Séduisants avatars
Au-delà de leur valeur patrimoniale, les standards de jazz sont pour bon nombre de musiciens une sorte d’engrais, ou plutôt un terreau, sur la base duquel leur imagination – fertile, forcément – pourra tracer de nouveaux sillons avant d'ensemencer ou être le prétexte à un hommage plus ou moins distancié aux anciens. Difficile d’en faire le recensement, ou même de procéder au décompte de toutes leurs origines, mais entre chansons populaires et comédies musicales, les standards constituent une sorte de richesse minière – dont l’exploitation à ciel ouvert continue au XXIe siècle – qu’on pourrait, par simplicité, résumer au Great American Songbook, ce « grand répertoire américain de la chanson » désignant, je cite mes sources : « toute la musique populaire américaine précédant l'arrivée et le succès du rock'n'roll et qui englobe la musique des comédies musicales de Broadway, des films hollywoodiens et de l'industrie musicale américaine appelée Tin Pan Alley ». David Chevallier, musicien des jonctions, notamment entre musique de chambre, musique baroque, rock et jazz, fait partie de ceux que l’exploration d’un tel gisement ne saurait rebuter, bien au contraire. Ses Standards & Avatars, publiés chez Cristal Records, en sont la preuve et une démonstration savoureuse.