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Autant le dire d’emblée : il est plutôt difficile de cerner en quelques lignes le captivant projet artistique que constitue le trio helvète Plaistow qui a publié à l’automne 2010, après plusieurs galops d’essai sous la forme d’EP’s, un premier album sombre et magnétique intitulé The Crow. Un disque pas comme les autres car détaché de toute contrainte, un propos à l’éclectisme inclassable tant les influences sont variées et assimilées dans une écriture alternant free jazz, une pulsation terrienne et des thèmes souvent minimalistes.
Lire la suite de cette chronique sur Citizen Jazz.
J’ai tout récemment salué la publication du premier disque d’un quartet appelé Festen. Si vous souhaitez lire le petit « compliment » que j’ai tourné au sujet de cette formation séduisante – dont la maturité après tout juste trois ans d’existence est plutôt impressionnante – dans une chronique pour Citizen Jazz, c’est simple : allez voir par ICI !
En ce premier jour du printemps, les quatre compères – Damien Fleau (saxophones), Jean Kapsa (piano), Oliver Degabriele (contrebasse) et Maxime Fleau (batterie) – nous réservent une petite surprise que j’avais envie de saluer ici.
Parce qu’il s’agit d’une bonne surprise en ce qui me concerne, moi qui avais planifié une petite virée à Lyon au mois de février pour aller les écouter sur la scène du Périscope. Mais les agendas personnels ont parfois leurs circonvolutions et l’imprévu, même lorsqu’il est agréable, peut contrarier vos projets. Pas de Lyon, pas de Périscope, pas de Festen. Pas bien.
Or, voici que Festen propose, pour la modique somme de 2,99 € une petite séance de rattrapage que je ne saurais que trop vous recommander ! Cliquez donc et vous accéderez en quelques fractions de seconde à une page à partir de laquelle vous pourrez télécharger en format numérique (mp3 320, Flac et quelques autres) une partie de ce concert enregistré le 12 février 2011.
Cinq titres (dont trois inédits avec notamment « All Apologies » de Nirvana), 45 minutes de musique et une prise de son qui n’a rien à envier à certaines réalisations plus médiatiques… et toujours cet esprit collectif mis au service d’un propos qui sait faire son miel aussi bien de l’esprit de liberté du jazz que de la tension binaire du rock, conférant ainsi au groupe une vraie personnalité, une attachante singularité.
Voilà une initiative intelligente – et pas le moins du monde empreinte de ce narcissisme par lequel vous seriez enclins à vendre un peu facilement du live bas de gamme – dont je tenais à souligner la réactivité (le téléchargement est disponible à peine plus d’un mois après le concert) et parce qu’elle témoigne du vrai souci de partager une musique vivante. Le prix modique est par ailleurs la marque d’une réelle prise en compte, de la part des membres du groupe, de la réalité de l’économie de tous ceux qui souhaitent soutenir Festen.
Merci donc à eux pour ce qu’ils nous donnent à écouter. De toutes façons, je suis persuadé qu’on n’a pas fini d’entendre parler de ces quatre musiciens, ils le méritent.
Voilà un disque, entré presque par effraction – parce que le nom d’Orioxy est au départ inconnu à notre bataillon – sur la pile des galettes à écouter et qui, malicieusement, vient s’insinuer tranquillement pour délivrer sa petite musique très personnelle.
Stop ! Je vous arrête tout de suite… Je crois même vous avoir annoncé la couleur dans ma précédente note et revendiqué le droit de revenir à nouveau sur le talent d’un musicien dont la créativité et l’énergie communicative m’épatent. Car après avoir salué comme il se devait toutes les qualités du 4 New Dreams enregistré en quartet par le batteur Bruno Tocanne, il me paraît peu raisonnable d’ignorer le flamboyant Libre(s)ensemble dont la création lui doit beaucoup, même si cette formation, composée de huit musiciens (plus une musicienne présente sur deux titres de l’album) dont une bonne partie a déjà travaillé aux côtés du batteur, se veut « égalitaire, non soumise à l'autocratie d'un chef unique - chacun vient avec ses idées, son sens du jeu, son écoute d'autrui et ses partitions ». C’est pas moi qui le dis, c’est eux et ils savent ce qu’ils font, les bougres.
Personne, donc, ne pourra ni ne devra me reprocher d’avoir été pris d’une très forte envie de bisser… Voilà bien qui peut arriver à n’importe lequel d’entre nous, n’est-ce pas ?
Au rayon de la biographie, je vous épargnerai l’énumération des pointures avec lesquelles notre homme a frotté balais, baguettes et peaux. On trouve une multitude d’informations à ce sujet, aussi bien sur le site Internet du monsieur que sur telle ou telle page à vocation encyclopédique qu’une recherche sur un moteur idoine saura vous dénicher en moins de temps qu’il n’en faut au tout petit Nicolas pour remanier son équipe de bras cassés après nous avoir expliqué qu’ils étaient des professionnels (c’est dire combien la technologie des réseaux nous donne rapidement accès à des informations) et qui feint d’ignorer qu’une possible vague qualifiée hâtivement de bleu Marine, quoique franchement brunâtre, pourrait trouver l’une de ses sources dans l’océan de la médiocrité au pouvoir. Observons la naissance de cette nouvelle et sinistre teinte : le brun Marine, fin de la parenthèse…
Néanmoins, j’ai vu passer sous la fenêtre de mon écran treize pouces un nombre impressionnant de musiciens, comme par exemple ceux de : Laurent Cugny, Hugh Hopper, Michel Benita, Sophia Domancich, Paul Rogers, John Greaves, Steve Potts, Francesco Bearzatti, Didier Lockwood, Zool Fleischer, Jean-Luc Ponthieux ou Daniel Huck… et bien d’autres encore. Si vous souhaitez en savoir plus, vous savez comment faire (voir plus haut). Quant à toi mon cher Bruno, si tu penses que je dois en ajouter, n’hésite pas à me le dire, il me reste de la place.
De même, je ne peux passer sous silence la création, voici plus de dix ans maintenant, du réseau Imuzzic dont il est le directeur artistique. Ni celle du trio Résistances et ses trois disques au compteur ou de l’I-Overdrive Trio qui célèbre la musique de Syd Barrett (membre fondateur de Pink Floyd). Encore moins ignorer ses nouveaux rêves, qu’ils soient au nombre de cinq (5 New Dreams) ou de quatre (4 New Dreams)…
Vous savez donc, puisque vous lisez mon blog avec un acharnement méritoire et un entêtement qui forcent l’admiration – dont on trouvera seulement un pâle équivalent dans la constance mise par la rigide et rigolote Michèle Alliot-Marie à nous expliquer voici peu les vertus éminemment touristiques de son séjour optimisé par des moyens de transports rapides et économiques dans un pays peu soucieux des libertés publiques et de la répartition de richesses confisquées par une poignée de voyous régnants, un pays ami de longue date donc – tout le bien que j’ai pu écrire sur ce disque. Au risque d’apparaître prétentieux, je vais même ici m’auto-citer : « Bruno Tocanne aime l'idée de résistance et c'est aussi ce qu'on apprécie chez lui : on sent qu'armé de ses baguettes, il dynamite à la fois sa musique mais aussi notre vigilance ». Ouais, c’est pas mal comme phrase… Je suis certain de pouvoir faire mieux mais à mon âge, finalement, ce n’est pas si mal. Mais revenons à notre mouton percussif, plutôt que de digresser bêtement…
La parution, à la fin de l’année 2010, d’un nouveau disque sous l’emblème du Libre(s)ensemble me réjouit à un point tel que seule la sensation de me trouver confronté à l’essentiel de la création musicale, concentrée en cinquante et une minutes, peut expliquer. Du côté de chez Tocanne et compagnie, on ne badine pas avec les notes, on ne souffle pas du bout des lèvres, on ne gratte pas les cordes distraitement, on ne frappe pas par hasard. On vit sa musique, on la fait vibrer, on danse sur un volcan. Comme disait autrefois un vieil oncle kobaïen : « La musique est vitale ou elle est insignifiante ». Il avait certainement raison le Tonton, même si, parfois, sa raison a pu lui faire dire des choses moins essentielles… Je m’égare, une fois de plus.
Libre(s)ensemble, à la fois nom d’un groupe et titre d’un disque, s’apparente à un manifeste brûlant dont le positionnement artistique s’avère bien difficile à opérer tant il regorge d’influences parfaitement assimilées et mixées en un breuvage à la saveur sui generis. Quelle importance, après tout ? Il y a dans cette musique l’évidence cuivrée des hymnes du Liberation Music Orchestra de Charlie Haden, les fulgurances chaloupées d’un Ornette Coleman au temps de son double quartet Free Jazz, les déchirements d’un John Zorn mais aussi son naturel mélodique, les tentations bruitistes d’un Henry Cow, celui de Unrest par exemple, ou les scansions rageuses et électriques d’un King Crimson époque Red (son influence est à peine masquée dans le martèlement hypnotique de « La Foley » et carrément explicite au cours des trois minutes finales de « Free KC to Gawa », deux compositions signées du guitariste Philippe Gordiani dont on connaît les amours frippées, quand il ne célèbre pas Syd Barrett au sein de l’I-Overdrive Trio).
Peut-être aurez-vous l’impression que j’exagère, que je grossis le trait et accorde à ce disque une importance démesurée. Peut-être en effet… Mais ce ne serait vraiment pas faire justice au sentiment de profonde jubilation qui m’a gagné à son écoute et que je mesure très naturellement au besoin éprouvé de faire tourner en boucle un enregistrement tel que celui-ci. Au point de reprocher temporairement à la plupart des autres leur manque de saveur, leur absence de chair autour de l’os. Un grief à connotation culinaire qui me fait dire que Libre(s)ensemble est un disque goûteux, gorgé de sucs et de sève, c’est une galette de printemps qui s’annonce, une heure de pétulant fracas à s’en mettre plein les oreilles jusqu’à plus ouïe ! Un truc pour vous rendre un peu marteau des tympans…
J’ai employé le mot hymne. Oui, des hymnes, car comment qualifier autrement le thème magnifique qu’est celui de « Crépuscule avec Nelly » ? Comment ne pas frissonner de plaisir à l’écoute du « Chant des marais » de Rudolf Goguel, ce chant de tous les déportés, sa mélodie vibrante jouée au saxophone sopranino, en la bonne compagnie de deux guitares qui assurent pacifiquement le rythme. Pareil pour « La révolte des Canuts », le quatrième mouvement de la bouillonnante « Suite for Libre Ensemble », qui n’est pas sans évoquer « Amazing Grace ». La suite en elle-même est une œuvre fascinante où tous les instruments sont à la fête et viennent marcher dans les pas d’Ornette Coleman ou John Zorn tant le groupe jubile de liberté explosive. On pourrait continuer longtemps ainsi, car chacune des compositions réserve sa part de surprise, multiplie les expérimentations dans une vraie euphorie créative… L’essentiel est là, dans la densité du propos ; dans l’absence de caresse dans le sens du poil qui, de fait, se dresse souvent sur la peau ; dans le fait que pas un musicien ne semble vouloir tirer la corde à lui ; dans la volonté d’avancer en toute ébullition ; dans la cohésion et la liberté de ce big band ébouriffé qui sont remarquables, au point qu’on aurait envie de le rebaptiser Équilibre(s)ensemble.
Quand j’écoute, ré-écoute et écoute encore ce disque, je me dis que tout n’est pas perdu (attention les copains, je ne suis pas naïf et je sais la difficulté d’être musicien) en cette époque où la politique culturelle consiste d’abord à médailler de vieilles badernes à frange. La marmite continue de bouillir, les ingrédients sont probablement plus nombreux qu’ils ne l’ont jamais été et la greffe depuis quelques années d’une belle branche rock sur l’arbre du jazz prend bien, ça commence à bourgeonner joyeusement. Même si d’aucuns n’hésitent pas à évoquer l’idée d’une musique dégénérée (oui oui, y en a qui pensent ça) dès lors qu’un soupçon de binaire commence à fleurir.
Ah tiens ! Je crois même qu’on devrait recommander l’écoute de Libre(s)ensemble à ce chroniqueur (dont j’ai oublié le nom et celui du site sur lequel il libère sa prose confite) qui écrivait tout récemment : « Le jazz, cette musique si agréable à jouer mais parfois ennuyeuse à écouter, qui finit ces temps-ci par ressasser ses archétypes, comme un vieillard réchauffant ses vieux os au pâle soleil d’hiver ». Dans le genre nul, on a rarement écrit mieux. Hé, mon gars ! Faut sortir un peu de ton salon ! Dis donc, elle sent fort le vieux cliché paresseux, ton analyse à trois sous, tu ne crois pas ? Allez, viens te faire un peu secouer la poussière dans la boutique à Bruno Tocanne, tu verras, ça fait du bien et ensuite, on sent le frais, on est tout printanier, on a faim !
Bon… ben… voilà, je crois que j’ai été un peu long mais je voulais juste vous dire : précipitez-vous sur Libre(s)ensemble, c’est un chouette disque, avec plein de morceaux de vraie musique dedans. Miam ! Vous voyez que je peux faire court quand je veux.
Sans oublier…
Les funambules du Libre(s)ensemble :
Rémi Gaudillat (trompette, bugle), Philippe Gordiani (guitare), Benoît Keller (contrebasse), Arnaud Laprêt (percussions), Elodie Pasquier (clarinettes), Fred Meyer (guitare), Fred Roudet (trompette, bugle), Damien Sabatier (saxophones sopranino, alto et baryton), Bruno Tocanne (batterie).
PS : sans rire, Libre(s)ensemble, c’est vraiment un disque coup de cœur, je vais finir par l’user (le disque, pas le cœur, qui l’est déjà depuis belle lurette…).
Louis Sclavis mène depuis quelques mois une fructueuse collaboration avec un quintette de clarinettes originaire de Thionville en Moselle. En témoigne ce stimulant concert-création avec Ebony 5t – le second donné par les six musiciens – du côté de Nancy, dans la petite bourgade de Neuves-Maisons.
Voilà quelque temps que je garde sous le coude un chouette disque dont je ne cesse de me dire : « Il faut que j’en parle, il faut que j’en parle, il faut que j’en parle… ». Notez bien que le niveau de la pile des galettes qui mériteraient une telle attention est chaque jour plus élevé. Allez comprendre… Le disque ne se vend plus, ou presque, seuls quelques dinosaures qui dégoulinent de nostalgie bedonnante ou un maigre bataillon de chanteurs insipides savamment marketés tels des flacons de gel douche, au point qu’on en finit par exhiber leurs revenus parfois fiscalement exilés en un pathétique palmarès, seul critère retenu pour vanter leurs mérites, parviennent à tirer leur épingle financière du jeu. Allez comprendre, disais-je, comment dans un tel contexte des artistes – des vrais, avec de beaux morceaux de musique dedans – continuent à se battre pour défendre une cause si méchamment battue en brèche par la vulgate régnante et formolisée ! Il leur faut déployer une sacrée énergie qui force l’admiration. Dont acte.
Hier encore, Henri Texier me remerciait chaleureusement de l’une de mes dernières chroniques pour Citizen Jazz. Un comble ! C’est à moi de dire merci, non ? Quelques minutes plus tard, le batteur Bruno Tocanne – je ne possède aucune action de l’entreprise Tocanne, qu’on se le dise ! J’évoquais récemment ses 4 New Dreams parce que tel était mon bon plaisir et sachez dès à présent que je peux récidiver si ça me chante. Non mais… – m’exprimait sa sincère gratitude, parce qu’en privé, je lui faisais part de mon enthousiasme à l’écoute de Libre(s)ensemble, disque échevelé et passionnant de bout en bout. Tiens, il faudra que je parle aussi de ce disque, il mérite vraiment le détour. Ce kaléidoscope à dix voix qui s’expriment d’égale à égale, où viennent frotter leurs molécules créatives les atomes d’Ornette Coleman, de l’Afrique ou bien encore de King Crimson est un réjouissant condensé de tout ce que peut avoir de meilleur une musique savante mais désentravée des raideurs d’un académisme pesant et, surtout, totalement libre des directions qu’elle veut prendre. La séduction est totale et immédiate. Ah si vous saviez comment tous ces artistes doivent lutter chaque jour pour faire vivre (et vivre de) leur art ! La bagarre est rude, injuste et l’on s’arrache les cheveux à réaliser à quel point la mise sur pied même d’un concert constitue une aventure périlleuse…
Mais revenons à mes moutons qui cette fois – la nature ayant ses mystères – ont deux ailes ! Késako ? Oh, juste un gentil jeu de mots proposé par le tromboniste Sébastien Llado (avec deux L, vous avez compris) sur un nouveau label (marrant, y a deux L dans label…) dans lequel est très impliqué un monsieur proche de Citizen Jazz, Jérôme Gransac (note à l’attention de mes détracteurs : je ne parle pas de ce disque par esprit de clan, mais parce que c’est un très bon disque…). Cette nouvelle écurie a pour nom Les Disques de Lily (je rêve ou ce prénom compte deux L…) et nous offre le témoignage live au Sunside à Paris de la belle santé d’un quartet enregistré le 20 novembre 2009. Au-delà des qualités des musicien(ne)s qui composent cette formation : Sébastien Llado : trombone, conques & conches ; Leïla Olivesi (piano, claviers) ; Bruno Schorp (contrebasse), Julie Saury (batterie), Avec deux ailes n’est rien moins qu’un disque qui transpire la joie de jouer ! Ma collègue Sophie Chambon de Citizen Jazz a récemment dit tout le bien qu’elle pensait de cet enregistrement. Elle a eu raison ! Dans la foulée, notre chère Pie Blésoise, entre autres émérite membre du Z Band y est allée de son compliment, dans une mouture renouvelée de son JazzOcentre que je salue ici même. En cherchant bien, on trouvera sur la toile et dans la presse de nombreux témoignages de l’accueil chaleureux qu’a reçu le disque, ce dont on se félicitera !
Je ne vais pas vous la jouer biographe (les notes de Jérôme Gransac sur la pochette du digipack font ça très bien), mais j’aimerais tout de même rappeler que le tromboniste n’est pas le dernier venu. Quelques hauts faits peuvent vous aider à dessiner rapidement le portrait de ce jeune homme de 36 ans : membre de l’Orchestre National de Jazz sous la direction de Claude Barthélémy ; collaborations avec Médéric Collignon, Manu Codjia, Magic Malik… ; il fait aussi entendre son instrument aux côtés de Lenny Kravitz ou bien encore Yael Naim ; il préside aux destinées d’un quartet, d’un trio (Tryo[ut]) et même d’un projet solo appelé Machination, dans lequel il conjugue coquillages et machines à haute technologie. Bref, c’est un sacré client qui n’avait jusque là pas ressenti la nécessité du disque (le contexte rappelé en tête de cette note n’étant pas étranger à ses réticences)… Et pourtant, prosternons-nous, remercions Jérôme Gransac & C° d’avoir sur le convaincre de ne pas persister dans ce refus !
Sébastien Llado a relevé le défi, celui d’un enregistrement live en une seule prise. Le disque rend parfaitement justice à la fougue qui habite les musiciens, à leur volubilité et leur extrême cohésion. Dans le cocktail qu’il nous invite à déguster, chacun trouvera de quoi savourer les petits bonheurs d’un jazz bondissant et bien dans sa peau. Cerise sur ce gâteau (à bien y réfléchir, c’est plutôt d’un plateau de fruits de mer qu’il faudrait parler), le quartet s’attaque dès les premières mesures à un monument plutôt inattendu en livrant sa version – tout en rondeurs pétillantes, amoureux du trombone, ne boudez pas votre plaisir – du « Billie Jean » d’un certain Michael Jackson. Au chapitre des curiosités réjouissantes, Brigitte Bardot sera mise à l’honneur un peu plus loin avec une version naturaliste (conques & conches) et désopilante de « Coquillages et Crustacés » qui laisse ensuite la place à une relecture de « La Madrague » ici renommée « La Magrade ». Sébastien Llado pratique l’œcuménisme musical et s’accorde le droit de puiser là où bon lui semble son inspiration. Qui est ici parfaitement stimulée par ses trois compagnons : Avec deux ailes est un disque heureux, virtuose, débordant de joie de vivre et d’humour aussi, ce qui en passant ne fait jamais de mal. On se dit qu’avec Sébastien Llado et ses complices, on est préservé du risque de se retrouver au régime sans ailes.