Oregon : « Lantern »
On pourrait résumer l’histoire d’Oregon en quelques chiffres : quarante-sept ans d’existence, sept labels, une trentaine d’albums dont cinq sur le très beau CamJazz, mais surtout deux leaders historiques que sont Paul McCandless (hautbois, cor anglais, saxophone soprano, clarinette basse) et Ralph Towner (guitare, piano). Et une passion commune pour une musique caractérisée par l’alliance entre une élégance de facture classique et une démarche volontiers exploratoire. Voilà un idiome qu’il semble vain d’affilier à un courant. Qualifions-le de jazz chambriste, en raison peut-être de sa coloration acoustique et d’une libre circulation de la parole entre les instruments. Lantern, qui a vu le jour au mois de juin dernier, est une nouvelle démonstration de ce qui s’apparente à une célébration heureuse. Avec l’Italien Paolino Dalla Porta, contrebassiste ayant rejoint le groupe en 2015 et le batteur Mark Walter, présent depuis une vingtaine d’années, Oregon déploie des mélodies discrètes et charmeuses, dont l’équilibre et le balancement soyeux sont à peine troublés par les huit minutes d’improvisation collective ayant donné son titre à l’album. Un moment d’apesanteur qui est aussi l’occasion pour Towner de jouer du synthétiseur. Lantern est une nouvelle pépite à mettre à l’actif d’une formation qui semble avoir résolu la question du temps qui passe en visant une forme douce d’éternité. Au-delà des modes.