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  • Suspense

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    Si le calendrier de mes activités est respecté, je serai quelque part, là haut, dans un avion au moment où cette note sera publiée. Pour ne rien vous cacher, c'est la première fois que je quitte le plancher des vaches... La confrérie des médecins qui veillent sur mon sort ne s'est jamais acharnée à me convaincre que l'exercice était sans risque pour moi, eu égard à quelques possibles incompatibilités entre le voyage à haute altitude et l'hébergement dans mon sytème veineux profond de quelques dizaines de caillots trentenaires et, par conséquent, une circulation sanguine un tantinet complexe et stimulée par le port de bas à forte contention et un traitement anticoagulant. Mais bon... faut bien essayer un jour, non ? Alors c'est aujourd'hui ! Voici donc comment j'envisage le cours des choses : soit tout se passe bien et je viendrai très vite vous taquiner à coup de phrases potentiellement digressives dans le courant de la semaine prochaine ; soit c'est l'avion qui gagne et dans ce cas, sachez que je surveillerai vos moindres faits et gestes, depuis encore plus haut, assis sur le nuage où une place confortable m'est réservée. Et pour un sacré bout de temps, nom de Dieu !

  • Dense

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    Daniel Denis & Univers Zéro © Jacky Joannès

    Attention aux conclusions hâtives ! On pourrait, à la vision d'une batterie occupant la place centrale de la scène et en observant la gestuelle habitée de Daniel Denis, penser qu'avec Univers Zéro on a affaire à une musique engendrée par la sphère Zeuhl. Si ce batteur a croisé un beau jour, voici longtemps maintenant, le chemin de Christian Vander au sein de Magma, et s'il reconnaît lui-même, dans un exercice d'humilité admirable, avoir beaucoup appris de ce dernier, la comparaison doit s'arrêter là. Daniel Denis et ses compagnons de Belgique méritent beaucoup mieux qu'une affiliation qui n'en feraient que des sous-produits d'un courant musical qui, en réalité, n'existe pas. Leur monde est tout autre et leur esthétique très divergente : ici, point d'imprécations ni d'appels furieux à la puissance d'un être supérieur aux contours parfois troubles. Pas de grandes déclarations fracassantes assénant la supériorité d'une musique sur toutes les autres. Pas de quête d'une fantasmatique vérité. Non, rien de tout cela. Avec Univers Zéro, nous sommes conviés à un voyage vers des paysages qui évoquent plutôt les tableaux de Brueghel l'ancien et ses personnages parfaitement mis en scène (Quand on demande à Daniel Denis si le monde qui nous entoure l'influence en tant que compositeur, le premier mot qui vient à la bouche de Daniel Denis est... la campagne !). La musique tournoie, danse, elle est dense ! Son climat assez unique, né de l'association d'instruments en provenance du rock avec d'autres, moins habituels tels que le basson ou le hautbois, la distingue nettement de toutes les autres. Elle est aussi sous l'influence des folklores de l'est de l'Europe et s'avère intemporelle, détachée des modes, depuis 35 ans. Car Daniel Denis se bat avec une énergie remarquable depuis 1974, date de la création d'un groupe qui se maintient en vie par delà les années. En aparté, Daniel Denis confie qu'il ne se sent pas le droit de donner des cours parce qu'il est un autodidacte tout en s'émerveillant d'avoir à orchestrer sa musique pour un orchestre symphonique lituanien. Une démonstration de fraîcheur qui force la sympathie pour un homme d'une exemplaire simplicité (il en va d'ailleurs de même pour tous les membres du groupe).

    Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que le concert donné par Univers Zéro au Théâtre de la Manufacture constitue l'un des temps forts du Festival Nancy Jazz Pulsations ; il est l'occasion d'apprécier le talent de la jeune garde du groupe, rejointe depuis peu par l'ancien Michel Berckmans (hautbois et basson) et nous offre une élégante promenade qui va puiser dans d'anciennes pièces comme « Présage », « Toujours plus à l'est » ou « Dense », mais aussi dans de plus récentes, voire inédites telle que « Straight Edge », qu'on pourra découvrir sur Clivages, le prochain disque du groupe. Qui sera sans doute, comme ses prédécesseurs, une belle réussite et la marque d'une musique qui reste hors du temps.

    En écoute, un extrait de "Présage", lors du concert d'Univers Zéro au Théâtre de la Manufacture de Nancy, le mardi 13 octobre 2009. Le son est probablement un peu assourdi en raison de l'acoustique de la salle, pas forcément la meilleure pour ce genre de musique...

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    Daniel Denis : batterie, Michel Berckmans : basson, hautbois, Pierre Chevalier : claviers, Dimitri Evers : basse, Martin Lauwers : violon, Kurt Budé : clarinette.
  • Inattendu

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    Nippon... ni mauvais, cet instantané a le mérite de s'imposer à vous au moment où vous flânez dans les allées du Jardin du Luxembourg baignées d'un soleil estival. Et pourtant, nous sommes à la fin du mois de septembre. Ici, la tradition colorée des costumes vient se frotter les ailes à un décor naturel qui semble presque issu d'un jardin japonais. Bois et feuillages... On devine derrière les grilles une vie urbaine plus trépidante, mais les personnages de ce tableau vivant lui opposent une indifférence bienvenue. A demi-caché derrière un arbre, j'empoigne mon Lumix et, sans plus réfléchir, j'appuie sur le déclencheur.

  • Humeurs

    J'ai cru comprendre, en lisant des commentaires ici ou là, que certains d'entre mes lecteurs regrettaient parfois la version « light » de mon blog, quotidienne et généraliste. Je me suis déjà expliqué sur les raisons de cette évolution, qui n'est pas définitive mais sera la marque de l'année à venir. On doit parfois faire des choix, et malheureusement au détriment de ceux qui comptent parmi les plus fidèles supporteurs.

    Cela étant dit, je veux bien faire une légère entorse à la direction générale de mes travaux en écriture en vous proposant une balade en trois humeurs. Ce sera là un petit signe de remerciement et d'espoir pour ceux et celles d'entre vous qui se morfondent à l'idée de ne pas s'injecter leur dose journalière de lecture.

    Humeur 1 : bonne

    Vous savez quoi ? Pour la première fois depuis deux ans, j'ai rendu une petite visite à mon cher Docteur D., principal héros de mes stimulochroniques qui feront un jour l'objet d'un tiré à part, tant elles sont constitutives de cet espace de gribouillage. L'objet de notre rencontre était, on s'en doute, un énième contrôle de mon cher Medtronic, ce boîtier mystérieux qui stimule mon muscle cardiaque et fonctionne en règle générale pendant près de 60% de mon temps de vie. Excellente nouvelle : le docteur D. est en pleine forme, il s'est acheté un nouveau Mac et s'échine à y faire fonctionner une vieille version de Photoshop. Et son logiciel de reconnaissance de caractères semble toujours aussi capricieux. Il m'a fait visiter son nouveau magasin dont je vous présente ici la vitrine. Faites votre choix, messieurs dames, un jour ou l'autre, vous aurez besoin des services de mon cardiologue préféré.

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    Humeur 2 : mauvaise

    Une catastrophe ! Ni plus ni moins... Après une heure d'un splendide concert donné par le quintette de Denis Colin – vérification de visu de la très grande qualité de sa Société des Arpenteurs – voilà qu'une erreur de casting absolue est grimpée sur la jolie scène du Théâtre de la Manufacture. Je serai obligeant et tairai les noms de cette Canadienne et de ses deux acolytes : si l'absence doit s'incarner, elle le fera sans nul doute sous la forme de ce trio apathique et dépourvu de toute originalité. Une pâle chanteuse qui s'affaire mollement sur une caisse claire au moyen de deux balais, un guitariste et un contrebassiste qui risquent l'endormissement à chaque seconde. Tout comme nous d'ailleurs qui, placés au second rang, avons eu la politesse d'attendre la fin de cette éprouvante prestation. Pour vous faire une idée : imaginez un Renan Luce au féminin encore plus décaféiné et vous saurez à quoi ressemblait cette « artiste ». Le plu cruel pour nous, c'est lorsqu'après vingt minutes de si intenses efforts, l'impétrante s'est assise sur un siège en nous expliquant qu'elle allait chanter quelques chansons d'amour plus calmes. Je ne savais pas que c'était possible... Le public, en majorité composé d'invités d'un des sponsors du Nancy Jazz Pulsations, semble avoir apprécié le truc. Enfin, pas tout le monde, n'exagérons pas : nous avons retrouvé un ancien voisin qui, lui aussi, s'arrachait les cheveux en se demandant ce qu'il était venu faire dans cette galère. Ouf ! Il reste encore un peu d'espoir à placer en l'être humain...

    Humeur 3 : excellente !

    Magnifique conclusion de la trente-sixième édition du Nancy Jazz Pulsations avec le grand Joshua Redman venu en trio sous le Chapiteau de la Pépinière. Les grincheux peuvent toujours dire que le jazz y occupe une portion chaque année plus congrue... N'empêche : pour qui savait intelligemment piocher, il y a eu, cette année encore, de beaux moments de musique. Car avant le saxophoniste américain, nous avons pu nous régaler des concerts de Pierrick Pédron, Stabat Akish, Univers Zéro, Jean-Michel Albertucci ou encore Denis Colin. Et ce ne sont là que quelques exemples. Je vais m'atteler dès demain à la rédaction de mon compte-rendu pour Citizen Jazz et en attendant sa publication, je vous propose - chut, ne le dites pas - un extrait du concert de samedi soir. Joshua Redman (saxophone soprano) est entouré de Matt Penman (contrebasse) et de Gregory Hutchinson (batterie) : ils interprètent « Soul Dance » et c'est un petit enchantement. Merci à NJP pour tous ces moments si précieux !

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  • Roboratif

    Subject to Change cover.jpgIl me tarde de lire la chronique que doit rédiger notre ami Julien pour le compte de Citizen Jazz !!! Parce que s'il a pris autant de plaisir que moi à l'écoute du dernier disque du clarinettiste Denis Colin, alors il ne se privera pas d'enrober son texte d'un enthousiasme parfaitement justifié. Subject To Change, tel est le nom du CD enregistré par une sacrée conférie appelée La Société des Arpenteurs

    Imaginez-vous un petit matin d'automne : il fait gris et froid, une radio crache de mauvaises nouvelles du monde et vous vous levez fatigué après de longues heures d'insomnie. La vie n'est pas toujours, on le sait, un long fleuve tranquille et vous ruminez je ne sais quel problème personnel dont vous ne trouvez pas la solution. Moral bas d'un optimiste désespéré...

    Et voilà que retentissent les premières mesures de « Hopperation », la composition qui ouvre l'album Subject To Change. Ah oui, tu m'étonnes que ça change ! Une vraie opération de gonflage en énergie ! Une cure d'oxygène pour tympans apathiques qui vous fait voir les choses de la vie avec un début de sourire. La Société des Arpenteurs, c'est une quinzaine de musiciens qui vous balancent un musique hyper mélodique, brillante, animée d'un groove impeccable, aux arrangements cuivrés et électriques, sur laquelle la clarinette basse de Denis Colin fait merveille. Un jazz qui pète le feu et qui sait se faire binaire s'il le faut. Et ça dure une heure comme ça, sans temps mort, sans faute de goût. J'irais même jusqu'à dire que c'est exactement la musique que j'ai besoin et envie d'écouter en ce moment.

    J'ai pris le temps de vous établir la liste de ce big band tourbillonnant qui s'est même payé le luxe d'un invité lui-même pas banal, le saxophoniste Tony Malaby (pour mémoire, ce dernier a travaillé avec Steve Coleman ou encore Ravi Coltrane et joue dans Birdwatcher, le dernier disque de Michel Portal). Subject To Change, c'est mon coup de cœur du moment, et j'espère que ces quelques lignes vous donneront l'envie d'en savoir un peu plus. Je me réjouis aussi à l'idée de voir sur scène dans les prochains jours une extraction très noble de cette société sous la forme d'un quintette qui sera l'une des belles soirées de l'édition 2009 de Nancy Jazz Pulsations. J'en parlerai plus en détail dans un prochain article pour Citizen Jazz...

    La Société des Arpenteurs :

    Denis Colin (clarinette-basse & compositions), Benjamin Moussay (Fender rhodes & electronics), Julien Omé (guitare), Antoine Berjeaut (trompette & bugle), Sylvaine Hélary (flûtes), Fabrice Theuillon (sax baryton & soprano), Stéphane Kerecki (contrebasse), Arnault Cuisinier (contrebasse), Eric Echampard (batterie), Tony Rabeson (batterie). Et aussi : Philippe Sellam (sax), Fabrice Moreau (batterie), Thomas Gimonprez (batterie), Misja Fitzgerald-Michel (guitare). Invité spécial : Tony Malaby (sax).

    P.S. : bien que d'une coloration différente, il est un autre disque à surveiller du coin de l'oreille : c'est Humus que nous propose Bojan Z et son Tetraband.

    En écoute, les premières minutes de "Hopperation", qui ouvre l'album Subject To Change.

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  • Omry

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    Pierrick Pédron à l'Autre Canal, le 7 octobre 2009 © Jacky Joannès

    Voilà une soirée qui sera prochainement le sujet d’un de mes articles pour Citizen Jazz (à propos, je rappelle que je consacre pas mal de temps d’écriture à mon magazine favori, ceci expliquant la parution moins abondante de notes pour ce blog. Mes dernières productions sont par ici, d’autres sont en passe d’être publiées, d’autres encore sont en gestation).

    J’étais hier à l’Autre Canal, pour une deuxième soirée de musique dans le cadre du Festival Nancy Jazz Pulsations. Le temps (très) fort de la soirée était le concert du saxophoniste Pierrick Pédron et son combo électrique Omry. Voici quelques mois, j’avais écrit quelques lignes consacrées à la parution de son disque éponyme, une flagrante réussite qui, j’en suis persuadé, sera un des plus beaux de l’année.

    Et voici le temps de découvrir cette formation sur scène : malgré un confort très spartiate – la salle baptisée Club n’étant qu’un petite cube peu convivial où chacun doit se contenter d’une position debout, dans une ambiance où bien des spectateurs semblent plus préoccupés de s’approvisionner toutes les dix minutes en bière que d’écouter de la musique, ah, zapping, quand tu tiens nos cerveaux… – il me faut saluer sans attendre et une fois de plus un musicien qui, à force de talent et de ténacité, est en train de forger son propre univers. Je pèse mes mots… Excellente nouvelle pour tous les passionnés de musique : en fin d’après-midi, Pierrick Pédron me confiait qu’il souhaitait qu’Omry soit plus qu’un disque et une série de concerts, mais une aventure qui s’inscrive dans le temps.

    Dynamitée par la scène et la projection d’images souvent haletantes, la suite Omry explose littéralement devant nous, chargée de l’électricité délivrée par le grand Vincent Artaud (basse) et Eric Löhrer (guitare) et du déferlement des « twin drummers » que constitue la paire Franck Agulhon / Fabrice Moreau à la batterie. Au Fender Rhodes, Pierre De Bethmann laisse échapper des coulées de notes… Un terreau de musique très fertile qui offre à Pierrick Pédron de quoi illuminer l’ensemble de ses somptueux chorus (au passage, n’oublions pas qu’il est un soliste époustouflant), et d'investir avec fièvre et brio tout un espace de liberté et d'improvisation, bien plus qu'il ne l'avait fait sur son disque. Et même si, selon lui, Omry n’est pas une œuvre de saxophoniste, cette longue suite est un formidable sujet qu’il ne se prive pas d’explorer, au même titre que ses camarades d’ailleurs. En témoignent par exemple une belle séquence de Vincent Artaud, longue montée solitaire à grands renforts de boucles, les solos ravageurs à la coloration très rock d’Eric Löhrer ou le duo final des deux batteurs, dans une magnifique exercice de gémellité bien frappée.

    Je vous propose une illustration de cet excellent moment avec une chouette photo de mon ami Jacky Joannès et une petite carte postale sonore captée par mes soins.

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    En écoute, quelques minutes extraites de "Osman", enregistrées avec l'aimable permission de Pierrick Pédron (saxophone alto) et la complicité musicale de Pierre De Bethmann (Fender Rhodes), Vincent Artaud (basse électrique), Eric Löhrer (guitare électrique), Franck Agulhon et Fabrice Moreau (batterie).