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stefano di battista

  • #NJP2014, échos des pulsations / 1

    Première incursion hier soir dans la nouvelle édition de Nancy Jazz Pulsations. Un double concert dans la belle Salle Poirel. Deux formations, deux ambiances bien différentes...

    On commence avec le monde un peu mystérieux du pianiste Craig Taborn et son trio (au sein duquel on ne peut que remarquer l’excellent Gerald Cleaver, d’une justesse et d’une musicalité exceptionnelles). S’appuyant sur le répertoire de l’album Chants, les trois musiciens vont se lancer dans une exploration de l’intime, en sollicitant des influences multiples qui dépassent de très loin le cadre du jazz. Musique souvent hypnotique, volontiers minimaliste voire répétitive, elle est aussi le cadre d’une recherche de trois personnalités qui vont, petit à petit, laisser leurs routes se rejoindre en un final de toute beauté. Il y a beaucoup d’exigence et d’intériorisation dans une telle démarche et on ne peut que souligner la volonté de Craig Taborn de ne pas propager ad libitum la conception d’un jazz trop étriqué dans son exposition thème / chorus / thème. Son caractère cérébral, pour ne pas dire intellectuel, n’est pas de nature à soulever le public, mais plutôt à le questionner. Un pari risqué mais un moment assez fascinant. 

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    Craig Taborn Trio
    Craig Taborn (piano), Thomas Morgan (contrebasse), Gerald Cleaver (batterie).
    Disque associé: Chants (ECM, 2013)

    Autant la première partie du concert offrait au public le spectacle parfois distant d’une quête introspective, autant le quartet mené par le guitariste Sylvain Luc et le saxophoniste transalpin Stefano Di Battista ne cache pas son caractère extraverti. Il s’agit pour les deux virtuoses de célébrer leur amour du cinéma éternel et des compositeurs de film que sont Ennio Morricone, Nino Rota, Michel Legrand ou encore Anton Karas. Ils alternent, tout comme sur leur récent album Giù La Testa (en français « Baisse la Tête », du film Il était une fois la révolution), ballades acoustiques charmeuses et thèmes marqués au fer d’un jazz funk électrique. On pouvait craindre une course de vitesse ou, dans les instants plus calmes, une tentation crooneuse : même si le traitement de certaines compositions penche parfois du côté du trop joli, le quatuor parvient à déjouer le piège de la démonstration technique, principalement grâce à Sylvain Luc, capable de faire craquer le vernis d’une musique consensuelle à grands coups de canifs électriques et de riffs dissonants. Stefano Di Battista opte comme à son habitude pour une posture très professionnelle et c’est au saxophone alto, sur les thèmes les plus rapides, qu’il délivre le meilleur de son jeu. Et surtout, en appui de ce duo musclé, il faut souligner la présence roborative du jeune prodige au physique poupin Pierre-François Dufour (lui aussi virtuose, de formation classique et bardé de nombreux prix depuis son très jeune âge au point qu’il peut afficher une carte de visite impressionnante), qui assurera une grande partie du spectacle en évoluant à la batterie comme au violoncelle, en toute décontraction. Il aura été, en quelque sorte, l'instant fraîcheur de ce concert très goûté par un public, conquis d'avance et venu nombreux.

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    Stefano Di Battista & Sylvain Luc 4tet

    Stefano Di Battista (saxophones alto et soprano), Sylvain Luc (guitares), Daniele Sorrentino (basse et contrebasse), Pierre-François Dufour (batterie, violoncelle)

    Disque associé : Giù la Testa (Just Looking Productions, 2014)

  • Stefano Di Battista - Woman's Land

    stefano di battista, woman's land, citizen jazzAvec ce septième disque, Stefano Di Battista affirme plus que jamais sa volonté d’offrir une musique habitée par le chant et un lyrisme qui puise son inspiration dans toutes les formes de ce qu’on appelle jazz, ici revisité au travers d’une belle balade au fil du XXè siècle, mais aussi dans sa version la plus contemporaine.
    En choisissant de travailler avec le journaliste musical italien Gino Castaldo, avec qui il rend aujourd’hui un hommage vibrant à la femme – loin de toutes les vulgarités ambiantes – il démontre, s’il en était encore besoin, que l’expressivité de son jeu se pare d’une noblesse que les années mettent toujours mieux en valeur.

    Lire la suite de cette chronique sur Citizen Jazz...

  • Essais de portraits...

    Une fois n’est pas coutume – et voilà que je me rends compte de ma trop longue absence bloguesque… enfin, quand je dis trop longue, je parle pour moi, pour vous, je ne sais pas – je vais vous donner plus à voir qu’à lire. Chers lecteurs, ayez suffisamment d’indulgence envers mon humble personne pour comprendre que le travail d’écriture que j’entreprends régulièrement pour Citizen Jazz devient à mes yeux prioritaire (ce que vous n’avez pas manqué de comprendre au fil des liens présents sur cet espace) et que se forme tout doucement un ensemble qui, à défaut d’être cohérent, se révèle plutôt chronophage… Car mes activités ici présentes seront prochainement (à la fin de l’année) complétées par le premier volume de la série de cinq livres en chantier du côté de par ici… Chroniques, blog, évocations plus personnelles… Autant de fragments, certainement vains, mais ô combien stimulants ! 

    Mais je tenais à souligner ici que la période récente aura été pour moi celle d’une magnifique série de concerts…

    Pensez-donc : en moins d’un mois, j’aurai pu assister à un concert du Bernica Octet venu présenter son nouveau disque Périple en Soundpainting / Bric-à-brac dont la chronique est à venir sur Citizen Jazz : François Jeanneau et sa bande de complices lorrains auront fait la démonstration de leur énergie communicative et d’une inventivité réjouissante que le recours à cette technique musico-gestuelle qu’est le soundpainting a bien mis en évidence. Et même si, après leur prestation, les musiciens recensaient une à une les imperfections de cette soirée (je ne suis pas certain de les avoir toutes détectées…), force est de constater que le public venu les encourager à la MJC Pichon de Nancy en est sorti plutôt souriant. Et j’en étais !

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    François Jeanneau (Bernica Octet)

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    Bernica Octet (Denis Moog)

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    Bernica Octet (Pierre Boepsflug)

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    Bernica Octet (Jean-Luc Déat)

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    Bernica Octet (Christian Mariotto)

    Quelque temps après, c’était le début du Marly Jazz Festival avec pour première soirée un concert de Stefano Di Battista venu, lui aussi, présenter son nouvel album, Woman’s Land (dont je suis en train d’écrire la chronique pour… qui vous savez). On oubliera vite la soporifique première partie pour mieux souligner la verve lyrique du saxophoniste italien, magnifiquement épaulé par ses acolytes au rang desquels il faut mentionner la présence de deux musiciens américains de haut vol : le batteur Jeff Ballard (par ailleurs membre du trio de Brad Meldhau) et le guitariste Jonathan Kreisberg dont le jeu se marie à la perfection au flux envoûtant et débordant de sève de celui de Di Battista. Retenez bien le nom de ce monsieur (qui a déjà plusieurs albums à son actif : prêtez une oreille attentive au tout dernier appelé Shadowless), qu’il m’a été donné d’apprécier avant le concert dans une démonstration inédite de guitare-trampoline… À chacun ses privilèges !

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    Stefano Di Battista

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    Jonathan Kreisberg

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    Un exercice de guitare-trampoline...

    Le surlendemain, voici le quartet du très grand Renaud Garcia-Fons : on sait peut-être que je lui voue une grande admiration, qu’il m’a déjà été donné d’évoquer ses disques ICI ou mais le plaisir de le voir sur scène est si rare que l’annonce de sa venue au Théâtre Gérard Philippe de Frouard m’a fait courir comme un lapin traqué par un chasseur à la rencontre vivante de sa musique qui transpire l’amour du sud et de la Méditerranée. Son quartet Linea del Sur a fait merveille : David Venitucci à l’accordéon, Kiko Ruiz à la guitare, Pascal Rollando aux percussions et, bien sûr, Renaud Garcia-Fons à la contrebasse), suscitant trois rappels de la part d’un public ayant rempli la salle. On ne sait ce qu’il faut le plus admirer : la virtuosité de l’ensemble ? l’extrême humilité avec laquelle le contrebassiste se présente sur scène ? la chaleur très communicative qui émane de ses mélodies ? Une seule certitude : cette soirée était lumineuse à force d’ensoleillement.

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    Renaud Garcia-Fons (Quartet Linea Del Sur)

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    Kiko Ruiz (Quartet Linea Del Sur)

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    David Venitucci (Quartet Linea Del Sur)

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    Pascal Rollando (Quartet Linea Del Sur)

    Comme si cette forte dose de musique ne suffisait pas, le lendemain m’emmenait une nouvelle fois à Marly pour un concert du trio d’Avishai Cohen. Sacrée affiche, une fois encore, et bravo aux organisateurs. Le contrebassiste a soulevé la salle, il ne fait qu’un avec son instrument et son chant ladino est toujours aussi émouvant. Un concert comme un seul souffle… À ses côtés, le fidèle Shai Maestro au piano et le jeune Amir Bresler à la batterie (un peu bavard parfois, mais reconnaissons-lui un vrai sens du spectacle). La réussite de cette soirée de clôture aura été d’autant plus éclatante que se produisait en première partie un passionnant combo parisien aux accents zorniens (et admirateur déclaré de John Hollenbeck) : dans sa formule originale (saxophone, vibraphone, tuba, batterie), et sous la houlette de son fondateur Julien Soro, le Big Four Quartet a bien réussi son coup, il ne fait pas de doute qu’on reparlera de ces musiciens très impliqués dans leur musique.

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    Big Four Quartet (Julien Soro)

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    Big Four Quartet (Stephan Caracci)

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    Avishai Cohen

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    Shai Maestro (Avishai Cohen Trio)

     

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    Amir Bresler (Avishai Cohen Trio)

    D’autres scènes vont venir, très vite : demain, ce sera Louis Sclavis avec une soirée qui associera sa formation Lost On The Way et l’Ebony 5tet  dans la belle salle de l’Arsenal de Metz ; dimanche soir, au Théâtre du Petit Hébertot (Paris), le concert du trio Sphère à l’occasion de la sortie de son premier (et très beau) disque Parhélie (chronique en cours pour… etc etc). Il ne faudra surtout pas manquer le Grand Bernica au Festival Music Action de Vandœuvre-lès-Nancy le 3 juin : plus de 80 artistes sur scène, ça mérite d'être vu ! Retour enfin à Paris le 20 juin pour voir Electro Deluxe Big Band au New Morning : mon Madjazzboy de fils sera de la fête, j’espère pouvoir en revenir avec quelques instantanés.

    À propos de photographies : je suis bien loin de maîtriser toutes les subtilités de mon petit NEX-5, surtout lorsque je lui adjoins un drôle de zoom surdimensionné… Celles que vous pouvez voir sur cette note sont à prendre pour ce qu’elles sont : des tentatives (plus ou moins réussies) de portraits, à travers lesquels j’aimerais que puisse au moins transparaître la foi de ces artistes en leur musique. Ce serait déjà un début de réussite, même si je connais bien mes limites. Ne s’appelle pas Jacky ou Hélène qui veut…

    NB : l’exercice de guitare trampoline a été capté avec les moyens du bord, l’appareil photo de mon vieil iPhone…

  • Elvin

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    Hommage au grand Elvin Jones, que je n'aurai jamais vu sur scène, malheureusement. Pourtant, il s'en est fallu de peu, voici une dizaine d'années : le batteur historique de John Coltrane était à l'affiche des Nancy Jazz Pulsations en 2000. Manque de chance, Elvin Jones fut victime d'un accident au genou qui rendit ce rendez-vous impossible...

    Elvin Jones devait nous quitter pour toujours le 18 mai 2004, à l'âge de 76 ans.

    J'ai croisé son chemin cet après-midi, lors d'une longue balade du côté de Juan les Pins, où de nombreux musiciens de jazz ont laissé les empreintes de leurs mains après un passage lors du festival d'Antibes Juan les Pins, où i était venu en 1996 avec sa Jazz Machine. Mais on se souviendra aussi de l'été 1965 : Coltrane, encore et toujours et l'une des rares interprétations live de A Love Supreme.

    En 2000, Stefano Di Battista invitait le batteur a le rejoindre le temps d'un disque splendide et lui dédiait de "Elvin's Song" qui donne la chair de poule... Impressionné par le talent du saxophoniste, Elvin Jones devait lui retourner la "politesse" et l'associer à une série de concerts avec sa propre formation.

    Laissons la parole à ces grands messieurs...

    Stefano Di Battista (saxophone soprano), Elvin Jones (batterie), Rosario Bonaccorso (contrebasse), Jacky Terrasson (piano).