Magma – Rïah Sahïltaahk
Magma met les petits plats dans l’écrin
« La première verson de Rïah Sahïltaahk fut enregistré en 1971 et figure sur l’album 1001° Centigrades. Christian Vander ne s’estima pas, à l’époque, satisfait par l’arrangement écrit par le groupe. Cette nouvelle version totalement revisitée, adaptée à la formation d’aujourd’hui et à ses voix lyriques, est fidèle à l’esprit de la composition originale. »
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le monsieur.
Ainsi donc, Christian Vander, non content d’enregistrer trente ans après leur écriture d’anciennes compositions et de combler ainsi des trous évidents dans une discographie de Magma qu’il s’agissait de remettre à l’endroit, a choisi d’aller encore plus loin dans sa démarche perfectionniste et de procéder à un nouvel enregistrement d’une composition qui occupait la première face du deuxième 33 tours de Magma. A cette époque, le batteur était bien sûr déjà l’inspirateur et le leader du groupe, mais la direction de ce dernier était plus collégiale et le travail de composition partagé avec d’autres musiciens, comme le pianiste François Cahen par exemple.
Quarante-trois plus tard, voici donc venir la deuxième version studio de « Rïah Sahïltaahk », qui raconte l’histoire d’un personnage un peu présomptueux ayant choisi de rallier Kobaïa (pour des explications plus détaillées sur cette histoire, je vous laisse fouiner. Je résume : la Terre est pourrie, vite barrons-nous sur Kobaïa, là où les cons ont disparu...) après les autres, non sans avoir vainement tenté de convaincre les récalcitrants Terriens d'entreprendre eux-aussi le voyage vers cette planète heureuse. Mal lui en prit, il finira même noyé...
Disque au format très court (à peine plus de 25 minutes) en huit mouvements, disponible en version CD et vinyle, Rïah Sahïltaahk se caractérise par son esthétique d’une grande sobriété – et hop, plus de saxophones ni de trompettes ni de clarinettes ! – qui le rapproche assez nettement de Wurdah Ïtah (un album enregistré en quelques jours sur une base piano basse batterie chœurs, paru au début de l’année 1974 et qui constitue le deuxième volet de la première trilogie de Magma, bien que publié sous le nom de Christian Vander – ça va, vous me suivez ? Non ? Pas grave...).
On n’est pas obligé de préférer cette interprétation contemporaine à l’originale, notamment en raison de l’absence des soufflants et de la voix de Klaus Blasquiz, eux qui comptaient énormément dans la première partie de l’histoire de Magma et lui conféraient une chaleur particulière. Mais on peut aussi lui trouver beaucoup de charme par son côté plus brut, plus urgent et surtout plus aérien, où les chœurs associés au vibraphone font merveille pour exprimer toute la martialité Orffo-Stravinskienne de cette musique. La partition d’origine est respectée, même si on peut noter ici ou là quelques petites différences, comme par exemple la présence hypnotique du piano introduisant « Ün Zoïn Glaö » avant un déchaînement aux accents free ; ou encore les chœurs sur « Mem Loïlë », qui bénéficient d’un arrangement inédit.
Les amoureux de Magma ont déjà commandé le disque, les autres trouveront là une nouvelle carte de visite dont la brièveté pourra être un atout s’ils décident d’en rester là.
Et puis, en cette époque où le disque souffre, saluons la qualité des objets proposés et leur design gris métallisé du meilleur effet. CD et vinyle sont de très beaux disques à tenir en main. On se prend à espérer que la discographie du groupe, qui devrait être rééditée d’ici à un an chez Jazz Village, bénéficiera d’un aussi bel écrin.
Magma – Rïah Sahïltaahk
Stella Vander (chant), Isabelle Feuillebois (chant), Hervé Aknin (chant), Benoît Alziary (vibraphone), James Mac Gaw (guitare), Jérémie Ternoy (piano), Philippe Bussonnet (guitare), Christian Vander (batterie, chant, piano).
Seventh Records / Jazz Village – JV570045
John Coltrane, l’homme suprême, tel est le titre du disque que Christian Vander vient d’enregistrer et qui sera très prochainement disponible sur le label
Il faut d’abord s’attarder sur la pochette : Christian Vander, mystérieux comme toujours, presque inquiétant, semble sonder de son glacial regard d’acier le mystère de la vie, cette vie si précieuse qui, en cet été 1983, n’a pas encore filé entre les doigts virtuoses des deux musiciens habités par la grâce qui l’entourent. Alby Cullaz et Michel Graillier posent à ses côtés dans une posture plus décontractée, pour ne pas dire plus humaine, préfigurant ce que traduit la musique. Une opposition formelle – la démesure du batteur face à la liberté décrispée de ses compagnons – dans une complémentarité d’esprit que, peut-être, Vander n’atteindra jamais plus au sein de ses différentes expériences sur la scène jazz.





Voici maintenant près de quinze ans, c'était en 1994, que Christian Vander surprenait son monde en proposant A tous les enfants. Disque puisant ses racines dans la mémoire des premières années d'un homme connu d'abord pour le déferlement à nul autre pareil de sa musique avec Magma, sa beauté intacte nous semble parfaitement adaptée à ces jours dits de fête où familles, amis se rassemblent et, peut-être, retrouvent l'innocence des jours de leur enfance. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : A tous les enfants s'adresse aux enfants que nous étions et que, trop souvent, nous avons perdu de vue dans nos vies d'adultes. "