Magnolia
Photo © Maître Chronique - 6 avril 2010
Histoire de ne pas plomber l'ambiance de ce blog en alignant des notes à la tonalité un peu trop souvent désespérée, je choisis aujourd'hui de lever les yeux au ciel et de contempler... Je me suis arrêté hier soir en effet devant un tableau vivant comme seule la nature est capable d'en créer. Après tout, l'inspiration florale est bien celle qui animait les peintres de l'École de Nancy... alors quoi de plus normal donc que de vous livrer ici, en toute simplicité, une composition dont la beauté n'a d'égale que son caractère éphémère ?
Je ne sais pas résister au charme d'un magnolia en fleurs. Mais attention : cette éclosion, qui marque l'avénement du printemps, est de si courte durée qu'il nous faut dévorer des yeux son spectacle incomparable, s'en repaître goulûment tout en sachant qu'au moindre coup de vent, il s'évanouira, abandonnant au sol un triste parterre de pétales piétinés par l'indifférence des humains pressés.
Cueille le jour.
Cette fleur est aussi, à sa façon, ma madeleine de Proust : elle me ramène près de quarante ans en arrière - c'était en août 1972 - lorsqu'après avoir acheté dans un magasin parisien (Gibert Jeune ?) un disque enchanté du Grateful Dead appelé American Beauty, je m'allongeais à plat ventre sur le lit pneumatique que ma soeur avait installé pour moi et me calais la tête entre les deux hauts-parleurs de son électrophone, afin d'écouter comme dans un drôle de casque géant et ouvert cette galette qui m'avait coûté plusieurs mois d'argent de poche.