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neil young

  • Forever Young

    neil young, earth, promise of the realInutile de me chercher, vous risqueriez de ne pas me trouver. Je suis quelque part, pas très loin mais ailleurs... Occupé avec le nouveau disque de Neil Young, un double live qui s’appelle Earth. Je vous vois venir : encore ce type ? depuis tout ce temps ? Eh bien oui, encore lui, qu’on surnomme le loner parce qu’il a des allures de vieux loup solitaire un peu efflanqué (c’était aussi le titre d’une des compositions de son premier disque, ce qui a pu contribuer à faire naître ce surnom). Le gars du genre bougon, un peu obsessionnel aussi, qui a accumulé des paquets de disques depuis les années 60, quand il était l’un des membres de Buffalo Springfield. Et qui vous raconte, dans un récent et remarquable Very Good Trip, une émission de Michka Assayas sur France Inter, qu’il a fini par se remettre à la fumette après avoir arrêté. Avec ou sans, il s’est rendu compte qu’il restait créatif alors pourquoi se priver, je vous le demande ? C’est bien simple : si je fais une exception pour les années 80 qu’il a traversées non sans mal (comme bien d’autres d’ailleurs), j’ai une indulgence absolue pour sa musique. Et pour lui, de façon plus générale. J’ai même lu son bouquin du début à la fin. La plupart du temps, au moment où j’achète un nouveau disque de lui, je sais ce que je vais entendre, ce n’est pas la surprise qui aiguise mon appétit, mais plutôt le plaisir de retrouver un son et une voix qui, loin de satisfaire aux critères de la perfection façon télé-crochet avec jury has been, me font souvent dresser les poils des bras. C’est comme ça, je ne maîtrise pas la chose. Neil Young, c’est un musicien de chevet, si vous me passez l’expression. Présent chez moi depuis ma primo-adolescence et en particulier grâce à l’album, son deuxième en solo, Everybody Knows This Is Nowhere (sûrement mon préféré, soit dit en passant). Il durera jusqu’à ma propre fin, c’est certain.

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  • Americano !

    americana.jpgSacré Neil Young ! Chassez le naturel, il revient au galop, et pas n’importe lequel, celui de son Cheval Fou. On avait laissé le Canadien en 2010 avec Le Noise, un disque un peu énigmatique, voire introspectif, enregistré en duo avec le producteur Daniel Lanois. Un album dont il était parfois difficile de savoir s’il se façonnerait correctement dans nos mémoires avec le temps, celui-ci faisant toujours son affaire, mais – avouons-le – vers lequel on revient aujourd’hui assez peu alors que d’autres disques, beaucoup plus anciens, sont pour nous des compagnons de toute une vie (je vous épargnerai ma propre liste, mais j’évoque quelques lignes plus bas l’un de ces trésors...). Non qu’il soit mauvais (à l'exception de quelques fautes de goût qu’on attribuera par commodité à la vacuité musicale des années 80 à laquelle il n’a pas su lui-même échapper, Neil Young a rarement commis autre chose que de bons disques), mais allez savoir pourquoi, on a tendance à oublier The Noise. Comme s’il était un travail de laboratoire, une expérience, une idée en gestation...

    2012 voit le retour du Loner électrique et sauvage, celui qu’on aime depuis toujours (ou presque, mais quand j’y réfléchis, je n’ai que des souvenirs très flous de l’époque antérieure à celle où j’ai croisé la musique de Neil Young pour la première fois...) et dont l’un des albums les plus éclatants en ce domaine est aussi l’un de ses premiers, le splendide Everybody Knows This Is Nowhere en 1969.

    Pour ce retour en force, Neil Young a rameuté sa bande de companeros tout aussi électriques que lui, le groupe Crazy Horse avec lequel il n’avait pas travaillé sur disque depuis 2003, date de la publication de l’album Greendale. Et pour être plus précis, il faudrait même dire qu’on doit remonter à 1996 et au disque Broken Arrow pour retrouver le groupe en entier aux côtés de son mentor : Frank Sampedro à la guitare, Billy Talbot à la basse et Ralph Molina à la batterie. C’est dire que de telles retrouvailles ne pouvaient susciter que beaucoup d’impatience ! D’autant que pour composer le menu de Americana, Neil Young a choisi un répertoire par lequel il revisite à sa manière très particulière quelques grands classiques de la musique américaine, comme le célébrissime « Oh Suzanna », « Tom Dula », « Clementine » ou « This Land Is Your Land » (un hymne signé Woodie Guthrie), sans parler d’une relecture à sa façon de « God Save The Queen ». Avec une précision de la part de Neil Young : « Nous connaissons tous ces chansons depuis le jardin d’enfants. Mais à partir du moment où Crazy Horse les a réarrangées, elles nous appartiennent ». Prenez ça dans les dents !

    Il n’y a que Neil Young pour oser délivrer un tel disque ! Qui d’autre que lui pourrait se permettre de nous balancer à la figure un pareil brûlot dont les imperfections – toujours les mêmes, celles qu’on aime, celles qu’on attend à chaque fois – sont aussi les qualités intrinsèques ? Une rythmique cul-de-plomb, car jamais la paire Talbot / Molina ne fait dans la finesse ni dans l’originalité, sa lourdeur éléphantesque étant irremplaçable ; une voix toujours en déséquilibre, approximative et incertaine, qui se fiche de savoir si elle est juste ou fausse comme de son premier cri ; des chorus de guitare mille fois entendus qu’on pourrait presque chanter avant de les avoir entendus... On sait tout cela, dès les premières notes, mais jamais, aussi paradoxal que celui puisse paraître, Neil Young n’est pris en défaut. Il est ailleurs, au-dessus... Probablement parce qu’il reste l'un des rares survivants d’une époque qui nous semble aujourd’hui bien lointaine et parce qu’il a su préserver intacte l’énergie originelle du rock qui coule dans ses veines. Debout face au vent, le père Young. Malgré certaines contradictions (reportons-nous pour mieux les comprendre au bouquin de JeanDo Bernard : Neil Young, Rock’n’Roll Rebel?), le personnage reste un insoumis qui semble être en mesure de jouer la musique qu’il veut, comme il veut et quand il veut. Et ça marche !

    Americana en est un nouvel exemple. Le disque va sortir très prochainement, mais on peut d’ores et déjà l’écouter dans son intégralité sur le site du magazine Rolling Stone. Attention, ça décoiffe : like a hurricane, comme dirait l’autre !

  • Neil Young, Rock’n’Roll Rebel ?

    cj_neil_young.jpgPas si simple de s’attaquer à un monstre sacré tel que Neil Young ! Le personnage est fascinant, complexe, généreux quoique plutôt taciturne ; le musicien est charismatique, habité par une inépuisable énergie qui le pousse depuis plus de quarante ans à remettre constamment sur le métier un ouvrage très personnel où les accords électriques et acoustiques de sa guitare tissent un univers teinté de folk, de blues et de rock.

    Neil Young, une voie (voix) singulière à laquelle le journaliste JeanDo Bernard a déjà consacré une biographie et qui l’a incité à publier chez Camion Blanc un deuxième livre dont la raison d’être est à chercher dans la publication d’un disque du LonerLiving With War (2006).

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  • Rebelle... ze riteurne !

    neil young,jeando bernard,camion blancJe reviendrai plus en détail, par le biais d’une chronique pour Citizen Jazz, sur le livre que JeanDo Bernard a consacré à Neil Young. Sans attendre cependant, j’aimerais souligner ici ses qualités. La première d’entre elles étant sa spontanéité associée au style incisif et sans détours inutiles qui vous font dévorer ce Neil Young, Rock’n’Roll Rebel ? comme dans un seul souffle (on pourra juste regretter une petite série de coquilles tout au long des pages).

    L’auteur connaît bien son affaire et, comme il le démontre dans un chapitre introductif, a vécu pleinement ces années 60 dont la période 1968-1975 fut d’une incroyable fécondité. Moyennant une poignée de souvenirs d’enfance mobilisés en quelques pages bien senties, il nous dresse le portrait de ces temps aujourd’hui lointains – la France du général De Gaulle, des yé-yés, de la Guerre du Viet-Nam, de toute un génération en quête d’un autre monde, cette recherche n’excluant pas le recours à tout un arsenal de produits pour le moins stupéfiants – au beau milieu desquels va éclore le Loner, mister Neil Young himself.

    Si JeanDo Bernard connaît son Neil Young sur le bout des doigts (depuis The Squires jusqu'au récent Le Noise en collaboration avec le producteur Daniel Lanois, en passant par Buffalo Springfield et Crosby, Stills Nash & Young), il n’en a pas pour autant écrit un livre de fan hardcore ! Il n’y a dans sa démarche aucune tentation hagiographique : bien au contraire, il s’efforce de décortiquer à travers une partie des disques du Canadien (qui sont nombreux et dont la recension exhaustive aurait abouti à un catalogue fastidieux) les ressorts de ses engagements tant sur le plan politique que philosophique ou écologique, n’hésitant pas à pointer du doigt ses contradictions (une radicalité anti Bush qu’on ne peut que mettre en parallèle avec une plus grande tiédeur envers Ronald Reagan, par exemple). Le journaliste écrivain nous propose un exercice d’admiration cultivée mais raisonnée et c’est là une des grandes forces du livre. Sans jamais oublier de nous rappeler la singularité du musicien, tant le chanteur que le guitariste. Nourri de folk, de blues et de rock.

    Mais l’essentiel me paraît résider ailleurs (ce n’est ici qu’un point de vue personnel) : en effet, la lecture du livre est la démonstration de ce qui fait tout le pouvoir de séduction de Neil Young : quelles que soient certaines de ses errances, quel que soit le niveau de sa production discographique (généralement très élevé, mais l’artiste a connu des coups de mou, notamment durant les sinistres années quatre-vingt), l’histoire du Loner est celle d’un éternel recommencement. Pour lui, comme pour nous. Neil Young n’est jamais là où on l’attend : le succès d’un Harvest aboutit à la sombre tournée Times Fades Away ; un climat country ou folk pourra être balayé d'un revers de gilet à franges par un disque hautement électrique ou une tentative technoïde, avant le retour aux sources, en solitaire ou flanqué de son fidèle Crazy Horse. Depuis plus de quarante ans, beaucoup d’entre nous sont prêts à embarquer avec lui, quitte à descendre temporairement du train si l’atmosphère ne nous convient pas, mais certains que le prochain voyage méritera le détour. Neil Young fait partie de ces artistes qui sont de vrais compagnons de vie, des êtres humains avec leurs forces et leurs failles, mais toujours fidèles à nos rendez-vous avec eux. Et d’une générosité indiscutable doublée d’une force de conviction inoxydable.

    Neil Young, Rock’n’Roll Rebel ? nous l’explique avec la même sincérité : ce livre, édité par Camion Blanc, devrait séduire non seulement les fans de la première ou de la deuxième heure, mais aussi tous ceux qui voudraient faire la connaissance d’un personnage unique.

    podcast

    Bonus !

    Tout récemment a vu le jour un Live In Chicago, un double album enregistré en 1992. Neil Young, plus solitaire que jamais, s’accompagne à la guitare, au piano, voire à l’harmonium. Il est possible que ce disque soit redondant avec d’autres déjà disponibles. Mais à lui seul, il est le témoignage de la démarche artistique de Neil Young, intense, mélange de fragilité et de force, presque intemporelle. En voici un court extrait, avec le poignant « The Needle And The Damage Done ».

  • Rebelle

    neil_young.jpgMon pote Gérard Nguyen vient de m’apporter un exemplaire de Neil Young, Rock’n’Roll Rebel?, le bouquin écrit par le journaliste JeanDo Bernard dont il a assuré la mise en page pour le compte des éditions Camion Blanc. Un double plaisir car passer une heure en compagnie de l’ami Gérard, c’est l’assurance d’une conversation passionnante qui va fourmiller des mille et une anecdotes qu’il raconte avec passion ; mais aussi parce que le bouquin, loin d’être une simple biographie, présente un angle d’attaque très intéressant : l’auteur analyse les prises de position du Canadien solitaire, tant au plan social que politique ou écologique, quitte à en souligner les contradictions. Voilà de belles heures de lecture en perspective !

  • Jeune

    front.jpgLe petit monde de la télévision s'émeut au prétexte qu'un candidat de la Nouvelle Star a osé allumer une cigarette pour interpréter une chanson de Serge Gainsbourg et qu'un célèbre couturier y a été d'une présence très soulignée, à grands renforts de gros plans et de citations. Voilà un joli double exercice d'hypocrisie quand on sait que le plus grand mal qui puisse être fait à une génération naissante - beaucoup plus que cette cigarette symbolique qui aura bien peu d'effet sur les comportements juvéniles - est celui par lequel on brandit le conformisme le plus absolu comme étendard et qu'en matière de publicité, on atteint avec cette émission un niveau de saturation qui rendrait hermétique à toute réclame n'importe quel étudiant issu d'une école de commerce. Tout ceci sent tellement le renfermé que c'est avec le plus grand bonheur - il s'agit là d'une vraie respiration, en effet - qu'on se précipitera sur le dernier opus d'un vieux loup solitaire du rock, monsieur Neil Young ! A plus de 63 ans, le loner canadien semble ne pas devoir dévier un seul instant du chemin très singulier qu'il trace depuis plus de quarante ans maintenant. Sûr qu'avec son chant parfois approximatif, il n'aurait pas franchi la barrière d'un jury composé de bien étranges « experts » comme on peut en contempler du côté de chez nous... Fork In The Road, c'est du Neil Young pur jus, une musique carrée, électrique la plupart du temps, un son râpeux, des mélodies comme lui seul sait en inventer (j'emploie ce mot à dessein parce que je tiens Neil Young pour un inventeur), qui nous ramènent au meilleur de toute sa discographie. Et même si l'on ne peut qu'être d'accord avec lui pour dire que chanter une chanson ne changera pas le monde (« Just Singing A Song Won't Change The World »), on lui sait gré de débouler à intervalles rapprochés (Chrome Dreams, son précédent double album, remonte à dix-huit mois environ) avec cette musique qui lui appartient et qui fait l'effet, à chaque fois, d'une cure de jouvence. On n'oubliera pas, pour finir, de rappeler qu'avec ce disque, Neil Young s'engage résolument vers la voie de l'écologie. Une bifurcation essentielle pour l'avenir, voilà aussi le sens à donner à ce Fork In The Road.