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téléphone

  • Libres

    kitmainslibres.jpgIl m'arrive d'observer mes contemporains et de m'apercevoir que je ne les comprends pas toujours... Prenez cette merveille de la technologie qu'on nomme « kit mains libres » : après s'être rendu compte qu'en arborant, comme vissé à l'oreille, ce moche machin nommé oreillette Bluetooth (imaginez qu'on vous colle un Stabilo Boss sur le lobe, voilà en gros à quoi ça ressemble, sauf que vous ne pouvez même pas vous en servir pour surligner les passages importants du dernier bouquin de Marc Lévy), les bipèdes atteignaient un niveau de ridicule proche du suicide esthétique, ils ont ensuite reporté leur amour de la technologie communicante sur des écouteurs filaires munis d'un petit interrupteur qui permet de décrocher et raccrocher en toute simplicité, comme ils l'auraient fait avec un téléphone ordinaire. Jusque là, rien d'extraordinaire, mieux même, voilà un objet dont le corps médical recommande l'usage dans la mesure où il épargnerait le cerveau de l'agression des ondes méchantes, parce qu'il éloigne notre tête de l'appareil. Le problème est ailleurs... Car j'ai observé, vous dis-je ! Et je reste un peu perplexe face à l'usage qui est fait de cet ustensile : je vois qu'on tient d'une main le téléphone (Pourquoi ? Le fil serait-il trop court ? La poche d'une veste ou d'un pantalon contrarierait-elle la propagation des ondes ? Mystère...) et que de l'autre, on soulève le fil pour rapprocher le micro de sa bouche ! Résultat des courses : au lieu d'avoir les mains libres, on les a bien plus occupées qu'avec un vulgaire téléphone. Notez toutefois que je préfère mille fois ce spectacle plutôt réjouissant à celui que nous infligent les partageurs. Vous ne connaissez pas les partageurs ? Allez, je suis sûr que vous en avez déjà croisé. Vous savez bien, ces gens qui tiennent absolument à vous faire profiter à fond de mini haut-parleurs au son pourri du dernier machin truc jetable qu'ils ont téléchargé plus ou moins légalement et qui déambulent dans les rues pour que chacun de nous puisse en profiter...

  • Technochat

    On n'arrête pas le progrès... Voilà qu'hier matin, un jeune homme m'aborde dans la rue, tout près de la Maison Rose, pour me demander l'adresse d'un vétérinaire. Son chat blessé, qu'il tient avec beaucoup de précautions emballé dans une couverture, semble avoir mal supporté une chute de plusieurs étages. Je ne suis pas certain d'ailleurs que j'aurais résisté à un tel exploit sportif, raison pour laquelle je considère le sport avec une réelle défiance, sachant - les statistiques le prouvent - qu'il n'est guère bon pour la santé...

    Ooops ! Un vétérinaire ? Alors là, mon pauvre monsieur, je ne saurais vous dire, y a pas de bestioles à la maison, alors je ne les pratique pas vraiment ces médecins animaliers. Ah mais que je suis bête* ! Attendez donc, je dois pouvoir vous aider... Là, ni une ni deux, j'extrais de ma poche mon téléphone supersonique, j'arrête le disque que je suis en train d'écouter (Very Sensitive, petit bijou du Bernica Octet dont je vous reparlerai), tap tap, je file sur les Pages Jaunes, je saisis le mot vétérinaire, je me géolocalise (c'est un mot à la mode ce truc alors j'en profite avant qu'il ne passe aux oubliettes de la technologie) et tap tap encore... trois secondes plus tard, j'apprends que la clinique la plus proche se trouve... à 190 mètres de l'endroit où nous trouvons ! Bou Diou, on a du bol... Tap tap toujours et encore, j'affiche maintenant l'itinéraire piéton. Et nous voilà tous les trois en partance pour cette unité de soins si convoitée. Dès notre arrivée, je m'éclipse discrètement, sous les remerciements chaleureux du monsieur qui m'explique que j'ai sûrement sauvé son chat. Merci merci merci, mais vraiment, je n'y suis pour rien, le sauveur, c'est mon téléphone, hein ? C'est beau, non, la technique moderne ?

    Sauf que... Si j'étais un type normal, avec une mémoire un peu moins anarchique, je ne devrais pas ignorer l'existence de cette clinique vétérinaire installée à deux minutes à pied de chez moi et devant laquelle j'ai dû passer, à pied, en voiture ou à cheval des centaines, voire des milliers de fois. Mais j'ai cette faculté, assez déroutante, de zapper et oublier assez vite les détails de l'environnement urbain dans lequel j'évolue au quotidien. Qu'une enseigne change dans une rue commerçante et je n'ai plus le moindre souvenir de celle qui s'affichait auparavant. C'est comme ça, je fais avec...

    Comme disent les hommes politiques qui veulent se faire passer pour des férus d'informatique alors qu'ils n'y connaissent rien**, il va falloir que je change mon logiciel... ou qu'au minimum, je procède à une sérieuse mise à jour.

    Tap tap !

    * Humour...
    ** Cette remarque pouvant s'appliquer à d'autres domaines, d'ailleurs... 

  • Unité

    Paris, dans une sorte de self service sans âme du hall de la Gare de l'Est. Arrivé un peu en avance, je bois une bouteille d'eau minérale en attendant mon TGV. Je suis assis sur une chaise haute parmi quelques bipèdes qui, comme moi, tentent de tuer leur temps sans en avoir l'air. Après m'être échiné en vain à me raccorder à un réseau wi-fi public, j'observe du coin de l'œil un type qui vient nous demander de lui prêter un téléphone portable, le temps de passer un rapide coup de fil. Les candidats sont peu nombreux et après une courte hésitation, ma voisine de comptoir lui tend timidement son appareil. Elle saisit elle-même le numéro que le type lui dicte, puis lui confie le précieux objet. On devine toutefois à son regard interrogatif qu'elle n'est pas certaine des intentions du bonhomme. Quelques secondes plus tard, celui-ci lui rend naturellement le téléphone et commence à psalmodier une comptabilité geignarde de toutes les demandes sans succès qu'il a dû effectuer avant que quelqu'un accepte de lui rendre service. Il se plaint du manque de solidarité de ses contemporains et nous explique ensuite, preuves en main, qu'il ne réussit plus à faire fonctionner une carte téléphonique malgré 50 unités restantes. Une carte payée 14 € désormais inutilisable. Pourquoi est-il si bavard ? Je lui explique que, très probablement, il a dû la mettre en contact avec un objet qui l'aura démagnétisée. Bref, un début de conversation s'engage, mais qu'il est étrange ce sentiment de malaise qui nous gagne tous à l'idée de l'avoir unanimement soupçonné de nous jouer une vilaine entourloupe.

  • Appels

    La première scène se passe en France, quelque part… Un président est venu là pour «présenter ses vœux» aux enseignants. Il parle, parle… lorsque son téléphone se met à sonner. Impossible de ne pas l’entendre. Il coupe la sonnerie et s’amuse, faussement gêné, il a même l’air plutôt content.
    La deuxième scène se passe en France également, pas forcément au même endroit. Un(e) enseignant(e) fait son cours devant une classe un peu dissipée, comme chaque matin. Les élèves ont regardé la télévision hier soir, trop tard, comme d’habitude. Soudain, le téléphone de l’un d’entre eux se met à sonner. Il s’en amuse.
    Scène III : l’enseignant(e) doit expliquer aux élèves qu’ainsi qu’il est écrit sur le règlement de l’établissement, ils doivent éteindre leur téléphone portable en entrant.

  • Téléphone

    Ce monde est sinistre. Et ça ne date pas d’hier, même si nous, occidentaux (encore) gâtés, feignons de découvrir ses turpitudes avec le surgissement d’une crise d’un système pris à son propre piège spéculatif. Alors il est bon, parfois, d’attraper au vol une situation de notre quotidien et d’en faire un sujet d’amusement.
    Tenez par exemple : ayant dû rester quelques jours au chaud chez moi pour éradiquer une trachéite ayant mal tourné, je me suis rendu compte que mon téléphone n’arrêtait pas de sonner. Pas mon portable, non, ma ligne fixe, celle que je n’utilise jamais et qui est devenue la proie des centres d’appel, ces temples de la consommation  distante qui masquent leur numéro et vous mettent en contact avec une charmante personne à l’accent africain ou asiatique. Rien qu’hier, mon téléphone a dû sonner une bonne quinzaine de fois ; je ne sais pas si c’est l’approche des fêtes de fin d’année, mais il semble qu’une frénésie s’empare des marchands de tout poil au point que notre réponse semble leur être devenue indispensable. Au début, je les snobais, je laisser sonner, sonner, sonner, jusqu’à ce que silence s’ensuive. Et puis, je me suis dit qu’il fallait bien jouer un peu et j’ai initié un petit jeu que je vous invite à pratiquer de votre côté : répondre, mais pas de manière ordinaire. Vous verrez, on rigole bien…
    Par exemple :
    - décrocher le téléphone et ne rien dire : en général, ça raccroche au bout de quelques secondes, sans même un « Allô ». Mais il y a les tenaces qui, à force de mutisme, tentent des allô désespérés. Et moi, j’attends, sans rien dire. Et je ne raccroche jamais le premier.
    - décrocher et parler d’une voix sinistre, façon serial killer prêt à commettre un crime. Un gros allô bien râpeux qui fait peur. Effet garanti, la communication est coupée instantanément. Il y a toute une série de variantes que vous pouvez imaginer de votre côté…
    - décrocher et répondre dans une langue étrangère ou avec un fort accent. J’aime bien par exemple me faire passer pour une employée portugaise dont le français est totalement incompréhensible. A l’autre bout, on n’insiste guère, c’est sûrement une erreur de numéro.
    - décrocher et placer le téléphone devant les haut-parleurs de ma chaîne, avec le souci d’une qualité affirmée dans la programmation musicale. Hier par exemple, mes correspondants ont pu découvrir la musique de Stefano Di Battista, mais je ne sais pas ce qu’ils en ont pensé. Là encore, les salopards, ils ont raccroché…
    On s’amuse comme on peut, hein ?