Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

miles davis

  • Weather Report - Live in Cologne 1983

    cover.jpgL’histoire de Weather Report est intimement liée à celle de Miles Davis et plus précisément à sa période dite électrique. En inventant ce qu’on appellera par commodité le jazz rock, ce dernier a creusé les premiers sillons d’un mouvement qui allait voir éclore des formations aujourd’hui considérées comme pionnières, toutes raccordées humainement à leur père spirituel à travers un esprit de fusion, parce que leurs leaders avaient un jour ou l’autre croisé le chemin de Miles. Parmi les têtes d’affiche de cette école progressiste : Lifetime (Tony Williams), Mahavishnu Orchestra (John McLaughlin), Return To Forever (Chick Corea) et, bien sûr, Weather Report, à l’initiative du pianiste Joe Zawinul et du saxophoniste Wayne Shorter.

    Lire la suite de cette chronique sur Citizen Jazz...

  • Jean My Truong "The Blue Light"

    jean my truong, the blue light, miles davis, citizen jazzL’exercice est plutôt risqué ! Rendre hommage à Miles Davis, c’est d’une certaine façon tenter de gravir un sommet de haute altitude sans oxygène et se voir contraint de renoncer tant la tâche peut sembler insurmontable.

    Vingt ans après la disparition du trompettiste, on ne peut en effet ignorer à quel point The Man With The Horn a marqué l’histoire du jazz, tourné des pages majeures et constamment inventé de nouvelles directions qu’aujourd’hui encore ses disciples n’en finissent pas de suivre. Avec lui et dans son sillage, toujours un cortège de géants qui ont imaginé des univers dont l’exploration est loin d’être terminée. Miles était tout autant un génie créateur qu’un puissant révélateur du talent de ses contemporains.

    Voilà pour le point de départ.

    Lire la suite de la chronique sur Citizen Jazz...

  • Coltrane à Düsseldorf

    coltrane_dusseldorf.jpgOn croit toujours qu’on en a terminé – depuis tout ce temps passé à accumuler des galettes, à classer les enregistrements par session, parfois aussi à écouter un peu de musique - et qu’enfin, le rangement des disques estampillés John Coltrane connaîtra enfin la stabilité que la limitation physique du rayonnage finira bien de toutes façons par lui imposer. La liste des disques est longue, très longue, la pêche très souvent miraculeuse, le feu d’artifice à peine entaché par quelques incongruités mises sur le marché par d’obscurs labels plus soucieux de faire fructifier à bon compte d’inaudibles enregistrements captés avec les moyens du bord sur le dos courbé de la cohorte des collectionneurs – dont j’ai bien peur de faire partie – que de valoriser vraiment le génie du saxophoniste.

    Eh bien non ! La lutte est décidément inégale… Car voilà qu’un label germanique appelé Jazzline nous livre en pâture une petite quarantaine de minutes (bien) enregistrées le 28 mars 1960 dans les studios de la WDR à Düsseldorf.

    Avant d’aller plus loin, il faut situer le contexte assez particulier de cet enregistrement pas comme les autres : huit jours auparavant, le 20 mars très précisément, Coltrane était en train de chahuter bien malgré lui le public venu écouter le quintet de Miles Davis ; sa dernière tournée avec l’étincelante formation du trompettiste et un accueil pour le moins… contrasté ! Il faut dire que le saxophoniste avait laissé libre cours à son imagination la plus iconoclaste, n’hésitant pas à zébrer ses interventions d’harmoniques certainement déroutantes pour une partie de l’audience. Coltrane était déjà sur une autre planète.

    Je vous propose d’écouter son chorus sur « All Of You » lors de ce concert désormais mythique : vous pourrez vous faire une petite idée de ce qu’était le Coltrane en ce début d’année 1960. Loin d’être simplement le sideman accompli qu’on peut retrouver tout au long de la seconde moitié des années 50, Coltrane avait déjà marqué de son empreinte le monde du jazz, en particulier depuis qu’il avait signé pour le label Atlantic et enregistré quelques pépites ayant pour nom Giant Steps ou Coltrane Jazz. On le retrouve ici dans toute la force d’un jeu inspiré par une quête qui ne cessera de le hanter durant les sept années qui suivront, jusqu’au souffle ultime. Un sacré moment de musique à travers lequel on peut certes percevoir une hostilité manifestée par certains spectateurs mais aussi l’enthousiasme de bien d’autres !

    podcast

    Deux jours plus tard, les musiciens seront à Stockholm, puis à Copenhague le 24. Plus tard, ils rallieront Francfort, Zurich et Scheveningen. Mais en ce 28 mars, point de Miles Davis (ne me demandez pas de vous expliquer son absence, je n’en connais pas la raison). Voilà donc notre Coltrane promu au rang de leader temporaire d’un quatuor formé par ailleurs de Paul Chambers (contrebasse), Wynton Kelly (piano) et Jimmy Cobb (batterie). Une formation avec laquelle il avait d’ailleurs enregistré Coltrane Jazz. Cet enregistrement ne serait qu’un de plus parmi beaucoup d’autres dans une collection déjà impressionnante si les quatre musiciens n’avaient pas été rejoints aux studios de la WDR par un duo majeur formé de Stan Getz (saxophone) et Oscar Peterson (piano). Comme dirait l’autre, c’est de la bombe ! Le quartet devenu sextet nous livre un magnifique « Medley » où sont incorporés les thèmes de « Yesterday », « Autumn Leaves », « What’s New » et « Moonlight In Vermont » avant de conclure par « Rifftide ». Un moment rare, plus de quinze minutes de musique enchantée et l’idée qu’une page de l’histoire du jazz s’est écrite là, dans la sérénité du talent de ces musiciens hors normes ; et même si les styles de Coltrane et Getz sont très différents, leur opposition est fraternelle, généreuse et baignée d’une lumière dont les rayons continuent de briller plus de cinquante après.

    Ce Coltrane - 1960 Düsseldorf est un petit bonheur. Vous me croirez si vous voulez, mais je lui ai tout de suite trouvé sa place dans ma discothèque.

  • Récompense

    Cover.jpgLegrand Jazz. L'histoire de ce disque, plus que quinquagénaire aujourd'hui, mérite qu'on s'y arrête quelques instants. Au milieu des années 50, un jeune musicien, pianiste et arrangeur féru de jazz, Michel Legrand, avait enregistré pour le compte du label Columbia un disque intitulé I Love Paris. Les Américains souhaitaient en effet un disque sur différents thèmes de Paris et avaient demandé à leurs homologues de Phillips s'ils connaissaient un musicien capable de le réaliser. Le futur compositeur des Parapluies de Cherbourg ou Demoiselles de Rochefort s'y colla tant et si bien que le disque connut outre Atlantique un très gros succès. Seul problème : Michel Legrand avait juste été payé pour la réalisation de l'enregistrement mais il ne toucha aucune royaltie. Reconnaissants néanmoins, les responsables de Columbia firent un beau cadeau au jeune français en lui offrant la réalisation du disque qu'il souhaitait faire ! Ni une ni deux, l'heureux bénéficiaire répondit qu'il voulait publier un disque avec... Miles Davis et John Coltrane, rien que ça ! Et c'est ainsi que fut enregistré ce Legrand Jazz à New York, lors de trois séances au mois de juin 1958. La première, en date du 25, permit de mettre en boîte quatre titres, choisis avec la complicité de Boris Vian et interprétés par Davis (trompette) et Coltrane (saxophone ténor), auxquels se joignirent Phil Woods (saxophone alto), Jerome Richardson (saxophone baryton), Herbie Mann (flûte), Berry Glamann (harpe), Barry Galbraith (guitare), Eddie Costa (vibraphone), Bill Evans (piano), Paul Chambers (contrebasse) et Kenny Dennis (batterie). Sacrée réunion au sommet, qui engendra chez Michel Legrand une vraie appréhension dans la mesure où il connaissait suffisamment Miles Davis pour savoir que le trompettiste pouvait, au dernier moment, refuser de participer à cet enregistrement si ce qu'il entendait derrière la vitre du studio ne lui plaisait pas. Mais non, Miles Davis décida de se joindre à la fête, joua et, lorsqu'il eut posé son instrument, demanda à Michel Legrand s'il était content de ce qu'il avait joué ! On imagine aisément combien celui-ci fut comblé d'aise en entendant LA star du jazz de l'époque quérir son approbation. Le monde à l'envers, en quelque sorte... C'était pour ce jeune français - il n'avait alors que 25 ans - une magnifique récompense dont il parle, aujourd'hui encore, avec beaucoup d'émotion. Cinquante et un ans plus tard, Legrand Jazz demeure un disque d'une étonnante fraîcheur qu'il est toujours temps de découvrir.

    podcast
    « Round Midnight », de Thelonious Monk, enregistré lors de la session du 25 juin 1958.