Ballet
La satisfaction de quitter l’Opéra de Nancy sans m’être ennuyé une seule seconde !
Bien qu’abonné au programme annuel de la salle, je confesse volontiers une certaine tendance à l’endormissement systématique lorsque j’assiste à un opéra. Ma dernière performance remonte à quelques mois, quand je me suis longuement assoupi pendant une représentation d’Orlando Furioso de Vivaldi. Je n’en ai ni vu ni entendu grand-chose et j’ai ce privilège que d’aucuns m’envient : celui de payer pour dormir.
Mais résumer mes relations avec l’art dit lyrique à la seule mesure de mon sommeil serait injuste, parce que je passe aussi d’excellents moments en ce lieu un brin suranné, dont les fauteuils au confort sommaire ont du être créés à une époque où l’homme ne devait pas mesurer plus d’un mètre cinquante et ne pas être équipé d’une paire de genoux dont il n’est pas possible de confier la garde au vestiaire. Je me souviens d’un opéra vidéo dont le titre était Tomorrow In A Year qui, s’il avait partagé la salle, était une proposition novatrice à tendance technoïde, preuve d’une volonté affirmée de la part des programmateurs de garder un œil attentif sur des créations contemporaines dont la réputation contrastée peut mettre en danger l’équilibre financier de leur année.
Témoignons donc aussi du plaisir ressenti à l’issue d’une soirée qui unissait les forces du CCN Ballet de Lorraine et de l’Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy, avec la participation du chœur de l’Opéra National de Lorraine. Au programme, Igor Stravinski et ses Noces suivies du Sacre du Printemps.
Peu de couleurs pour l’œil qui de toutes façons a déjà suffisamment à voir, un travail de mise en scène et une chorégraphie qui privilégient le noir et le blanc, voire la couleur chair. Le chœur des Noces est puissant, les danseurs et les danseuses se livrent à une course tournoyante, le temps passe à la vitesse de l’éclair. Le souffle des œuvres de Stravinski ! A peine se souvient-on d’un entracte plus long que prévu parce qu’un musicien, remplaçant de dernière minute, file tout droit de Luxembourg pour assurer la continuité du spectacle. On n’oublie même une certaine mollesse de la direction d’orchestre qui, peut-être, aurait besoin d’un peu plus de muscle.
A la sortie, j’entends quelqu’un dire : « Ce n’est pas classique classique ». Tu l’as dit mon ami, et ce n’est pas ce bon Igor qui te dira le contraire. Il pourra te raconter la soirée du 29 mai 1913 au Théâtre des Champs Elysées !!!
Commentaires
Un avis bien raconté!