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culture

  • Candide

    jardin_maison_rose.jpgPour une fois, j'aimerais à travers ces quelques lignes vous recommander la lecture d'un autre blog, passionnant, celui de Françoise Rebinguet : dans une note appelée « Une culture de jardin de curé », elle propose une comparaison entre la manière dont elle a construit sa culture personnelle (musicale et littéraire) et celle dont elle et son mari ont fait vivre leur jardin au fil des années, comment ils ont fait preuve d'une patience infinie pour le laisser vivre en liberté à peine contrôlée. C'est intelligent, très sensible et riche en arômes et couleurs. Allez donc y faire un tour, vous ne le regretterez pas.

    On imaginera qu'à la lecture de ce beau texte, j'ai cherché à appliquer cette démarche à ma propre expérience et noté des parallélismes mais aussi quelques différences significatives.

    Oui, tout comme Françoise Rebinguet, ma culture répond assez fidèlement au désordre pas du tout contrôlé de la vie de son jardin de curé, à ses essais plus ou moins fructueux, sa végétation qui prolifère sous les tentatives anarchiques de l'autodidacte "la truffe en l'air" que je suis. Rien n'est construit ni planifié. Jamais, seules les impulsions me guident et les formatages me navrent parce qu'ils s'apparentent à la mort. Tout cela forme un sacré bazar parfois (ce que j'appelle parfois mes litté-ratures) au beau milieu duquel je me démène comme un pauvre diable, angoissé à l'idée de tout ce que je n'aurai pas le temps de connaître ou en pensant que bon nombre de promesses que je me fais intérieurement ne seront jamais tenues (comme, par exemple, relire tous les bouquins de tel ou tel écrivain ou réécouter ces centaines de disques qui s'accumulent, sagement alignés sur leurs rayonnages).

    Mais l'aménagement de notre jardin - qui n'est pas de curé car il n'est pas ceint de quatre murs, encore que la végétation qui le clôt en constitue un bon et naturel substitut - fait l'objet de notre part d'une attention très particulière, en opposition assez forte avec celui de notre blogueuse qui éprouve, elle, un plus fort besoin d'ombre et de prolifération. Vivant en Lorraine, nous avons tout d'abord éclairci cet espace formant un carré de dix mètres de côté, pour y faire rentrer le maximum de lumière : arrachage d'un bouleau pleureur envahissant et ombrageux, domestication d'un rideau de charmilles dont la pousse est désormais contrôlée à une hauteur très raisonnable, redressement d'un sureau qui voulait vivre sa vie dans le jardin du voisin, élagage d'un érable menaçant de devenir gigantesque, installation d'une terrasse naturelle en bois de mélèze, mise en valeur des pierres, coloration impressionniste de l'ensemble au moyen d'une pelouse, de différentes variétés de roses, de framboisiers, de plans de tomates. Un ordonnancement réel, nécessaire, mais sans rigueur excessive, qui contraste assez franchement avec mes quelques connaissances, plus anarchiques que jamais.

    Et ça ne va pas s'arranger...

  • Âme

    visite_fanfare.jpgLa médiocre actualité politique m'a fait repenser à ce très beau film israélien qui s'appelle La visite de la fanfare, sorti il y a deux ou trois ans, et qui nous racontait cette étonnante histoire d'une petite fanfare de la police égyptienne venue en Israël pour participer à l'inauguration d'un centre culturel arabe. Manque de chance pour cette troupe, les aléas des transports perdent les musiciens dans une sorte de no man's land désertique avant qu'ils ne finissent par rencontrer quelques autochtones, partager un peu de leur quotidien et par trouver enfin leur chemin. Mais la raison de mon inquiétude ne se niche pas dans l'histoire elle-même - aussi belle soit-elle - mais dans un échange entre deux des personnages. Je me rappelle en effet cette question qu'un homme de rencontre pose au chef de la fanfare : « Mais à quoi peut bien servir une fanfare de la police ? », à laquelle ce dernier répond (je cite de mémoire) : «  Poser cette question, c'est comme se demander à quoi sert l'âme humaine ». Peut-être faudrait-il suggérer à certains, qui mettent stupidement en balance culture et utilité avec un mépris ostentatoire pour la première, notamment lorsqu'ils brocardent la présence d'une épreuve de littérature dans un concours administratif, de méditer cette belle réponse tant elle est d'une sagesse infinie. Et loin, très loin, de toute cette vulgarité érigée en étendard.

  • Parabole

    rainbow.jpg
    Quand la nature et ses éléments - ici une alternance de soleil et de pluie par grand vent à Nancy - nous délivrent un message essentiel : touche pas à ma culture ! On voit en effet, surplombant les toits de la Médiathèque de Nancy, voisine du Théâtre de la Manufacture et du Conservatoire National de Région, un magnifique arc-en-ciel qui semble s'afficher en protecteur céleste de ces lieux de connaissance. Une belle parabole, au sens propre comme au sens figuré.

  • Spécieux

    Je feuillette le magazine Le Point qui consacre sa une et sept pages entières, rien que ça, à un dossier hagiographique sur la femme du Président de la République. Soit, pourquoi pas, il faut bien vivre et vendre du papier. Je ne juge pas. Mais une lecture plus attentive m’amène à débusquer une citation très ambigüe, dont l’auteure (on rajoute un «e» désormais, faut faire avec) est la secrétaire d’Etat chargée de la Ville qui évoque l’ex-mannequin : «Elle pourrait se foutre de ce qui se passe dans nos quartiers. Elle pourrait être membre d’une association pour la promotion de la musique classique ; au lieu de ça, elle s’engage pour des causes difficiles». Tiens, ce genre de phrases fielleuses est une motivation supplémentaire pour moi… Plus que jamais, je défendrai ces causes faciles tellement foulées aux pieds depuis quelque temps… au risque de me faire passer pour un bourgeois superficiel et inutile. Et que vive la musique !

  • Tenace

    Il y a quelques jours sur France Inter, un libraire installé à Meymac évoquait son activité et sa volonté de ne pas s’asservir à une logique trop commerciale pour privilégier ce qu’il croit être une littérature de qualité. Il semblait même s’étonner de trouver une clientèle plus nombreuse qu’il ne l’espérait au départ. Au détour d’une phrase, il rappelait que, je le cite, « la culture est source de développement ». Une sorte d’antithèse des propos tenus voici quelques années par un prétendu responsable d’une chaîne de télévision qui se targuait de rendre les cerveaux disponibles à la consommation. Et un rappel pour nos dirigeants actuels, qui seraient bien inspirés de ne pas fouler du pied certaines richesses qui ne se comptabilisent pas du côté du Palais Brongniart.