Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Place Stanislas

Vous commencez à me connaître, n'est-ce pas ? Toujours le premier à miauler sous les effets d'une douleur diffuse et néanmoins perverse dès que l'automne avance, à me morfondre en états d'âmes pseudo-dépressifs à la première pluie, à couiner pitoyablement quand la grisaille perdure. Et jamais en peine pour établir la liste chaque jour plus longue des tares météorologiques dont  souffre la Lorraine depuis la nuit des temps. Enfin, la nuit des temps, finalement, je n'en sais rien, je parle ici de la nuit de mes temps. C'est-à-dire un bon paquet d'années maintenant, beaucoup plus qu'il ne m'en reste à vivre, assurément...

Alors, puisqu'on parle de nuit, je voudrais corriger ici le tir, histoire de vous démontrer que je ne suis pas seulement un pourfendeur grimaçant des froidures orientales. Mais aussi, parfois, un béat truffe en l'air qui sait quand il le veut se réjouir d'un instant habité de magie. Gardez vos ricanements pour vous, je revendique ici haut et fort mon droit le plus absolu à une certaine part de romantisme. Non mais...

J'ai traversé vendredi soir la Place Stanislas. Notez bien que c'est une chose qui m'arrive assez souvent. Sauf que... La nuit était déjà tombée depuis un petit moment, une pluie glaciale avait laissé sur les pavés autant de pièges qu'il est donné à un être humain de faire des pas. Et pourtant, il y avait quelque chose de très particulier, un peu hors du temps, qui flottait dans l'air ambiant, car j'ai vu ça !

place_stanislas.jpg

En toute sincérité, je dois reconnaître qu'il faudrait être un fieffé pisse-froid pour ne pas admirer la magie du spectacle. Les façades illuminées, les réverbères diffusant une lumière tamisée et projetant sur la place leurs flammèches en forme d'étoiles, rejetant derrière elles une bien mystérieuse pénombre, les reflets sur le sol devenu miroir... Il y avait subitement comme la projection in vivo d'un film dont chacun d'entre nous était l'acteur, volontaire ou pas.

Tiens, ce vélo qui semble glisser sous les coups de pédale d'un homme-ombre : où va-t-il ? Et plus loin, ce couple qui avance bras dessus bras dessous, vers quel refuge romantique peut-il se diriger ? On scrute derrière les fenêtres les clients installés sur la banquette de velours rouge d'un café où l'on doit certainement servir un capuccino bien chaud, surmonté d'une montagne de crème Chantilly. Et là, juste à côté, une vieille dame, assise seule, sirote un verre de vin blanc en grignotant deux ou trois bretzels un peu durs sous la dent. Tournant encore la tête, on devine les derniers signes d'une activité dans les bureaux de l'Hôtel de Ville. Et là, juste à côté, le Grand Hôtel de la Reine, majestueux, dont la bâtisse fait face à celle de l'Opéra, comme si tous deux voulaient aussi engager une conversation mémorielle.

C'est bête, n'est-ce pas ? Le temps de prendre quelques photographies, je me suis raconté ces petites histoires, j'avais envie de me dire que la vie est aussi faite de ces pépites fugaces, ces fragments essentiels qui nous nourrissent et nous font avancer, le cœur un peu plus léger.

Commentaires

  • Ouah ! BRAVO!! on croirait y être! non on croit rêver. ..On pense entrer dans un livre d'Histoire (mon père parlait toujours ce ce haut-lieu historique)... non, d'histoires à la manière de Pérec , destins tissés, à suivre...
    Amicalement
    FR

  • Eh oui ma chère Françoise !
    Une histoire, des histoires, c'est ça qui m'a saisi en arrivant sur ce lieu qui est vraiment très beau. Curieusement, ces petites histoires, ces moments de vie, j'aurais pu les multiplier, en imaginer d'autres, mais je me suis efforcé, pour une fois, de ne pas être trop abondant !!! J'ai écrit ce texte en quelques minutes, juste pour me replonger dans cette belle atmosphère... Alors il doit comporter des tas d'imperfections mais la spontanéité, parfois, c'est bien !

  • Merci pour ce beau texte , tu as réveillé des émotions enfouies d'errances romantiques de mes lointains décembres nancéens.
    La spontanéité , comme tu dis, te va bien...

  • Oui, elle te va fort bien la spontanéité...

  • Ta photo est magnifique.... elle rend bien la magie de ce lieu exceptionnel, qui en outre a été particulièrement bien mis en valeur depuis quelques années. Avec le mystère de la nuit en plus...

  • Ah! oui, très très belle photo. La place Stanislas est décidément superbement photogénique à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Bravo !

  • Je dois avouer, les frangines, parce que j'aime rendre à César ce qui est à César, que mon NEX-5 est pour beaucoup dans le rendu de cette atmosphère un peu magique. Certes, j'étais sous le charme (et presque sous le réverbère, aussi) mais il m'a restitué exactement ce que je voyais. C'est un compagnon précieux...

  • Très bien, remercie ton NEX-5 !

  • Je retiens... avec mon Canon de base je suis archi-nulle en photos nocturnes!!! Celle ci est parfaite.

  • Magique a souhait cette place .... Quelque soit l'heure..... Un endroit pour éviter de se dire que la vie est une grande solitude.....

Les commentaires sont fermés.