent d’une jeune batteuse - 26 ans – dont le beau palmarès, s’enrichit encore. Le grand Charlie Haden s’est même fendu d’un compliment à son sujet : « Je peux dire avec conviction qu’elle fait partie des meilleurs musiciens à qui j’ai enseigné la musique. Son style personnel et son jeu si particulier font d’elle une musicienne unique ».

    Lire la suite de cet article sur Citizen Jazz

  • Répliques

    Triangle.jpg

    Il y a dans cette photographie une vraie inclination nostalgique… Je regardais ce matin chez moi les deux premiers albums du groupe Triangle, dont la réédition au format vinyl replica est une incontestable réussite esthétique. Même si leur restitution sonore est bien celle d’un CD (dont l’étiquette est elle-même la réplique de celle des 33 tours originaux), la présentation de ces objets – voilà une dimension du disque, valable également pour le livre, qu’il ne faudrait pas oublier : celle de l’objet qu’on veut tenir entre les mains, pour le toucher, le humer, bref le respirer ! Ne jamais passer à côté du caractère sensuel d’une production soignée et durable – passe par la miniaturisation très soignée des albums tels qu’ils furent publiés initialement : le support est cartonné comme aux bons vieux jours, le disque est glissé dans un pochette en papier, il arbore lui-même la couleur noire du LP et tout ce qui se trouve reproduit correspond fidèlement, mot pour mot, à ce qu’on pouvait lire au début des années 70. Malgré le recours à nos lunettes de quinquagénaires, bien des textes en sont devenus illisibles tant les caractères imprimés sont microscopiques ! Au point qu’il a fallu glisser dans le cartonnage un livret supplémentaire dont la lecture est moins périlleuse pour nos yeux fatigués. Aucune importance, puisqu’on est sous le charme…

    Inutile de finasser : je doute que nos enfants numériques soient très sensibles à ce retour vers un passé musical à forte concentration pétrolifère peu soucieuse de développement durable… Mais comment ne pas ressentir une vraie émotion en retrouvant ces compagnons d’adolescence ? Il suffit de prendre les disques en main pour se laisser envahir par un cortège de souvenirs émouvants : les longues heures passées auprès d’un électrophone arborant fièrement son bras articulé, notre tête collée contre le haut-parleur recouvert d’une feutrine rouge, le bruit de la pointe de saphir ou de diamant venant se poser sur la galette noire en produisant un ploc, juste avant les irremplaçables prolégomènes grésillants qui annoncent l’imminence des premières notes…

    Étrangement, je parcourais tout récemment les bacs d’un disquaire lorrain et, à ma grande surprise, je me suis retrouvé nez à disques avec un mur… de LP, tout beaux, tout neufs. Attention, je n’évoque pas ici des vieilleries recyclées comme celles qui font l’objet premier de cette note, mais de nouveaux enregistrements ! Oui, il s’agissait bien de nouveaux albums… Beaucoup plus séduisants, avouons-le, que leurs voisins tristement nichés dans un boîtier cristal sans âme. Il faut bien le dire : on ne voyait qu’eux ! Enfin, j’exagère : disons plutôt que je n’ai vu qu’eux…  Mais je ne suis pas la seule victime de ce phénomène... Prenez par exemple un type comme le grand Neil Young : s’il publie un nouveau CD, il en proposera aussi une version vinyle, dont il vantera tous les avantages, ce dont personne ne cherchera à le blâmer, parce qu’un véritable consensus s’est dégagé depuis belle lurette sur la qualité du son des 33 tours, dont la reproduction analogique ne sera, semble-t-il, jamais égalée par l’échantillonnage et l’écrêtage de leurs homologues numériques.

    Autre cas de figure qui interroge la connexion entre passé et présent : Charlélie Couture publie un nouveau disque, Fort Rêveur, dont le conditionnement s’apparente à celui d’un LP à l’ancienne. Avec, comme nous le rappelle son argument publicitaire : les textes des chansons, un poster, …

    Il y a des jours, comme ça, où je me sens moins seul au beau milieu de mes souvenirs…

  • Renaud Garcia-Fons - Méditerranées

    rcf_mediterranees.jpgLes premières mesures d’« Aljamiado » ne laissent pas place au doute : Renaud Garcia-Fons est un magicien du voyage.
    Il nous embarque avec lui – on sait depuis longtemps qu’il est un passionnant navigatore – une fois encore, pour un périple enchanteur dont on reviendra le sourire aux lèvres, habité d’un sentiment de plénitude et de bien-être, celui qui nous gagnait déjà à l’écoute de La Linea del Sur ou Arcoluz, ses deux précédents albums.

    Lire la suite de cet article sur Citizen Jazz

  • Hypernuit

    hypernuit.jpg

    Voilà près de quatre ans maintenant – c’était au mois de mars 2007 – que j’ai découvert Bertrand Belin, alors qu’il venait de publier La Perdue, son second album. Vous pouvez vous reporter à la petite note que j’avais écrite à l’époque pour comprendre ce qui m’avait séduit chez ce chanteur atypique, l’un des rares sur la scène actuelle de la chanson dite française à posséder cette capacité d’installer d’emblée un univers immédiatement identifiable, résolument énigmatique et aux antipodes d’un insupportable carcan, celui du couplet / refrain rimailleur mou du genou tout le monde tape dans ses mains.

    Bertrand Belin a récemment ajouté une nouvelle étape au périple musical qui est le sien en publiant un troisième disque étrangement intitulé Hypernuit. On y retrouve cette alternance de pénombre et de lumière, ces climats brumeux orchestrés en une musique volontairement réduite à son état minimal – guitare, basse légère, batterie plus suggérée que frappée, ici ou là quelques arrangements de cordes – où les paroles souvent elliptiques laissent deviner les émotions ou les paysages plus qu’elles n’affirment. Bertrand Belin invente des textes dans une langue qui ne sent pas l’effort de l’écriture et semble au contraire déposer spontanément les mots au plus près des impressions qu’ils veulent nous transmettre. Dans une récente interview, il confiait que « les textes n'ont pas été écrits, ne sont pas passés par le papier pour ne pas organiser la phrase selon des concepts graphiques. J'ai souvent mis le casque sur les oreilles et chanté directement, sans écrire. Les textes sont nés au sein même de la musique. » La voix grave de Bertrand Belin, qui danse sur le fil ténu d’un équilibre entre chant et talk over, est empreinte tout à la fois de gravité et de fragilité. Elle parle au creux de l’oreille, confie des secrets qu’on recueille avec la certitude qu’ils nous sont destinés.

    Il est peu probable que cette Hypernuit permette à son auteur de sortir d’une certaine confidentialité qui est la marque de Bertrand Belin, malgré l’accueil en général très enthousiaste de son travail et la reconnaissance de ses pairs. Parce que celui-ci, excellent guitariste et arrangeur de surcroît, ne choisit pas avec ce nouveau disque la facilité d’une chanson tape à l’œil et s’éloigne définitivement d’une appartenance au clan si peu imaginatif de la variété. Bien au contraire, Hypernuit s’apparente à la poursuite d’une quête, plutôt austère et feutrée, qui nous conduit avec lui dans un monde qui s’accommode mal des fureurs du quotidien. On se plaît à respirer à pleins poumons cette musique comme une bulle d'air existentielle et poétique.

  • Nancy Jazz Pulsations 2010

    cj_youn_sun_nah.jpgLe pari était pourtant loin d’être gagné vu le contexte économique. Les Lorrains, plus encore que les Français dans leur ensemble, ont le moral en berne et sont rarement au mieux de leur forme lorsque l’automne, qui n’est autre ici qu’un hiver mal déguisé, commence à glacer les esprits... On pouvait donc se poser la question : sauraient-ils se distraire – au sens le plus strict du mot – de leurs inquiétudes, pointer le bout du nez hors les murs et participer à cette fête de la musique ?

    Lire la suite de cet article sur Citizen Jazz