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  • Dédicace

    Premier retour, en quelques lignes, sur une soirée musicale passée tout récemment au Centre Culturel André Malraux de Vandœuvre-lès-Nancy. C'était vendredi dernier et la programmation du festival Vand'Jazz réservait la première de ses deux soirées à un concert, lui-même en deux parties : tout d'abord le bouillonnant Bernica Octet, sous la direction de l'éternel adolescent et néanmoins septuagénaire François Jeanneau, puis l'élégant quartet du saxophoniste anglais Will Vinson.

    Juste avant quelques gourmandes agapes en prélude aux concerts, j'ai tenu à honorer une promesse faite à François Jeanneau : lui apporter mes trois 45 tours du groupe Triangle (dont il était l'un des membres éminents) achetés voici près de quarante ans. Sur le premier : « Peut-être demain » et « Blow Your Cool » ; sur le second : « Viens avec nous » et « La confusion » ; sur le troisième enfin : « Les contes du vieil homme » et « Les brumes de Chatou ».

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    Photo François Jeanneau & MC © Jacky Joannès

    Il se trouve que mon ami Jacky Joannès, toujours là quand il faut – the right man in the right place – était en embuscade, l'objectif rivé à la rétine et a fixé pour l'éternité (enfin, bon, là, j'exagère un peu tout de même...) ce moment que François Jeanneau a parfaitement résumé sur sa dédicace : « Après tout ce temps ».

    Et si on écoutait Triangle, pour fêter ça ?

  • Chaîne de moral

    Je suis interpellé par une camarade blogueuse qui me demande de participer à une « chaîne de moral » : en d'autres termes, je dois citer ici trois choses qui me sapent le dit moral. Hou la la... je vais devoir être sélectif... parce qu'en plus de tout ce qui navre depuis 52 ans et quelques semaines (19149 jours très exactement), l'actualité nous livre des exemples pitoyables en nombre si important qu'il est même devenu inutile de se baisser pour les ramasser !

    Alors je m'y colle...

    Prends l'oreille et tire-toi. On ne pourra jamais rien y changer. Pendant qu'ils nous lancent de pressants appels à une rigueur qu'ils ne s'appliqueront jamais à eux-mêmes, nos prétendus « responsables » s'en mettent plein les poches et nous méprisent à grand renfort de mensonges et de conflits d'intérêts. Je rêve de ce jour où l'on pourra ajouter l'exemplarité en quatrième mot sur les frontispices de nos édifices (comme disait Catherine Ribeiro). Mais ce n'est qu'un rêve, voire une utopie.

    La culture avachie (ce que j'appelle la druckerisation). Combien de décennies faudra-t-il encore attendre avant que les médias ne se défassent de ces ternes apôtres du conformisme le plus courbé, toujours dans le sillage des pouvoirs en place ? Combien de temps avant qu'à la place de ces médiocrités ayant pignon sur écran, un peu de place - rien qu'un peu - soit enfin accordée aux créateurs, aux inventeurs, aux éveilleurs ? A ceux qui nous font regarder vers le haut et nous élèvent.

    L'alcoolisation massive des adolescents. C'est un truc qui non seulement me sape le moral, mais qui me fait vraiment peur. Il y a là une gigantesque bataille à mener, je crains toutefois que bien trop de parents ne soient malheureusement incapables de la gagner. Et après ?

    Fort heureusement, je terminerai sur les trois choses qui me remontent le moral..

    La découverte permanente. Musique, littérature, peinture, bref tout ce qui nous fait apprendre. Celle par exemple d'un nouveau disque réjouissant, inventif, qui va me surprendre et me faire vibrer : comme celui la Mop Meuchiine qui joue la musique de Robert Wyatt avec un incroyable talent. Ou, dans un tout autre genre et sublime néanmoins, un magnifique adagio composé par le regretté Olivier Greif qu'il faudra bien un jour reconnaître comme l'un des plus passionnants compositeurs du XXe siècle. Je lui consacrerai bientôt une note, qui fera suite à deux que je lui ai déjà consacrées.

    Les éclats de rire de ma petite-fille quand elle veut jouer à cache-cache avec moi derrière le canapé, au deuxième étage de la Maison Rose. Sans oublier sa vraie gourmandise quand elle rencontre un délicieux macaron.

    Le partage. Passer deux heures en compagnie d'un ami qui me raconte les souvenirs qu'il a accumulés durant les années 70, quand il avait créé un fanzine et fait de belles rencontres. Puis retranscrire cette conversation pour Citizen Jazz.

    Pour finir, je crois qu'une chaîne ne doit pas être rompue et qu'il me faut proposer à deux personnes de relever ce petit défi. Alors j'invite deux camarades blogueuses à continuer après moi : Françoise et Elisabeth.

    A vous de jouer mesdames !

  • Portal & Terrasson

    Vidéo Jazz. C'est le onzième rendez-vous du collectif de blogueurs appelé le "Z Band". Ses membres étant un tantinet débordés actuellement par leurs occupations respectives, le travail d'écriture d'un article sur un thème choisi de manière concertée est reporté au mois de septembre. Mais il était hors de question de manquer notre rendez-vous trimestriel : nous avons par conséquent décidé de chercher, chacun de notre côté, une vidéo. Voilà, pas plus compliqué que ça !!!

    Je vous propose par conséquent de retrouver dans ce cadre un duo hautement sensible composé de deux musiciens que j'affectionne tout particulièrement, tant pour la brûlure de leur jeu que pour leur sens de l'écoute réciproque. Je n'évoque même pas leur maîtrise instrumentale, elle va de soi, elle est au-delà.

    Nous sommes au mois d'août 2007, au festival Jazz In Marciac. Jacky Terrasson (piano) et Michel Portal (clarinette basse), interprètent avec un feu intérieur qui force l'admiration une composition de ce dernier, "Max mon Amour", dont on peut trouver une magnifique version sur son très beau disque Musiques de Cinémas déjouées avec des amis jazzmen en 1995. Souvenons-nous aussi que ce thème illustrait à l'origine le film réalisé par Nagisa Oshima en 1986, avec Charlotte Rampling en premier rôle (ainsi qu'un chimpanzé dont elle tombait amoureuse, si mes souvenirs sont exacts).

    Cette note est aussi l'occasion pour moi de prendre date : il faut absolument que je prenne plus de temps pour évoquer Michel Portal, un très grand monsieur ! Un de mes artistes compagnons de vie...

    Z Band

    Un peu maigrichon cette fois, les contributions étant peu nombreuses... Elles n'en méritent pas moins le détour !

    - Ptilou : Portal, Collignon, Bojan Z au Duc des Lombards
    - Jazz Frisson : Souvenirs de Rio
    - Mysterio Jazz : Casuarina

  • Atem

    atem.jpgJe dois recevoir très prochainement chez moi – à des fins d'interview pour Citizen Jazz – une personnalité bien connue des amateurs lorrains (et pas seulement d'ailleurs) des musiques dites « de traverses ». Gérard Nguyen, puisque c'est de lui qu'il s'agit, va en effet soulever de plaisir beaucoup de gens en publiant aux éditions Camion Blanc une sélection d'articles publiés durant la seconde moitié des années 70 dans le magazine qu'il avait alors porté à bout de bras : Atem. Ce journal incomparable – 16 numéros édités entre 1975 et 1979 – fut en effet une formidable aventure humaine que nous sommes nombreux à avoir vécu non sans fièvre, guettant la prochaine édition, nous arrachant les yeux parfois (au début) sur une mise en page dense et aride. Ah, que de beaux noms ont pu être convoqués au sommaire de ce réjouissant et singulier Atem ! Il suffit de regarder la couverture du livre qui paraît aujourd'hui pour s'en convaincre : Kevin Ayers, Tim Buckley, Can, Kevin Coyne, Nick Drake, Brian Eno, Faust, Robert Fripp, Philip Glass, Peter Hammill, Hatfield & The North, Heldon, Henry Cow, Hugh Hopper, Magma, John Martyn, Nico, Steve Reich, The Residents, Suicide, This Heat, Tom Waits, Robert Wyatt, etc. Un casting de rêve qui associe des artistes issus de sphères différentes : rock, jazz, musique contemporaine ou expérimentale, … mais ayant en commun une démarche artistique hors normes et intrinsèquement créative. Plus de 560 pages d'articles et d'interviews qu'on n'a pas fini de lire et de relire. Une sorte de livre de chevet, un compagnon de vie.

    Il est amusant aussi de se rendre compte que la parution d'Atem – qui fut aussi un label de disques tout aussi inventif et sans équivalent, dont les têtes de pont s'appelaient notamment Univers Zéro ou Présent – fait remonter à la surface de vieux souvenirs, très agréables.

    L'époque de l'Université par exemple, lorsqu'à peine mon dernier cours de la journée terminé, je ralliais au plus vite le magasin de disques où le même Gérard Nguyen, l'œil malicieux, une Camel filtre au bec et toutes platines Marantz dehors, nous faisait partager ses passions de l'époque, celles justement dont on va pouvoir relire les textes qui en étaient nés.

    Je me souviens... de ce soir d'octobre 1976 où, après une attente interminable – la publication du disque annoncé étant sans cesse reportée – les premières mesures de « De Futura » de Magma avaient retenti avec une sombre solennité. Jannick Top et Christian Vander tentaient une éphémère association dont la deuxième face de l'album Üdü Wüdü – avec une pochette provisoire et de belles fautes d'orthographe – se présentait comme le fidèle reflet. Une attaque de Kobaïa, rue Gambetta !

    Je me souviens aussi, quelques mois plutôt, de ce soir où j'avais embarqué (avec l'accord du patron, évidemment) plusieurs numéros du magazine pour le faire connaître à Jean-Bernard Hébey, alors animateur à RTL, qui avait posé sa bulle à Nancy pour une semaine, et dont l'émission quotidienne était une source assez éclectique de découvertes musicales en début de soirée.

    Atem ! Les anciens vont se réjouir de cette résurgence, les plus jeunes vont sans nul doute avoir du mal à ne pas admettre qu'on tenait là une pépite, que certains conservent aujourd'hui précieusement comme un trésor caché.

    Cerise sur le gâteau, il est question que les textes non sélectionnés pour le livre puissent être réunis en un blog.

    Pour moi, c'est d'accord, sans la moindre réserve !

  • Pom Pom... Pidou !

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    Passé le temps des premières heures et de la foule des curieux qui s'agglutinait en interminables files d'attente, voici enfin venu le moment de profiter dans d'excellentes conditions d'une réussite à souligner, celle du Centre Pompidou de Metz. Son architecte élégante et aérienne - bois et verre, tentures blanches - vous saute aux yeux à votre sortie de la gare. Parce qu'en outre, ce chouette musée a la bonne idée de n'être situé qu'à quelques pas de cette dernière, à laquelle il est relié par une passerelle, tel un cordon ombilical.

    "L'édifice se présente comme une vaste structure de plan hexagonal, traversée par trois galeries. Il se développe autour d'une flèche centrale qui culmine à 77 mètres, clin d'oeil à la date de création du Centre Pompidou : 1977... L'ensemble évoque un vaste chapiteau, entouré d'un parvis et d'un jardin. A l'intérieur, l'ambiance générale est claire, avec sa toiture en bois blond, ses murs et structures peints en blanc et ses sols en béton surfacé gris perle. La toiture, le traitement de la relation intérieur-extérieur et les trois galeries d'exposition sont le résultat de partis pris architecturaux très novateurs."

    Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les responsables du Centre eux-mêmes et force est de reconnaître que leur propos entre en correspondance exacte avec ce que vous ressentez en déambulant, tranquillement, l'oeil admiratif, tout au long d'un parcours riche d'oeuvres magnifiques (j'aurai personnellement un petit faible pour "Les disques dans la ville" de Fernand Léger et pour la série Jazz d'Henri Matisse, mais la liste de mes contemplations béates est bien plus longue en réalité...).

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    Mais on goûtera aussi les jeux de miroirs futés, qui vous laissent deviner ce que votre visite va vous faire découvrir. En levant la tête, vous voyez aussi vos congénères qui deviennent fourmis curieuses, évoluant par petites grappes, comme collées au plafond. Les plus perspicaces d'entre vous sauront d'ailleurs débusquer l'auteur de ces quelques lignes sur la première photographie illustrant cette note.

    Ah, et puis... Un mot tout de même sur cette galerie un peu magique, au troisième étage : elle s'ouvre en une vaste fenêtre découpée comme autant de tableaux vivants et offre une vue panoramique sur la ville. Comme par enchantement, ses composantes architecturales s'éloignent de vous au fur et à mesure que vous vous en approchez. C'est splendide.

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    Je ne voudrais pas abuser de la prose laudative. Néanmoins, je vous incite fortement à faire le déplacement du côté de la Lorraine. Il y a de belles choses à y découvrir...

  • Inventif

    claudia_solal.jpgFaut pas croire... Je lis, le plus attentivement possible, la prose de mes petits camarades de Citizen Jazz. Et souvent, je me dis que j'ai bien raison !

    Mais avant d'aller plus loin, autorisez-moi un petit conseil : sur votre table (de travail, de salon, de cuisine... qu'importe), peut-être aurez-vous laissé par mégarde une ou deux productions en vogue auxquelles on accole assez étrangement un label jazz, quand il ne s'agit tout au plus que de variétés anglo-saxonnes, dont on peut goûter les charmes, pourquoi pas, mais qui, soyons sérieux, sortent bien rarement du cadre douillet et convenu de la chansonnette. Il paraît que ça trouve son public... Alors, s'il vous plaît, d'un grand revers de la main, vous balayez les Norah Jones, les Katie Melua, les Melody Gardot, les Lisa je ne sais plus quoi... Autant de chanteuses à la mode qui risquent fort de vous assoupir si vous êtes éveillé et certainement pas de vous réveiller si vous somnolez. Un peu d'ivresse ne vous nuira pas, allez donc chercher un peu plus loin les pépites... Le jeu en vaut la chandelle.

    Tenez, l'autre jour encore, notre magazine chéri a mis en ligne la chronique du disque du Claudia Solal Spoonbox, Room Service. Un texte écrit par Franpi Barriaux - à ce sujet, il commence à m'énerver sérieusement celui-là ! J'aimerais bien savoir comment il s'y prend pour glisser mille et une petites inventions poétiques au détour de ses phrases avec un naturel qui frise parfois l'insolence... En tant qu'artisan laborieux de la prose, en écriveur bricoleur, je déclare ici ma plus véhémente jalousie vis-à-vis du monsieur. Franpi, essaie de temps en temps de te fendre d'une phrase ordinaire, histoire de nous laisser croire qu'on arrivera, nous aussi, à dire les choses avec ce brin de folie qui fait toujours du bien. Et toc, voilà, c'est dit ! - qui nous alerte sur les nombreuses qualités d'un disque enregistré avec la complicité de quelques chouettes musiciens, dont Benjamin Moussay, jamais à court d'une invention sonore et d'une enluminure inattendue. Fille du grand Martial Solal, Claudia nous invite dans son univers tout à fait singulier, où les textes (en anglais) nous racontent une Angleterre d'autrefois, peuplée de personnages malicieux, et se conjuguent avec une musique à la fois savante et joyeuse. Parfois - en particulier sur le long et captivant « The Winter Of Our Discontent - on pense à Henry Cow et à sa chanteuse Dagmar Krause sur l'album In Praise Of Learning. Ce qui est un compliment. Il se passe toujours quelque chose sur Room Service : chaque minute, pour ne pas dire chaque seconde, nous réserve une surprise, une trouvaille qui nous enchante. Un peu comme si nous nous trouvions glissés à l'intérieur d'un cabinet de curiosités, dont les mystères et les objets bizarroïdes se dévoilent petit à petit.

    Je vous laisse en compagnie de Claudia Solal, pour découvrir son petit laboratoire artistique, et vous inviter à entrer dans la magie de son univers. Elle interprète ici « Room Service ».

    Claudia Solal (chant), Benjamin Moussay (claviers), Jean-Charles Richard (saxophone), Joe Quitzke (batterie), Régis Huby (violon).

    Et puis, tiens, tant qu'on y est. Suivez aussi les précieux conseils qu'on peut lire chez Belette & Jazz : on y trouve une belle présentation d'un disque formidable, un pari risqué puisqu'il s'agit d'une aventure en solitaire du contrebassiste Claude Tchatmichian : Another Childhood est une réussite flagrante, passionnante de bout en bout. Ce qui ne nous étonne guère quand on connaît le talent du bonhomme. On en redemande !!!