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  • Improvisions

    Le pianiste Murat Öztürk et son complice designer sonore Jean-Pascal Boffo m'ont fait l'honneur de me demander la rédaction d'un texte qui illustrera le livret de leur prochain disque, Improvisions. Cette belle aventure improvisée sera disponible prochainement, mais en attendant, je partage ici la modeste contribution qui a été la mienne. Si ces quelques lignes peuvent vous donner envie d'en savoir plus sur leur musique, alors le pari sera gagné. Et merci à eux deux, une fois encore.

    improvisions.jpg"Improvisions" ou la connivence de deux funambules. Une complicité qui nous transporte au gré du courant d'une rivière imaginaire traversant des paysages dont la quiétude est parfois troublée par les soubresauts d'une vie en liberté. Alors, nos sens en éveil scrutent, là haut, cet horizon lointain qui ne dévoile pas ses mystères au premier regard.
    On avait laissé Murat Öztürk sur un pont qu'il franchissait dans l'équilibre d'un quatuor. Entre Orient et Occident, le pianiste donnait vie à ses voyages, d'un doigté subtil soulignant la sérénité de mélodies méditatives, parfois zébrées d'accords plus convulsifs.
    Jean-Pascal Boffo, déjà, était là... Le ciseleur d'arpèges, guitariste amoureux du chant de la musique, déployait ses cordes dans un espace sonore qu'il animait d'une imagination impressionniste.
    Après le passage du pont, voici venu le temps du grand saut vers l'inconnu stimulant de l'improvisation. Le beau défi de l'invention spontanée, celle qui dessine une route invisible, parfois guidée par le cher hasard nietzschéen.
    Murat Öztürk, qui jamais ne perd de vue la nécessité de la mélodie, joue la carte de l'épure. Il nous offre des accords à notes comptées, comme s'il se savait emporté vers l'essentiel.
    Jean-Pascal Boffo, en designer sonore attentif à ce qui s'imagine devant lui, invente de nouvelles couleurs et suggère ses propres chemins. Il lance de petits cailloux – échos, boucles, samples, sons inversés – à la surface d'une eau limpide qui s'anime de mouvements éphémères et harmonieux. Il flotte comme un parfum de magie dans ce dialogue fraternel.
    Écoutons ces deux musiciens vivants nous raconter leur belle aventure...

    Pour commander le disque : improvisionsprojekt@gmail.com

  • Atem 1975-1979

    cj_atem.jpgPublié aux Editions du Camion Blanc, ce recueil signé Gérard Nguyen va réveiller chez bon nombre d’entre nous de délicieux souvenirs et s’apparente, trente ans plus tard, à un véritable livre d’histoire des musiques de traverse. Ceux d’une époque qui semble lointaine aujourd’hui puisque nichée au cœur des années 70 et finissant sa course à l’aube des années 80. On n’osait pas croire qu’un jour nous serait offerte la possibilité de nous replonger dans la vie d’un magazine tout autant prisé de ses lecteurs que des musiciens, qui y voyaient plus qu’un hommage à leur talent.

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  • Empreintes

    Empreintes_cover.jpgMa rédactrice en chef vient de me faire parvenir Empreintes, le deuxième disque d'Anne Paceo. Je vais m'atteler assez vite à la rédaction d'une chronique pour Citizen Jazz, mais je ne résiste pas au plaisir de vous dire ici sans attendre que ce nouvel album confirme le talent de cette jeune musicienne – Anne a 26 ans – dont la carte de visite est déjà très respectable. Elle nous propose un jazz pétillant et coloré qui offre à son trio un terrain de jeu où la conversation entre les trois instruments (batterie, piano, contrebasse) se déroule à chaque seconde dans une vraie recherche de l'équilibre. Un dialogue d'égal à égal, où l'écoute et le respect vous font comprendre ce qu'est l'art du trio. On est heureux, aussi, à l'idée qu'Anne Paceo s'empare avec une fougue gourmande d'un instrument – la batterie – que les hommes avaient jusque là confisquée. Il n'est pas ici affaire de gros bras, mais d'énergie.

  • Shut Up And Dance !

    Shut Up And Dance.jpgBis non repetita ! Il fallait s’y attendre, sans une seconde de doute. On avait beau se repaître encore, avec une gourmandise intacte, d’un Around Robert Wyatt unanimement salué comme une réussite exemplaire, fort justement récompensé et placé très haut sur la grande pile des préférences de Citizen Jazz (voir ici notre chronique), on avait beau se réjouir de la relecture des chansons de Billie Holiday dans un programme tendrement nommé Broadway In Satin, ou d’une collaboration avec Benoît Delbecq pour une mise en notes du cinéma hollywoodien avec Carmen, on savait.

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  • Mop Meuchiine

    mop meuchiine.jpgLa musique de Robert Wyatt constituerait-elle à elle seule un univers qu’on peut explorer indéfiniment ? On serait tenté de le croire, surtout de ce côté-ci de la Manche, où les hommages se succèdent avec un légitime respect mêlé de beaucoup d’imagination et d’originalité. Wyatt est bien vivant et pourtant, on le célèbre à intervalles réguliers, on lui érige de belles statues musicales comme on le ferait d’un génie disparu.

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  • Colère

    Parfois, il vaut mieux s'effacer devant celles ou ceux qui, en quelques phrases bien senties, disent mieux que vous ce que vous ressentez. C'est exactement ce que je me propose de faire aujourd'hui. Où l'on voit que le racisme hautain de la racaille en costume ne suscite même pas un un début de réaction de la part d'une interlocutrice qui, pourtant, nous l'avait servie sur un plateau, celui d'une télévision dite de service public. Beurk !

  • Magique

    Nancy Jazz Pulsations, c'est fini. L'édition 2010 s'est terminée en apothéose avec une soirée de clôture tonitruante, sous les coups de boutoir de Marcus Miller et sa basse virtuose pour une relecture haute en couleurs de Tutu, ce disque de Miles Davis dont il avait été le compositeur, l'arrangeur et le producteur en 1986. J'aurai l'occasion de revenir sur ce festival dans un prochain article pour Citizen Jazz, afin de souligner quelques moments forts, comme le concert d'Avishai Cohen, ou la soirée réunissant le trio Thomas Savy et le quartet de Diego Imbert. Sans oublier, bien sûr, le grand Dave Holland au Chapiteau de la Pépinière.

    Et puis, délicieuse cerise sur ce savoureux gâteau musical, la prestation enchantée de Youn Sun Nah, une chanteuse coréenne envoûtante dont la complicité intimiste avec le guitariste Ulf Wakenius a suscité une adhésion méritée du public venu remplir La Fabrique, cette petite salle qu'on imaginerait volontiers devenir, ici, un lieu dédié au jazz. Ce lieu qui fait cruellement défaut à la ville de Nancy.

    ysn&mc_3_101015.jpgYoun Sun Nah © Jacky Joannès

    Le public est attentif lorsque Ulf Wakenius entre seul en scène pour nous proposer un petit échauffement (a warm up), seul à la guitare, avant l'arrivée de sa complice chanteuse. Dans la salle, un groupe d'enfants – toute une classe de sixième – ouvre de grands yeux, c'est le premier concert auquel ils assistent. Ils écouteront religieusement pendant près d'une heure et demie, captivés par le spectacle qui s'offre à eux. Très vite, Youn Sun Nah fait son apparition, arborant un sourire absolument désarmant. Elle nous dit quelques mots, nous explique dans un murmure combien elle est heureuse de se trouver là. Et c'est parti pour l'enchantement : qu'elle chante ses propres compositions ou des thèmes de bossa nova de João Gilberto ou Egberto Gismonti, qu'elle reprenne à son compte « Avec le temps » de Léo Ferré ou « My Favorite Things » (dont la version transfigurée de John Coltrane fêtera ses 50 ans après-demain), cette chanson tirée de La Mélodie du Bonheur pour une interprétation a cappella avec comme seul instrument un discret kalimba, qu'elle nous emmène dans son pays avec un chant traditionnel coréen, tout devient beau, habité par la grâce. Oui, la grâce ! Il y a des artistes charismatiques, magnétiques et parmi eux, certains ont en plus cette faculté supplémentaire de rayonner et d'emporter avec eux leur public vers un ailleurs un peu magique. Youn Sun Nah est de ces êtres qui irradient leur entourage au point qu'au moment où les lumières se rallument, on se demande si l'on a vécu ces instants ou si on les a rêvés.

    C'est d'ailleurs ce que j'ai tenu à lui dire alors que, venue saluer son public, la chanteuse s'émerveillait devant ces enfants qui levaient le doigt pour lui poser des questions, avant de lui tendre de petites feuilles blanches pour emporter avec eux un autographe. 

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    Youn Sun Nah & Maître Chronique © Jacky Joannès

    Youn Sun Nah ose à peine croire aux compliments qu'on lui fait, c'est elle qui nous remercie alors qu'autour d'elle, les yeux brillent, encore illuminés par ces instants de bonheur, par cette cérémonie du chant durant laquelle elle aura démontré l'étendue de son talent, qui est immense. On reste fasciné par l'aisance avec laquelle elle aura pu faire appel à son registre vocal – du soupir au cri – et mener, non sans humour parfois, sa belle embarcation musicale.

    Et pour que la fête continue encore un peu...



    Découvrez Youn Sun Nah en live avec "My favorite things" sur Culturebox !