Superposition
J’ai consacré tout récemment une soirée à l’écriture d’une chronique pour le magazine Citizen Jazz, niché dans mon petit repaire au deuxième étage de la Maison Rose : un bureau sur lequel est posé mon ordinateur, celui-ci diffusant la musique du disque sur lequel je planche. Je cherche les mots, je tourne et retourne les phrases, j’essaie de retranscrire au mieux les émotions que je souhaite partager. Parfois même, je suis content de ce que j'ai réussi à produire. Et subitement, je me rappelle que lorsque j’étais gamin, je visualisais le travail que j’exercerais plus tard sous la forme d’une image finalement pas si éloignée : j’étais assis à un bureau, j’écrivais (mais à cette époque, pas de clavier ni de petit ordinateur blanc) et devant moi, une fenêtre ouvrait sur un paysage verdoyant.


Avec «Infernal Machina», disque hommage à la musique de Magma – car c’est bien de cela qu’il s’agit, ne nous y trompons pas – Jannick Top apporte une réponse cinglante à ceux qui, depuis sa participation à l’aventure du groupe entre 1973 et 1976, commençaient à douter de sa capacité à redevenir lui-même. Disque d’abord sombre (les ombres de «De Futura» et «Zombies» planent) puis lumineux dès que la machine entame sa course effrénée sur la planète Kobaïa, cet opus pour l’instant introuvable en France (…) vous prend à la gorge et vous coupe le souffle. Et jamais, peut-être, la paire Jannick Top – Christian Vander n’a été aussi impressionnante. Ces deux-là se devinent, se respirent, réinventent à chaque seconde la gémellité musicale. Les mouvements VII à XI de cette suite (qui en compte douze) sont à cet égard souverains : basse et batterie, conduites par un piano très bartokien, revisitent les grands thèmes de Magma avec une force inégalée.