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  • Sélection

    DSC00224-pola.jpgJe sais que l'exercice est un peu vain et que l'élaboration du palmarès des disques de l'année n'a finalement que peu de sens. Néanmoins, ne reculant devant aucune contradiction, je viens de jeter un rapide coup d'œil dans mon petit rétroviseur et je me suis amusé à établir une liste de vingt disques qui ont déjà pas mal tourné du côté de chez moi. Je vous la livre telle quelle, en ayant pris la précaution de classer les artistes par ordre alphabétique. Loin de moi la prétention de décréter untel ou untel meilleur que les autres, c'est une liste, rien de plus. Peut-être y trouverez-vous des points de jonction avec vos propres coups de cœur. Peut-être pas...

    C'est aussi l'occasion pour moi de vous souhaiter une bonne année 2011. Qu'elle chasse les stigmatisations, les vulgarités, les affairistes, les imposteurs de tout poil et qu'elle nous donne à regarder vers le haut. Il y en a tellement besoin. Sachez capter les petits moments de bonheur qui s'offrent à vous et savourez-les, ils sont irremplaçables.

    Bertrand Belin : Hypernuit. Il y a chanson française et chanson française. Avec Bertrand Belin, on est embarqué dans un univers onirique où les mots suggèrent plus qu'ils n'affirment, pendant que la musique déroule tranquillement ses entrelacs.

    Dan Berglund's Tonbruket. Pas facile de survivre musicalement à la disparition d'un leader tel qu'Esbjörn Svensson. Le contrebassiste relève le défi, retrouve ses racines rock et délivre un disque magnifique, bourré d'énergie.

    Sophia Domancich & Friends : Snakes & Ladders. La pianiste surprend, une fois encore, nous raconte des histoires et, magnifiquement entourée, nous invite à sinuer dans les méandres de son jeu enchanté. Un des grands disques de l'année, à n'en pas douter.

    Field Music : Measure. La bonne surprise ! Un vrai disque de rock, comme dans les années 70. Il y a beaucoup de culot chez ces jeunes anglais qui n'hésitent pas à marcher dans le sillage de Bowie ou des Who.

    Renaud Garcia-Fons : Méditerranées. Plus que jamais, la musique du contrebassiste chante l'amour des rivages du sud et nous enchante.

    Festen. Parce que ce jeune groupe a fière allure et conjugue avec bonheur ses amours du rock et une virtuosité non démonstrative lorsqu'il se pare de couleurs jazz.

    Dave Holland Octet : Pathways. Lui, ça fait des décennies qu'il est un grand, quelle que soit la formule de son groupe. Alors quand ils sont huit, on imagine qu'on atteint le haut niveau. Et on a bien raison, tant le contrebassiste est constamment inspiré.

    Metal-O-Phone : une des belles claques rythmiques et percussives de l'année. Inventif à chaque seconde, le groupe suscite une adhésion immédiate. On en redemande !

    Mop Meuchiine Plays Robert Wyatt. Une relecture impertinente, bourrée d'imagination et d'invention. Décidément, la musique du grand Robert n'a pas fini de susciter des (re)créations passionnantes. Celle de la Mop Meuchiine de Pascal Maupeu en est une des plus marquantes.

    ONJ Daniel Yvinec : Shut Up And Dance. Après son beau Around Robert Wyatt, l'ONJ joue la musique du batteur compositeur John Hollenbeck, qui dédie chaque titre à l'un des musiciens de l'orchestre. Un disque qu'on n'en finit pas d'écouter.

    Murat Öztürk & Jean-Pascal Boffo : Improvisions. Belle invitation à un voyage méditatif, où le pianiste improvise en toute liberté mélodique pendant que le designer sonore pare les paysages inventés de ses enluminures élégantes.

    Anne Paceo : Empreintes. La batteuse coloriste et son Triphase doublent la mise. Un deuxième album tout en lumière et générosité. Laissez-vous guider par ces musiciens au sourire communicatif.

    Plaistow : The Crow. Après le séduisant Jack Bambi, le trio fourbit un disque sombre en envoûtant qui laisse entrevoir de magnifiques inspirations, y compris lorsqu'il ose de longs silences. Chronique en chantier pour Citizen Jazz.

    Michel Portal : Baïlador. A 75 ans, le clarinettiste saxophoniste s'entoure des meilleurs (Bojan Z, Jack De Johnette, Scott Colley, Ambrose Akinmusire, Lionel Loueke) et publie l'un de ses plus beaux disques. Chronique en chantier pour Citizen Jazz.

    Steve Reich : Double Sextet / 2 X 5. Le maître du déphasages et des rythmes complexes ajoute une nouvelle pierre à son bel édifice. C'est beau, tout simplement. 

    Youn Sun Nah : Same Girl. Si la grâce avait une incarnation, elle ressemblerait fort à cette magnifique chanteuse coréenne. Un disque pour toujours.

    Olivier Temime : The Intruder. Avec la complicité du magicien Vincent Artaud, le saxophoniste nous électrise et offre un disque qui décoiffe. Ici, la virtuosité des musiciens est mise au service d'un propos d'une redoutable efficacité. Un disque qui frappe fort et juste.

    Henri Texier Nord Sud Quintet : Canto Negro. Là, je triche un peu parce que le disque ne sortira officiellement que le 28 février 2011. Mais c'est une nouvelle flagrante réussite, qui aligne les mélodies comme autant d'hymnes à la vie. Chronique à venir pour Citizen Jazz.

    Univers Zéro : Clivages. Plus inspirés que jamais, Daniel Denis et ses compagnons publient l'un des meilleurs disques du groupe. Cette musique, qu'on classe dans la catégorie du Chamber Rock, n'en finit pas de nous captiver.

    John Zorn : The Goddess. Jamais là où on l'attend, d'une intrigante prolixité, le saxophoniste est ici compositeur et sublime son art. Une musique qui vous attrape par les tripes et ne vous lâche plus.

  • Portraits Croisés numériques !!!

    Voilà, c'est terminé !!!

    Le travail sur lequel je planche depuis quelques semaines aboutit enfin à un résultat qui me semble satisfaisant : l'édition numérique de "Portraits Croisés", cette exposition réalisée avec la complicité de mon ami Jacky Joannès !

    couverture_portraits_croises.jpgAprès le temps de l'exposition vivante et éphémère - nos productions ont été visibles à la Médiathèque de Laxou du 6 au 23 octobre dernier, dans le cadre de Nancy Jazz Pulsations - voici venu celui d'un support un peu plus durable. Nos quarante-sept portraits de musiciens (auxquels s'ajoutent deux inédits et un long focus multimédia sur un drôle de concert... celui du 11 octobre 1975, lorsque la prestation d'un "all star" - Dizzy Gillespie, Oscar Peterson, Milt Jackson, Joe Pass et des meilleurs... - a fini par provoquer un clash mémorable entre Norman Granz, imprésario imprévisible et fantasque, et l'équipe de NJP) trouvent maintenant un autre écrin pour venir vers vous.

    Sous la forme d'un fichier PDF pensé dans le but d'une navigation simple à l'aide de signets interactifs, agrémentée de quelques petits bonus (des liens hypertextes vers les sites des artistes, des suggestions discographiques, des archives sonores incluses dans le fichier lui-même et dont on peut déclencher l'écoute par un simple clic), cette production permettra aussi à tous ceux qui n'avaient pas pu venir nous rendre visite à l'automne de découvrir notre double déclaration envers ces funambules que nous admirons tout autant l'un que l'autre. Petite cerise sur la gâteau : un texte introductif qui vous explique la genèse de l'exposition : trois dates clés pour tout comprendre !

    L'édition numérique de "Portraits Croisés" est désormais disponible sous la forme d'un CD que nous vous proposons d'acquérir pour une somme plus que raisonnable !!! Et puis, n'est-ce pas là un beau cadeau à faire à ceux avec lesquels vous souhaiteriez partager votre passion de la musique ? Cela étant dit, pourquoi ne pas vous faire tout simplement plaisir en vous procurant cette promenade qui commence en 1975 pour se terminer 35 ans plus tard ?

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    Nous serons heureux de vous faire parvenir votre exemplaire numéroté et dédicacé !!!

  • Une fête pour la neige

    Le Z Band sévit à nouveau. Chaque trimestre, notre bande de "jazzblogueurs" vous convie à un petit rendez-vous musical, histoire de partager ses passions du moment... Pour tous, un fil conducteur : aujourd'hui, c'est l'hiver et ses rigueurs qui ont incité ses honorables membres à vous proposer un disque, une formation... ou toute autre création à la seule condition qu'elle soit à même de faire fondre la neige.

    festen.jpgL'occasion pour moi de revenir, quelques jours seulement après une chronique écrite pour Citizen Jazz (par ailleurs relayée dimanche dans ce blog), sur Festen, un quartet stimulant qui ne se contente pas de revendiquer un amour vrai pour le rock, mais va beaucoup plus loin parce que les jeunes musiciens qui le composent savent habiter leur propos de leurs autres passions, au premier rang desquelles on trouve bien sûr le jazz. Leur premier album éponyme, récemment publié, témoigne d'une belle maturité et attire l'attention par un vrai soin porté tant à l'écriture de mélodies qui accrochent très vite l'oreille qu'à la mise en oeuvre d'un projet intrinsèquement collectif.
    Voilà donc une formation qui, comme son nom l'indique, fait la fête à la musique ! Nul doute qu'en l'écoutant, vous constaterez que la neige fond et que le soleil revient...

    On m'aura pardonné, j'imagine, d'avoir choisi de "remettre une couche" au sujet de Festen. Normal puisqu'il est ici question de neige. Puisqu'on vous dit qu'elle va fondre... Et pour vous donner un avant-goût, une petite captation au Golden Jazz Trophy d'Arras en 2010, où le groupe a reçu une juste récompense...

    "Fairbanks" - Festen live at Golden Jazz Trophy (Arras, 2010)
    Damien Fleau (saxophone soprano), Jean Kapsa (piano), Oliver Degabriele (contrebasse), Maxime Fleau (batterie).


    On n'oublie pas les amis : les autres textes du Z Band

    Jazz'O'Centre
    Ursus Minor, funk la neige !

    Jazzques
    Carlos Villoslada

    Jazz à Paris
    Dolphy - Varese - Coltrane - Stockhausen (par Frédéric Maintenant)

    Jazz Frisson
    Manon, viens danser le ska

    Belette & Jazz
    Soleil d'hiver

    Ptilou's Blog
    Benzine & Soo Bin Park au Jazzycolors 2010 

  • Festen

    festen.jpgPendant que certains semblent s’épuiser en débats plutôt vains sur le thème de la dégénérescence du jazz, soupçonné de se compromettre avec d’autres formes de musiques dénoncées comme la source de sa dégradation – tel son « mariage contre nature » avec le rock, de jeunes musiciens avancent fièrement et sans états d’âme leurs pions transgressifs. Et on ne saurait voir dans cette démarche une ignorance de l’histoire de la musique ou l’affichage d’un dilettantisme dû à l’enthousiasme juvénile. C’est le cas de Festen - qui revendique, justement, son amour du rock - dont le premier disque affiche une belle santé et une maturité qui augure bien de l’avenir ! 

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  • Anne Paceo Triphase - Empreintes

    paceoempreintes.jpgOn prend les mêmes et on recommence ! Et on a bien raison, car le nouvel album du trio d’Anne Paceo vient confirmer le talent d’une jeune batteuse - 26 ans – dont le beau palmarès, s’enrichit encore. Le grand Charlie Haden s’est même fendu d’un compliment à son sujet : « Je peux dire avec conviction qu’elle fait partie des meilleurs musiciens à qui j’ai enseigné la musique. Son style personnel et son jeu si particulier font d’elle une musicienne unique ».

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  • Répliques

    Triangle.jpg

    Il y a dans cette photographie une vraie inclination nostalgique… Je regardais ce matin chez moi les deux premiers albums du groupe Triangle, dont la réédition au format vinyl replica est une incontestable réussite esthétique. Même si leur restitution sonore est bien celle d’un CD (dont l’étiquette est elle-même la réplique de celle des 33 tours originaux), la présentation de ces objets – voilà une dimension du disque, valable également pour le livre, qu’il ne faudrait pas oublier : celle de l’objet qu’on veut tenir entre les mains, pour le toucher, le humer, bref le respirer ! Ne jamais passer à côté du caractère sensuel d’une production soignée et durable – passe par la miniaturisation très soignée des albums tels qu’ils furent publiés initialement : le support est cartonné comme aux bons vieux jours, le disque est glissé dans un pochette en papier, il arbore lui-même la couleur noire du LP et tout ce qui se trouve reproduit correspond fidèlement, mot pour mot, à ce qu’on pouvait lire au début des années 70. Malgré le recours à nos lunettes de quinquagénaires, bien des textes en sont devenus illisibles tant les caractères imprimés sont microscopiques ! Au point qu’il a fallu glisser dans le cartonnage un livret supplémentaire dont la lecture est moins périlleuse pour nos yeux fatigués. Aucune importance, puisqu’on est sous le charme…

    Inutile de finasser : je doute que nos enfants numériques soient très sensibles à ce retour vers un passé musical à forte concentration pétrolifère peu soucieuse de développement durable… Mais comment ne pas ressentir une vraie émotion en retrouvant ces compagnons d’adolescence ? Il suffit de prendre les disques en main pour se laisser envahir par un cortège de souvenirs émouvants : les longues heures passées auprès d’un électrophone arborant fièrement son bras articulé, notre tête collée contre le haut-parleur recouvert d’une feutrine rouge, le bruit de la pointe de saphir ou de diamant venant se poser sur la galette noire en produisant un ploc, juste avant les irremplaçables prolégomènes grésillants qui annoncent l’imminence des premières notes…

    Étrangement, je parcourais tout récemment les bacs d’un disquaire lorrain et, à ma grande surprise, je me suis retrouvé nez à disques avec un mur… de LP, tout beaux, tout neufs. Attention, je n’évoque pas ici des vieilleries recyclées comme celles qui font l’objet premier de cette note, mais de nouveaux enregistrements ! Oui, il s’agissait bien de nouveaux albums… Beaucoup plus séduisants, avouons-le, que leurs voisins tristement nichés dans un boîtier cristal sans âme. Il faut bien le dire : on ne voyait qu’eux ! Enfin, j’exagère : disons plutôt que je n’ai vu qu’eux…  Mais je ne suis pas la seule victime de ce phénomène... Prenez par exemple un type comme le grand Neil Young : s’il publie un nouveau CD, il en proposera aussi une version vinyle, dont il vantera tous les avantages, ce dont personne ne cherchera à le blâmer, parce qu’un véritable consensus s’est dégagé depuis belle lurette sur la qualité du son des 33 tours, dont la reproduction analogique ne sera, semble-t-il, jamais égalée par l’échantillonnage et l’écrêtage de leurs homologues numériques.

    Autre cas de figure qui interroge la connexion entre passé et présent : Charlélie Couture publie un nouveau disque, Fort Rêveur, dont le conditionnement s’apparente à celui d’un LP à l’ancienne. Avec, comme nous le rappelle son argument publicitaire : les textes des chansons, un poster, …

    Il y a des jours, comme ça, où je me sens moins seul au beau milieu de mes souvenirs…

  • Renaud Garcia-Fons - Méditerranées

    rcf_mediterranees.jpgLes premières mesures d’« Aljamiado » ne laissent pas place au doute : Renaud Garcia-Fons est un magicien du voyage.
    Il nous embarque avec lui – on sait depuis longtemps qu’il est un passionnant navigatore – une fois encore, pour un périple enchanteur dont on reviendra le sourire aux lèvres, habité d’un sentiment de plénitude et de bien-être, celui qui nous gagnait déjà à l’écoute de La Linea del Sur ou Arcoluz, ses deux précédents albums.

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  • Hypernuit

    hypernuit.jpg

    Voilà près de quatre ans maintenant – c’était au mois de mars 2007 – que j’ai découvert Bertrand Belin, alors qu’il venait de publier La Perdue, son second album. Vous pouvez vous reporter à la petite note que j’avais écrite à l’époque pour comprendre ce qui m’avait séduit chez ce chanteur atypique, l’un des rares sur la scène actuelle de la chanson dite française à posséder cette capacité d’installer d’emblée un univers immédiatement identifiable, résolument énigmatique et aux antipodes d’un insupportable carcan, celui du couplet / refrain rimailleur mou du genou tout le monde tape dans ses mains.

    Bertrand Belin a récemment ajouté une nouvelle étape au périple musical qui est le sien en publiant un troisième disque étrangement intitulé Hypernuit. On y retrouve cette alternance de pénombre et de lumière, ces climats brumeux orchestrés en une musique volontairement réduite à son état minimal – guitare, basse légère, batterie plus suggérée que frappée, ici ou là quelques arrangements de cordes – où les paroles souvent elliptiques laissent deviner les émotions ou les paysages plus qu’elles n’affirment. Bertrand Belin invente des textes dans une langue qui ne sent pas l’effort de l’écriture et semble au contraire déposer spontanément les mots au plus près des impressions qu’ils veulent nous transmettre. Dans une récente interview, il confiait que « les textes n'ont pas été écrits, ne sont pas passés par le papier pour ne pas organiser la phrase selon des concepts graphiques. J'ai souvent mis le casque sur les oreilles et chanté directement, sans écrire. Les textes sont nés au sein même de la musique. » La voix grave de Bertrand Belin, qui danse sur le fil ténu d’un équilibre entre chant et talk over, est empreinte tout à la fois de gravité et de fragilité. Elle parle au creux de l’oreille, confie des secrets qu’on recueille avec la certitude qu’ils nous sont destinés.

    Il est peu probable que cette Hypernuit permette à son auteur de sortir d’une certaine confidentialité qui est la marque de Bertrand Belin, malgré l’accueil en général très enthousiaste de son travail et la reconnaissance de ses pairs. Parce que celui-ci, excellent guitariste et arrangeur de surcroît, ne choisit pas avec ce nouveau disque la facilité d’une chanson tape à l’œil et s’éloigne définitivement d’une appartenance au clan si peu imaginatif de la variété. Bien au contraire, Hypernuit s’apparente à la poursuite d’une quête, plutôt austère et feutrée, qui nous conduit avec lui dans un monde qui s’accommode mal des fureurs du quotidien. On se plaît à respirer à pleins poumons cette musique comme une bulle d'air existentielle et poétique.

  • Nancy Jazz Pulsations 2010

    cj_youn_sun_nah.jpgLe pari était pourtant loin d’être gagné vu le contexte économique. Les Lorrains, plus encore que les Français dans leur ensemble, ont le moral en berne et sont rarement au mieux de leur forme lorsque l’automne, qui n’est autre ici qu’un hiver mal déguisé, commence à glacer les esprits... On pouvait donc se poser la question : sauraient-ils se distraire – au sens le plus strict du mot – de leurs inquiétudes, pointer le bout du nez hors les murs et participer à cette fête de la musique ?

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  • Mille-feuilles

    Etrangement, l'histoire semble se répéter... Je me rappelle avec un vrai bonheur ces heures, si lointaines aujourd'hui, de découverte d'une myriade d'univers musicaux enchantés, lorsque tapi dans un coin de la chambre de mon frère aîné, je partageais la totalité des coups de cœur qu'il collectionnait en vertigineuses piles de disques, ces galettes dont l'effet magique ne s'est jamais évanoui chez moi. Chez lui non plus d'ailleurs, je suis prêt à prendre les paris. Il suffirait de lui demander. J'ai déjà évoqué ces instants, en particulier dans un texte où je me suis efforcé de décrire un processus naturel d'indépendance vis-à-vis de celui qui était d'une certaine façon mon nourricier culturel. Appelons cette phase cruciale un sevrage, d'abord par la bande à Jerry avant que ma petite route ne me vaille de nombreuses embardées plus ou moins contrôlées... soit le début d'une longue quête dont je pense ne jamais voir la fin et qui me vaut aujourd'hui de ressentir la musique comme une nécessité presque vitale. La musique, les musiques...

    indio-saravanja.jpgAllez savoir pourquoi le passé vient soudainement carillonner à la porte de mon présent. Alors forcément, n'étant jamais à court d'une œillade à mes années de jeunesse, j'ouvre la porte en grand et je laisse entrer mon hôte et son cortège de bonnes nouvelles. Car voilà qu'après avoir écrit voici quelques mois un beau texte, très documenté, le dit frère instructeur a récemment multiplié les appels à la découverte d'un certain Indio Saravanja. Que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam... Ou plutôt, devrais-je dire, ni de Bob ni de Neil, voire de Jackson... Car ce songwriter Canadien originaire d'Argentine, personnage hors normes se battant au quotidien pour faire vivre son art, a probablement biberonné son Zim ou son Loner depuis sa plus tendre enfance. Nul ne pourra le nier... Au point qu'il partage avec eux cette faculté d'exposer tranquillement ses faiblesses, comme cette voix qui, ici ou là, semblera fragile, ou un jeu d'harmonica qu'on devine vacillant. Tant mieux ! Ici, il n'est pas question de gros bras, mais bien plutôt de délicatesse et de sincérité. Et la comparaison avec les maîtres cités un peu plus haut s'arrêtera là parce qu'Indio Saravanja vous enveloppe très vite dans son univers chaleureux et singulier. On s'y attache sans opposer la moindre résistance, en constatant avec un plaisir gourmand qu'il se dégage de ses songs une identité des plus attachantes. Beaucoup d'intelligence, beaucoup de finesse... Je possède par ailleurs quelques indices qui me laissent penser que l'homme est très proche de l'artiste... Ce qui ne saurait nous étonner.

    On peut découvrir la musique d'Indio Saravanja à travers trois beaux disques, qu'il n'est pas toujours facile de se procurer mais qui sont disponibles néanmoins sur la plupart des plates-formes de téléchargement : Indio Saravanja (2005), The Caravan Sessions (2009) et Songster (2010), ce dernier rassemblant des chansons dites de jeunesse, ici interprétées dans leur plus grande nudité et enregistrées en quelques heures seulement. Un disque épuré, loin de tous les artifices des surproductions anglo-saxonnes et, finalement, hors du temps. Et des modes... Let it be naked, comme dirait l'autre. Quant à The Caravan Sessions, il n'est ni plus ni moins qu'un très grand disque, qu'on écoute d'une traite, subjugué par son évidence mélodique. Je n'en dirai pas plus, sachant que du côté de Blue Umbrella, l'essentiel vous est expliqué avec beaucoup d'arguments convaincants et de nombreuses explications fort utiles.

    Me voilà donc à nouveau dans la posture bien confortable du pré-adolescent que je ne suis plus depuis belle lurette. Une situation très confortable, finalement... Un peu comme le gamin qui met les pieds sous la table, sans se demander si quelqu'un a préparé le repas, parce qu'il sait qu'il y aura quelque chose à manger. Oh, je sais que le présent va très vite me faire signe en m'agitant sa grisaille tenace, tel le torero brandissant la muleta sous le nez du taureau. Mais en attendant, je savoure...

    On aura donc compris que si je me laisse souvent assaillir par des bouffées de nostalgie, je développe en contrepartie des stratégies presque surhumaines pour les réprimer, ou plutôt les comprimer autant que possible. Car la tentation nostalgique n'est bonne conseillère qu'à la seule condition qu'on en fasse un usage modéré, sans quoi elle vous interdit de regarder devant vous et vous fige inutilement dans un passé vitrifié à force d'être idéalisé. Mais consommée à petites doses, savourée en quelque sorte, elle vous fait comprendre qui vous êtes, comment vous avez multiplié les efforts pour vous construire et grandir en vous rappelant votre appartenance à ce monde de l'enfance qu'un quotidien brutal essaie d'enfouir dans ses tréfonds les plus insupportables. Alors cette vieille histoire d'apprentissage fraternel qui surgit à nouveau, dans toute sa simplicité, n'est finalement rien d'autre qu'une tranche de vie, une de plus, dans le mystérieux mille-feuilles de l'existence de l'être humain que j'essaie d'être, lui-même goutte d'eau dans l'océan de l'histoire. Autrement dit, pas grand chose finalement...

    Mais nom d'un chien, on a beau surveiller sa ligne et guetter avec une rigueur spartiate le niveau de son indice de masse corporelle, qu'il est bon ce gâteau ! Tiens, j'en reprends une grosse part...

  • Portrait final

    Considérons les jours à venir comme une ligne droite. La dernière, avant l'arrivée... Parce qu'il ne me reste plus à produire qu'un ultime effort, peut-être pas le plus exaltant dans sa réalisation mais ô combien stimulant néanmoins en ceci qu'il correspond à la phase où les pièces du puzzle s'assemblent... celui du retroussage de manches final : retouche et réglage des photographies, mise en page des fonds de pages et des textes, recherche des liens externes et sélection subjective de disques (mes recommandations en quelque sorte), exportation du travail au format PDF, élaboration des signets de navigation, sans oublier - comment faire autrement ? - un minimum de comptabilité pour obtenir, au final, le livret numérique (le digital booklet, comme disent les anglophones) de « Portraits Croisés », cette exposition réalisée en partenariat amical avec le pote Jacky Joannès au mois d'octobre dernier.

    Je peux même vous montrer ici (mais de loin, hein ?) à quoi la chose ressemblera lorsque vous regarderez la double page consacrée à un artiste.

    Voilà, ça ne devrait pas être éloigné de l'image ci-dessous mais... en bien plus grand, en bien plus net, avec ici ou là la possibilité de cliquouiller de la souris pour aller voir un peu plus loin.

    portraits_croises.jpg

    Au final, plus de 100 pages et un service de livraison d'un CD déposé dans votre boîte aux lettres... à condition bien sûr, que ces doubles regards retiennent votre attention.

    Et je serai heureux, pour finir, de vous en proposer un exemplaire personnalisé.

    Allez, je retourne à mes travaux !