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iain matthews

  • Dix galettes plus une et un coup de maître...

    Je me demande si j’ai raison... Peut-être suis-je sous l’influence de quelques-uns de mes camarades qui, nonobstant la vacuité de l’exercice, ne résistent pas à la tentation de produire une liste de disques de l’année. Je vais faire comme eux, je serai injuste comme eux et j’aurai au préalable mesuré à quel point mon « Top 10 » est une modeste goutte d’eau dans l’océan de la musique. Tant pis. Et que les oubliés me pardonnent, ils savent que je pense à eux et que la seule méthode à laquelle je me suis astreint à consisté à fermer les yeux pour laisser remonter à la surface des moments forts ressentis durant toute l’année. 2014 : au minimum 200 disques à découvrir (et je suis un piètre amateur comparé à certains...) parmi... combien déjà ?

    Alors, allons-y gaiment et dans l’ordre alphabétique... J’accompagne chaque disque sélectionné d’un court extrait d’une de mes chroniques. 

    Alban Darche & L’Orphicube : Perception Instantanée

    darche-alban_orphicube_perception.instantanee.jpgMusique grande classe, comme la bande son d’un film aux accents nostalgiques qui aurait été tourné en noir et blanc pour mieux souligner les éclats invisibles du quotidien et en révéler la part de magie. L’Orphicube vous transporte avec son ingéniosité génétique - encore une fois, cet orchestre a un son qui lui appartient totalement, sui generis, comme on dit - et sa forte dose d’onirisme.
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    Stéphane Kerecki Quartet : Nouvelle Vague

    kerecki_nouvelle_vague.jpgStéphane Kerecki endosse le rôle d'un passeur pacifié qui ne vise qu'un seul objectif : réenchanter des histoires dont tous les secrets n'avaient, on s’en rend compte grâce à lui, pas encore été dévoilés. En levant le voile sur ses propres visions, il nous propose un embarquement dans son imaginaire cinématographique et c'est un bonheur de le laisser faire… avec un grand sourire dans le regard.
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    Christophe Marguet & Daniel Erdmann : Together, Together !

    marguet_erdman.jpgTogether, Together! n’est pas de ces disques qu’on écoute avec passivité ; il fait plutôt partie des instants d’équilibre un peu miraculeux, dont on connaît la fragilité, et qu’on ne veut pas laisser filer entre ses doigts. On laisse approcher la musique, on lui accorde tout son temps, pour qu’elle nous souffle ses délicatesses au creux de l’oreille. Musique sensuelle, on vous dit !
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    Iain Matthews : The Art Of Obscurity

    Mathews_Iain_Art_Of_Obscurity.jpgDans un climat d'une grande sobriété, on retrouve avec ce beau disque l’essentiel de ce qui fait tout son pouvoir de séduction, comme si Matthews jouait la carte de l’épure et de l'intemporel en se disant qu’eux seuls disent le vrai : au service de son art, une instrumentation légère composée de guitares (acoustique et électrique), d'un piano électrique (ou d'un orgue) et d'une basse.
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    ONJ Olivier Benoit : Europa Paris

    onj_paris_europa_200X200.jpgUn chef d'œuvre ? Le temps parlera, mais après tout, ne suffit-il pas de dire que la manière avec laquelle Olivier Benoit, entouré d’une équipe soudée, est parvenu à synthétiser toutes les musiques qui l'habitent depuis des années, est admirable ? Au point de donner vie à un idiome dont on attend dès à présent les prochaines pulsations, celles qui résonneront des échos d'une autre capitale européenne, Berlin.
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    Emile Parisien Quartet : Spezial Snack

    spezial_snack.jpgOn a beau chercher, regarder derrière soi ou même de côté, il faut bien se rendre à l’évidence : ce disque sans équivalent est une nouvelle pépite, une pierre précieuse, tout juste polie au sens où ses audaces la rendent heureusement irrévérencieuse. Le quartet d’Emile Parisien est âgé d’une petite dizaine d’années et sème sur son chemin de sacrés cailloux. Sa musique, aussi singulière et intrigante que les titres de ses disques, n’a certainement pas fini de nous sidérer.
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    Vincent Peirani & Emile Parisien : Belle Epoque

    belle_epoque.jpgC’est incroyable qu’on puisse être à la fois si jeune et porteur des horizons sans cesse réinventés d’une histoire de la musique du XXe siècle, que Vincent Peirani et Émile Parisien semblent connaître depuis toujours, comme si elle coulait dans leurs veines. Un disque fédérateur qui s’adresse aux amoureux du jazz, de la chanson, de toutes les musiques impressionnistes, des musiciens vibrants et dont on ne finit jamais de contempler les beautés exposées.
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    Sylvain Rifflet & Jon Irabagon : Perpetual Motion

    rifflet_irabagon.jpgVoix, sons métalliques ou électroniques, bruits de rue, chant naturel des instruments : cette polyphonie, qui célèbre Moondog avec autant d’inventivité que de respect, séduit d’emblée. En imaginant Perpetual Motion, Sylvain Rifflet, Jon Irabagon et leurs complices sont allés bien au-delà de l’hommage : ils expriment une fusion totale entre le génie d’un compositeur et leur art propre, qui se refuse à toute limite. Et surtout pas celle de leur imagination.
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    Henri Roger & Noël Akchoté : Siderrances

    Siderrances.jpgSiderrances est un disque auquel on doit s’abandonner… Loin des urgences de notre monde, il offre son temps long (le deuxième disque ne comporte que deux titres, respectivement de 20 et 32 minutes) et laisse aux deux protagonistes le loisir d’engager une conversation de l’intime qui, jamais, ne nous laisse de côté. Là est sa grande force : il nous parle au creux de l’oreille dans sa langue propre, mais très empathique.
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    The Man They Call Ass : Sings Until Everything Is Sold

    the-man-they-call-ass-sings-until-everything-is-sold-500-tt-width-360-height-342-crop-1-bgcolor-000000.jpgHasse Poulsen, cet homme qu’on appelle Ass, chante le désenchantement, celui d’un monde menacé par l’épuisement de ses ressources vitales, elles-mêmes objets de commerce. Souhaitons que son inspiration, en tout cas, ne se tarisse jamais, car un songwriter de premier plan doublé d’un magnifique chanteur vient de voir le jour, et s’expose enfin après de longues années de maturation.
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    Avez-vous lu le titre de cette note ? Parce qu’un onzième disque a pris place dans ma tête il y a quelque temps, depuis le jour où Olivier Bogé m’a donné à écouter Expanded Spaces, son prochain disque (et troisième en tant que leader après Imaginary Traveler et The World Begins Today) qui ne sera publié chez Naïve qu’au printemps 2015. Le saxophoniste compositeur s’y révèle aussi pianiste, guitariste et vocaliste ; surtout, il prend le risque de faire sauter les barrières stylistiques en s’écartant radicalement de l’esthétique du jazz. Ce disque de l’épure est le reflet d’une passion qui transporte ses mélodies limpides pour les élever au rang d’hymnes à la fraternité. Olivier m’a demandé d’écrire le texte qui figurera sur la pochette d’Expanded Spaces et je l’en remercie infiniment. Alors forcément, j’en reparlerai, mais j'avais envie de l'annoncer sans attendre.

    henri_roger.jpgVoilà pour ce petit exercice de style que je ne saurais conclure sans décerner un « Coup de Maître » à un musicien ami qui aura beaucoup donné cette année, et que je tiens absolument à saluer. Henri Roger a non seulement publié le magnifique Siderrances en duo avec Noël Akchoté, mais il nous aura gâtés à maintes reprises en 2014 sur le précieux label Facing You / IMR : en solo (Sunbathing Underwater), en quartet hommage à Pierre Soulages (Parce Que) ou en trio aquatique avec Benjamin Duboc et Didier Lasserre (Parole Plongée). Et je crois avoir compris que le pianiste guitariste improvisateur a décidé de continuer sur cette belle lancée. Vas-y Henri, ne te gêne surtout pas !

  • Clair obscur

    iain matthews, the art of obscurityIain Matthews est un artiste rare : on peut suivre sa trajectoire depuis plus de quarante-cinq ans et ce n'est pas lui faire injure que de rappeler la longévité de son histoire en musique. En ce qui me concerne, l'évocation de cet Anglais (qui a beaucoup travaillé aux États-Unis et vit, je crois, aux Pays-Bas depuis quelques années) me renvoie aux premières temps du groupe Fairport Convention, au Matthews' Southern Confort ou à Plainsong, et par conséquent à une époque déjà lointaine. Comme tant d'autres, Matthews a connu des phases moins fécondes, en particulier lors des fatidiques années 80. On sait aussi qu'il aime le jazz comme le prouve son travail avec le Searing Quartet, une formation hollandaise émanation du Conservatoire de Maastricht, avec lequel il a enregistré l'album Joy Mining.

    En matière d’exégèse matthewsienne, je connais un certain Sam Pierre - bizarre, son nom me dit vaguement quelque chose et ses centres d’intérêts me rappellent un autre passionné - qui pourrait vous en dire beaucoup plus que moi et sa propre chronique dans le dernier numéro du Cri du Coyote - un trimestriel dont la densité de la mise en page ne doit pas vous dérouter : si vous aimez les musiques qui vont de la country en passant par le folk ou le bluegrass, et quelques autres teintées de blues et de rock… jetez-y un coup d'œil, ces gens-là sont de vrais passionnés. Le numéro 139/140 du printemps 2014 vient tout juste de voir le jour et pourra vous occuper un bout de temps - résume parfaitement cette histoire. 

    De mon côté, quand je pense à Iain Matthews, j'entends un musicien sensible, pour ne pas dire fragile, une voix gracile qui véhicule avec une grande force de conviction un univers émouvant, un artiste de l'intime qui parle au creux de l'oreille. Me reviennent alors en mémoire les années 1971 et 1972, des disques de mon frère aîné, tels que If You Saw Thro My Eyes, Tigers Will Survive, Journeys From Gospel Oak ou In Search Of Amelia Earhart. Alors quand le même Iain Matthews publie un nouvel album – le premier depuis bon nombre d’années et de surcroit enregistré aux Etats-Unis - dont il dit qu’il sera son dernier en solo, on tend l’oreille forcément, on se met en quête de ce qu’il est possible d’écouter sur la Toile pour en savoir un peu plus... et, convaincu dans l'instant par la haute teneur de ce qu'on vient de découvrir, on commande très vite The Art Of Obscurity, que j’ai la faiblesse de considérer comme l’un de ses meilleurs (ce qu’il reconnaît lui-même volontiers), même si je ne prétends pas connaître sur le bout des tympans l’intégralité de sa discographie (composée d'environ 25 albums). Dans un climat d'une grande sobriété, on retrouve avec ce beau disque l’essentiel de ce qui fait tout son pouvoir de séduction, comme si Matthews jouait la carte de l’épure et de l'intemporel en se disant qu’eux seuls disent le vrai : au service de son art, une instrumentation légère composée de guitares (acoustique et électrique), d'un piano électrique (ou d'un orgue) et d'une basse. The Art Of Osbcurity se présente sous la forme d’une succession de onze compositions discrètes - gros bras, passez votre chemin - dont la fibre folk rock laisse deviner ici ou là (« In Paradise » ou « The Emperor’s New Clothes ») une inspiration nourrie aussi de jazz. Et pour dire ces histoires en clair obscur à la tonalité souvent existentielle - elles sont aussi pour le chanteur l'occasion d'un coup d’œil dans son rétroviseur personnel : "I know there's no returning to those days that seem so free / These are only childhood memories" (« When I Was A Boy ») - il y a la voix de Iain Matthews : il serait excessif de la qualifier d’inchangée, car elle apparaît plus grave qu’il y a quarante ans, mais elle est assurément préservée dans sa capacité à transmettre les émotions et à donner la chair de poule (« Pebbles In The Road »). Le même frisson qu'autrefois...

    Comme au bon vieux temps. Comme il y a près de cinquante ans désormais. Déjà... Cette constance dans sa foi en la musique - qu’il définit comme sa maîtresse - et dans son expression la plus sensible font de Iain Matthews un artiste exemplaire comme il en est peu, un compagnon fidèle à travers les années. Il n’est pas trop tard pour le découvrir et ce nouveau disque constitue un excellent passeport.

    Qui tourne en boucle depuis qu'il a fait irruption chez moi sur la pointe des pieds...