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france 5

  • Respiration

    en_campagne.jpgElle s'appelle Aurélie, il s'appelle Julien. Armés d'un micro qu'ils plantent énergiquement sous le nez de villageois d'abord médusés et plutôt mutiques, ils déboulent dans les recoins les plus enfouis de la campagne française dans le but de faire parler les gens. Des gens qu'ils aiment, à n'en pas douter. A force d'empathie, d'humour et de gentillesse, ils parviennent assez vite à briser la glace et à se faufiler dans leurs intérieurs, au sens propre comme au sens figuré. Ce qui nous vaut de vrais beaux moments de télévision, ici sur France 5. Dans une récente émission dont la cible était le petit village de Vassieux en Vercors (qui fut complètement décimé par la barbarie nazie), on pouvait se délecter de l'histoire de cet homme âgé de 84 ans, admiré par sa fille de... 18 ans et qui, après quelques hésitations devant la contemplation de photos jaunies, nous raconte comment sa nounou lui apprit « à devenir un homme » et s'amuse du mot déniaiser que son interlocutrice veut lui faire prononcer. Il y a aussi ce type un peu égaré, vivant sur ses maigres économies, le temps de devenir un musher et de réaliser enfin ses rêves. Ou ce tchécoslovaque - il tient à cette dénomination - qui retrouve dans le Vercors les paysages de son enfance. Et que dire de ces deux frères agriculteurs qui s'interrogent sur leur avenir et savent que le salaire de leurs femmes est, plus qu'un complément, une nécessité vitale ? En campagne, tel est le nom de cette série de dix émissions, mérite vraiment qu'on s'y attarde tant l'attention et l'écoute de ses instigateurs fait souffler un air vraiment rafraîchissant sur un paysage audiovisuel qui sent bien trop souvent le renfermé. On respire vraiment et ça fait du bien.

  • Échantillon

    «Comme chez nous», c'est un excellent documentaire réalisé en deux temps (au printemps et à l'automne 2008) par Jean-Thomas Ceccaldi, qui a posé ses caméras dans le décor d'une petite ville de Seine-et-Marne, Coulommiers. Prenant comme sujet d'étude un échantillon de la population supposé représentatif des préoccupations de l'ensemble des français (un notable, un directeur commercial, un chauffeur de poids lourds, une serveuse, une famille en attente de naturalisation, un employé de la SNCF musicien à ses heures, une femme seule vivant dans un grand dénuement...), il nous fait entendre les réactions de son panel face à l'actualité nationale et internationale. On ne s'ennuie pas une seconde et surtout, le traumatisme provoqué par la crise financière de septembre, est parfaitement restitué. Il y a cette femme qui, quelques mois plus tôt, se réjouissait des heures supplémentaires venant considérablement améliorer son quotidien et sur laquelle rôde maintenant l'ombre du chômage ; ou cet assureur qui s'arrache les cheveux à l'idée de devoir expliquer à certains de ses clients que leurs placements leur ont fait perdre beaucoup d'argent. Ce même homme, très impliqué dans la vie associative, qui confie sa myopathie et laisse entendre qu'il commence à éprouver des difficultés à marcher. Résolument optimiste, il se sent tout de même privilégié de n'être pas comme tout le monde et continue de regarder vers l'avant. Comme une allégorie de notre monde qui souffre et doit trouver les moyens de ne pas s'effondrer. Bravo à France 5 d'avoir osé ce «prime time» de haut vol.

  • Passionnant

    On va finir par croire que je suis scotché devant mon poste de télévision… Mais il est vrai que deux soirs consécutifs m’ont apporté d’excellents moments. Et rappelé que la télévision ressemble un peu à une bouteille de jus de fruit contenant un produit toxique. Celui qui sait ce qu’elle contient ne risque rien, il peut même en tirer un vrai profit à condition d’être un peu connaisseur en matière de dosage, voire de mélange des ingrédients. Mais l’oublieux qui en avalera trop goulûment le contenu ira forcément vers de drôles de désagréments allant jusqu’à l’altération de ses facultés mentales.
    Un bon exemple d’une télévision intelligente et accessible à tous : l’émission «Un soir au musée» sur France 5, et plus particulièrement ses «Enquêtes d’Art». Ou comment raconter l’histoire d’un tableau sous la forme d’une enquête quasi policière qui nous fait voyager au gré des aventures connues par l’œuvre d’art. Réalisation nerveuse sans être expéditive ni stroboscopique, apport de connaissances sans la moindre pédanterie, bref une culture pour tous qui fait beaucoup de bien !
    On espère seulement que celle-ci ne sera pas remise en cause dans les temps à venir, parce que de tels sujets me semblent tout de même bien éloignés des normes en vigueur édictées par les nouveaux programmateurs de la télévision de service public, déguisés en députés bavards, qui vont de Christian Clavier à Doc Gynéco en passant par Jean-Marie Bigard.

  • Ecume

    J’ai assisté la semaine dernière à un grand moment de télévision, presque digne des heures chaudes de l’émission culte de Michel Polac, «Droit de Réponse», autrefois, il y a bien longtemps, avant que TF1 ne soit livrée à l’empereur du béton. François Busnel avait en effet invité sur France 5, dans sa «Grande Librairie», l’éditeur Eric Naulleau, connu pour ses jugements à l’emporte-pièce et Pierre Bergé, connu par Yves Saint-Laurent. Dans son «Jourde & Naulleau», qui se veut une sorte de Lagarde & Michard contemporain, le premier se livre à un vrai jeu de massacre des écrivains de notre temps, parmi lesquels Philippe Sollers, ami du second. Ah !!! Il fallait voir Pierre Bergé écumer de rage sur son fauteuil rouge, les yeux injectés de sang, éructant dans son emportement de surprenantes fautes de français (« Vous disez ! »), il n’avait plus assez de mots pour vilipender, poing levé, son voisin de plateau, que la scène amusait visiblement, ce mauvais coucheur coupable d’un vrai assassinat littéraire indéfendable. Entre les deux, Fabrice Lucchini slammait du Molière à n’en plus finir pendant que l’animateur contemplait la scène, visiblement ravi et pas gêné de voir son petit monde assurer le spectacle sans qu’il ait à intervenir un seul instant. Et j’aurais presque été touché par la détresse bave aux lèvres de celui qui venait présenter son «Art de la préface» si ce dernier n’avait pas commis l’erreur de fourbir des armes aussi cruelles que celles qu’il dénonçait quelques instants plus tôt, lorsqu’il s’est agi de flinguer à deux voix le Richard Claydermann de la littérature hexagonale, notre Marc Lévy industriel.