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claude tchamitchian

  • Traces profondes

    Traces.jpgIl faut quelques secondes à peine pour se sentir happé par cette musique et ses « Poussières d’Anatolie ». C’est une conjonction de forces terriennes, comme une secousse qui fait trembler le sol sous vos pieds, qui vous prend aux tripes, par surprise, sans vous accorder le temps d’accepter ou de refuser d’en être. D’emblée, c’est une une contrebasse sous tension qui creuse un sillon profond, un saxophone baryton entêtant et l’obsession rythmique d’une guitare qui vous captent. Et comme paraissant voler au-dessus d’eux, un saxophone soprano virevolte à vous donner le tournis. Pas moyen de se défaire de l’idée que le chemin sera étourdissant même s’il promet d’être escarpé. Et voilà, surgie de nulle part, une voix de femme qui exhorte hommes, femmes et enfants – « Allez ! Ouste ! » – à avancer sur un chemin poussiéreux où le répit accordé sera rare. Où sommes-nous ? Où allons-nous ? C’est toute la question que semble poser un disque décidément habité de mille histoires de vie...

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  • Souffle

    Après le concertexte donné par Jacques Bonnafé et Louis Sclavis dans le cadre de la dernière édition de Nancy Jazz Pulsations au mois d’octobre, une nouvelle confrontation de mots et de musiques pour nous réjouir ! C’était vendredi soir à la Fabrique, cette petite salle au charme indéniable qui jouxte le Théâtre de la Manufacture.

    Sur scène, l’écrivain poète (et bien plus que ça) Enzo Cormann lit ses textes. Lire n’est pas le bon verbe, il vaudrait mieux dire qu’il boxe les mots, les percute et les bouscule. Sa diction nous fait parfois penser à celle d’un grand disparu, Claude Nougaro, qui lui aussi savait cogner les syllabes, surtout quand il évoquait ses quatre boules de cuir… Cormann n'est pas en reste quand il s'agit de faire chanter les lignes et les laisser glisser tout au long de ses propres improvisations, en amateur de jazz qu’il ne manque pas d’être. A ses côtés, un trio soudé et inspiré : Claude Tchamitchian à la contrebasse, Franck Tortiller au vibraphone et Jean-Marc Padovani aux saxophones. Autant dire un trio expérimenté... et chaleureux, à chaque instant.

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    Par delà les inspirations poétiques d’Enzo Cormann et l’interaction de ses phrases avec celle des musiciens, c’est une partie de l’histoire du jazz qui s’écrit devant nous : on rencontre Charlie Parker, Chet Baker, Eric Dolphy ou même Jack Kerouac dont la route a croisé celles de bien des artistes.

    Près d’une heure et demie sur le fil des points de suspension (ou d’exclamation) de l’auteur et des échappées imaginatives de ses trois complices : le temps a passé trop vite, c'était celui d’un moment de grâce.

    Dehors, il fait froid, le vent souffle, il pleut mais qu’importe. Ces illuminations poétiques ont balayé la grisaille.

  • Contrebasses

    J'écris actuellement une brève trilogie pour Citizen Jazz, histoire de relater quelques instants captés sur scène en Lorraine. Un chouette concert de Los Hombres au Quai Son à Nancy sous la houlette de Jean-Marie Viguier, une démonstration de Sound Painting menée par le toujours jeune François Jeanneau (cf. une précédente note) et pour finir, le concert rendu de la dernière soirée du Marly Jazz Festival, dont l'invité était Sébastien Texier venu présenter son trio, augmenté d'un « papa Henri » volubile.

    Ce n'est pas faire injure au talent du fiston clarinettiste - saxophoniste (il n'en manque pas, loin s'en faut) que de souligner à quel point le dialogue bondissant entrepris entre deux contrebasses, celle d'Henri Texier et du fiévreux Claude Tchamitchian, fut le grand moment de cette dernière page d'une édition 2010 de qualité.

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    Entre la soie mélodique des pizzicati du premier et les attaques nerveuses, presque coupantes, du second à l'archet, on était bien en compagnie de ces frères d'armes dont on devine que les déclarations n'étaient pas celles d'une guerre sans merci mais d'une défense sans concession d'un art majeur. A suivre donc, très bientôt...