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  • Hulot

    monsieur_hulot.jpgAprès Play Time et Mon Oncle qui ont déjà fait l'objet d'une belle restauration et dont les rééditions en DVD sont impeccables, Sophie Tatischeff, Jérôme Deschamps et leurs complices des Films de Mon Oncle ont entrepris de faire revivre Les Vacances de Monsieur Hulot. Ce film, tourné en 1953, avait déjà été la source de plusieurs révisions, à l'instigation de son réalisateur, le génial et méticuleux Jacques Tati, en particulier dans son montage, dont les principales sont intervenues en 1962 et 1978. Très abîmée par le temps, la pellicule de ce petit chef d'œuvre d'humour poétique revit aujourd'hui en salles dans une forme qui, au-delà de l'énorme travail effectué sur les images elles-mêmes pour en restituer au mieux le noir et blanc, respecte les exigences finales de celui dont Philippe Labro disait au moment de la mort en 1982 : « Adieu Monsieur Hulot. On le pleure mort,il aurait fallu l'aider vivant ! ».

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    © Maître Chronique - Mad Jazz Boy & Monsieur Hulot

    Car ce Monsieur Hulot, qu'il est d'usage de qualifier de personnage lunaire, est un formidable grain de sable galant ! Venu passer ses vacances à l'Hôtel de la Plage de Saint-Marc sur Mer (petite bourgade côtière entre Saint-Nazaire et Pornichet, où trône désormais une belle statue de son héros), le voilà qui dérègle inéluctablement la mécanique trop bien huilée des habitués du lieu. Il est très difficile de traduire en mots tout le bonheur qu'on éprouve à (re)vivre ces moments du quotidien savamment bouleversés par l'homme à la pipe, mais on peut citer : une partie de tennis où Monsieur Hulot exécute tous ses adversaires au moyen d'un service que lui seul maîtrise ; une entrée à grand renfort de courants d'air ; des obsèques très... pneumatiques ; un feu d'artifice nocturne... La réalisation est minutieuse, chaque situation fait l'objet d'un soin visuel et sonore presque maniaque. C'est un enchantement, à des années-lumière de toutes les vulgarités contemporaines qui, à force de s'auto-proclamer drôles, n'en sont que plus pitoyables et vaines.

    Aucune hésitation possible, allez donc rendre une petite visite à Monsieur Hulot, il le mérite bien. Vous ne regretterez pas vos vacances !

  • François

    roudodoudou.jpgIl avait rejoint voici un peu plus d'an le Z Band, ce collectif de blogueurs jazz qui, sans jamais se rencontrer en chair et en os, se donne rendez-vous chaque trimestre pour écrire sur un sujet commun et dont je fais partie depuis sa création en 2007. A compter de cette époque, on avait pu compter sur une participation de sa part, sans faille, dans le plaisir du partage. Chacun d'entre nous avait rapidement pu apprécier son talent et sa chouette écriture poétique, qu'il avait chevillée au corps. Il était aussi illustrateur, philosophe... bref, un type bien, qui vivait de l'intérieur et savait nous communiquer sa vibration. François Roudot n'est plus, cette saloperie de camarde vient de le foudroyer en trois jours, alors qu'il était en vacances à La Rochelle. Nous pensons à lui, qu'il sache que nous ne l'oublierons pas. Merci, François, pour ce que tu étais et qui va longtemps vivre en nous.

    Voir son blog, L'ivre d'images

  • Incarnations

    Le retour du vieux con misanthrope... Ne pas confondre la fièvre et le thermomètre. Ainsi, il est commode de pointer du doigt Internet et d'en stigmatiser les effets pervertisseurs de notre jeunesse. C'est oublier, me semble-t-il, le vrai coupable qui est l'Homme lui-même, créature plutôt nuisible lorsqu'elle ne dispose pas du privilège d'un semblant de dressage, qu'on appelle chez lui éducation et que notre univers consumériste tend à refouler (la réflexion étant l'ennemie première de la consommation, notre dictature financière s'accommode assez mal en effet d'un humain qui penserait un peu trop ; ce principe s'applique également aux régimes autoritaires qui utilisent la foi comme vecteur des folies religieuses ou la torture lorsqu'il s'agit d'aller encore plus vite en besogne. Briser toute tentative de pensée autonome...). Mais rassurons-nous : sa nature première tend à refaire surface à la moindre occasion : l'homme sait très vite redevenir veule, lubrique, vénal, brutal et grossier. Ainsi est l'homo erectus. Les exemples ne manquant pas, je vous en épargnerai une première liste, voyez autour de vous. Internet est pour lui une aire de jeux, parmi bien d'autres...

    Je préfère au contraire vous proposer deux illustrations qui tendent à démontrer qu'Internet peut susciter de beaux passages du virtuel au réel et qu'un dressage opiniâtre et bienveillant de la bête qui sommeille en chacun de nous peut susciter de belles rencontres et nous laisser caresser l'espoir d'une humanité pas encore condamnée à s'autodétruire (processus qui est, notons-le toutefois, largement engagé).

    C'est grâce à Internet, par exemple, et à un blog bien ficelé en particulier que j'ai pu découvrir ma ville natale sous un autre jour et en apprécier les qualités intrinsèques, grâce à un néo-verdunois qui avait décidé de lui consacrer beaucoup de temps pour nous offrir de nombreux textes curieux. Avec son œil neuf, l'auteur du site nous proposait une vision presque ensoleillée d'une cité que des années d'enfance et d'habitude, saupoudrées d'une bonne couche de tristesse nostalgique, m'avaient rendu injustement grisâtre. Et plutôt que d'en rester là, lui et moi sommes entrés en contact, nous nous voyons désormais régulièrement et avons entamé une belle histoire d'amitié, à laquelle sont associées nos épouses respectives.

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    On peut nous voir ici, lors d'une réunion au sommet qui s'est tenue hier, alors que nous allions embarquer, le temps d'une courte croisière-colloque, sur un paquebot, Her Majesty Of The Seas, qui mouillait paisiblement dans le port de Nancy.

    Mais je ne fais qu'évoquer un cas personnel qui, s'il a valeur d'exemple, n'en reste pas moins confidentiel et qu'on ne saurait brandir à la façon d'un étendard. Trop prétentieux. Non, voyons plutôt du côté de la musique et la belle histoire du trio SLuG (une chronique est dans les starting blocks de Citizen Jazz, vous la lirez très prochainement). Au départ, il y a un artiste touche-à-tout un peu génial, collectionneur de samples, et deux musiciens en partance de Magma. Le premier, John Trap, rencontre d'abord les seconds, Emmanuel Borghi et Himiko Paganotti, essentiellement via Internet : commence alors une petite valse de fichiers qu'on s'échange. C'est la naissance d'une première composition, puis d'une seconde et enfin d'un album entier qui sort très prochainement sur le label Off. Un groupe vient de prendre corps sous nos yeux (ou plutôt nos oreilles), il s'appelle donc SLuG et vous pouvez d'ores et déjà retenir son nom. On voit que le virtuel a pu engendrer le réel, ce qui, convenons-en, est tout de même plus enthousiasmant que l'opération inverse. Au final, ce premier disque est une parfaite réussite dans un univers électro pop un peu enchanté dont on devrait reparler dans les temps à venir. Il est en tout état de cause mon coup de coeur du moment.

    Il est aussi une belle occasion de s'aérer l'esprit et de regarder devant soi avec un peu moins de pessimisme.

  • Victime

    sintrom.jpgOn sait depuis belle lurette que je suis la victime expiatoire d'un complot cosmique. D'obscures forces fondent sur moi pour tenter de me réduire à néant. Jusqu'à présent, elles ont échoué dans toutes leurs tentatives, je sais narguer ces ennemis invisibles, mais pour combien de temps encore ?

    Je passerai sur tous ces étranges humains ou prétendus tels, croisés sur le chemin des vacances, comme ces hordes de vététistes encasqués déboulant, masqués, sur de magnifiques sentiers pédestres auxquels ils ne sont pas censés avoir accès et qui vous contraignent, à 2000 mètres d'altitude, à parer au plus pressé devant le déchaînement de leurs maudites mécaniques. Je mépriserai cette citoyenne britannique, promenant son moche clébard sans laisse au beau milieu du Parc National de la Vanoise et tentant de me faire croire qu'elle ne comprenait rien à mes explications, pourtant fournies correctement dans sa langue. Don't understand my ass ! J'ignorerai les incivilités répétées, les violences verbales, ici et là, à pied, à cheval ou en voiture (surtout en voiture d'ailleurs), symbole des nouvelles formes de relations sociales. Non, la connerie étant sans limite - ce qui la distingue de l'intelligence - je m'en tiendrai à l'essentiel, aux faits, à ce que j'ai pu mesurer et vérifier sans que le doute soit permis. Et qui me concernent.

    Deux exemples donc, en guise de démonstration...

    Revenu de vacances avec deux ou trois kilos excédentaires, j'ai pris la décision de soigner ma ligne et de raffermir ma sangle abdominale un peu molle du genou (oui, je sais, ça ne veut rien dire). Au programme, un peu de cardio-training quotidien, une bonne dose de transpiration et, pour réveiller les muscles, acquisition d'un appareil malin autorisant un grand nombre d'exercices pour consolider au choix : dos, jambes, bras, épaules, abdomen... Sauf que l'ennemi guettait le jour même de l'achat. Tu parles, l'objet dans son carton pesant pas loin d'une tonne, j'ai dû le hisser jusqu'au deuxième étage de la Maison Rose où sa place l'attendait. Et pan ! Même pas eu le temps de l'essayer que la douleur, violente et continue, a montré le bout de son nez dès le lendemain. Saloperie de dos bloqué, ça sert à quoi un tel machin s'il faut déjà être un Hercule pour le rapporter chez soi ? Tout ça me fait penser aux publicités pour les régimes minceur qui mettent en scène des femmes qui doivent peser 45 kilos, chaussures comprises... Mais je me connais, la douleur et moi sommes de vieux potes et j'attends la fin des souffrances. Ensuite, à moi la ligne ferme.

    Pour ce qui est du deuxième exemple, je dirais que nous avons affaire au penchant goulu de mes ennemis. Tout s'est passé hier en effet. Je fêtais tranquillement, jour pour jour, les 30 ans de mon traitement anti-coagulant en buvant une tasse de sang frais, lorsque j'ai ressenti une drôle de démangeaison, diffuse et polylocalisée (© Maître Chronique) qui ne m'a guère laissé de doute quant à son origine... Moustique attaque ! Au bas mot, une soixantaine de piqûres format king size, soigneusement disséminées sur toute la partie inférieure de mon corps, entre les reins et les genoux. Feignants d'insectes : c'est tellement facile de pomper mon sang chimiquement liquéfié qu'il s'en donnent à dard joie. Et vas y que je me gave comme un abruti jusqu'à ce que j'éclate, je me fais une orgie de plaquettes, je vois des globules rouges partout. Bande de lâches...

    Il est là, une fois encore, l'ennemi invisible. Mais je tiens bon, je serre les dents (pas trop fort sinon j'ai mal au dos) et j'esquisse un sourire (proche de la grimace, je l'avoue) pour lui signifier que je le méprise.

    Même pas mal.

    P.S. : à toute chose malheur est bon. Au détour d'une émission à vocation médicale, je m'aperçois que l'absorption de mon comprimé matinal me préserve, plus que la moyenne de mes concitoyens, d'un accident vasculaire cérébral. C'est chouette, non ? D'accord, avec une telle chimie dans les veines, je risque plutôt une hémorragie cérébrale mais bon...

  • Pêche

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    Voilà un instantané qui me plaît infiniment : on y voit, de dos, trois jeunes enfants occupés à une petite partie de pêche à la ligne au Jardin du Luxembourg (en réalité, l'un d'entre eux au moins tente de piloter un petit bateau télécommandé mais j'ai décidé qu'ils pêchaient : ça m'arrange, Antonio !). Au fond, tout en somnolence, le Sénat vieillissant est occupé à une sieste digestive. J'ai capté cette scénette le 25 juillet dernier, alors que nous rallions la Lorraine depuis la Bretagne en posant quelque temps nos valises à Paris. J'aime y voir une drôle d'opposition - ce terme n'est peut-être pas le plus approprié quand on évoque la dispendieuse et inutile maison de retraite pour politiciens bedonnants qui trône au fond du paysage, mais soit, acceptons l'idée qu'un jour les choses puissent changer, après tout, on peut rêver - entre ces enfants, symboles d'avenir qui semblent déjà chercher la bonne technique pour résoudre la difficile équation de leurs années futures et nos chers élus qui, eux aussi, sont par essence des professionnels de la pêche. Cette drôle de pêche aux voix qui leur permet, grâce à la complicité de quelques électeurs prétendument grands, de vivre bien grassement et sans états d'âme leur apathie aux frais de la Princesse. Et je préfère imaginer que le sort de notre pays sera confié un jour à ces gamins plutôt qu'à ces élus confits dans un passé déjà lointain.