Face
Comme une conséquence naturelle des faits relatés dans ma précédente note, je vois le niveau de ma pile de disques en souffrance s’élever (j’en compte une douzaine dont je dois rédiger la chronique pour Citizen Jazz). Soucieux de la responsabilité qui est la mienne, je m’efforce d’établir des règles destinées à améliorer ma productivité. Planning raisonnable (ce qui signifie que je ne dois pas ignorer la nécessité du repos), prises de notes à la volée sur tous les supports à portée de main : carnets, téléphone, simples bouts de papiers, recoins de ma tête qui n’en demande pas tant… tous les moyens sont bons pour ne pas me laisser déborder. Je dois aussi (ré)apprendre à écrire plus court, plus juste, contrecarrer une tendance naturelle à l’épanchement - même si je ne m’interdis pas la possibilité d’un laisser aller vers de bienfaisantes parenthèses digressives. C’est aussi l’occasion d’un retour aux sources de ce blog qui se voulait light et quotidien lorsque j’ai mis en ligne sa nouvelle mouture au mois d’août 2008. Comme un sportif pratiquerait un jogging de remise en forme, je me fixe un objectif d’écriture, sinon quotidienne, du moins pluri-hebdomadaire et un thème constant : la musique. Et je repousse la publication de mon premier bouquin, pour ne pas m’éparpiller (mais le contenu des trois premiers est là, bien rangé, prêt pour une révision) : ce sera pour un peu plus tard. En attendant, je vous en propose la couverture possible. L’art de faire les choses à l’envers ?
J’ai reçu la semaine dernière une petite livraison de CD à chroniquer pour
La pochette peut dérouter : un personnage inquiétant aux orbites évidées nous dévisage ; son faciès repoussant s’apparente à celui d’un squelette surmonté d’instables constructions menaçant de s’effondrer. Il n’est en rien une invitation à une partie de plaisir ; on aurait plutôt envie de prendre la fuite. On aurait tort : car ce disque aux accents indéfinissables - il y a ici comme du rock, mais habité de mille autres expériences et obsessions enivrantes - a le charme puissant des fruits naturels qui s’épanouissent au carrefour de parcours personnels pour produire un univers singulier, immédiatement identifiable.
Le
Rencontre impromptue hier avec le pianiste
Perrine Mansuy présentait hier son Vertigo Songs, magnifique album dont j’ai récemment rendu compte pour
Mon pote Gérard Nguyen vient de m’apporter un exemplaire de Neil Young, Rock’n’Roll Rebel?, le bouquin écrit par le journaliste JeanDo Bernard dont il a assuré la mise en page pour le compte des éditions
Si la vie – ou plutôt la mort – en avait décidé autrement, John Coltrane fêterait aujourd’hui son quatre-vingt-cinquième anniversaire. Quels chemins le saxophoniste aurait-il fait emprunter à son parcours artistique ? Vers quelles contrées nous aurait-il emmenés ? Nul ne le saura jamais, même si l’on devine, parce qu’il l’avait dit, qu’il ressentait le besoin d’un foisonnement rythmique et que sa curiosité insatiable lui donnait des envies d’Orient. Le mystère reste entier : il nous appartient de puiser, encore et toujours, dans sa discographie foisonnante et de nous contenter du magnifique cadeau qu’il nous aura légué. En attendant la parution en import Japonais d’un double CD exhumant un concert à la Temple University de Philadelphie, le 11 novembre 1966, déjà partiellement édité.
Si la réédition en 2010 de ce disque datant de 1971 ne constitue pas un événement majeur dans l’agenda musical du moment – sauf peut-être au sein de la confrérie des Deadheads toujours à l’affût des preuves de la créativité de Jerry Garcia, leur guitariste adoré – il mérite néanmoins qu’on s’attarde sur les circonstances de son enregistrement, en 1970, en raison de la place particulière qu’il occupe dans le grand chapitre de la musique californienne à partir de la seconde moitié des années 60. Un peu d’histoire nous aidera en effet à mieux comprendre pourquoiHooteroll ? +2 constitue un précieux témoignage qui ne s’adresse pas qu’aux fans les plus ardents.
En marge de la publication d’un très beau
Il est des disques qui semblent tombés du ciel, inattendus et charmeurs, qui vous plongent dans le bien-être dès la première seconde au point qu’ils paraissent toujours trop courts. Vertigo Songs, tout empreint d’une élégance gracile et de ce brin de folie sans lequel la musique ne serait pas une aventure renouvelée, est de ceux-là. Le quartet de la pianiste Perrine Mansuy frappe juste et fort avec ce bel album aérien dont la musique épurée vous attrape par la manche pour ne pas vous lâcher de sitôt.