Jazz
Il y a comme un réflexe de type pavlovien chez les plus vieux des jazzeux du côté de Nancy : « Nancy Jazz Pulsations, c’est plus un festival de jazz, c’est plus comme avant », nous disent-ils en glorifiant un passé qui, peut-être, n'a jamais existé que depuis qu'il est passé. Je peux comprendre le désappointement des anciens lorsqu’ils voient fleurir en haut de l’affiche des noms comme ceux de Renan Luce, Zaza Fournier ou Arnaud Fleurent-Didier. Je m’associe également à leur peine quand, venus applaudir les grands Charles Lloyd et Chucho Valdés, on leur inflige la purge Raphael Gualazzi, indigeste saucisse prise entre ces deux goûteuses tranches de pain.
Mais enfin, n’est-ce pas là une vision un peu étriquée d’une manifestation qui a dû non seulement s’adapter aux contraintes de l’économie contemporaine (permettez-moi de vous dire ici qu'elles sont assez draconiennes) mais aussi élargir sa palette, non pas au détriment d’une programmation typiquement jazz mais en multipliant les scènes et les genres ? En 1973, que je sache, point d’Autre Canal, ni même de Hublot ou de Magic Mirrors. Et beaucoup moins de concerts au total ! De vieilles voix complices me sussurent même parfois que déjà, au bon vieux temps, on déplorait la présence trop marquée des concerts de blues. La nostalgie serait-elle toujours ce qu'elle n'a jamais cessé d'être ?
Par conséquent, j’aimerais souligner ici que durant la dizaine de jours de la trente-huitième édition du festival, les plus puristes auront tout de même pu se mettre sous la dent (qu’ils ont parfois dure) : Henri Texier, Francesco Bearzatti, Vincent Segal et Ballaké Sissoko, Tigran Hamasyan, Youn Sun Nah, Manuel Rocheman, Charles Lloyd, Chcuho Valdés, Dan Berglund, Mulatu Astatke, Billy Cobham, Stefano Bollani, Stéphane Belmondo, Louis Sclavis et Jacques Bonnafé… sans parler d’une multitude d’apéros jazz un peu partout dans la ville. Ceci, indépendamment bien sûr, de l'adhésion qu'aura pu susciter chaque concert auprès du public.
Pas si mal tout de même. Ce n’est là qu’un exemple de sélection, mais elle me paraît remettre un peu les choses en place. Et suggérer de renoncer à un gémissement un peu trop automatique. Pour le reste, il n'est interdit à personne de participer à un travail de réflexion sur l'évolution de ce qui est un temps fort de la vie cuturelle en Lorraine.
Commentaires
Il faut accepter de voir et d'entendre la nouvelle génération qui doit se faire une place (petite) dans ce monde de la musique si énorme.
Bon dimanche.
Texte réjouissant et plein de santé ! J'approuve... et je souligne :La nostalgie serait-elle toujours ce qu'elle n'a jamais cessé d'être !!!!
Parfois je me fais l'effet d'être ridiculement jeune!!! Il est vrai que pour être des plus vieux je ne suis pas "jazzeuse" brévetée. Comme je l'ai écrit, je ne sais pas ce qui est jazz ou non jazz...
http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/10/jazz-ou-pas-jazz-nous-sommes-michel-et.html