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maladie

  • Crabe

    Saloperie de cancer... Je vais écrire des banalités, je le sais bien... Parce que dire que la maladie est injuste, d'autres l'ont fait avant moi depuis des siècles et ça ne guérit pas ceux qui souffrent. Mais apprendre qu'un ami, qui a consacré toute sa vie aux autres, aux jeunes en particulier, pour lesquels il a toujours été comme un modèle, jette aujourd'hui ses dernières forces dans une lutte inégale contre un cancer du pancréas et voit son organisme l'abandonner petit à petit, savoir qu'il souffre atrocement et sait qu'il va perdre le combat... Rien à faire, c'est injuste, je ne parviens pas à comprendre « le grand dessein ». J'aimerais tant être doté de pouvoirs spéciaux et pouvoir dévier la course de cette flèche macabre qui est en train de filer droit sur lui, quitte à la rediriger vers quelque nuisible, comme notre monde sait en fabriquer par milliers. Mais je ne suis qu'un humain, rien qu'un humain, et je dois assister à une fin annoncée, sans arme, sans pouvoir repousser l'ennemi.

  • Trentenaire

    Incroyable cette sensation du temps qui passe, que dis-je, qui file à la vitesse de l’éclair. C’est en regardant mon calendrier hier, au moment de reprendre le boulot après quelques jours de pause, que je me suis souvenu qu’il y a trente ans, quasiment jour pour jour, j’entrais dans un interminable tunnel, celui de la maladie qui vous fauche perfidement et ne vous lâchera plus jusqu’à votre dernier souffle. Me reviennent en mémoire les semaines de souffrance, la fièvre, les douleurs insupportables, les pronostics pessimistes, le décompte incertain des jours qui restent à vivre, les soins à l’hôpital, toutes ces perfusions, phlébographies, ponctions lombaires, biopsies en tous genres, les piqûres qu’on s’administre soi-même durant des mois, l’inquiétude de mon entourage, le drôle de regard des médecins qui me contemplent pour ce que je suis, un cas médical unique. Et puis, la renaissance, l’énergie qui revient, la joie de comprendre qu’on n’est que malade et pas condamné, la vie qui semble vous sourire à nouveau, l’idée qu’on peut à nouveau échafauder quelques projets. C’était il y a trente ans, j’ai parfois l’impression que c’était hier.

  • Pathological

    roger_hodgson.jpgJ’ai une relation objectivement très pathologique avec le groupe anglais Supertramp. Mercredi soir, je me traînais lamentablement d’un étage à l’autre de la Maison Rose pendant que Madame Maître Chronique était occupée à son cours de dessin hebdomadaire. Assommé par une bonne fièvre, toussant à n’en plus finir comme si je parvenais au dernier stade d’une infection pulmonaire, la tête à la fois prise dans un étau mais ceinte d’une invisible épaisseur de ce coton qui vous donne l’impression d’être enfoui au beau milieu de vous-même et loin de tous les autres, j’ai fini par m’effondrer sur le canapé… Et là, perclus de douleurs articulaires, j’ai empoigné une télécommande, allumé le poste de télévision et commencé à zapper, le cerveau sinon limpide mais pour le moins disponible. Au bout de quelques secondes de butinage, je vois apparaître, seul au piano, Roger Hodgson, ancienne voix haut perchée et toujours intacte du groupe, chantant à la demande pour un public bien dressé par un chauffeur de salle et un animateur envahissant : «Give a little bit», «Dreamer», «School», «It’s raining again», «Take the long way home» et, bien sûr, «The Logical Song», succès planétaire de l’année 1979. Aussitôt, me voilà revenu presque trente ans en arrière lorsque, pendant de longues semaines passées à l’hôpital, mon occupation principale entre deux examens ésotériques consistait à écouter mon petit poste de radio où j’avais essentiellement le choix des grandes ondes, et donc de bien peu de fréquences. Combien de fois ai-je pu entendre «The Logical Song» alors en tête des classements des meilleures ventes avec «La Marseillaise» façon Serge Gainsbourg ? Impossible de répondre à cette question mais le nombre fut si élevé qu’il m’est impossible aujourd'hui encore de dissocier cette chanson de mon état de santé chancelant. Et voilà que ça recommence…