Nancynistre
Malgré la promesse que je m'étais faite, j'ai tout de même traversé hier soir quelques unes des rues principales de Nancy en sortant du cinéma et j'ai pu me confronter à l'épreuve de cette Fête de la Musique que j'évoquais hier. Je passe sous silence ce que j'ai vu - que de mines grises, que de regards perdus ! - et j'ai fini par me demander s'il était obligatoire de se balader avec une bouteille d'alcool à la main. Je refuse d'endosser l'habit du vieux con grincheux. Parce que c'est un certain conformisme conservateur que je réfute, et que j'aimerais parfois que la jeunesse soit un peu plus exigeante, un peu plus à la recherche d'autre chose, qui regarde plus haut, plus loin. Quelque chose qui soit différent, novateur et vivant et pas seulement un produit de consommation courante qui s'autodétruira aussi vite qu'il est apparu. Je ne suis pas très fier de notre monde d'adultes qui les a rendus ainsi, nous avons raté quelque chose...
Quant à ce que j'ai entendu, c'est tout aussi difficile à comprendre. N'ayant pénétré dans aucun bar (où peut-être des expériences plus variées étaient proposées au public, mais je crains fort qu'elles aient été trop rares), je ne peux émettre une opinion que sur ce qui était livré en extérieur, donc à la foule... Un sentiment de tristesse m'a gagné, impossible de le cacher... Une tristesse où se mêlait un peu de rage aussi, parce qu'il m'arrive de penser, dans ces moments-là, que le combat est peut-être perdu. J'ai pensé au cancer, c'est bizarre, tant la prolifération de stands de "techno" m'évoquaient des métastases, envahissantes, épargnant bien peu d'organes finalement. Ici ou là, quelques musiciens tout de même, qui parviennent à se faire écouter avec bien des difficultés tandis que leurs voisins, réfugiés sous leur casque et jouant avec leur téléphone en attendant la fin des boucles programmées sur leur ordinateur, crachent nonchalamment les décibels dans leur propre indifférence pendant que deux ou trois types déjà loin de nous se collent les tympans aux membranes des haut-parleurs.
Mais peut-être tout ceci n'est-il propre (si j'ose dire parce que l'état des trottoirs inciterait à employer un autre mot) à ma ville. Oui, peut-être que partout ailleurs, il était donné au public l'occasion d'une balade vers des univers variés, établissant des passerelles entre les cultures et les générations. Une fête de la musique, en quelque sorte.
Commentaires
Je pense que c'est partout pareil, bien que je ne sois pas sortie hier pour le voir. Mais je pense quand même que c'est le reflet de notre jeunesse, de notre société actuelle. Bonne soirée.
Notre cité n'étant guère festive habituellement, nous avons décidé de ne pas rester sur nos préventions et "d'y aller"...Et finalement, nous nous sommes laissés prendre à la douceur du temps, toute la ville attablée aux terrasses, et de la musique aussi à tous les coins de rue, une fois dépassé le quartier techno-décibel ,musique certes souvent d'amateurs, vieux jazzy et jeunes rock, yiddish et des cajuns,mais avec de vrais instruments et un certain charme..Mais comme dit ma fille , je suis d'un optimisme désespéré ...J'aimerais bien moi aussi que nos tout jeunes soient plus jeunes que nous dans leurs aspirations culturelles ...
Madame Cyclopède!!!!
Cher Maître Chronique, ne vous laissez donc pas abattre ainsi! La jeunesse musicale actuelle réserve aussi d'excellentes surprises même si elles sont plus rares que les mauvaises. Je ne peux pas non plus vous laisser jeter d'une pichenette la techno à la poubelle! Certains artistes de cette scène sont de vrais musiciens et produisent d'excellents morceaux. Bien sûr, ce ne sont pas les plus connus et ils restent marginaux, mais ils existent et ne se contentent pas de faire boum boum à l'aide d'une boîte à rythmes! Mon mari n'a pas encore eu le temps de lire votre note de lundi mais je sais déjà qu'il sera prêt, dès qu'il l'aura lue, à vous faire parvenir toute une liste d'albums et d'artistes qui valent le détour dans cet univers. Bonne journée à vous, Opalis
@ Opalis : mais je ne demande pas mieux et je serai ravi de découvrir ces disques.
Sachez par ailleurs que je ne suis pas réfractaire à la forme, mais plutôt au fond de ce que j'ai vu dimanche soir, marqué par une certaine désinvolture, loin de l'idée que je me fais de la musique, qui doit être un engagement total pour le musicien, partant de l'idée que la musique, selon moi, n'appartient pas au domaine des loisirs, mais de l'art.
Et je veux bien croire que tous les musiciens oeuvrant dans l'univers de la techno ne sont pas ainsi. Je suis par exemple très sensible au travail qu'accomplit Laurent Garnier (ses deux derniers disques notamment) pour dépasser le stade de la simple sonorisation des soirées.
Et merci de votre commentaire.
Là où on était, non loin de Pontarlier, aucun signe de fête de la musique!
Heureusement que la veille au soir nous avons eu droit à un groupe folklorique local, qui après un début de soirée hésitant nous a «mis dans sa poche». On s'est retrouvé à chanter ... rigoureusement n'importe quoi, et dans une franche bonne humeur! on m'aurait dit cela avant je ne l'aurais pas cru!
Il faut dire que les chanteurs de ce tout petit groupe chantaient fort bien, et s'accompagnaient d'instruments anciens typiques de la Franche Comté (entre autres je suppose!).
Cela a été notre fête de la musique avec une journée d'avance!!!