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Entendu - Page 20

  • Avishai Cohen - Seven Seas

    seven_seas.jpgEt si Avishai Cohen, contrebassiste charismatique dont la renommée n’a cessé de croître depuis le début de ce siècle via une douzaine d’albums, témoignages de ses expériences multiples, venait avec Seven Seas de réaliser ce qu’en d’autres milieux on appelle un coup parfait ?

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  • Plaistow - The Crow

    plaistow, the crow, unit records, citizen jazz jazzAutant le dire d’emblée : il est plutôt difficile de cerner en quelques lignes le captivant projet artistique que constitue le trio helvète Plaistow qui a publié à l’automne 2010, après plusieurs galops d’essai sous la forme d’EP’s, un premier album sombre et magnétique intitulé The Crow. Un disque pas comme les autres car détaché de toute contrainte, un propos à l’éclectisme inclassable tant les influences sont variées et assimilées dans une écriture alternant free jazz, une pulsation terrienne et des thèmes souvent minimalistes.

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  • Festen Live

    festen, damien fleau, jean kapsa, oliver degabriele, maxime fleauSont bien les jeunes de maintenant…

    J’ai tout récemment salué la publication du premier disque d’un quartet appelé Festen. Si vous souhaitez lire le petit « compliment » que j’ai tourné au sujet de cette formation séduisante – dont la maturité après tout juste trois ans d’existence est plutôt impressionnante – dans une chronique pour Citizen Jazz, c’est simple : allez voir par ICI !

    En ce premier jour du printemps, les quatre compères – Damien Fleau (saxophones), Jean Kapsa (piano), Oliver Degabriele (contrebasse) et Maxime Fleau (batterie) – nous réservent une petite surprise que j’avais envie de saluer ici.

    Parce qu’il s’agit d’une bonne surprise en ce qui me concerne, moi qui avais planifié une petite virée à Lyon au mois de février pour aller les écouter sur la scène du Périscope. Mais les agendas personnels ont parfois leurs circonvolutions et l’imprévu, même lorsqu’il est agréable, peut contrarier vos projets. Pas de Lyon, pas de Périscope, pas de Festen. Pas bien.

    Or, voici que Festen propose, pour la modique somme de 2,99 € une petite séance de rattrapage que je ne saurais que trop vous recommander ! Cliquez donc et vous accéderez en quelques fractions de seconde à une page à partir de laquelle vous pourrez télécharger en format numérique (mp3 320, Flac et quelques autres) une partie de ce concert enregistré le 12 février 2011.

    Cinq titres (dont trois inédits avec notamment « All Apologies » de Nirvana), 45 minutes de musique et une prise de son qui n’a rien à envier à certaines réalisations plus médiatiques… et toujours cet esprit collectif mis au service d’un propos qui sait faire son miel aussi bien de l’esprit de liberté du jazz que de la tension binaire du rock, conférant ainsi au groupe une vraie personnalité, une attachante singularité.

    Voilà une initiative intelligente – et pas le moins du monde empreinte de ce narcissisme par lequel vous seriez enclins à vendre un peu facilement du live bas de gamme – dont je tenais à souligner la réactivité (le téléchargement est disponible à peine plus d’un mois après le concert) et parce qu’elle témoigne du vrai souci de partager une musique vivante. Le prix modique est par ailleurs la marque d’une réelle prise en compte, de la part des membres du groupe, de la réalité de l’économie de tous ceux qui souhaitent soutenir Festen.

    Merci donc à eux pour ce qu’ils nous donnent à écouter. De toutes façons, je suis persuadé qu’on n’a pas fini d’entendre parler de ces quatre musiciens, ils le méritent.

  • Libre(s)ensemble

    libre(s)ensemble, bruno toccane, imuzzicStop ! Je vous arrête tout de suite… Je crois même vous avoir annoncé la couleur dans ma précédente note et revendiqué le droit de revenir à nouveau sur le talent d’un musicien dont la créativité et l’énergie communicative m’épatent. Car après avoir salué comme il se devait toutes les qualités du 4 New Dreams enregistré en quartet par le batteur Bruno Tocanne, il me paraît peu raisonnable d’ignorer le flamboyant Libre(s)ensemble dont la création lui doit beaucoup, même si cette formation, composée de huit musiciens (plus une musicienne présente sur deux titres de l’album) dont une bonne partie a déjà travaillé aux côtés du batteur, se veut « égalitaire, non soumise à l'autocratie d'un chef unique - chacun vient avec ses idées, son sens du jeu, son écoute d'autrui et ses partitions ». C’est pas moi qui le dis, c’est eux et ils savent ce qu’ils font, les bougres.

    Personne, donc, ne pourra ni ne devra me reprocher d’avoir été pris d’une très forte envie de bisser… Voilà bien qui peut arriver à n’importe lequel d’entre nous, n’est-ce pas ?

    Au rayon de la biographie, je vous épargnerai l’énumération des pointures avec lesquelles notre homme a frotté balais, baguettes et peaux. On trouve une multitude d’informations à ce sujet, aussi bien sur le site Internet du monsieur que sur telle ou telle page à vocation encyclopédique qu’une recherche sur un moteur idoine saura vous dénicher en moins de temps qu’il n’en faut au tout petit Nicolas pour remanier son équipe de bras cassés après nous avoir expliqué qu’ils étaient des professionnels (c’est dire combien la technologie des réseaux nous donne rapidement accès à des informations) et qui feint d’ignorer qu’une possible vague qualifiée hâtivement de bleu Marine, quoique franchement brunâtre, pourrait trouver l’une de ses sources dans l’océan de la médiocrité au pouvoir. Observons la naissance de cette nouvelle et sinistre teinte : le brun Marine, fin de la parenthèse…

    Néanmoins, j’ai vu passer sous la fenêtre de mon écran treize pouces un nombre impressionnant de musiciens, comme par exemple ceux de : Laurent Cugny, Hugh Hopper, Michel Benita, Sophia Domancich, Paul Rogers, John Greaves, Steve Potts, Francesco Bearzatti, Didier Lockwood, Zool Fleischer, Jean-Luc Ponthieux ou Daniel Huck… et bien d’autres encore. Si vous souhaitez en savoir plus, vous savez comment faire (voir plus haut). Quant à toi mon cher Bruno, si tu penses que je dois en ajouter, n’hésite pas à me le dire, il me reste de la place.

    De même, je ne peux passer sous silence la création, voici plus de dix ans maintenant, du réseau Imuzzic dont il est le directeur artistique. Ni celle du trio Résistances et ses trois disques au compteur ou de l’I-Overdrive Trio qui célèbre la musique de Syd Barrett (membre fondateur de Pink Floyd). Encore moins ignorer ses nouveaux rêves, qu’ils soient au nombre de cinq (5 New Dreams) ou de quatre (4 New Dreams)…

    Vous savez donc, puisque vous lisez mon blog avec un acharnement méritoire et un entêtement qui forcent l’admiration – dont on trouvera seulement un pâle équivalent dans la constance mise par la rigide et rigolote Michèle Alliot-Marie à nous expliquer voici peu les vertus éminemment touristiques de son séjour optimisé par des moyens de transports rapides et économiques dans un pays peu soucieux des libertés publiques et de la répartition de richesses confisquées par une poignée de voyous régnants, un pays ami de longue date donc – tout le bien que j’ai pu écrire sur ce disque. Au risque d’apparaître prétentieux, je vais même ici m’auto-citer : « Bruno Tocanne aime l'idée de résistance et c'est aussi ce qu'on apprécie chez lui : on sent qu'armé de ses baguettes, il dynamite à la fois sa musique mais aussi notre vigilance ». Ouais, c’est pas mal comme phrase… Je suis certain de pouvoir faire mieux mais à mon âge, finalement, ce n’est pas si mal. Mais revenons à notre mouton percussif, plutôt que de digresser bêtement…

    La parution, à la fin de l’année 2010, d’un nouveau disque sous l’emblème du Libre(s)ensemble me réjouit à un point tel que seule la sensation de me trouver confronté à l’essentiel de la création musicale, concentrée en cinquante et une minutes, peut expliquer. Du côté de chez Tocanne et compagnie, on ne badine pas avec les notes, on ne souffle pas du bout des lèvres, on ne gratte pas les cordes distraitement, on ne frappe pas par hasard. On vit sa musique, on la fait vibrer, on danse sur un volcan. Comme disait autrefois un vieil oncle kobaïen : « La musique est vitale ou elle est insignifiante ». Il avait certainement raison le Tonton, même si, parfois, sa raison a pu lui faire dire des choses moins essentielles… Je m’égare, une fois de plus.

    Libre(s)ensemble, à la fois nom d’un groupe et titre d’un disque, s’apparente à un manifeste brûlant dont le positionnement artistique s’avère bien difficile à opérer tant il regorge d’influences parfaitement assimilées et mixées en un breuvage à la saveur sui generis. Quelle importance, après tout ? Il y a dans cette musique l’évidence cuivrée des hymnes du Liberation Music Orchestra de Charlie Haden, les fulgurances chaloupées d’un Ornette Coleman au temps de son double quartet Free Jazz, les déchirements d’un John Zorn mais aussi son naturel mélodique, les tentations bruitistes d’un Henry Cow, celui de Unrest par exemple, ou les scansions rageuses et électriques d’un King Crimson époque Red (son influence est à peine masquée dans le martèlement hypnotique de « La Foley » et carrément explicite au cours des trois minutes finales de « Free KC to Gawa », deux compositions signées du guitariste Philippe Gordiani dont on connaît les amours frippées, quand il ne célèbre pas Syd Barrett au sein de l’I-Overdrive Trio).

    Peut-être aurez-vous l’impression que j’exagère, que je grossis le trait et accorde à ce disque une importance démesurée. Peut-être en effet… Mais ce ne serait vraiment pas faire justice au sentiment de profonde jubilation qui m’a gagné à son écoute et que je mesure très naturellement au besoin éprouvé de faire tourner en boucle un enregistrement tel que celui-ci. Au point de reprocher temporairement à la plupart des autres leur manque de saveur, leur absence de chair autour de l’os. Un grief à connotation culinaire qui me fait dire que Libre(s)ensemble est un disque goûteux, gorgé de sucs et de sève, c’est une galette de printemps qui s’annonce, une heure de pétulant fracas à s’en mettre plein les oreilles jusqu’à plus ouïe ! Un truc pour vous rendre un peu marteau des tympans…

    J’ai employé le mot hymne. Oui, des hymnes, car comment qualifier autrement le thème magnifique qu’est celui de « Crépuscule avec Nelly » ? Comment ne pas frissonner de plaisir à l’écoute du « Chant des marais » de Rudolf Goguel, ce chant de tous les déportés, sa mélodie vibrante jouée au saxophone sopranino, en la bonne compagnie de deux guitares qui assurent pacifiquement le rythme. Pareil pour « La révolte des Canuts », le quatrième mouvement de la bouillonnante « Suite for Libre Ensemble », qui n’est pas sans évoquer « Amazing Grace ». La suite en elle-même est une œuvre fascinante où tous les instruments sont à la fête et viennent marcher dans les pas d’Ornette Coleman ou John Zorn tant le groupe jubile de liberté explosive. On pourrait continuer longtemps ainsi, car chacune des compositions réserve sa part de surprise, multiplie les expérimentations dans une vraie euphorie créative… L’essentiel est là, dans la densité du propos ; dans l’absence de caresse dans le sens du poil qui, de fait, se dresse souvent sur la peau ; dans le fait que pas un musicien ne semble vouloir tirer la corde à lui ; dans la volonté d’avancer en toute ébullition ; dans la cohésion et la liberté de ce big band ébouriffé qui sont remarquables, au point qu’on aurait envie de le rebaptiser Équilibre(s)ensemble.

    Quand j’écoute, ré-écoute et écoute encore ce disque, je me dis que tout n’est pas perdu (attention les copains, je ne suis pas naïf et je sais la difficulté d’être musicien) en cette époque où la politique culturelle consiste d’abord à médailler de vieilles badernes à frange. La marmite continue de bouillir, les ingrédients sont probablement plus nombreux qu’ils ne l’ont jamais été et la greffe depuis quelques années d’une belle branche rock sur l’arbre du jazz prend bien, ça commence à bourgeonner joyeusement. Même si d’aucuns n’hésitent pas à évoquer l’idée d’une musique dégénérée (oui oui, y en a qui pensent ça) dès lors qu’un soupçon de binaire commence à fleurir.

    Ah tiens ! Je crois même qu’on devrait recommander l’écoute de Libre(s)ensemble à ce chroniqueur (dont j’ai oublié le nom et celui du site sur lequel il libère sa prose confite) qui écrivait tout récemment : « Le jazz, cette musique si agréable à jouer mais parfois ennuyeuse à écouter, qui finit ces temps-ci par ressasser ses archétypes, comme un vieillard réchauffant ses vieux os au pâle soleil d’hiver ». Dans le genre nul, on a rarement écrit mieux. Hé, mon gars ! Faut sortir un peu de ton salon ! Dis donc, elle sent fort le vieux cliché paresseux, ton analyse à trois sous, tu ne crois pas ? Allez, viens te faire un peu secouer la poussière dans la boutique à Bruno Tocanne, tu verras, ça fait du bien et ensuite, on sent le frais, on est tout printanier, on a faim !

    Bon… ben… voilà, je crois que j’ai été un peu long mais je voulais juste vous dire : précipitez-vous sur Libre(s)ensemble, c’est un chouette disque, avec plein de morceaux de vraie musique dedans. Miam ! Vous voyez que je peux faire court quand je veux.

    Sans oublier…

    Les funambules du Libre(s)ensemble :

    Rémi Gaudillat (trompette, bugle), Philippe Gordiani (guitare), Benoît Keller (contrebasse), Arnaud Laprêt (percussions), Elodie Pasquier (clarinettes), Fred Meyer (guitare), Fred Roudet (trompette, bugle), Damien Sabatier (saxophones sopranino, alto et baryton), Bruno Tocanne (batterie).

    La chronique de Franpi pour Citizen Jazz

    C’est ICI ! Et le disque est ELU !

    Une petite vidéo ?

    PS : sans rire, Libre(s)ensemble, c’est vraiment un disque coup de cœur, je vais finir par l’user (le disque, pas le cœur, qui l’est déjà depuis belle lurette…).

  • Envol

    sebastien llado, avec deux ailes, les disques de lilyVoilà quelque temps que je garde sous le coude un chouette disque dont je ne cesse de me dire : « Il faut que j’en parle, il faut que j’en parle, il faut que j’en parle… ». Notez bien que le niveau de la pile des galettes qui mériteraient une telle attention est chaque jour plus élevé. Allez comprendre… Le disque ne se vend plus, ou presque, seuls quelques dinosaures qui dégoulinent de nostalgie bedonnante ou un maigre bataillon de chanteurs insipides savamment marketés tels des flacons de gel douche, au point qu’on en finit par exhiber leurs revenus parfois fiscalement exilés en un pathétique palmarès, seul critère retenu pour vanter leurs mérites, parviennent à tirer leur épingle financière du jeu. Allez comprendre, disais-je, comment dans un tel contexte des artistes – des vrais, avec de beaux morceaux de musique dedans – continuent à se battre pour défendre une cause si méchamment battue en brèche par la vulgate régnante et formolisée ! Il leur faut déployer une sacrée énergie qui force l’admiration. Dont acte.

    Hier encore, Henri Texier me remerciait chaleureusement de l’une de mes dernières chroniques pour Citizen Jazz. Un comble ! C’est à moi de dire merci, non ? Quelques minutes plus tard, le batteur Bruno Tocanne – je ne possède aucune action de l’entreprise Tocanne, qu’on se le dise ! J’évoquais récemment ses 4 New Dreams parce que tel était mon bon plaisir et sachez dès à présent que je peux récidiver si ça me chante. Non mais… – m’exprimait sa sincère gratitude, parce qu’en privé, je lui faisais part de mon enthousiasme à l’écoute de Libre(s)ensemble, disque échevelé et passionnant de bout en bout. Tiens, il faudra que je parle aussi de ce disque, il mérite vraiment le détour. Ce kaléidoscope à dix voix qui s’expriment d’égale à égale, où viennent frotter leurs molécules créatives les atomes d’Ornette Coleman, de l’Afrique ou bien encore de King Crimson est un réjouissant condensé de tout ce que peut avoir de meilleur une musique savante mais désentravée des raideurs d’un académisme pesant et, surtout, totalement libre des directions qu’elle veut prendre. La séduction est totale et immédiate. Ah si vous saviez comment tous ces artistes doivent lutter chaque jour pour faire vivre (et vivre de) leur art ! La bagarre est rude, injuste et l’on s’arrache les cheveux à réaliser à quel point la mise sur pied même d’un concert constitue une aventure périlleuse…

    Mais revenons à mes moutons qui cette fois – la nature ayant ses mystères – ont deux ailes ! Késako ? Oh, juste un gentil jeu de mots proposé par le tromboniste Sébastien Llado (avec deux L, vous avez compris) sur un nouveau label (marrant, y a deux L dans label…) dans lequel est très impliqué un monsieur proche de Citizen Jazz, Jérôme Gransac (note à l’attention de mes détracteurs : je ne parle pas de ce disque par esprit de clan, mais parce que c’est un très bon disque…). Cette nouvelle écurie a pour nom Les Disques de Lily (je rêve ou ce prénom compte deux L…) et nous offre le témoignage live au Sunside à Paris de la belle santé d’un quartet enregistré le 20 novembre 2009. Au-delà des qualités des musicien(ne)s qui composent cette formation : Sébastien Llado : trombone, conques & conches ; Leïla Olivesi (piano, claviers) ; Bruno Schorp (contrebasse), Julie Saury (batterie), Avec deux ailes n’est rien moins qu’un disque qui transpire la joie de jouer ! Ma collègue Sophie Chambon de Citizen Jazz a récemment dit tout le bien qu’elle pensait de cet enregistrement. Elle a eu raison ! Dans la foulée, notre chère Pie Blésoise, entre autres émérite membre du Z Band y est allée de son compliment, dans une mouture renouvelée de son JazzOcentre que je salue ici même. En cherchant bien, on trouvera sur la toile et dans la presse de nombreux témoignages de l’accueil chaleureux qu’a reçu le disque, ce dont on se félicitera !

    Je ne vais pas vous la jouer biographe (les notes de Jérôme Gransac sur la pochette du digipack font ça très bien), mais j’aimerais tout de même rappeler que le tromboniste n’est pas le dernier venu. Quelques hauts faits peuvent vous aider à dessiner rapidement le portrait de ce jeune homme de 36 ans : membre de l’Orchestre National de Jazz sous la direction de Claude Barthélémy ; collaborations avec Médéric Collignon, Manu Codjia, Magic Malik… ; il fait aussi entendre son instrument aux côtés de Lenny Kravitz ou bien encore Yael Naim ; il préside aux destinées d’un quartet, d’un trio (Tryo[ut]) et même d’un projet solo appelé Machination, dans lequel il conjugue coquillages et machines à haute technologie. Bref, c’est un sacré client qui n’avait jusque là pas ressenti la nécessité du disque (le contexte rappelé en tête de cette note n’étant pas étranger à ses réticences)… Et pourtant, prosternons-nous, remercions Jérôme Gransac & C° d’avoir sur le convaincre de ne pas persister dans ce refus !

    Sébastien Llado a relevé le défi, celui d’un enregistrement live en une seule prise. Le disque rend parfaitement justice à la fougue qui habite les musiciens, à leur volubilité et leur extrême cohésion. Dans le cocktail qu’il nous invite à déguster, chacun trouvera de quoi savourer les petits bonheurs d’un jazz bondissant et bien dans sa peau. Cerise sur ce gâteau (à bien y réfléchir, c’est plutôt d’un plateau de fruits de mer qu’il faudrait parler), le quartet s’attaque dès les premières mesures à un monument plutôt inattendu en livrant sa version – tout en rondeurs pétillantes, amoureux du trombone, ne boudez pas votre plaisir – du « Billie Jean » d’un certain Michael Jackson. Au chapitre des curiosités réjouissantes, Brigitte Bardot sera mise à l’honneur un peu plus loin avec une version naturaliste (conques & conches) et désopilante de « Coquillages et Crustacés » qui laisse ensuite la place à une relecture de « La Madrague » ici renommée « La Magrade ». Sébastien Llado pratique l’œcuménisme musical et s’accorde le droit de puiser là où bon lui semble son inspiration. Qui est ici parfaitement stimulée par ses trois compagnons : Avec deux ailes est un disque heureux, virtuose, débordant de joie de vivre et d’humour aussi, ce qui en passant ne fait jamais de mal. On se dit qu’avec Sébastien Llado et ses complices, on est préservé du risque de se retrouver au régime sans ailes.

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  • Scènes

    Allez savoir pourquoi, alors que je patientais tranquillement tout près d'une scène - celle du Quai Son à Nancy - où quelques musiciens* s'apprêtaient à rendre hommage à Léo Ferré, mon oeil a été aimanté par la vision de ces guitares qui semblaient elles aussi attendre qu'on veuille bien les prendre en main et faire chanter leurs cordes.

    quai son, ima, leo ferre, jean-marie viguier

    Un peu plus loin, un pupitre avait recueilli une partition, dont le contenu reste chez moi chargé d'un vrai mystère. Car si je comprends assez bien le principe d'une portée et des notes qu'on y écrit, si je perçois fugitivement l'idée des gammes et de leurs modes, leur transformation en échappées sonores relève encore dans mon esprit de l'alchimie. Certains affirment changer le plomb en or, mais j'ai vu de mes propres oreilles (ne cherchez pas l'erreur, c'est fait exprès) des magiciens convertir de l'encre et du papier en flammèches dorées dont le feu d'artifice s'appelle musique...

    quai son, ima, leo ferre, jean-marie viguier

    Alors simple spectateur, un peu photographe, j'ai abusé de ma position assise en savourant des instants tranquilles. Cette chaise n'est pas la mienne, juste celle d'un musicien, parfois assis, parfois debout... Mais elle aussi semblait baignée d'une lumière apaisante aux reflets dorés.

    quai son,ima,leo ferre,jean-marie viguier

    Allez savoir pourquoi...

    * Jean-Marie Viguier (guitare, chant), Rémy Chaudagne (contrebasse), Jerry Lipkins (claviers, chant), André Cuttitta (accordéon), Nadine Ledru & Fabrice Ach (chant), Fred Vinquent (batterie).

  • Soft Machine - NDR Jazz Workshop - Hamburg, Germany, May 17, 1973

    soft machine, citizen jazzSoft Machine fait partie de ces groupes historiques dont les archives sonores sont nombreuses et régulièrement enrichies, pour la plus grande joie de ses inconditionnels. Les mollomécaniciens de tout poil peuvent se réjouir : on a exhumé voici quelques mois un nouveau témoignage de sa belle créativité, capté à Hambourg au printemps 1973, preuve supplémentaire du bouillonnement qui caractérisait ses prestations scéniques.

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  • The Drops - Falling from The Sky

    the drops, christophe panzani, citizen jazzLa musique du duo The Drops, devenu trio pour son premier album Falling From The Sky, n’est pas de celles qui vous brutalisent ; elle résonne au contraire comme une invitation à la flânerie rêveuse et méditative. Son onirisme serein est illustré sur la pochette par une allusion très directe à l’univers surréaliste du peintre René Magritte. Les trois musiciens en haut-de-forme sont un clin d’œil à la pluie d’hommes du tableauGolconde.

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  • Soft Machine Legacy - Live Adventures

    CJ-Soft-Machine-Legacy.jpgL’histoire des musiciens de Soft Machine Legacy finirait-elle par devenir aussi complexe que celle de Soft Machine, influence majeure et source de son inspiration ?

    Ce groupe fut à l’origine d’un courant qui continue d’essaimer, ladite École de Canterbury, généalogie complexe quand il s’agit d’expliquer la composition d’une formation qui n’a cessé d’évoluer depuis 2002. Cette année-là, Hugh Hopper (basse),Elton Dean (sax), John Marshall (batterie) et Allan Holdsworth (guitare) - tous ayant fait partie de la Machine Molle nourricière à un moment ou à un autre - décident de perpétuer cette dernière sous le nom de Soft Works.

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  • T'as pas cymbales ?

    Rêves de batteries, batteries de rêve... Une petite flânerie, des digressions, forcément, avec pour point commun de tortueuses histoires de fûts et de caisses. Et pour finir, un beau disque à découvrir sans plus attendre...

    4_new_dreams.jpgC'était il y a fort longtemps, très longtemps. La preuve, j'étais jeune, quelque part entre la sortie de l'enfance et l'entrée dans cette phase – dont je ne suis pas toujours persuadé d'avoir réussi à m'extraire – qu'on nomme adolescence et que les psychologues de tout poil s'acharnent à rendre impossible à vivre... A cette époque, j'avais dans un premier temps caressé l'espoir de devenir un jour un guitar hero : les exemples vinyliques ne manquaient pas chez moi et le té en bois dont on m'avait imposé le recours pour d'erratiques cours de technologie au collège m'avaient de temps à autre permis de prendre la place avantageuse d'un John Fogerty ou d'un Eric Clapton au mieux de leur forme. Mais ma gestuelle silencieuse (et par conséquent inoffensive) avait vite trouvé ses limites lorsqu'après avoir emprunté à plusieurs reprises la (vraie) guitare de ma sœur (qui, me semble-t-il, n'en a jamais fait un usage beaucoup plus intensif que le mien, malgré quelques tentatives risquées de l'ascension d'un sommet technique tel que « Jeux Interdits »), je m'étais rendu compte que l'instrument était fort douloureux pour les doigts. Un camarade de classe, plus obstiné que moi, avait par ailleurs fini par me convaincre que l'apprentissage d'une six cordes risquait fort de s'apparenter à un vrai de chemin de croix, repoussant ainsi dans les limbes de ma rêverie mes pauvres ambitions musicales.

    C'est pourquoi j'eus tôt fait de m'adonner à un nouveau rêve artistique : devenir batteur ! Oui, trôner fièrement au centre d'une scène et déclencher dans toute leur immensité les forces incommensurables de l'univers !!! J'avais chez moi tout le matériel nécessaire pour assouvir cette nouvelle passion : un vieux coussin en cuir que je m'échinais à martyriser méthodiquement au moyen d'une paire d'aiguilles à tricoter qui n'en demandaient pas tant. Ah ah ah ! La sphère percussive n'avait qu'à bien se tenir, parce qu'au gré de mes découvertes, j'étais à chaque fois prêt à prendre la place de mes héros du moment. Je ne saurais établir une liste exhaustive de mes différentes victimes mais je me rappelle parfaitement avoir congédié dans un premier temps Colin Petersen (Bee Gees), Doug Clifford (Creedence Clearwater Revival), Bill Kretuzmann (Grateful Dead), avant de m'attaquer à de redoutables concurrents tels que Bill Bruford (Yes, King Crimson), Richard Coughlan (Caravan) ou John Marshall (Soft Machine). Aucun d'entre eux ne pouvait résister à mes pathétiques frisés, en quelques frappes bien senties sur la peau chamarrée de mon fût de fortune, je donnais un coup de vieux à leur jeu si étrangement mélodique alors que le mien, plus rustique, n'en était pas moins animé par la volonté définitive de leur succéder et de susciter chez eux une admiration sans bornes.

    Mais un beau jour, ce fut le drame... Je croisai le chemin de Magma et de son bourreau des cymbales, le dénommé Christian Vander ! Hé ho ! C'est quoi, ça ? Comment je fais, moi, avec mes deux aiguilles et mon vieux coussin ? Dis-donc, Cri-Cri, c'est pas du jeu ! Non, mais ça va pas la tête ? Il est fou, il va trop vite et en plus, je sais même pas faire les yeux de fou et il faudrait que j'apprenne à secouer la tête à toute allure de gauche à droite et inversement. Arrête, si mes parents me voient dans cet état, c'est l'asile direct !!! Déjà que j'ai réussi à monnayer allemand LV 2 contre un pack italien plus latin, c'est peut-être pas le moment de me faire remarquer. Alors là, je peux vous dire, j'ai eu comme un vieux coup de mou... Bon, je pressentais bien, très empiriquement, que mon sens inné du rythme équivalait grosso modo à celui d'un vieux gant de toilette desséché au fond d'un panier à linge sale, mais tout de même. Me faire ça à moi ? Et puis, il faut dire qu'avec cette fracassante déclaration d'hostilité kobaïenne, je me suis vite rendu compte que par le passé, quelques grands maîtres avaient bien déblayé le terrain, repoussant mon drumming in camera vers le tréfonds, que dis-je, le néant de l'histoire de la musique. Les Art Blakey, Elvin Jones, Tony Williams ou Jack DeJohnette étaient passés par là, je n'en avais même pas subodoré l'existence... Ma décision fut prise en quelques instants, un beau soir d'automne (en fait c'était peut-être une autre saison, mais j'en ai tiré une au sort et c'est tombé sur celle-là... désolé) : au placard aiguilles et coussin (au fait, je voudrais bien savoir ce qu'il est devenu celui-là, le pauvre, il n'a probablement pas eu droit à des obsèques dignes de son héroïsme subi, il faudrait que je songe à lui élever une stèle, une sorte de monument au coussin inconnu), je rends les armes et je ne serai jamais musicien ! Tout au plus me contenterai-je d'aimer la musique, ou plutôt les musiques. Je développerai malgré moi un terrible syndrome de boulimie des portées (dont la lecture continue de m'échapper), je deviendrai un goinfre des galettes, un affamé des mélodies.

    Je m'aperçois que d'autres, avant moi, ont connu ce type de mésaventures. Ainsi, je lis dans le dernier numéro de l'excellent Improjazz* (dont il faudra que j'évoque l'existence un jour ou l'autre, parce que la passion de son créateur continue de m'impressionner) une interview passionnante de l'écrivain Guy Scarpetta. Cet amateur de jazz nous raconte que ses parents avaient décidé de lui faire apprendre le violon. Un choix qui se solda par un résultat proche de l'accident industriel dont il a réussi à extraire une passion pour la musique : « Cette expérience ratée a bien failli me dégoûter à tout jamais de la musique. Mais curieusement, il a suffi que je renonce à jouer pour qu'aussitôt, comme par miracle, mon oreille s'ouvre. Pour que je devienne immédiatement passionné de musique, de toutes sortes de musiques ». Ah ben voilà, on se sent moins seul quand on lit ce genre de choses ! Merci monsieur Scarpetta...

    Ce qui me pose problème avec ce foutu non apprentissage – considérez-moi comme un a-musicien et qu'on n'en parle plus – c'est la formulation correcte des plaisirs qu'on ressent à l'écoute d'un disque, quand on est incapable de les traduire en termes musicalement adaptés. Prenez par exemple un très beau disque récemment publié par le batteur (ben oui, forcément, toutes ces circonvolutions pour en arriver là...) Bruno Tocanne. Ses 4 New Dreams sont un véritable petit enchantement... Ma collègue Diane sait très bien trouver les termes adéquats dans la chronique qu'elle a rédigée pour Citizen Jazz, elle vous explique tout ça avec les mots justes... ceux que je serais bien incapable de trouver moi-même. Quand il est question d'un intervalle de quarte ascendante, je me fais tout modeste, je rase les murs de ma connaissance, je me pose même la question de ma légitimité de chroniqueur citoyen, c'est vous dire... Alors il me reste pour tout viatique la tentation de l'enthousiasme, qui s'affranchit des obstacles techniques et n'a d'autre ambition que de communiquer le bonheur qu'on vit à l'écoute d'un très réjouissant quartet. J'avais voici quelque temps salué la relecture par le même Bruno Tocanne et son i-Overdrive Trio de la musique de l'énigmatique Syd Barrett, membre fondateur de Pink Floyd. Ce type-là (Tocanne, pas Barrett qui malheureusement ne communique plus depuis le mois de juillet 2006), qui multiplie les rêves depuis quelque temps, est à classer sans attendre parmi ceux que j'appelle volontiers les agitateurs d'atomes, ces musiciens qui savent bousculer votre quotidien acoustique en vous suggérant des chemins sur lesquels, de votre propre initiative, vous n'oseriez pas forcément vous engager. Ils vous tapent sur l'épaule en vous disant : « Allez, tu viens avec nous, on va faire une chouette balade, tu verras, je suis certain que tu vas voir des petits coins que tu ne connaissais pas ». Ici, avec le fidèle Rémi Gaudillat (trompette), Michael Bates (contrebasse) et Samuel Blaser (trombone), nous sommes en excellente compagnie. Celle de ces musiciens épris de liberté et de découverte et qui, à chaque seconde, renouvellent votre plaisir de récepteur en vous embarquant dans leurs conversations enfiévrées, en vous proposant de ne pas vous laisser endormir par un confortable conformisme. Bruno Tocanne aime l'idée de résistance et c'est aussi ce qu'on apprécie chez lui : on sent qu'armé de ses baguettes, il dynamite à la fois sa musique mais aussi notre vigilance. Mais qu'on ne s'y méprenne pas : ces 4 New Dreams ne sont en rien une œuvre absconse et difficile d'accès ! Juste l'expression la plus pétillante qui soit d'une belle santé et d'une volonté de ne pas s'arrêter en si bon chemin. Toujours avancer. Et puis, quand on publie un disque sur lequel on trouve des compositions qui s'appellent « Le singulier au pluriel », « Pas si simple » ou « Le présent du vindicatif », on sait que la musique sera conjuguée avec ce mélange d'humour et d'élégance qui sont une vraie politesse faite à nos oreilles curieuses. Et si vous voulez vous faire une petite idée des inventions renouvelées des quatre compères, je vous suggère de ne pas attendre plus longtemps.


    PS : En me relisant, je m'aperçois que cette note n'a pas vraiment de fil directeur. Tant pis, je veux bien assumer cette incohérence, qui est probablement le fruit de ma sénilité naissante. Ou parce qu'aujourd'hui étant le jour de mon anniversaire, j'ai décidé de faire comme je voulais. Et le coussin sur lequel je suis assis au moment où j'écris ces ultimes lignes n'a qu'à bien se tenir...

    * Et j'en profite pour remercier ici Philippe Renaud qui a eu la gentillesse d'y inclure une petite note informative sur le CD « Portraits Croisés » dont je me permets de rappeler qu'il est toujours disponible !

  • Michel Portal - Baïlador

    Bailador.jpgEn plein dans le mille ! Michel Portal, tel un fier danseur – un bailador, celui qui vient à la fin et qui improvise – ou un torero, plante de nouvelles banderilles enflammées. Avec une précision diabolique, entouré d’un combo d’une redoutable efficacité, il nous touche au cœur, au plus près de nos émotions et de la nécessité du rythme. On ne reviendra pas sur la biographie surdimensionnée de l’artiste, sur sa faculté de basculer d’un monde libertaire et imprévisible à un autre, plus cadré : celui de la musique classique.

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  • Précieuse archive

    J'étais tout récemment l'invité de Xavier Brocker, qui anime chaque semaine ses Jazz Galaxies sur une radio locale. Histoire de partager nos coups de cœur, de bavarder paisiblement à l'antenne et de donner à entendre d'autres musiques que celles qui nous sont paresseusement servies la plupart du temps sur les ondes (je ne méconnais cependant pas la qualité qui continue à régner sur certaines fréquences du service dit public). Nous avons réussi un enchaînement assez réjouissant, allant du premier album de Magma jusqu'au prochain disque du Nord-Sud Quintet d'Henri Texier*, en passant par cette bande de joyeux allumés que sont les toujours baba-cool du groupe Gong, les échappées belles du Baïlador de Michel Portal ou bien encore la célébration de Duke Ellington par le Big Band de l'Air, le maître de cérémonie tenant – et je l'en remercie – à souligner le talent de mon fils qui en est l'un des saxophonistes. Promis, je n'avais rien demandé. Mais j'ai apprécié le clin d'œil...

    Je n'avais pas plus souhaité devenir l'heureux dépositaire d'un petit trésor sonore – même si je m'en sens aujourd'hui très honoré – que celui qui fut le premier directeur artistique du festival Nancy Jazz Pulsations a tenu à m'offrir. Au point que j'en étais presque gêné sur le moment : pensez donc, un enregistrement original d'une vingtaine de minutes, sur bande magnétique, celui d'une création originale dont seul le final a récemment été exhumé lors de la parution du beau triple CD 50 ans de Jazz en Lorraine – French Connection 1955 To 1998.

    bande_magnetique.jpg

    De quoi s'agit-il donc ? D'une musique très haute en couleurs composée par Ivan Jullien, qui venait d'obtenir le Prix Django Reinhardt pour son travail en Big Band. Cette Percussive Stanislas Gavotte, fruit d'une commande passée spécialement par NJP au trompettiste, est captée le 14 octobre 1973 lors de la toute première édition du festival au Chapiteau de la Pépinière. Elle est interprétée par un big band où s'entrecroisent les noms de musiciens prestigieux tels qu'Eddie Louis (orgue), John Surman (saxophone soprano), les batteurs André Ceccarelli, Bernard Lubat et Daniel Humair. Sans oublier une petite dizaine d'autres percussionnistes au rang desquels s'illustre le Quatuor de Percussions de Paris sous la direction de Lucien Lemaire. Une vraie petite folie musicale !

    Il me reste à faire bon usage de ce petit trésor. Non commercial, bien entendu, mais animé avant tout par le souci d'un partage avec tous les amoureux de la musique. Peut-être, pourquoi pas, en le proposant à l'écoute sur ce blog. Il faudra d'abord que je trouve la personne qui pourra effectuer le transfert de cet enregistrement vers un support numérique, parce que je ne possède malheureusement pas le magnétophone à bande qui est nécessaire à sa lecture.

    Affaire à suivre donc... et que vive la musique, une fois encore !

    * Qui vient de me passer commande d'un exemplaire de Portraits Croisés ! Je mesure donc l'honneur qui est fait au travail que Jacky Joannès et moi-même avons entrepris pour fixer dans le temps notre exposition automnale.

  • Sélection

    DSC00224-pola.jpgJe sais que l'exercice est un peu vain et que l'élaboration du palmarès des disques de l'année n'a finalement que peu de sens. Néanmoins, ne reculant devant aucune contradiction, je viens de jeter un rapide coup d'œil dans mon petit rétroviseur et je me suis amusé à établir une liste de vingt disques qui ont déjà pas mal tourné du côté de chez moi. Je vous la livre telle quelle, en ayant pris la précaution de classer les artistes par ordre alphabétique. Loin de moi la prétention de décréter untel ou untel meilleur que les autres, c'est une liste, rien de plus. Peut-être y trouverez-vous des points de jonction avec vos propres coups de cœur. Peut-être pas...

    C'est aussi l'occasion pour moi de vous souhaiter une bonne année 2011. Qu'elle chasse les stigmatisations, les vulgarités, les affairistes, les imposteurs de tout poil et qu'elle nous donne à regarder vers le haut. Il y en a tellement besoin. Sachez capter les petits moments de bonheur qui s'offrent à vous et savourez-les, ils sont irremplaçables.

    Bertrand Belin : Hypernuit. Il y a chanson française et chanson française. Avec Bertrand Belin, on est embarqué dans un univers onirique où les mots suggèrent plus qu'ils n'affirment, pendant que la musique déroule tranquillement ses entrelacs.

    Dan Berglund's Tonbruket. Pas facile de survivre musicalement à la disparition d'un leader tel qu'Esbjörn Svensson. Le contrebassiste relève le défi, retrouve ses racines rock et délivre un disque magnifique, bourré d'énergie.

    Sophia Domancich & Friends : Snakes & Ladders. La pianiste surprend, une fois encore, nous raconte des histoires et, magnifiquement entourée, nous invite à sinuer dans les méandres de son jeu enchanté. Un des grands disques de l'année, à n'en pas douter.

    Field Music : Measure. La bonne surprise ! Un vrai disque de rock, comme dans les années 70. Il y a beaucoup de culot chez ces jeunes anglais qui n'hésitent pas à marcher dans le sillage de Bowie ou des Who.

    Renaud Garcia-Fons : Méditerranées. Plus que jamais, la musique du contrebassiste chante l'amour des rivages du sud et nous enchante.

    Festen. Parce que ce jeune groupe a fière allure et conjugue avec bonheur ses amours du rock et une virtuosité non démonstrative lorsqu'il se pare de couleurs jazz.

    Dave Holland Octet : Pathways. Lui, ça fait des décennies qu'il est un grand, quelle que soit la formule de son groupe. Alors quand ils sont huit, on imagine qu'on atteint le haut niveau. Et on a bien raison, tant le contrebassiste est constamment inspiré.

    Metal-O-Phone : une des belles claques rythmiques et percussives de l'année. Inventif à chaque seconde, le groupe suscite une adhésion immédiate. On en redemande !

    Mop Meuchiine Plays Robert Wyatt. Une relecture impertinente, bourrée d'imagination et d'invention. Décidément, la musique du grand Robert n'a pas fini de susciter des (re)créations passionnantes. Celle de la Mop Meuchiine de Pascal Maupeu en est une des plus marquantes.

    ONJ Daniel Yvinec : Shut Up And Dance. Après son beau Around Robert Wyatt, l'ONJ joue la musique du batteur compositeur John Hollenbeck, qui dédie chaque titre à l'un des musiciens de l'orchestre. Un disque qu'on n'en finit pas d'écouter.

    Murat Öztürk & Jean-Pascal Boffo : Improvisions. Belle invitation à un voyage méditatif, où le pianiste improvise en toute liberté mélodique pendant que le designer sonore pare les paysages inventés de ses enluminures élégantes.

    Anne Paceo : Empreintes. La batteuse coloriste et son Triphase doublent la mise. Un deuxième album tout en lumière et générosité. Laissez-vous guider par ces musiciens au sourire communicatif.

    Plaistow : The Crow. Après le séduisant Jack Bambi, le trio fourbit un disque sombre en envoûtant qui laisse entrevoir de magnifiques inspirations, y compris lorsqu'il ose de longs silences. Chronique en chantier pour Citizen Jazz.

    Michel Portal : Baïlador. A 75 ans, le clarinettiste saxophoniste s'entoure des meilleurs (Bojan Z, Jack De Johnette, Scott Colley, Ambrose Akinmusire, Lionel Loueke) et publie l'un de ses plus beaux disques. Chronique en chantier pour Citizen Jazz.

    Steve Reich : Double Sextet / 2 X 5. Le maître du déphasages et des rythmes complexes ajoute une nouvelle pierre à son bel édifice. C'est beau, tout simplement. 

    Youn Sun Nah : Same Girl. Si la grâce avait une incarnation, elle ressemblerait fort à cette magnifique chanteuse coréenne. Un disque pour toujours.

    Olivier Temime : The Intruder. Avec la complicité du magicien Vincent Artaud, le saxophoniste nous électrise et offre un disque qui décoiffe. Ici, la virtuosité des musiciens est mise au service d'un propos d'une redoutable efficacité. Un disque qui frappe fort et juste.

    Henri Texier Nord Sud Quintet : Canto Negro. Là, je triche un peu parce que le disque ne sortira officiellement que le 28 février 2011. Mais c'est une nouvelle flagrante réussite, qui aligne les mélodies comme autant d'hymnes à la vie. Chronique à venir pour Citizen Jazz.

    Univers Zéro : Clivages. Plus inspirés que jamais, Daniel Denis et ses compagnons publient l'un des meilleurs disques du groupe. Cette musique, qu'on classe dans la catégorie du Chamber Rock, n'en finit pas de nous captiver.

    John Zorn : The Goddess. Jamais là où on l'attend, d'une intrigante prolixité, le saxophoniste est ici compositeur et sublime son art. Une musique qui vous attrape par les tripes et ne vous lâche plus.

  • Une fête pour la neige

    Le Z Band sévit à nouveau. Chaque trimestre, notre bande de "jazzblogueurs" vous convie à un petit rendez-vous musical, histoire de partager ses passions du moment... Pour tous, un fil conducteur : aujourd'hui, c'est l'hiver et ses rigueurs qui ont incité ses honorables membres à vous proposer un disque, une formation... ou toute autre création à la seule condition qu'elle soit à même de faire fondre la neige.

    festen.jpgL'occasion pour moi de revenir, quelques jours seulement après une chronique écrite pour Citizen Jazz (par ailleurs relayée dimanche dans ce blog), sur Festen, un quartet stimulant qui ne se contente pas de revendiquer un amour vrai pour le rock, mais va beaucoup plus loin parce que les jeunes musiciens qui le composent savent habiter leur propos de leurs autres passions, au premier rang desquelles on trouve bien sûr le jazz. Leur premier album éponyme, récemment publié, témoigne d'une belle maturité et attire l'attention par un vrai soin porté tant à l'écriture de mélodies qui accrochent très vite l'oreille qu'à la mise en oeuvre d'un projet intrinsèquement collectif.
    Voilà donc une formation qui, comme son nom l'indique, fait la fête à la musique ! Nul doute qu'en l'écoutant, vous constaterez que la neige fond et que le soleil revient...

    On m'aura pardonné, j'imagine, d'avoir choisi de "remettre une couche" au sujet de Festen. Normal puisqu'il est ici question de neige. Puisqu'on vous dit qu'elle va fondre... Et pour vous donner un avant-goût, une petite captation au Golden Jazz Trophy d'Arras en 2010, où le groupe a reçu une juste récompense...

    "Fairbanks" - Festen live at Golden Jazz Trophy (Arras, 2010)
    Damien Fleau (saxophone soprano), Jean Kapsa (piano), Oliver Degabriele (contrebasse), Maxime Fleau (batterie).


    On n'oublie pas les amis : les autres textes du Z Band

    Jazz'O'Centre
    Ursus Minor, funk la neige !

    Jazzques
    Carlos Villoslada

    Jazz à Paris
    Dolphy - Varese - Coltrane - Stockhausen (par Frédéric Maintenant)

    Jazz Frisson
    Manon, viens danser le ska

    Belette & Jazz
    Soleil d'hiver

    Ptilou's Blog
    Benzine & Soo Bin Park au Jazzycolors 2010 

  • Festen

    festen.jpgPendant que certains semblent s’épuiser en débats plutôt vains sur le thème de la dégénérescence du jazz, soupçonné de se compromettre avec d’autres formes de musiques dénoncées comme la source de sa dégradation – tel son « mariage contre nature » avec le rock, de jeunes musiciens avancent fièrement et sans états d’âme leurs pions transgressifs. Et on ne saurait voir dans cette démarche une ignorance de l’histoire de la musique ou l’affichage d’un dilettantisme dû à l’enthousiasme juvénile. C’est le cas de Festen - qui revendique, justement, son amour du rock - dont le premier disque affiche une belle santé et une maturité qui augure bien de l’avenir ! 

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  • Anne Paceo Triphase - Empreintes

    paceoempreintes.jpgOn prend les mêmes et on recommence ! Et on a bien raison, car le nouvel album du trio d’Anne Paceo vient confirmer le talent d’une jeune batteuse - 26 ans – dont le beau palmarès, s’enrichit encore. Le grand Charlie Haden s’est même fendu d’un compliment à son sujet : « Je peux dire avec conviction qu’elle fait partie des meilleurs musiciens à qui j’ai enseigné la musique. Son style personnel et son jeu si particulier font d’elle une musicienne unique ».

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  • Répliques

    Triangle.jpg

    Il y a dans cette photographie une vraie inclination nostalgique… Je regardais ce matin chez moi les deux premiers albums du groupe Triangle, dont la réédition au format vinyl replica est une incontestable réussite esthétique. Même si leur restitution sonore est bien celle d’un CD (dont l’étiquette est elle-même la réplique de celle des 33 tours originaux), la présentation de ces objets – voilà une dimension du disque, valable également pour le livre, qu’il ne faudrait pas oublier : celle de l’objet qu’on veut tenir entre les mains, pour le toucher, le humer, bref le respirer ! Ne jamais passer à côté du caractère sensuel d’une production soignée et durable – passe par la miniaturisation très soignée des albums tels qu’ils furent publiés initialement : le support est cartonné comme aux bons vieux jours, le disque est glissé dans un pochette en papier, il arbore lui-même la couleur noire du LP et tout ce qui se trouve reproduit correspond fidèlement, mot pour mot, à ce qu’on pouvait lire au début des années 70. Malgré le recours à nos lunettes de quinquagénaires, bien des textes en sont devenus illisibles tant les caractères imprimés sont microscopiques ! Au point qu’il a fallu glisser dans le cartonnage un livret supplémentaire dont la lecture est moins périlleuse pour nos yeux fatigués. Aucune importance, puisqu’on est sous le charme…

    Inutile de finasser : je doute que nos enfants numériques soient très sensibles à ce retour vers un passé musical à forte concentration pétrolifère peu soucieuse de développement durable… Mais comment ne pas ressentir une vraie émotion en retrouvant ces compagnons d’adolescence ? Il suffit de prendre les disques en main pour se laisser envahir par un cortège de souvenirs émouvants : les longues heures passées auprès d’un électrophone arborant fièrement son bras articulé, notre tête collée contre le haut-parleur recouvert d’une feutrine rouge, le bruit de la pointe de saphir ou de diamant venant se poser sur la galette noire en produisant un ploc, juste avant les irremplaçables prolégomènes grésillants qui annoncent l’imminence des premières notes…

    Étrangement, je parcourais tout récemment les bacs d’un disquaire lorrain et, à ma grande surprise, je me suis retrouvé nez à disques avec un mur… de LP, tout beaux, tout neufs. Attention, je n’évoque pas ici des vieilleries recyclées comme celles qui font l’objet premier de cette note, mais de nouveaux enregistrements ! Oui, il s’agissait bien de nouveaux albums… Beaucoup plus séduisants, avouons-le, que leurs voisins tristement nichés dans un boîtier cristal sans âme. Il faut bien le dire : on ne voyait qu’eux ! Enfin, j’exagère : disons plutôt que je n’ai vu qu’eux…  Mais je ne suis pas la seule victime de ce phénomène... Prenez par exemple un type comme le grand Neil Young : s’il publie un nouveau CD, il en proposera aussi une version vinyle, dont il vantera tous les avantages, ce dont personne ne cherchera à le blâmer, parce qu’un véritable consensus s’est dégagé depuis belle lurette sur la qualité du son des 33 tours, dont la reproduction analogique ne sera, semble-t-il, jamais égalée par l’échantillonnage et l’écrêtage de leurs homologues numériques.

    Autre cas de figure qui interroge la connexion entre passé et présent : Charlélie Couture publie un nouveau disque, Fort Rêveur, dont le conditionnement s’apparente à celui d’un LP à l’ancienne. Avec, comme nous le rappelle son argument publicitaire : les textes des chansons, un poster, …

    Il y a des jours, comme ça, où je me sens moins seul au beau milieu de mes souvenirs…

  • Renaud Garcia-Fons - Méditerranées

    rcf_mediterranees.jpgLes premières mesures d’« Aljamiado » ne laissent pas place au doute : Renaud Garcia-Fons est un magicien du voyage.
    Il nous embarque avec lui – on sait depuis longtemps qu’il est un passionnant navigatore – une fois encore, pour un périple enchanteur dont on reviendra le sourire aux lèvres, habité d’un sentiment de plénitude et de bien-être, celui qui nous gagnait déjà à l’écoute de La Linea del Sur ou Arcoluz, ses deux précédents albums.

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