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onj

  • Olivier Benoit ou la musique en lettres capitales

    orchestre national de jazz, onj, olivier benoit, europa osloEuropa Oslo, quatrième et dernière étape pour l'Orchestre National de Jazz sous la direction d'Olivier Benoit et une autre source de stimulation de son imagination. Instantanément, c’est le sentiment d’un nouveau choc, dans un grand souffle de soixante-neuf minutes. Chaque écoute s’offre ensuite à la manière d’une révélation, levant le voile sur des richesses qu’on avait jusque-là effleurées. L’ONJ déploie les fastes d’une musique dont la singularité est plus que jamais avérée. Il y a un langage Olivier Benoit, voilà qui ne fait aucun doute. Mais ça, nous le savions depuis longtemps. Encore faut-il être capable de tenir ses promesses et, si possible, de surprendre. Et c’est bien le cas, une fois encore...

    On identifie instantanément l'ONJ, en particulier par la richesse de ses textures sonores et de ses brusques changements de cap dont « Det Har Ingenting Å Gjøre » est une parfaite illustration. Mais aussi par ses entêtements rythmiques, dans une jonction heureuse qui se nourrirait à la fois de la « discipline » de Robert Fripp et des déphasages de Steve Reich – j'assume ces comparaisons qui pourront étonner – comme dans l'introduction de « A Sculpture Out Of Tune » et le final de « Pleasures Unknown ». Une force de frappe mise au service d'arrangements luxuriants où s’épanouissent dans une lumière froide violon, clarinettes, saxophones, trombone, guitare, piano, claviers, percussions et quelques sorcelleries électroniques.

    Europa Oslo n'est ni Europa Paris, ni Europa Berlin, ni Europa Rome. Il n’est pas question pour autant de froideur, car ce serait trop facile, trop attendu. Mais plutôt d'une prise de distance, loin du bouillonnement de Berlin et de l'exubérance de Rome, par exemple. À l'image de ce « stade vêtu de blanc » et illuminé qu'on découvre au recto de la pochette, dont Olivier Benoit dit qu’il « crée le lien entre la ville, le texte et la musique ». Europa Oslo est un disque qu'il faut laisser venir vers soi, patiemment. Ce à quoi nous invite par exemple « Oastracism », en ouverture de ce quatrième voyage.

    L'Orchestre fait une fois de plus la démonstration de sa capacité à agencer dans un même continuum une vue microscopique, parfois bruitiste et sa vision panoramique de la musique : « Intimacy » est le meilleur exemple de ce glissement, qui commence par le frottement croisé des cordes, celles de la guitare d'Olivier Benoit et du piano de Sophie Agnel, pour laisser la place au chant limpide de Maria Laura Baccarini avant un tutti majestueux caractéristique de cette formation qui – c’est un avis personnel – est sans nul doute le plus fascinant de tous les ONJ. Et puis il y a ce groove, tenace et entêtant vers lequel l’orchestre revient toujours, comme une nécessité nourricière. La deuxième partie de « An Immoveable Feast » ou de « Sense That You Breathe », presque métronomique, poussée par les rondeurs de la basse de Sylvain Daniel ou le final de « Ear Against The Wall » témoignent de cet appétit. Ou encore « Ear Against The Wall » et la pulsation machinique élaborée par les claviers de Paul Brousseau et la batterie d’Éric Échampard.

    Plus que jamais, l'ONJ se présente comme un collectif, une entité extrêmement généreuse, qui sait toutefois accorder le temps nécessaire à quelques interventions solistes, peut-être moins nombreuses qu'au cours des trois précédentes étapes, mais d’une inventivité débridée qui dit beaucoup du plaisir profond ressenti par chacun des protagonistes de cette histoire : Paul Brousseau sur « Ear Against The Wall », Alexandra Grimal sur « Sense That You Breathe », Hugues Mayot sur « A Sculpture Out Of Tune », Fidel Fourneyron sur « An Immoveable Feast », Fabrice Martinez sur « Det Har Ingenting Å Gjøre » ou encore Olivier Benoit, rocker flamboyant, libre et aérien sur « Intimacy » (mais quel bonheur celui-là, quel bonheur quand il s’y colle...).

    On connaissait Maria Laura Baccarini, notamment depuis les disques All Around et Furrow avec la complicité de son cher Régis Huby ; on savait toute son expressivité dramatique : écoutez Gaber, Io e le cose si vous avez besoin d'être convaincus. Elle est ici chanteuse, mais aussi récitante des mots de Hans Petter Blad qui a travaillé en étroite collaboration avec Olivier Benoit à l'écriture de cette nouvelle fresque. Il y a chez elle une manière particulière d'habiter les textes, presque théâtrale (n’oublions pas qu’elle est aussi une actrice), qui évoque parfois la présence magnétique de Dagmar Krause au temps d'Henry Cow dans les années 70 (c’est particulièrement saisissant sur « A Sculpture Out Of Tune » ou « Glossary »). Maria Laura Baccarini transporte la vie dans son chant ou dans les phrases qu’elle respire au creux de notre oreille (« Sense That You Breathe »). Quelle belle idée de l’avoir associée à ce dernier parcours.

    Je ne voudrais pas terminer la rédaction de cette note sans souligner le bonheur ultime des cinq dernières minutes de « Pleasures Unknown », car cette conclusion bonus du disque commencée dans un climat étale est époustouflante de beauté, comme si l’ONJ nous prenait à témoin de sa détermination sans faille depuis le début de son histoire. À faire dresser les poils sur les bras... Ni sans avoir pris le temps de citer, une fois encore, tous les musiciens d’un Paris Oslo aussi beau qu’on pouvait l’espérer. Olivier Benoit (composition, guitare) ; Hans Petter Blad (textes) ; Maria Laura Baccarini (voix) ; Jean Dousteyssier (clarinettes) ; Alexandra Grimal (saxophone ténor) ; Hugues Mayot (saxophone alto) ; Fidel Fourneyron (trombone) ; Fabrice Martinez (trompette et bugle) ; Théo Ceccaldi (violon) ; Sophie Agnel (piano) ; Paul Brousseau (Fender Rhodes, synthétiseur basse) ; Sylvain Daniel (basse électrique), Éric Échampard (batterie, électronique).

    Cet ONJ me manque déjà parce que je sais qu'il va bientôt parvenir au terme de sa trop courte vie (Europa Paris, le premier volet, fut publié en juin 2014, c’était hier). J'en viens à espérer qu'il continuera d'exister, sous une identité différente. Il lui reste tant d’histoires à raconter, tant de voyages à entreprendre. Tu m'entends, Olivier ? Vite, dis-moi quelque chose, promets-nous d’autres périples aussi passionnants. Vite...

  • Ich bin Berliner

    COVER-EUROPA-BERLIN.pngJe reviendrai prochainement sur ce disque, à la fin du mois très probablement, une fois que j’aurai, sinon épuisé toutes ses richesses, du moins consacré encore plus de temps à en parcourir les trésors. Mais pour l’avoir reçu aujourd’hui même et déjà écouté deux fois de façon attentive, je ne résiste pas à la tentation d’une rapide évocation. Europa Berlin est la deuxième production discographique de l’ONJ sous la direction d’Olivier Benoit, après Europa Paris en 2014. Un disque que j’avais évoqué ici-même ainsi que dans les colonnes du magazine Improjazz de mon camarade Philippe Renaud.

    Et si je ressens le besoin d’en parler sans attendre, c’est tout simplement parce que sa découverte m’a inspiré une réflexion, instantanée. Celle-ci s’est imposée à moi et j’ai pensé qu’il était bon de la partager avec vous.

    Voici en effet près de 45 ans que j’écoute de la musique de façon quotidienne et intensive. Je suis passé par bien des étapes, qui n’ont jamais exclu les précédentes, dans un processus de sédimentation et d’élargissement de mes maigres connaissances. Rock, rock progressif, jazz rock, jazz, musiques minimalistes, musiques ethniques, musique contemporaine, sans oublier ce qu’on appelle musique classique, à des doses plus limitées toutefois mais ô combien enrichissantes.

    Or, je m’aperçois que les 74 minutes de cette nouvelle aventure au cœur d’une capitale européenne contiennent tout, je dis bien tout, ce que je cherche en musique depuis si longtemps et que je ne trouve la plupart du temps que sous la forme de bribes qu’il me faut ensuite assembler. C’est pour moi comme un miracle... L’énergie un peu sauvage et électrique du rock ; les élans du jazz au sens le plus large du terme, qu’il s’exprime par le biais de thèmes exposés avec beaucoup d’ampleur (et de luxuriance aussi, ce qui renvoie aux heures nobles du rock progressif), par des arrangements complexes mais toujours justes ou par la densité d’interventions solistes urgentes et pleinement habitées par les musiciens en action ; les motifs sériels et envoûtants nourris par l’école dite minimaliste ; le recours à un bruitisme qui nous rappelle que le processus de création musicale est aussi à comprendre comme un laboratoire, où rien n’est jamais fini, où tout se joue sur le fil du rasoir. Oui, tout est là, dans Europa Berlin, en pleine fusion, dans ce disque choral qui chante notre vie d’aujourd’hui. Preuve, s’il en était besoin, qu’une formation institutionnelle peut engendrer un art neuf, combinaison parfaite d’exigence et de vibration ontologique.

    Pour cette raison, je voulais aujourd’hui même exprimer toute ma gratitude à Olivier Benoit (direction, composition, direction artistique), Bruno Chevillon (contrebasse, basse électrique), Jean Dousteyssier (clarinettes), Alexandra Grimal (saxophone ténor), Hugues Mayot (saxophone alto), Fidel Fourneyron (trombone), Fabrice Martinez (trompette), Théo Ceccaldi (violon), Sophie Agnel (piano), Paul Brousseau (Fender Rhodes, synthétiseur basse, effets), Eric Echampard (batterie). Merci enfin à Emmanuelle Rogeau de m’avoir permis, un peu à l’avance, de me repaître d’un tel festin.

    J’y reviendrai, c’est promis !

  • Sélection

    DSC00224-pola.jpgJe sais que l'exercice est un peu vain et que l'élaboration du palmarès des disques de l'année n'a finalement que peu de sens. Néanmoins, ne reculant devant aucune contradiction, je viens de jeter un rapide coup d'œil dans mon petit rétroviseur et je me suis amusé à établir une liste de vingt disques qui ont déjà pas mal tourné du côté de chez moi. Je vous la livre telle quelle, en ayant pris la précaution de classer les artistes par ordre alphabétique. Loin de moi la prétention de décréter untel ou untel meilleur que les autres, c'est une liste, rien de plus. Peut-être y trouverez-vous des points de jonction avec vos propres coups de cœur. Peut-être pas...

    C'est aussi l'occasion pour moi de vous souhaiter une bonne année 2011. Qu'elle chasse les stigmatisations, les vulgarités, les affairistes, les imposteurs de tout poil et qu'elle nous donne à regarder vers le haut. Il y en a tellement besoin. Sachez capter les petits moments de bonheur qui s'offrent à vous et savourez-les, ils sont irremplaçables.

    Bertrand Belin : Hypernuit. Il y a chanson française et chanson française. Avec Bertrand Belin, on est embarqué dans un univers onirique où les mots suggèrent plus qu'ils n'affirment, pendant que la musique déroule tranquillement ses entrelacs.

    Dan Berglund's Tonbruket. Pas facile de survivre musicalement à la disparition d'un leader tel qu'Esbjörn Svensson. Le contrebassiste relève le défi, retrouve ses racines rock et délivre un disque magnifique, bourré d'énergie.

    Sophia Domancich & Friends : Snakes & Ladders. La pianiste surprend, une fois encore, nous raconte des histoires et, magnifiquement entourée, nous invite à sinuer dans les méandres de son jeu enchanté. Un des grands disques de l'année, à n'en pas douter.

    Field Music : Measure. La bonne surprise ! Un vrai disque de rock, comme dans les années 70. Il y a beaucoup de culot chez ces jeunes anglais qui n'hésitent pas à marcher dans le sillage de Bowie ou des Who.

    Renaud Garcia-Fons : Méditerranées. Plus que jamais, la musique du contrebassiste chante l'amour des rivages du sud et nous enchante.

    Festen. Parce que ce jeune groupe a fière allure et conjugue avec bonheur ses amours du rock et une virtuosité non démonstrative lorsqu'il se pare de couleurs jazz.

    Dave Holland Octet : Pathways. Lui, ça fait des décennies qu'il est un grand, quelle que soit la formule de son groupe. Alors quand ils sont huit, on imagine qu'on atteint le haut niveau. Et on a bien raison, tant le contrebassiste est constamment inspiré.

    Metal-O-Phone : une des belles claques rythmiques et percussives de l'année. Inventif à chaque seconde, le groupe suscite une adhésion immédiate. On en redemande !

    Mop Meuchiine Plays Robert Wyatt. Une relecture impertinente, bourrée d'imagination et d'invention. Décidément, la musique du grand Robert n'a pas fini de susciter des (re)créations passionnantes. Celle de la Mop Meuchiine de Pascal Maupeu en est une des plus marquantes.

    ONJ Daniel Yvinec : Shut Up And Dance. Après son beau Around Robert Wyatt, l'ONJ joue la musique du batteur compositeur John Hollenbeck, qui dédie chaque titre à l'un des musiciens de l'orchestre. Un disque qu'on n'en finit pas d'écouter.

    Murat Öztürk & Jean-Pascal Boffo : Improvisions. Belle invitation à un voyage méditatif, où le pianiste improvise en toute liberté mélodique pendant que le designer sonore pare les paysages inventés de ses enluminures élégantes.

    Anne Paceo : Empreintes. La batteuse coloriste et son Triphase doublent la mise. Un deuxième album tout en lumière et générosité. Laissez-vous guider par ces musiciens au sourire communicatif.

    Plaistow : The Crow. Après le séduisant Jack Bambi, le trio fourbit un disque sombre en envoûtant qui laisse entrevoir de magnifiques inspirations, y compris lorsqu'il ose de longs silences. Chronique en chantier pour Citizen Jazz.

    Michel Portal : Baïlador. A 75 ans, le clarinettiste saxophoniste s'entoure des meilleurs (Bojan Z, Jack De Johnette, Scott Colley, Ambrose Akinmusire, Lionel Loueke) et publie l'un de ses plus beaux disques. Chronique en chantier pour Citizen Jazz.

    Steve Reich : Double Sextet / 2 X 5. Le maître du déphasages et des rythmes complexes ajoute une nouvelle pierre à son bel édifice. C'est beau, tout simplement. 

    Youn Sun Nah : Same Girl. Si la grâce avait une incarnation, elle ressemblerait fort à cette magnifique chanteuse coréenne. Un disque pour toujours.

    Olivier Temime : The Intruder. Avec la complicité du magicien Vincent Artaud, le saxophoniste nous électrise et offre un disque qui décoiffe. Ici, la virtuosité des musiciens est mise au service d'un propos d'une redoutable efficacité. Un disque qui frappe fort et juste.

    Henri Texier Nord Sud Quintet : Canto Negro. Là, je triche un peu parce que le disque ne sortira officiellement que le 28 février 2011. Mais c'est une nouvelle flagrante réussite, qui aligne les mélodies comme autant d'hymnes à la vie. Chronique à venir pour Citizen Jazz.

    Univers Zéro : Clivages. Plus inspirés que jamais, Daniel Denis et ses compagnons publient l'un des meilleurs disques du groupe. Cette musique, qu'on classe dans la catégorie du Chamber Rock, n'en finit pas de nous captiver.

    John Zorn : The Goddess. Jamais là où on l'attend, d'une intrigante prolixité, le saxophoniste est ici compositeur et sublime son art. Une musique qui vous attrape par les tripes et ne vous lâche plus.

  • Shut Up And Dance !

    Shut Up And Dance.jpgBis non repetita ! Il fallait s’y attendre, sans une seconde de doute. On avait beau se repaître encore, avec une gourmandise intacte, d’un Around Robert Wyatt unanimement salué comme une réussite exemplaire, fort justement récompensé et placé très haut sur la grande pile des préférences de Citizen Jazz (voir ici notre chronique), on avait beau se réjouir de la relecture des chansons de Billie Holiday dans un programme tendrement nommé Broadway In Satin, ou d’une collaboration avec Benoît Delbecq pour une mise en notes du cinéma hollywoodien avec Carmen, on savait.

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  • Duo

    Parce qu'on ne peut pas toujours écrire sur un blog... et qu'on s'efforce, à la façon d'un tâcheron, de mettre sa plume au service d'un magazine - Citizen Jazz - qui défend l'idée d'une musique comme on l'aime par ici. Je vous invite par conséquent à suivre un lien qui vous emmènera vers la lecture d'un article du type « deux en un », dont le personnage central est Robert Wyatt.

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