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effort

  • Punition

    Y a une dingue qui rôde dans mon quartier. Je ne sais pas quel est le pervers qui a réussi à lui faire avaler des bobards du genre : «Le sport, c’est bon pour la santé» ou bien «Il faut souffrir pour expier ses fautes ou se faire pardonner ses péchés», mais quand je la vois terminer, à bout de forces, son jogging matinal pluri-hebdomadaire, y compris lorsque règne ici un froid polaire qui vous brûle les poumons, au moment où, tout juste sorti de ma douche, je me dirige tranquillement vers mon bureau, je me dis que la croyance en une forme contemporaine de rédemption a fait son œuvre ou que l’identification aux courses Ray Bano-présidentielles est à zon zénith. Faut la voir, la pélerine en souffrance : à peine capable de soulever les genoux et de mettre un pied devant l’autre, l’œil hagard et le teint vitreux, ruisselante sous un bandeau défraîchi, c’est sûr, un jour elle va s’écrouler devant moi et j’aurai alors la mauvaise conscience de ne pas l’avoir prévenue des dangers qu’elle encourait à force de courses déraisonnables. Faudrait que je pense à lui dire. Pas sûr qu’elle soit en état d’entendre quoi que ce soit, cependant.