Equilibre du monde
Je me suis trouvé l'autre jour - c'était à La Douera, juste après le beau concert du trio malien de Moriba Koïta évoqué la semaine dernière - face aux œuvres d'un peintre dont j'ignorais jusqu'au nom. J'imagine que Patrick Royer me pardonnera cette lacune, sachant que l'omniscience n'est pas exactement ce qui me caractérise. Cependant, mon dilettantisme accorde suffisamment d'espace à ce que je considérerais volontiers comme une capacité revendiquée et non réfléchie à me laisser submerger par une émotion. Impossible dans ces moments étranges de mettre des mots sur l'échange dont je suis alors comme un récepteur, d'abord passif, avant que le temps qui passe me laisse comprendre qu'une résonance vécue par instinct n'est autre que la matérialisation d'une rencontre inéluctable. Allez savoir pourquoi, en pleine contemplation d'un tableau comme World Balance, j'ai subodoré un décrochage assez imminent et un rapatriement de la toile vers son berceau. Chez moi, bien sûr...

World Balance, de Patrick Royer
A l'heure présente, je n'ai même pas envie (ni besoin) de trouver une explication à ce phénomène. Je sais que l'artiste a voulu nous dire quelque chose, je sais également que mes passages répétés devant cette surface acrylique à la rigueur vacillante font naître en moi les premières histoires que m'inspirent ces alignements de lignes habitées de pointillés et ce que je veux voir pour l'instant comme un fossé central - de la pénombre à la lumière - qui semble les éloigner. Y aura-t-il une séparation ? Ou plutôt une réunion naturelle entre ces univers visiblement opposés ? Quant à l'appartenance de World Balance à une série d'œuvres d'inspiration tribale, elle est pour moi une ouverture à la fois vers le passé et vers l'avenir.
Des questions avant tout, et surtout pas de réponse. Que serait la vie si nous avions toujours des réponses ? Le début de la fin, probablement... Pas pour moi, merci !





Inutile de perdre son temps à trop regarder dans le rétroviseur des années 60 et 70, au risque de s'égarer dans la nostalgie d’une période un peu folle. Celle où
Lorsque j'ai reçu le disque et le visuel de la pochette (qui incluait les notes écrites par chacun des musiciens), j'ai – comme on s'en doute – pris le temps d'écouter dans un grand silence cette musique improvisée, sans vraiment réfléchir. Murat et Jean-Pascal avaient par ailleurs déjà fourni dans leurs propres textes des informations suffisamment documentées sur leur travail pour que je n'aie pas à me perdre en considérations trop descriptives ou factuelles. Alors j'ai voulu jouer le jeu des Improvisions, en ce sens que j'ai noté sur un bout de papier les premiers mots, les premières images qui me venaient à l'esprit en écoutant le disque. Eux-mêmes ayant improvisé, je leur devais une écriture qui repose sur une trame la plus spontanée possible. Mes visions improvisées, en quelque sorte... Je précise ici que j'ai procédé exactement de la même façon pour construire les 57 textes de l'exposition Portraits Croisés, en association avec mon ami Jacky Joannès (avis à la population : un livret numérique est en préparation, avec toutes les photos, tous les textes, des bonus... Tout cela sera prêt au mois de décembre).
Alors on pourra prendre un vrai plaisir à la lecture du Dictionnaire Amoureux du Rock signé Antoine De Caunes et paru tout récemment chez Plon. Même si, en l'occurrence, le dictionnaire est ici en réalité un abécédaire malicieusement subjectif par lequel l'animateur – réalisateur nous raconte une myriade d'histoires croustillantes et nous fait partager ses coups de cœur musicaux depuis sa plus tendre enfance. Surtout, De Caunes réussit vraiment son coup lorsqu'après la lecture d'un chapitre, on est pris du désir irrépressible de se ruer sur l'un ou l'autre des disques qu'il met en surbrillance : difficile en effet de ne pas avoir envie de se replonger illico dans les univers de J.J. Cale, Procol Harum, Ry Cooder ou Neil Young, de dépoussiérer le Blues From Laurel Canyon de John Mayall qu'on se surprend à ne pas avoir écouté depuis vingt ans au moins ou, cerise sur le gâteau, de faire tourner à nouveau sur la platine le somptueux Manassas de Stephen Stills dont j'avais déjà brossé 


En 2008, après dix années de silence de la part du groupe, mis à profit par ses musiciens pour s’accomplir dans d’autres expériences, Sixun était revenu sur le devant de la scène avec Palabre, un disque tonique et ensoleillé qui affirmait plus que jamais sa volonté de produire une musique désireuse d’ouvrir les fenêtres du jazz à tous les courants d’air du jazz. Publié au printemps 2010, Sixun 2009 Live In Marciac...


La surprise est bonne, finalement... Quand deux membres historiques du groupe Yes, groupe phare du rock progressif (si ce jargon ne vous parle pas, je vous suggère un petit détour par le bouquin éponyme d'Aymeric Leroy,
Nous sommes en 2010, le disque connaît une crise sans précédent au point que sa disparition est programmée dans l’esprit de beaucoup d’experts ou prétendus tels, dans un contexte économique où, malgré des difficultés avérées, le nombre de références publiées semble, lui, ne pas manifester de fléchissement. Pas simple, donc, de s’y retrouver dans le foisonnement des publications et de procéder aux bons choix lorsqu’il s’agit d’engager une dépense.