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jazz - Page 6

  • Keystoned

    Week-end de la Toussaint, un ciel de plomb coiffe la ville de Lyon. Pluie, nuages, pluie, nuages... Rien de bien réjouissant au-dessus de nos têtes, mais c'est ailleurs qu'il faut chercher le soleil. Celui de la musique par exemple. Alors direction La Clef de Voûte, ce petit caveau niché sur les pentes du quartier de la Croix-Rousse... On se presse autour des quelque soixante sièges qui attendent le public venu nombreux, on se tasse au besoin pour applaudir une bande de jeunes musiciens réunis sous l'appellation très opportune de Keystone Big Band.

    keystone_big_band.jpg

    Ceux-là vont nous proposer leur relecture souriante de Count Basie, Duke Ellington, ou de compositions originales concoctées par François Théberge qui fut le professeur de bon nombre d'entre eux. Et n'en déplaise à un éminent jazzologue hexagonal qui leur reproche un académisme préoccupant (sic) ainsi qu'un intérêt trop marqué pour la note au détriment de la musique, force est de constater que les deux sets proposés par ce big band ont sévèrement réchauffé l'atmosphère et insufflé au public une sacrée dose d'énergie bienfaisante. Sous la houlette de Frédéric Nardin (piano) et Jon Boutelier (saxophone ténor), ces jeunes artificiers n'ont pas cherché midi à quatorze heures en partageant tout simplement leur plaisir d'être là. Les thèmes s'enchaînent, chacun y va d'un chorus pétulant, les sourires circulent entre les pupitres et c'est très bien ainsi. Le Keystone Big Band allie le classicisme d'un répertoire patrimonial à la fougue de sa jeunesse : le cocktail est savoureux, inutile donc de rallier le camp des esprits chagrins...

    Allez, c'est le moment d'en reprendre une petite gorgée... A votre santé ! Vous avez même le droit d'en abuser...

    Un court extrait du concert du Keystone Big Band à la Clef de Voûte (Lyon), le lundi 1er novembre 2010. Ses dix-sept musiciens interprètent "Suburban Beauty" de Duke Ellington.

  • L'œil et la main...

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    Cette fois, c'est la dernière ligne droite ! Encore un tout petit travail de rédaction - mais pas un portrait - et j'aurai mis un terme à mes petites activités musico-littéraires sur lesquelles je planche depuis la fin du mois de mai... Voilà une expérience qui m'aura comblé au-delà de toutes mes espérances, quels qu'en soient le résultat et l'accueil que réservera le public à deux visions complémentaires de ces musiciens qui seront à l'honneur pendant plus de deux semaines à la Médiathèque de Laxou.

    Moins simple qu'elle n'y paraît, la petite histoire qu'on a envie de raconter en quelques lignes est le fruit d'une méthode que je me suis appliquée de manière assez rigoureuse : une fois les artistes sélectionnés d'un commun accord avec mon complice Jacky Joannès, j'ai toujours procédé de la même façon. Essayer de faire le vide pendant de longues minutes, puis penser silencieusement au musicien et noter immédiatement les premiers mots qui me venaient à l'esprit. Et tenter de me débrouiller avec tout ça pour raconter quelque chose, qui ne soit ni biographie ni chronique... Non, autre chose que j'aurais bien du mal à définir. Une tentative un peu littéraire, dirais-je...

    Tout le reste se sera apparenté à un travail que je qualifierai volontiers d'artisanal. Car une fois la forme dégrossie, il a fallu polir avec patience pour parvenir à un résultat que je n'oserais qualifier de satisfaisant mais dont la musique des mots se trouvait en harmonie avec ce que m'inspirait chacun des artistes.

    Dans quelques jours, de toute façon, ce travail ne m'appartiendra plus.

    PS : merci à Elise pour les menues retouches apportées à ce self made visuel !

  • Printanier

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    Et si nous restions en accord avec la saison en parlant, encore et toujours, de musique... Après tout, voilà qui nous permet de prendre un peu de hauteur après les épuisants et plutôt vulgaires épisodes de la vie politicienne de la période récente. Que nos amis politologues et autres éditorialistes cessent donc de s'épuiser (et de nous épuiser par la même occasion) en ressassant jusqu'à la saturation la moindre phrase prononcée par nos, comment dit-on déjà ? Ah oui, nos responsables... pour en tirer de hasardeuses conclusions (ce qui les différencie des responsables en question qui, eux, s'acharnent dans un insupportable tic de langage à tirer les conséquences, une stupidité puisque les conséquences ont cet avantage précieux de se tirer toutes seules)... Je me propose de leur résumer l'avant, le pendant et l'après campagne électorale en une phrase simple : l'actuel locataire de l'Elysée est le président de la République de l'UMP. Ni plus, ni moins. Je l'avais déjà écrit ici-même il y a belle lurette, autant le rappeler car rien ne change. Tout est dans cette phrase et basta !

    Avant-hier donc, le collectif du Z Band célébrait le printemps en vous soumettant une composition ou un titre qui saluait le renouveau et, surtout, remisait l'hiver au plus vite dans son grenier glacé. Aujourd'hui, pour parachever ce tableau de l'éclosion, j'aimerais revenir rapidement sur un moment de musique aux touchantes imperfections nées de la mise en place à l'arraché d'un concert - qui s'apparentait plutôt à une jam session - réunissant quatre musiciens se connaissant bien, au moins pour trois d'entre eux. Nous étions à Nancy, le 15 mars 2010, dans la petite salle du Quai Son, que les autochtones connaissent fort bien depuis longtemps et notamment lorsqu'elle s'appelait le Barnum.

    Ah, les lundis du Barnum !!! J'en connais quelques uns qui s'y sont illustrés un sacré nombre de fois, fourbissant leurs instruments, se lançant de joyeux défis à coups de standards fiévreux. Mon Mad Jazz Boy de fils n'avait pas 18 ans quand il zébrait l'atmosphère alors très enfumée de la salle des flammèches cuivrées de son saxophone (ténor, alto ou soprano). Il y croisait chaque semaine le bec avec quelques potes musiciens qui, tous, faisaient fi de conditions parfois précaires et savaient réchauffer l'ambiance jusqu'à des heures tardives.

    Ce lundi 15 mars, trois de ces acharnés du boeuf, auprès desquels est convié un quatrième larron et talentueux batteur, se sont donné rendez-vous pour une réunion qui ressemble avant tout aux retrouvailles de vieux amis. Le public, peut-être moins nombreux qu'à l'époque haute en couleurs relatée plus haut, est tout de même venu, souvent pour s'accouder au bar et écouter en sirotant. Cédric Hanriot (claviers), Mathieu Loigerot (contrebasse), Gauthier Garrigue (batterie) et... Pierre Desassis (saxophone alto), l'invité de dernière minute, revisitent quelques thèmes bien connus, comme « Take The Coltrane », « Nardis » ou « Cantaloupe Island ». On devine qu'une ou deux répétitions auraient pu très facilement propulser la musique vers de plus hautes sphères mais qu'importe ! La fraîcheur est là, une vraie vibration s'installe, les thèmes laissent la place aux fantaisies des solistes et on ne s'ennuie pas.

    C'est tout ce qu'on demande après tout : être là et partager des instants suffisamment fiévreux pour qu'on puisse quitter les lieux, sans nostalgie, mais en pensant aux heures passées qui sont restées gravées dans nos mémoires.

    Un bon début de printemps, une envie de musique, le besoin d'autres concerts...

    podcast

    En écoute : quelques minutes du concert, le temps d'un chouette chorus de Mad Jazz Boy au saxophone alto.

    Cédric Hanriot (claviers), Mathieu Loigerot (contrebasse), Gauthier Garrigue (batterie), Pierre Desassis (saxophone alto). Nancy, le Quai Son, lundi 15 mars 2010.

    Crédits :
    Photo : Jacky Joannès - Captation : Maître Chronique (Yamaha Pocketrak 2G)

  • Spring In Swing

    C'est l'heure du dixième rendez-vous (eh oui, le temps passe si vite...) pour le collectif des blogueurs, passionnés de musique en général et de jazz en particulier, unis sous la bannière du "Z Band". Nous avons choisi pour l'occasion - comment s'en étonner d'ailleurs ? - de célébrer le printemps et de lui associer ce qui, finalement, lui sied comme un gant : le swing.

    Les différentes contributions sont à découvrir chez mes amis distants :

    - "Springtime" d’Eric Dolphy, version Eberhard chez Jazz à Berlin ;
    - "Springtime for… & Correction", chez Jazz à Paris ;
    - Blossom Dearie et sa "Ballad Of The Spring" chez Jazz Frisson à Montréal ;
    - “You must believe in spring” de Michel Legrand à Bill Evans, chez La Pie / JazzOcentre ;
    - Clifford Brown avec "Joy Spring" sur Ptilou’s Blog ;
    - "Springtime again", par Sun Ra chez Mysterio Jazz / Bill Vesée ;
    - "Spring" par Kenny Dorham chez Belette ;
    - "Springtime dancing", par Manu Katché chez Bladsurb ;
    - "Everytime We Say Goodbye" de Jeanne Lee & Mal Waldron, du côté de chez Jazzques.

    Ici, il sera question de John Coltrane et de sa version de "Spring Is Here", signée Rodgers & Hart.

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  • Roboratif

    Subject to Change cover.jpgIl me tarde de lire la chronique que doit rédiger notre ami Julien pour le compte de Citizen Jazz !!! Parce que s'il a pris autant de plaisir que moi à l'écoute du dernier disque du clarinettiste Denis Colin, alors il ne se privera pas d'enrober son texte d'un enthousiasme parfaitement justifié. Subject To Change, tel est le nom du CD enregistré par une sacrée conférie appelée La Société des Arpenteurs

    Imaginez-vous un petit matin d'automne : il fait gris et froid, une radio crache de mauvaises nouvelles du monde et vous vous levez fatigué après de longues heures d'insomnie. La vie n'est pas toujours, on le sait, un long fleuve tranquille et vous ruminez je ne sais quel problème personnel dont vous ne trouvez pas la solution. Moral bas d'un optimiste désespéré...

    Et voilà que retentissent les premières mesures de « Hopperation », la composition qui ouvre l'album Subject To Change. Ah oui, tu m'étonnes que ça change ! Une vraie opération de gonflage en énergie ! Une cure d'oxygène pour tympans apathiques qui vous fait voir les choses de la vie avec un début de sourire. La Société des Arpenteurs, c'est une quinzaine de musiciens qui vous balancent un musique hyper mélodique, brillante, animée d'un groove impeccable, aux arrangements cuivrés et électriques, sur laquelle la clarinette basse de Denis Colin fait merveille. Un jazz qui pète le feu et qui sait se faire binaire s'il le faut. Et ça dure une heure comme ça, sans temps mort, sans faute de goût. J'irais même jusqu'à dire que c'est exactement la musique que j'ai besoin et envie d'écouter en ce moment.

    J'ai pris le temps de vous établir la liste de ce big band tourbillonnant qui s'est même payé le luxe d'un invité lui-même pas banal, le saxophoniste Tony Malaby (pour mémoire, ce dernier a travaillé avec Steve Coleman ou encore Ravi Coltrane et joue dans Birdwatcher, le dernier disque de Michel Portal). Subject To Change, c'est mon coup de cœur du moment, et j'espère que ces quelques lignes vous donneront l'envie d'en savoir un peu plus. Je me réjouis aussi à l'idée de voir sur scène dans les prochains jours une extraction très noble de cette société sous la forme d'un quintette qui sera l'une des belles soirées de l'édition 2009 de Nancy Jazz Pulsations. J'en parlerai plus en détail dans un prochain article pour Citizen Jazz...

    La Société des Arpenteurs :

    Denis Colin (clarinette-basse & compositions), Benjamin Moussay (Fender rhodes & electronics), Julien Omé (guitare), Antoine Berjeaut (trompette & bugle), Sylvaine Hélary (flûtes), Fabrice Theuillon (sax baryton & soprano), Stéphane Kerecki (contrebasse), Arnault Cuisinier (contrebasse), Eric Echampard (batterie), Tony Rabeson (batterie). Et aussi : Philippe Sellam (sax), Fabrice Moreau (batterie), Thomas Gimonprez (batterie), Misja Fitzgerald-Michel (guitare). Invité spécial : Tony Malaby (sax).

    P.S. : bien que d'une coloration différente, il est un autre disque à surveiller du coin de l'oreille : c'est Humus que nous propose Bojan Z et son Tetraband.

    En écoute, les premières minutes de "Hopperation", qui ouvre l'album Subject To Change.

    podcast

  • Sélection

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    Eh oui, ici aussi, on appuie sur la touche Pause ! Non que je m'éloigne de mes petits travaux d'écriture (j'irais même jusqu'à penser que ceux-ci vont m'occuper encore un peu plus qu'à l'accoutumée), ni que je ressente un quelconque sentiment de lassitude vis-à-vis de mes lignes quotidiennes, mais j'arrive à la lisière d'un nouvel espace qu'il va me falloir investir de manière organisée. Je dois aussi trouver un nouveau sens à mon blog. Par conséquent, le repos s'impose et je reviendrai faire un petit tour par ici durant la deuxième quinzaine du mois d'août.

    Néanmoins, j'aimerais profiter de cette interruption momentanée de mes services pour vous proposer une petite sélection musicale. Sept disques publiés au cours du premier semestre de l'année et qui ont pour autres points communs d'avoir été enregistrés sur notre scène jazz hexagonale et d'être le fruit de la créativité de musiciens qui savant s'affranchir des frontières, que celles-ci soient artistiques, géographiques ou culturelles. En cette période dite de crise (de la finance, du marché du disque, de tout en fait...), se rendre compte que les artistes conservent toute leur force d'imagination est tout de même un peu rassurant. Qu'ils en soient ici remerciés et qu'ils sachent que je vais consacrer le maximum de mon énergie à défendre leur cause et assurer leur promotion, dans la limite de mes moyens, bien sûr.

    ONJ Yvinec, Around Robert Wyatt : salué unanimement, ce beau projet, qui mêle voix enregistrées sur lesquelles ont été posés les arrangement signés Vincent Artaud, est exécuté de main de maître par une jeune formation pour célébrer le grand Robert Wyatt. Un de chocs musicaux de l'année.

    Surnatural Orchestra, Sans Tête : ce super big band qui pratique le sound painting, fait tout exploser sur son passage et offre au public un double CD live ébouriffant qui ne se contente pas d'être un disque, mais aussi un bel objet pour collectionneurs. Indispensable.

    Louis Sclavis, Lost On The Way : à cinquante-six ans, le saxophoniste clarinettiste lyonnais n'a jamais été en aussi grande forme. Ce disque, qui nous emmène dans les pas d'Ulysse, est - je me risque à une assertion lapidaire - à n'en pas douter, son meilleur.

    Bozilo, Live : BOjan Z (piano), Karim ZIad (batterie), Julien LOurau (saxophone), nous emmènent pour un voyage inter continents et allient un lyrisme flamboyant à une imagination sans pareille. C'est un trio majeur, que chacun d'entre nous peut rêver de voir sur scène.

    Pierrick Pedron, Omry : encore un disque choc, signé d'un saxophoniste surdoué qui déjoue les pronostics en célébrant tout à la fois l'orient (Oum Kalthoum) et son amour pour le rock progressif des années 70, et celui de Pink Floyd en particulier. Hyper mélodique, parfois électrique, toujours inspiré, ce disque vous entre dans la tête pour ne plus en ressortir.

    Volunteered Slaves, Breakfast in Babylon : Olivier Temime et sa belle bande d'esclaves volontaires mettent le feu au dance floor en trempant leur jazz dans la soul music et l'afro beat. Oh que ce disque fait du bien en ces temps grisâtres ! Une musique pour gourmands, une cuisine roborative parfumée à la pêche.

    Renaud Garcia-Fons, La Linea Del Sur : pas à pas, le contrebassiste catalan dessine son chemin illuminé, élégant et nourri d'influences méditerranéennes, espagnole en particulier. Indémodable, les yeux levés vers le ciel.

  • Musique

    Je ne vais pas vous faire croire que je suis particulièrement sensible à cette célébration qu'on appelle la Fête de la Musique... J'imagine que nul ne contestera le fait que je déploie quelques efforts, tout au long de l'année, pour la célébrer, sans qu'il me soit nécessaire d'arpenter un soir par an les rues de la ville et tenter de me frayer un chemin au beau milieu de hordes alcoolisées dès que la nuit tombe (et même avant d'ailleurs). Dommage que ces foules ne manifestent pas dans leurs choix quotidiens un intérêt aussi marqué pour la musique durant tout le reste de l'année. Néanmoins, je ne veux pas faire le grincheux et j'adopte une méthode qui constituera ma contribution à cet événement. Il s'agit d'une rédaction (trimestrielle) pour le compte d'un collectif de passionnés de musique en général et de jazz en particulier. Allez, venez, c'est par ICI !

  • Éperdu

    lost_on_the_way.jpgLe XXIe siècle sied très bien à Louis Sclavis. Parce que sa discographie - abondante désormais depuis la fin des années 70 - recèle de magnifiques moments dont les plus récents (L'Affrontement des Prétendants, Napoli's Walls, L'Imparfait des Langues et aujourd'hui Lost On The Way) constituent comme une suite qui frise la perfection. Avec ce nouveau disque qui évoque l'odyssée d'Ulysse, et pour lequel il renouvelle en partie son quintette (Maxime Delpierre et François Merville étant toujours présents), Louis Sclavis fait une fois encore éclater au grand jour une musique lyrique, inventive et nerveuse. Il y a ceci d'un peu magique chez lui qui est la patte des grands : on sait très vite à qui on a affaire, sans pour autant savoir où l'artiste veut nous emmener. Alors on se laisse guider, au gré des vents et on le laisse nous raconter une histoire dont on n'a pas envie de connaître la fin.

    « J'ai joué à me perdre pour sortir d'une route déjà tracée » confie le clarinettiste. Alors bien joué en effet et quant à moi, je me porte volontaire pour tomber autant de fois que nécessaire de Charybde en Scylla, tant il est bon, sinon d'être perdu dans l'inconnu, du moins de revenir comme éperdu du bonheur éprouvé à la rencontre d'un jazz contemporain dont la richesse nous laisse espérer qu'il aura encore bien des pages à tourner.

    podcast

    En écoute : quelques minutes de « De Charybde en Scylla », extrait de Lost On The Way (ECM 2098 1798497).

    Louis Sclavis (clarinettes, saxophone soprano), Matthieu Metzger (saxophones soprano et alto), Maxime Delpierre (guitare), Olivier Lété (basse), François Merville (batterie).

  • Tous

    Finalement, ça valait le coup de se torturer les méninges et de plancher sur le sujet que notre collectif de blogueurs jazz, le Z Band, s’était imposé pour la cinquième édition de sa publication synchronisée, «Tous sur Mingus». Le grand Charles nous a plutôt bien inspirés et l'on trouve de bien beaux moments de lecture dans la petite dizaine de textes que nous avons écrits. Tiens, par exemple : la chronique de la Pie Blésoise où le disque Mingus Oh Yeah est présenté en même temps que se mijote une soupe de légumes ou bien encore la rythmique magnifique du texte écrit par l’Ivre d’Images. Et tous les autres aussi… Quant à ma petite contribution, vous pouvez la lire ICI.

  • Ah, Mingus !

    mingus_cowboy.jpg30 ans après sa mort, 50 ans après la parution d’un disque que beaucoup considèrent comme le meilleur passeport pour franchir les frontières de son œuvre, Charles Mingus continue de nous livrer ce qui est l’essence même de toute création artistique : l’âme. Regards croisés par une bonne dizaine d’amis distants autour de la musique du contrebassiste…

    Voilà qui m’apprendra à creuser trop profondément certains sillons et à me laisser goulûment engloutir dans les univers infinis d’un quarteron de musiciens, devenus des compagnons de vie à force d’abuser de leur fréquentation. Dis donc, Coltrane, qu’as-tu fait ? Ton parcours de comète, fulgurant et mystique, a tellement consommé de mon énergie que j’en ai fini par oublier, parfois, que tu n’étais pas seul au monde sur la belle planète du jazz ! Aujourd’hui encore, il ne s’écoule pas une semaine sans que je ne m’en réfère à ta musique lorsque la nécessité de charger mes batteries musicales se fait sentir. Un exclusivisme qui, très certainement, marque une profonde injustice envers tes pairs, au point que je dois me rendre compte aujourd’hui que certains d’entre eux, parmi les plus grands, me sont presque des inconnus. Mais la vie avance toutefois et leurs causes ne sont pas perdues, je leur dois bien ça. Un jour certainement…

    Prenez Mingus par exemple, Charles de son prénom. Que sais-je vraiment de lui en dehors de ce que n’importe quel profane est censé connaître ? L’essentiel peut-être : Mingus, musicien génial et hors de toutes les normes, compositeur et arrangeur d’exception, sa formation classique, cette église méthodiste où il chante le blues et où l’on se livre «aux incantations et aux lamentations qui répondent au preacher». Je sais aussi sa force physique, ses confrontations parfois violentes avec d’autres musiciens qui lui ont valu, par exemple, d’être exclu de l’orchestre de Duke Ellington après une altercation avec Juan Tizol, le compositeur de «Caravan». Ses compagnons de route aussi, dont le génial Eric Dolphy, autant de musiciens qui vont s’accomplir à ses côtés, et surtout à ses côtés d’ailleurs, lui l’artificier dont la contrebasse disait la fureur et l’invention. Un homme en colère, cet «homme noir aux Etats-Unis», qui racontera sa vie dans une autobiographie aux accents tragiques appelée «Moins qu’un chien», et dont le titre parle de lui-même. Mingus a écrit les grandes pages de son histoire entre les années 1956 et 1962 avant de s’éclipser durant de longues années puis d’effectuer un retour sur scène en 1971. Avant de disparaître en janvier 1979, le 5 exactement, il y a trente ans donc, frappé par un mal qui l’avait cloué sur un fauteuil pour l’épuiser jusqu’à sa mort.

    J’aimerais citer ici in extenso le paragraphe de conclusion que Francis Marmande écrit à son sujet dans le Dictionnaire du Jazz : «Emotif et recensant en lui-même les émotions de son peuple, Mingus a entrepris de faire ouvertement parler, crier, la musique, comme on fait parler la poudre. Avec une énergie très physique qui concentrait ses qualités de compositeur, d’arrangeur ou d’agitateur. Avec une générosité et une intégrité qui ont contraint toutes les communautés (celle des musiciens lui étant acquise) noires, blanches, officielles et marginales, à le reconnaître et le saluer. In extremis peut-être, mais tout de même». Rien à ajouter.

    Si tout de même parce que bien sûr, je connaissais quelques thèmes majeurs de cet homme «en colère tous les jours» : «Better Get In In Your Soul», «Goodbye Pork Pie Hat» ou «Fables Of Faubus». De ces dernières, j’avais eu connaissance à la fin des années 80, lorsque Claude Nougaro, avec l’accord de Sue, l’épouse de Mingus, en avait proposé une adaptation appelée «Harlem» sur son album Nougayork. Des secondes, je connaissais depuis longtemps (toujours ?) la mélodie, sans forcément l’identifier, avant que Michel Portal ne la reprenne à son compte sur l’album Minneapolis. Un survol finalement, l’idée que j’avais affaire à un acteur essentiel de la scène musicale du XXe siècle, mais qu’il serait bien temps de voir ça un peu plus tard. Bizarrement, je n’avais jamais pris le temps d’écouter un disque de lui, du début jusqu’à la fin… Allez comprendre que ce n’est pas sans une certaine appréhension que j’ai accepté de me joindre à ma cohorte de blogueurs lorsqu’il s’est agi, en toute liberté, d’écrire un texte consacré à monsieur Mingus. J’ai retourné des dizaines de fois la question dans ma tête et finalement choisi de jouer cartes sur tables. Puisque sa musique ne m’était que mal connue, pourquoi le cacher et faire comme s’il en allait autrement ? Non, autant se présenter tel qu’on est et dire sa démarche : d’abord consulter quelques archives, mon dictionnaire du jazz en particulier, un peu jauni déjà et lire les pages magnifiquement écrites par Francis Marmande. Puis choisir un disque parmi les enregistrements à ma disposition et, finalement, n’avoir aucune hésitation quant à la galette à sélectionner en m’apercevant que les thèmes que je connaissais le mieux avaient tous été enregistrés en 1959 pour le disque Mingus Ah Um. Et là, l’évidence, comme dirait Monk ! Celle de se mettre un chef d’œuvre entre les oreilles, un disque inoxydable dont chaque pièce semble à la fois un classique mais aussi d’une terrible actualité. Dans ce disque quinquagénaire, ça bouillonne, ça gronde, ça chante, il y a là l’essence de la vie, l’esprit d’un homme et d’un peuple qui marche vers un monde qui pourrait être meilleur si… mais qui ne l’est pas, néanmoins. Cette force vitale emporte tout sur son passage tant le propos, qui s’appuie pourtant sur des arrangements complexes et novateurs, est d’une limpidité fougueuse.

    Et voilà que je culpabilise maintenant : comment avoir réussi à zigzaguer à ce point jusqu’à parvenir à éviter une rencontre plus précoce avec Charles Mingus ? Un exploit assurément, et la certitude d’une erreur qui sera réparée.

    En écoute : "Better Get It In Your Soul", extrait de Mingus Ah Um





    Contrebasse : Charles Mingus
    Saxophone : Booker Ervin et John Handy
    Trombone : Willie Dennis et Jimmy Knepper
    Piano : Horace Parlan
    Batterie : Dannie Richmond

  • Âme

    Mingus Ah UmJe dois bien avouer que je n’en mène pas large… Membre régulier depuis un an d’un collectif de blogueurs ayant pour ambition de publier une fois par trimestre un texte sur un thème commun choisi de manière participative, j’ai laissé le temps passer et me retrouve dans l’obligation de pondre d’ici à ce soir un texte sur le grand Charles Mingus. Que finalement, je connais plutôt mal, même si je n’ignore rien de ce qu’un jazzophile basique est supposé savoir. N’empêche… Je dois trouver un angle d’attaque pour résoudre cette drôle d’équation. En attendant, j’écoute une galette publiée par le contrebassiste voici maintenant cinquante ans, Mingus Ah Um. Un disque essentiel, dont tellement de thèmes sont aujourd’hui autant d’hymnes sans âge ! Je vous laisse écouter les premières minutes de «Better Get It In Your Soul», qui suinte le blues et le negro spiritual. L’âme en musique…

  • Freddie

    freddie_hubbard.jpgJ’avais imaginé, en ce dernier jour de l’année, vous proposer une petite sélection de quelques bonheurs musicaux débusqués en 2008. Dans ma tête circulaient déjà les images et les sons de disques marquants, car il y en a eu, dont je souhaitais partager avec vous la vie et la grâce.
    Et puis… J’ai appris hier qu’un grand monsieur de l’histoire du jazz venait de nous quitter : âgé de 70 ans, Freddie Hubbard, est mort des suites d’une crise cardiaque.
    70 ans ? Seulement ? Incroyable…
    Freddie Hubbard, c’était pour moi avant tout la fougue d’un jeune musicien âgé de 23 ans qui débordait d’énergie aux côtés de John Coltrane en 1961 pour l’enregistrement du mythique Olé. A cette époque, il participait à l’aventure des Jazz Messengers d’Art Blakey, avant de travailler aux côtés d’autres géants comme Sonny Rollins, Eric Dolphy, Herbie Hancock, Ornette Coleman ou Quincy Jones. Il avait su s’affranchir des frontières et faire traverser sa musique par de nombreux courants, en commençant par recevoir l’influence du grand Miles avant de s’émanciper et de trouver sa propre voie. Sa discographie, en tant que leader ou comme sideman, est abondante et j’aimerais ici vous proposer un petit hommage avec «Red Clay», extrait de l'album éponyme publié en 1970. Le casting est somptueux, excusez du peu : aux côtés du trompettiste, on trouve Joe Henderson au saxophone ténor, Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la contrebasse et Lenny White à la batterie. Rien que ça.
    Chapeau bas monsieur Freddie, et bonne chance pour vos nouvelles aventures.

  • Etonnant

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    Voici quelques semaines, j'avais évoqué ici-même la sortie d'un disque enregistré en solo par le pianiste Jean-Michel Albertucci. Ses Etranges Fantaisies, passionnant voyage au pays de la liberté, m'ont donné envie d'en savoir un peu plus sur ce musicien et de lui accorder suffisamment de temps pour nous parler de ce bel enregistrement.

    Une heure d'entretien, dont la quasi totalité est retranscrite sur mon autre espace, c'est ICI !

    On pourra toujours en profiter pour écouter à nouveau un petit extrait du disque, "Horizontale".

  • Convergences

    Dans son numéro de décembre, le magazine Jazzman interroge l’animateur Frédéric Taddeï sur sa relation au jazz. Je relève dans ses propos bien des observations que je pourrais reprendre à mon compte. Quelques citations :
    « Il est important de savoir par quelle porte entrer dans une œuvre aussi foisonnante et contrastée que celle de Miles. Et c’est mieux si on a un guide… ». J’ai eu besoin quant à moi d’un tel guide pour comprendre le cheminement de Coltrane.
    « Je ne conçois le jazz en concert que dans un club… ». Idem pour moi, sauf que Taddeï veut ce club enfumé alors que l’éviction de la tabagie passive est pour moi comme beaucoup d’autres une aubaine.
    « Lorsque j’ai découvert le jazz (…), il a fallu que je me refasse l’histoire, comme je le fais toujours quand j’aime quelque chose ». Ce n’est pas le passionné de musique, fouineur d’intégrales, qui dira le contraire.
    « Je viens du rock, le jazz est arrivé ensuite ; j’ai des références binaires, un peu bébêtes. Et depuis que je connais le second, je trouve le premier un peu limité ». Là, je suis moins d’accord, il y a énormément de richesses dans le monde du rock, dont le cadre formel peut parfois paraître plus simpliste, mais cette musique véhicule une énergie essentielle lorsqu’elle est portée par des musiciens habités.
    « Je suis toujours heureux d’entendre des traces de soul, de rock, ou même de variété. Le jazz a cela de formidable qu’il peut transcender n’importe quelle mélodie » : tu l’as dit, Taddeï !

  • Fini

    dave_liebman.jpgLe rideau est tombé samedi soir sur le Festival Nancy Jazz Pulsations, qui fêtait en 2008 son trente-cinquième anniversaire. Avant de penser à un bilan un peu plus approfondi, c’est le moment de se remémorer quelques temps forts de la grosse dizaine de soirées auxquelles j’ai pu assister : la fougue prometteuse de jeunes musiciens, tels que les pianistes Tigran Hamasyan ou Yaron Herman ; les flamboyances du Mega Octet d'Andy Emler ; la vibration, entre Bartok et Coltrane, de la Neffesh Music de ce grand monsieur qu’est Yochk’O Seffer ; la grâce qui semble habiter la musique de Dee Dee Bridgewater depuis qu’elle a choisi de conjuguer le jazz et ses origines maliennes ; l’éternelle jeunesse de John Mayall qui, à 75 ans, joue le blues avec l’énergie des premières heures ; l’énorme concert du saxophoniste Dave Liebman (notre photo) qui a littéralement soulevé le Jazz Club de la MJC Pichon, plein comme un œuf d’un public chaviré de bonheur.