Jacques Thollot, trop tôt, bien trop tôt...
Jacques Thollot - Septembre 2014 - Photo : Caroline de Bendern
C'était il y a trois mois, presque jour pour jour... J'avais publié ici-même une note consacrée à un musicien (compositeur, batteur, multi-instrumentiste) pour lequel j'éprouvais la plus profonde admiration ; il m'était venu à l'esprit qu'on célèbre toujours les grands un poil trop tard, une fois qu'ils nous ont quittés, d'où ce discret hommage à ma façon. Je souhaitais le lui rendre, comme d'autres donnent un sourire pour dire merci. Ce texte s'appelait Tombé en Cinq Hops, petit jeu de mots taquin issu du titre d'un des très rares albums de Jacques Thollot. Je crois savoir que ce monsieur pas comme les autres avait lu et apprécié mon texte.
Et voilà qu'une triste nouvelle vient nous gifler au petit matin : Jacques Thollot nous a quittés, dans la nuit, après une fatale crise cardiaque. Quelle tristesse d'apprendre que cet artiste incomparable n'est plus de ce monde. Musicien autodidacte précoce, artiste libertaire et inspiré, créateur de son propre idiome, peintre des sons, homme des longues éclipses à la discographie étique mais d'une richesse infinie, le voici qui, jusqu'au bout, est en avance sur son temps. Son temps à lui, injustement écourté alors qu'il avait encore bien des choses à partager avec nous ; alors qu'il évoquait il n'y a pas si longtemps un possible nouvel enregistrement ; alors qu'on avait été heureux de le retrouver en mai dernier au festival Jazz à Part de Rouen, aux côtés du contrebassiste Matyas Szandai et de son vieux compagnon de route François Jeanneau.
Jacques Thollot aurait eu 68 ans la semaine prochaine.
Tristesse infinie...
Je lui souhaite un nouveau et beau chemin, tout là-haut, et j'espère que Jacques Thollot pourra y retrouver tous ces enchanteurs avec lesquels il avait fait parler le feu de ses passions, comme Kenny Clarke (dont il fut, rappelons-le, le remplaçant au Blue Note de Paris alors qu'il n'était âgé que de 13 ans à la fin des années 50), Bud Powell, Chet Baker, Barney Wilen, Eric Dolphy, Don Cherry, Pharoah Sanders, Steve Lacy, Michel Graillier, Jean-François Jenny-Clark, et tant d'autres...
Vous trouverez ici quelques liens pour en savoir plus sur ce grand monsieur :
- Un bel article d'un camarade de Citizen Jazz et ami de Thollot, Aymeric Morillon, pour l'Oreille Absolue ;
- sous la plume du même ami, un article pour Citizen Jazz en 2011 : Jacques Thollot, le retour ;
- Tel est Thollot, batteur de jazz, un article de Libération daté de juin 1996 ;
- Jacques Thollot, l'art de la fugue, une longue interview pour les Allumés du Jazz, en 2002 ;
- un premier hommage qui vient de lui être rendu sur le site de France Musique ;
- Une vidéo appelée Jacques Thollot vient d'une autre planète :
En fouinant un peu sur la toile, vous trouverez certainement d'autres témoignages : que ceux qui aimaient Jacques Thollot suivent leurs traces... Elles dessinent une route enchantée.
En voici quelques illustrations...
Watch Devil Go (1975)
Cinq Hops (1978)
Tenga Niña (1996)