Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Récompense

Cover.jpgLegrand Jazz. L'histoire de ce disque, plus que quinquagénaire aujourd'hui, mérite qu'on s'y arrête quelques instants. Au milieu des années 50, un jeune musicien, pianiste et arrangeur féru de jazz, Michel Legrand, avait enregistré pour le compte du label Columbia un disque intitulé I Love Paris. Les Américains souhaitaient en effet un disque sur différents thèmes de Paris et avaient demandé à leurs homologues de Phillips s'ils connaissaient un musicien capable de le réaliser. Le futur compositeur des Parapluies de Cherbourg ou Demoiselles de Rochefort s'y colla tant et si bien que le disque connut outre Atlantique un très gros succès. Seul problème : Michel Legrand avait juste été payé pour la réalisation de l'enregistrement mais il ne toucha aucune royaltie. Reconnaissants néanmoins, les responsables de Columbia firent un beau cadeau au jeune français en lui offrant la réalisation du disque qu'il souhaitait faire ! Ni une ni deux, l'heureux bénéficiaire répondit qu'il voulait publier un disque avec... Miles Davis et John Coltrane, rien que ça ! Et c'est ainsi que fut enregistré ce Legrand Jazz à New York, lors de trois séances au mois de juin 1958. La première, en date du 25, permit de mettre en boîte quatre titres, choisis avec la complicité de Boris Vian et interprétés par Davis (trompette) et Coltrane (saxophone ténor), auxquels se joignirent Phil Woods (saxophone alto), Jerome Richardson (saxophone baryton), Herbie Mann (flûte), Berry Glamann (harpe), Barry Galbraith (guitare), Eddie Costa (vibraphone), Bill Evans (piano), Paul Chambers (contrebasse) et Kenny Dennis (batterie). Sacrée réunion au sommet, qui engendra chez Michel Legrand une vraie appréhension dans la mesure où il connaissait suffisamment Miles Davis pour savoir que le trompettiste pouvait, au dernier moment, refuser de participer à cet enregistrement si ce qu'il entendait derrière la vitre du studio ne lui plaisait pas. Mais non, Miles Davis décida de se joindre à la fête, joua et, lorsqu'il eut posé son instrument, demanda à Michel Legrand s'il était content de ce qu'il avait joué ! On imagine aisément combien celui-ci fut comblé d'aise en entendant LA star du jazz de l'époque quérir son approbation. Le monde à l'envers, en quelque sorte... C'était pour ce jeune français - il n'avait alors que 25 ans - une magnifique récompense dont il parle, aujourd'hui encore, avec beaucoup d'émotion. Cinquante et un ans plus tard, Legrand Jazz demeure un disque d'une étonnante fraîcheur qu'il est toujours temps de découvrir.

podcast
« Round Midnight », de Thelonious Monk, enregistré lors de la session du 25 juin 1958.

Commentaires

  • Un morceau magnifique qui s'écoute les yeux fermés... et une belle histoire qui rappelle qu'on peut être Grand et humble..

  • Merci Maître, pour cette annecdote sur ce superbe disque, je ne connaissais pas la petite histoire de cette session !
    Perso, j'ai un gros faible pour la version de "The Jitterbug Waltz", absolument superbe.
    Un sacré disque que celui-ci !

  • Merci de parler de Michel LEGRAND et de cette histoire que je ne connaissais pas. J'avais 5 ans et demi à l'époque.... Mais je connais Michel LEGRAND. Bonne soirée.

Les commentaires sont fermés.